La Hongrie au sein de l'Union élargie : une chance historique
Compte rendu de la mission effectuée en Hongrie par une délégation du Groupe interparlementaire France-Hongrie du 25 au 27 septembre 2002
Table des matières
- COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
- PROGRAMME DE LA MISSION
-
INTRODUCTION
- LA RÉUNIFICATION EUROPÉENNE : UN DEVOIR HISTORIQUE
- I. UNE PRIORITÉ POLITIQUE CONSTANTE : L'ADHÉSION À L'UNION EUROPÉENNE
-
II. LA HONGRIE : DANS LE PELOTON DE TÊTE EN VUE DE
L'ADHÉSION
- A. DE COPENHAGUE À COPENHAGUE : UNE DÉCENNIE DANS L'ANTICHAMBRE DE L'EUROPE
- B. LE CHOC DE L'ADHÉSION
- C. LA DERNIÈRE LIGNE DROITE : LA SIGNATURE ET LA RATIFICATION DU TRAITÉ D'ADHÉSION
- III. LE RAPPROCHEMENT DE LA FRANCE ET DE LA HONGRIE, POUR LE MEILLEUR
"Plus
de frontières ! Le Rhin à tous !
Soyons la même République, soyons les Etats-Unis d'Europe, soyons
la fédération continentale, soyons la liberté
européenne, soyons la paix universelle !"
Victor Hugo (discours à l'Assemblée nationale - 1
er
mars 1871)
COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION
- M.
Gérard
LARCHER
, Sénateur des Yvelines, Président du
groupe interparlementaire, Président de la Commission des Affaires
économiques du Sénat,
- M. Philippe
ADNOT
, Sénateur de l'Aube, Président du
Conseil général de l'Aube,
- Mme Danielle
BIDARD-REYDET
, Sénateur de la Seine-Saint-Denis,
Vice-Présidente du groupe,
- M. François
MARC
, Sénateur du Finistère, Membre
du Bureau du groupe.
La délégation était accompagnée de Mme
Marie-Pascale
BOUTRY
, Conseiller au Sénat, Secrétaire
exécutif du groupe.
*
* *
Les
membres de la délégation expriment leur vive reconnaissance
à tous ceux qui ont contribué à son succès.
Ils souhaitent également rendre un hommage appuyé à
l'action particulièrement efficace de S.Exc. M. Dominique de COMBLES de
NAYVES.
PROGRAMME DE LA MISSION |
Mercredi 25 septembre
8h50 |
Départ de Roissy-Charles de Gaulle pour Budapest. |
|
|
11h05 |
Arrivée à l'aéroport de Budapest. Accueil par Jean-Marc GRAVIER, Premier conseiller à l'Ambassade de France. |
|
|
13h15 |
Déjeuner de travail offert à la Résidence par M. Dominique de COMBLES de NAYVES, Ambassadeur de France. |
|
|
15h15 |
Entretien avec M. Etele BARÁTH, Secrétaire d'Etat chargé du programme national du développement régional, député MSzP. |
|
|
16h30 |
Entretien avec M. József SZÁJER, député FIDESz, vice-président du Parlement, représentant du Parlement à la Convention européenne, chef du cabinet des relations internationales de la FIDESz-MPP. |
|
|
19h30 |
Concert de l'Orchestre National de Montpellier à l'Académie de Musique dans le cadre du cycle de musique française organisé par le Directeur de la Philharmonie de Budapest et l'Institut Français. |
|
|
22h00 |
Dîner offert par M. Stanislas PIERRET, Conseiller de coopération et d'action culturelle, Directeur de l'Institut Français. |
Jeudi 26 septembre
8h00 Départ pour la région de Kecskémet/Szentes. |
|
10h00 Visite d'une grande ferme industrielle (Arpad Agrar RT - Président : Dr. CSIKAI Miklós, également Président de la Chambre d'agriculture hongroise). |
|
14h30 Visite d'une exploitation agricole familiale à Kerekegyháza (Gallifarm Kft - propriétaire : M. FORGO Ferenc). |
|
20h00 Dîner offert par l'Ambassadeur de France et Mme Dominique de COMBLES de NAYVES en l'honneur de la Délégation. |
Vendredi 27 septembre
9h00 Petit-déjeuner avec le proviseur, des représentants des professeurs de l'Association des parents d'élèves ainsi que des élèves, suivi de la visite du Lycée Français de Budapest. |
|
|
|
10h30 Entretien au Ministère de l'Intérieur avec M. Tibor PÁL, Secrétaire d'Etat politique, Mme Krisztina BERTA, Secrétaire d'Etat adjoint, et M. István SAMU, Adjoint au directeur général de la Garde-Frontières. |
|
|
|
11h30 Entretien avec M. Egon DIENES-OEHM, secrétaire d'Etat adjoint au Ministère des Affaires étrangères, Département de l'Intégration européenne et à l'Economie extérieure. |
|
|
|
12h15 Entretien avec M. Zoltán Rockenbauer, président du Groupe interparlementaire Hongrie-France (député FIDESZ). |
|
|
|
13h15 Déjeuner offert par M. Zoltán ROCKENBAUER au Club des députés, avec des membres du groupe interparlementaire Hongrie-France. |
|
|
|
15h00
Comité parlementaire de la protection de
l'environnement.
|
|
|
|
18h30 : Départ pour Paris. |
|
|
|
20h50 : Arrivée à Roissy Charles de Gaulle. |
|
INTRODUCTION |
LA RÉUNIFICATION EUROPÉENNE : UN DEVOIR HISTORIQUE
En 1947,
le "rideau de fer" a scindé l'Europe en deux. Quarante ans plus tard,
quand il est apparu que l'URSS ne pourrait ni survivre sans se réformer
ni se réformer sans disparaître, le système a
implosé. Cette séparation artificielle de peuples frères
pouvait alors prendre fin. Aujourd'hui, treize ans après la chute du
Mur, la réunification est sur le point d'aboutir. L'Union
européenne sera renforcée, dans un premier temps, de huit pays
(1)
ayant connu pendant 40 ans le carcan soviétique et ayant
recouvré liberté et identité, auxquels s'ajouteront les
îles de Malte et de Chypre.
Dès 2004, la nouvelle Europe sera riche de 451 millions de citoyens de
ses 25 États membres. 75 millions d'européens, - par la culture,
l'histoire et la géographie - vont donc nous rejoindre, dont 10
millions de Hongrois. Ce cinquième élargissement de l'Union
européenne a une dimension historique et politique majeure, que son
volet technique, nécessairement complexe, ne doit pas masquer. Il s'agit
fondamentalement de consolider les bases de la paix, de la démocratie et
du bien-être en Europe. Pour cela, l'Union doit continuer à
inventer, à se réinventer, 50 ans après ses premiers pas.
Elle doit prochainement accomplir et réussir deux métamorphoses :
son élargissement et la révision de ses mécanismes
institutionnels.
Seule la première de ces mutations est évoquée dans le
présent rapport et c'est bien avec la réunification en ligne de
mire qu'une délégation de notre groupe interparlementaire a
effectué une mission - brève mais dense - en Hongrie fin
septembre dernier.
En 1994, la Hongrie, la première, a posé sa candidature pour
l'adhésion à l'Union et, pendant toute cette décennie,
elle n'a pas quitté le peloton de tête des pays candidats, au prix
des lourds sacrifices qu'entraînaient des réformes courageuses et
parfois impopulaires.
________
(1)
Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République
tchèque, Slovaquie, Slovénie.
En avril 2000, notre groupe interparlementaire avait évoqué dans
son rapport, outre la situation économique de la Hongrie et
l'état des relations franco-hongroises, le fonctionnement des
institutions hongroises pendant la dernière décennie.
Aujourd'hui, à la veille du retour de la Hongrie dans la grande famille
européenne, seront notamment rappelées les grandes étapes
qui ont jalonné le chemin de ce retour et les conditions dans lesquelles
nos amis hongrois se sont préparés à l'adhésion.
Seront évoqués aussi les défis à venir, dans le but
d'apaiser les craintes qui, en Hongrie comme en France, accompagnent
naturellement le grand espoir que fait naître l'avènement de la
nouvelle Europe.
Alors que se referme une parenthèse historique de 45 ans et que se
tourne une page essentielle de l'histoire de notre continent, nous souhaitons
très chaleureusement à nos amis hongrois la bienvenue dans
l'Europe à 25, pour le meilleur...
I. UNE PRIORITÉ POLITIQUE CONSTANTE : L'ADHÉSION À L'UNION EUROPÉENNE
A. LA TRANSITION POLITIQUE : ALTERNANCE ET STABILITÉ
1. La pratique institutionnelle a permis une évolution dans la stabilité
La
Hongrie a largement amendé la constitution de 1949 et dispose, depuis le
23 octobre 1989, d'un régime parlementaire monocaméral. Le
Parlement est élu pour quatre ans, par un mode d'élection mixte -
majoritaire et proportionnel - mêlant circonscriptions uninominales et
listes nationales et régionales. Ce mode de scrutin fixe à 5 % le
seuil à atteindre pour être représenté dans le cadre
du scrutin proportionnel. Évitant l'émiettement de la
représentation politique, il a permis de dégager des
majorités nettes. La pratique institutionnelle a fait évoluer ce
régime vers un système marqué par la
prépondérance du Premier ministre (qui ne peut être
renversé que si son successeur est désigné
simultanément) face à un Président cantonné
à un rôle d'arbitre et à une Assemblée unique
(depuis 1945), contrainte de partager certaines de ses prérogatives avec
l'exécutif.
Quatre élections ont rythmé la vie politique hongroise depuis
1990, caractérisée par :
- la
stabilité
: chacun des gouvernements élus est
jusqu'ici allé au terme de son mandat, ce qui a rarement
été le cas dans les pays voisins ;
- l'
alternance
gouvernementale :
-
-
§ 1990
: les premières élections libres voient la
victoire du Forum démocratique, parti de centre-droit ;
§ 1994 : une équipe de gauche conduite par M. HORN s'installe au pouvoir ;
§ 1998 : voit l'installation d'une coalition de droite et de centre-droit (avec 55 % des sièges au Parlement), dirigée par M. Victor ORBAN. Ce dernier a créé le parti issu de la jeune génération de la dissidence : le FIDESZ-MPP (Alliance des jeunes démocrates - parti civique hongrois). S'y sont alliés le FKgP (parti des petits propriétaires indépendants) et le MDF (Forum démocratique). Le premier incarnait la droite libérale, devenue conservatrice ; le second, la droite plus nationaliste, qui s'est singulièrement réduite ;
§ 2002 : aux dernières élections législatives, d'avril 2002, l'opposition de gauche a emporté la victoire avec une courte majorité, le parti socialiste hongrois (M.Sz.P) s'étant allié avec le Sz.D.Sz (Alliance des démocrates libres, qui incarne la gauche libérale). M. Peter MEDGYESSY, ancien ministre des Finances, occupe depuis cette date les fonctions de Premier ministre.
Si 60 formations politiques ont présenté des candidats aux élections, seules 21 avaient encore des candidats au premier tour, le MIEP (parti de la justice et de la vie hongroise), parti d'extrême droite nationaliste, n'ayant recueilli que 4,27 % des voix.
Le tableau ci-dessous retrace les résultats de ces élections des 7 et 21 avril 2002 :
Parti politique |
Mandats obtenus dans des circonscriptions individuelles |
Sur les listes départementales |
Sur les listes nationales |
Au total |
% |
MSZP (Parti socialiste hongrois) |
78 |
69 |
31 |
178 |
46,11 |
FIDESZ-MPP
(Alliance des jeunes démocrates - Parti civique hongrois) -
|
95 |
67 |
26 |
188 |
48,70 |
SZDSZ (Alliance des démocrates libres) |
2 |
4 |
13 |
19 |
4,92 |
MSZP-SZDSZ |
1 |
- |
- |
1 |
0,26 |
TOTAL |
176 |
140 |
70 |
386 |
100,00 |
(les 12
sièges non attribués sur les listes régionales ont
été reportés sur les listes nationales)
La campagne électorale a été intense et les médias
en ont largement rendu compte, ce qui peut expliquer la forte mobilisation des
électeurs.
Le taux de
participation
s'est
élevé à
72 %
, contre 56 % en 1998, 69 % en 1994 et
65 % en 1990.
Après une relative déstabilisation en juin - liée à
la révélation de l'appartenance du Premier ministre aux services
secrets hongrois dans le passé
((
*
)1)
-, la
coalition gouvernementale a conforté sa position en octobre 2002, en
emportant les élections départementales et municipales, soit 45 %
des suffrages et les trois-quarts des départements. L'ancienne
majorité a vu lui échapper, à cette occasion, plusieurs
grandes villes du pays.
2. Les gouvernements successifs ont suivi le cap du rapprochement avec l'Occident
Depuis
1990, les autorités hongroises n'ont eu de cesse de focaliser leur
politique extérieure sur le rapprochement avec l'Occident, avec
deux
objectifs
en ligne de mire :
- l'adhésion à l'OTAN
, concrétisée en
mars 1999
, date à laquelle la Hongrie en est devenue membre actif
; elle a d'ailleurs depuis prouvé sa solidarité atlantique, en
particulier à l'occasion de la guerre avec la République
fédérale de Yougoslavie (ouverture de son espace aérien,
mise à disposition d'une base aérienne, interruption des
livraisons d'hydrocarbures) ;
- l'intégration à l'Union européenne
, qui devrait
être effective à compter du
1
er
mai 2004
.
Parallèlement et progressivement, les autorités hongroises ont
cherché à redynamiser leur coopération avec les pays
voisins, en particulier :
- avec l'Allemagne au premier chef mais aussi l'Autriche, pour des raisons
historiques (leurs relations n'ont d'ailleurs pas cessé pendant la
guerre froide), de proximité géographique et économiques ;
- avec les pays du groupe de Visegrad (République tchèque et
Pologne) ;
- ainsi qu'avec ses autres voisins (Roumanie, Slovaquie...).
B. LE CHOC DE LA TRANSITION ÉCONOMIQUE : PARI GAGNÉ
1. Une politique courageuse pour une transition réussie
Si la
transition économique de la Hongrie n'est pas totalement achevée,
elle est en tout cas très avancée. Le pays a, à son actif,
d'avoir engagé la modernisation de son économie avant les autres
pays d'Europe centrale et orientale. À cette fin, il s'est appuyé
tant sur des
réformes structurelles
courageuses - menées
en dépit des alternances - que sur les capitaux étrangers,
l'afflux de ces derniers n'étant d'ailleurs pas sans lien avec les
politiques conduites.
Réforme budgétaire, refonte des systèmes des retraites (en
1997, avec la mise en place d'un système de capitalisation) et de
l'assurance-maladie, ambitieux programme de privatisation quasiment mené
à terme
((
*
)1)
, libéralisation
précoce des changes (mi-2001): les réformes structurelles ont
été nombreuses.
En 1995, face à une dette publique extrêmement
élevée (de l'ordre de 70 % du PIB) et à un
déficit chronique de la balance des paiements, le gouvernement hongrois
a mis en oeuvre un programme draconien de stabilisation
macro-économique, aux effets récessifs inévitables mais
qui a permis d'assainir la situation économique.
La Hongrie a ensuite bénéficié d'une croissance forte :
4,6 % en 1997, 4,9 % en 1998, 4,5 % en 1999, pour atteindre 5,2 % en
2000.
Parallèlement, la mise en place d'une réglementation des
investissements très protectrice et d'une législation fiscale
très attractive a contribué à l'afflux de capitaux
étrangers. Les résultats sont probants et les chiffres parlants :
la Hongrie est le principal bénéficiaire des investissements
directs étrangers (IDE) dans les pays d'Europe centrale et orientale
(PECO), avec 40 % du total (pour un stock cumulé de 25 milliards
d'euros), au 3
ème
rang cependant, derrière la Pologne
et la République tchèque. Les flux d'investissements stagnent
toutefois depuis cinq ans.
Ces investissements ont largement financé la restructuration
industrielle, l'accroissement de la productivité et la modernisation du
pays.
Cette restructuration est l'un des éléments fondamentaux du
processus de transition.
2. Depuis 2001, une conjoncture cependant plus difficile
Une
croissance encore soutenue, mais qui tend à s'infléchir
Depuis le taux de croissance record de l'an 2000, la croissance hongroise
tendait à infléchir : sentant ce retournement, le gouvernement de
M. ORBAN a lancé, en 2001, un plan de soutien à l'économie
(le "plan Széchenyi"), avec en particulier :
- près de 400 milliards d'euros consacrés à la
construction de logements et d'autoroutes ;
- des mesures de soutien de la demande intérieure grâce au
quasi-doublement du salaire minimum et à la revalorisation des bas
salaires du secteur public et des retraites.
Dans ces conditions, le taux de croissance a atteint 5 % en 2001.
Le gouvernement de M. MEDGYESSY a adopté des mesures elles aussi de
nature à soutenir la demande intérieure : taux des pensions et
des allocations familiales, salaires des agents publics, exemption
d'impôt sur le revenu pour les bas salaires.
Le ralentissement conjoncturel international a fini par toucher aujourd'hui la
Hongrie, dont la croissance était de 3,2 % en 2002, même si
le gouvernement table sur un taux de croissance de 4 à 4,5 % pour
2003.
La Hongrie est, en effet, inévitablement touchée par la
conjoncture morose de ses partenaires commerciaux de l'Union européenne,
qui représentent 75 % de ses exportations.
Le déficit budgétaire constitue la principale
préoccupation
Alors qu'il ne représentait que 3,5 % du PIB en 2001, le déficit
budgétaire s'est très sensiblement aggravé, pour atteindre
environ
9,7 % en 2002
. Il vrai qu'il s'agissait d'une année
électorale ...
Pour le gouvernement hongrois, il convient cependant de distinguer un
déficit structurel de 5,7 % - qu'il a pour ambition de ramener à
4,5 % en 2003 - et un déficit de 3,5 % lié à des
opérations exceptionnelles
((
*
)1)
.
Afin d'atteindre cet objectif, une politique temporaire de rigueur est
envisagée, avec en particulier une réduction de 20 à
25 % des dépenses d'investissement par rapport à leur niveau
de 2002.
Cet objectif ne risque-t-il pas cependant d'être difficilement compatible
avec la nécessité de poursuivre des réformes structurelles
coûteuses dans la perspective de l'adhésion ?
Une détérioration de la balance courante
Contrairement aux années précédentes, l'année 2002
a enregistré une détérioration de la balance courante sous
l'effet conjugué de la dégradation de la balance commerciale et
d'une relative désaffection des touristes étrangers.
Quelques pressions inflationnistes
Par ailleurs, les pressions inflationnistes restent fortes (+ 5,2 % en
2002), même si la baisse du taux d'inflation est spectaculaire depuis
1998, comme l'illustre le tableau ci-dessous.
Évolution des principaux indicateurs macro-économiques
:
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Taux de croissance (en % du PIB) |
5 |
4,5 |
5,5 |
5 |
3,5 |
Taux d'inflation (en % du PIB) |
14,5 |
10 |
9,8 |
7,8 |
5,2 |
Taux de chômage (en % de la population active) |
9,5 |
7,5 |
6 |
5,5 |
5,8 |
Dette extérieure (en % du PIB) |
46 |
23 |
24 |
22 |
53,1 |
Balance commerciale (en % du PIB) |
-4,9 |
-4,5 |
-4,6 |
-4,8 |
-2,1 |
Stock d'IDE (en Mds euros) |
18,5 |
20 |
22,5 |
25 |
- |
Pour 2003, l'objectif de la Hongrie est de ne pas dépasser 4,5 à 5,5 %. Certains facteurs risquent cependant de le contrarier, qu'il s'agisse du bas niveau des taux d'intérêt - pourtant rendu nécessaire par la forte appréciation de la monnaie hongroise, le forint, qui pesait sur la compétitivité du pays -, du niveau toujours soutenu de la consommation ou de la hausse du cours du pétrole et, plus généralement, de l'énergie.
II. LA HONGRIE : DANS LE PELOTON DE TÊTE EN VUE DE L'ADHÉSION
A. DE COPENHAGUE À COPENHAGUE : UNE DÉCENNIE DANS L'ANTICHAMBRE DE L'EUROPE
1. Un calendrier dense et bien rythmé
Dès 1990, les pays de l'Union ont
concrétisé la
volonté de rapprochement avec les pays d'Europe centrale et orientale
par le biais de l'aide financière PHARE et d'accords d'association.
L'accord européen a été passé avec la Hongrie
dès 1991 (la première, avec la Pologne), pour une entrée
en vigueur en février 1994. Dès avril 1994, elle déposait
sa candidature d'adhésion à l'Union européenne.
Le processus d'élargissement a ensuite progressé, parfois
à marche forcée, au rythme de sommets successifs dont on
rappellera ici les grandes étapes.
Les grandes étapes du processus d'élargissement
-
-
-
-
§ Sommet de Copenhague, juin 1993 : définition des règles ;
§ Sommet de Luxembourg, décembre 1997 : lancement des négociations avec six pays ;
§ Sommet d'Helsinki, décembre 1999 : extension des négociations à douze pays ;
§ Sommet de Nice, décembre 2000 : une " feuille de route " pour l'élargissement ;
§ Sommet de Laeken, décembre 2001 : le " big bang ", un élargissement prévu à 10 pays ;
§ Sommet de Copenhague, décembre 2002 : achèvement des négociations et décision définitive d'élargissement ;
§ Sommet d'Athènes, avril 2003 : signature prévue des traités d'adhésion ;
§ 1 er mai 2004 : adhésion officielle des 10 nouveaux membres.
Au
premier Sommet de Copenhague, les États membres fixent les
trois
critères
en fonction desquels sera jugée la
préparation des pays qui souhaitent rejoindre l'Union. Il leur faudra
disposer :
- d'institutions stables
garantissant la démocratie, la
primauté du droit, les droits de l'Homme, le respect des
minorités et leur protection ;
- d'une
économie de marché
viable et capable de faire face
à la pression concurrentielle et aux forces du marché à
l'intérieur de l'Union européenne ;
- d'institutions susceptibles d'assumer les obligations de l'adhésion
à l'Union, la reprise et l'application de
l'acquis communautaire
et de souscrire aux objectifs de l'Union politique, économique et
monétaire.
b) 1997 : le lancement des négociations
Au
Sommet de Luxembourg, les Quinze décident de lancer les
négociations avec les six pays jugés les plus avancés en
termes de respect des critères de Copenhague : Chypre, Estonie, Hongrie,
Pologne, République tchèque et Slovénie.
Le
principe de différenciation
est retenu, en vertu duquel chaque
pays pourra avancer à son rythme dans la négociation, en fonction
des progrès effectivement constatés.
Chaque pays concerné doit adopter un Programme National d'Adoption de
l'Acquis, définissant la manière dont il entend respecter le
partenariat pour l'adhésion, précisant le calendrier de mise en
oeuvre de ses priorités et les incidences (en termes de ressources
financières et humaines). Ce programme est révisé
périodiquement afin de tenir compte des progrès
réalisés et de définir de nouvelles priorités.
L'Union examine ces progrès par le biais, depuis fin 1998, de
rapports réguliers de la Commission européenne au Conseil
.
Ce rapport décrit l'état des relations entre un pays candidat et
l'Union. Il analyse la situation en ce qui concerne les conditions politiques
fixées par le Conseil européen, évalue la situation
économique et les perspectives du pays concerné au regard des
conditions économiques mentionnées par le Conseil. Il examine la
capacité du pays à assumer les obligations résultant de
l'adhésion (l'acquis), tel qu'exprimées dans le Traité, le
droit dérivé et les politiques de l'Union. Il fait
également le bilan des capacités judiciaires et administratives
du pays candidat pour conduire une véritable politique communautaire.
c) 1999 : l'extension des négociations
Il est
décidé, au Sommet d'Helsinki, d'ouvrir les négociations
avec six nouveaux candidats : Bulgarie, Lettonie, Lituanie, Malte, Roumanie et
Slovaquie.
Par ailleurs, la candidature de la Turquie est officiellement reconnue.
d) 2000 : L'accélération des négociations
Le
Sommet de Nice, en décembre 2000, donne les moyens d'une
accélération du processus, grâce à l'adoption de ce
qui sera appelé "
la feuille de route
" qui organise le cadre des
négociations. Celle-ci fixe un calendrier avec les
31 chapitres qui
composent l'acquis communautaire
(voir l'annexe 1 au présent
rapport), à traiter semestre par semestre pour les deux années
à venir, et une méthode pour traiter les demandes de
périodes transitoires.
Cet acquis est évalué à rien de moins que 80 000 pages du
Journal Officiel des Communautés Européennes ! La
négociation est considérée comme close lorsque l'ensemble
des chapitres sont clos.
e) 2001 : L'élargissement aux dix pays les plus avancés
En
décembre 2001, le Sommet de Laeken accepte, ainsi que le souhaitaient
les pays candidats, le principe de l'adhésion simultanée des dix
pays les plus avancés, dès 2004, afin de leur permettre de
participer aux élections du Parlement européen de juin 2004 : la
dimension politique prend désormais une importance croissante par
rapport à la dimension technique du processus.
Par ailleurs, le règlement des dossiers agricole et budgétaire,
particulièrement délicat, est réservé pour la fin
des négociations.
f) 2002 : l'achèvement des négociations avec les dix
À
Copenhague, un an plus tard, les négociations avec ces dix pays sont
déclarées closes et leur adhésion définitivement
actée. L'échéance est un peu repoussée pour la
Bulgarie et la Roumanie, l'objectif pour leur adhésion étant
fixé à 2007.
À quelques jours du Conseil de Bruxelles des 26 et 27 octobre 2002,
un accord franco-allemand
, négocié directement entre le
Président Chirac et le Chancelier Schröder, ouvre la voie à
un
compromis décisif sur les dossiers agricole et
budgétaire
. L'octroi d'aides directes aux agriculteurs des nouveaux
pays adhérents est retenu en échange d'un plafonnement des
dépenses de marché et des paiements directs de l'Union à
25 sur la période 2004-2013 au niveau de 2006, majoré de 1 % par
an. Les aides directes aux pays candidats sont limitées à 25 % du
niveau de l'Union des Quinze la première année (2004), puis
à 30 % l'année suivante, jusqu'à atteindre progressivement
la parité en 2013.
L'accord financier pour l'élargissement retient une enveloppe globale de
39,3 milliards d'euros pour la période 2004-2006, dont 23 milliards pour
les actions structurelles.
Par ailleurs, le Conseil de Bruxelles durcit les conditions de suivi de la mise
en oeuvre de l'acquis communautaire par les pays adhérents pour
répondre d'avance aux inquiétudes d'une partie des États
membres.
Outre la publication d'un
nouveau "rapport de suivi"
par la Commission
avant la date d'adhésion, le Conseil approuve la mise en place
d'une
clause de sauvegarde économique générale et de deux
clauses spécifiques
. L'une relative au fonctionnement du
marché intérieur, l'autre dans le domaine de la Justice et des
Affaires intérieures (JAI), peuvent être mises en oeuvre sur la
base d'un "risque imminent" et pourront être invoquées par les
seuls États membres actuels pendant une période de trois ans
au-delà de l'adhésion.
Conscients que les engagements pris auront besoin d'être suivis de
très près pour ne pas rester purement formels, la Commission et
les États membres ont progressivement introduit
une nouvelle
priorité
pour les pays candidats :
le suivi rigoureux de la
reprise effective de l'acquis communautaire, ou
monitoring
. C'est
même devenu en 2002 un programme d'action prioritaire, assorti d'un
redéploiement des crédits « Phare », au
profit notamment de jumelages entre des administrations d'États membres
et celles des pays candidats. Enfin au fur et à mesure que se
précisaient les premières adhésions pour 2004, les
discussions ont commencé à porter sur les sanctions (notamment
financières) à mettre en oeuvre pour circonvenir tout manquement
aux engagements.
Quatre priorités caractérisent ce renforcement de la
capacité administrative : le fonctionnement du marché
intérieur (existence d'autorités de régulation
appropriées dans les domaines de la concurrence, des
télécommunications, de l'énergie, des transports...) ; le
développement durable dans l'UE (normes environnementales, haut niveau
de sûreté nucléaire, amélioration de la
sécurité des transports...) ; la protection
des citoyens (respect de niveaux suffisants de sécurité sanitaire
des aliments, coopération dans le domaine de la justice et des affaires
intérieures ...) ; enfin, la gestion des fonds communautaires, qui
nécessite des structures appropriées dans les administrations
centrales et régionales pour assurer l'application des règles de
passation des marchés publics, le contrôle financier, l'audit
ainsi que la lutte contre la fraude et la corruption.
2. La Hongrie a parcouru avec succès ce douloureux chemin de l'acquis communautaire
a) Une priorité : la reprise effective de l'acquis communautaire
§
Le
bilan 2000
, présenté au Sommet de Nice, est
favorable
pour la Hongrie et, pour la Commission européenne, ce
pays constitue - avec l'Estonie et la Pologne - le peloton de tête des
pays d'Europe centrale et orientale candidats à l'adhésion. Il
est alors considéré comme étant, dans un proche avenir, en
mesure de répondre aux exigences économiques de l'Union à
condition de rester sur sa trajectoire de réforme. Quelques points noirs
sont cependant soulignés, en particulier l'environnement et la
restructuration du secteur sidérurgique.
S'agissant de l'environnement, le rapport insiste sur la
nécessité de renforcer la capacité administrative et de
former le personnel. La Hongrie a, en décembre 2000, clos 14 des 31
chapitres de l'acquis communautaire.
§ Le rapport de la Commission européenne pour 2001 souligne les
progrès réalisés
par la Hongrie sur la plupart des
volets. Le pays continue à respecter les critères politiques de
Copenhague, à accorder une place prioritaire à la lutte contre la
corruption, - qui demeure alors encore un problème - et à
réaliser des progrès en matière de droit d'asile, mais il
doit renforcer sa lutte contre la discrimination et permettre à la
minorité Rom de participer plus activement à la vie publique. Son
économie de marché, est considérée comme viable et
pouvant, dans un avenir proche, faire face aux pressions concurrentielles et
aux forces du marché à l'intérieur de l'Union, sous
réserve de la poursuite de son programme de réforme.
Au total, le rapport de la Commission conclut que
"dans la plupart des
domaines, la Hongrie a continué à progresser pour ce qui est de
la mise en place des structures administratives nécessaires à
l'application de l'acquis.
Toutefois, elle devra encore consentir des
efforts pour améliorer sa capacité administrative et
judiciaire
, notamment dans les secteurs du contrôle des aides
d'État, de l'audiovisuel, de la surveillance du marché, des
transports et de l'agriculture. Elle doit également veiller à la
mise en place de la capacité administrative indispensable pour une
gestion saine, efficace et vérifiable des fonds communautaires.
La Hongrie a continué à répondre aux priorités
à court terme de son partenariat pour l'adhésion, sauf en ce qui
concerne
certains aspects du secteur agricole, de la politique
audiovisuelle, de la libre circulation des marchandises et de la politique de
concurrence
. Elle a aussi mis en oeuvre plusieurs priorités à
moyen terme dans le domaine de la politique sociale et de l'emploi, ainsi que
dans les domaines de l'environnement et de la justice et des affaires
intérieures (droit d'asile, politique en matière de visas)."
§ Le rapport
de la Commission européenne a salué,
fin 2002
, les nouveaux efforts réalisés pendant
l'année écoulée. Les réformes ont en effet
été réalisées à un rythme
accéléré dans différents domaines de
l'administration publique (au niveau central) et de la lutte contre la
corruption. L'adoption et la mise en oeuvre de l'acquis communautaire se sont
poursuivies dans les secteurs de la politique sociale, de la justice, des
affaires intérieures, des télécommunications et de
l'énergie (électricité) - avec l'ouverture de ces secteurs
à la concurrence -, de la culture et de l'audiovisuel.
Le rapport relevait cependant la subsistance de quelques faiblesses.
b) Fin 2002 : quelques dossiers difficiles restent à traiter
La
délégation de notre groupe interparlementaire s'est rendue en
Hongrie alors que le rapport annuel de la Commission pour 2002 n'était
pas encore connu.
Seuls trois chapitres restaient alors à clore et plusieurs domaines
restaient sensibles, en particulier le volet agricole, la politique
régionale et le contrôle aux frontières, la politique de
concurrence et la protection de l'environnement. Notre délégation
a concentré son attention sur les trois premiers de ces points.
§ le chapitre agricole
Le chapitre agricole est l'un des plus importants du volet économique,
car la reprise de l'acquis comporte non seulement les aspects liés au
marché intérieur (normes et contrôles), mais
également un important volet sur la gestion de la politique agricole
commune.
Fin 2002, la Hongrie dispose à cet égard d'une base solide : la
production est de bonne qualité, les subventions aux exportations ont
été substantiellement diminuées, le niveau de reprise de
l'acquis juridique est élevé, aucune carence fondamentale n'a
été révélée sur les questions sanitaires et
de sécurité alimentaire.
Le pays a toutefois pris du retard dans la mise en place des principaux
instruments de gestion, la constitution de l'agence de paiement et dans la
reprise de l'acquis pour la mise en oeuvre effective des organisations communes
de marché. Elle doit, par ailleurs, mettre aux normes une partie de ses
abattoirs et renforcer les contrôles aux futures frontières
extérieures de l'Union. Notre délégation tient à
souligner l'importance particulière de ce dernier point : seul un
contrôle efficace aux frontières permettra de vérifier
l'entrée de produits de l'extérieur et d'assurer une
traçabilité fiable des produits hongrois.
§ La politique régionale
Ce volet est fondamental pour la Hongrie, dans la mesure où
l'instauration d'un cadre régional efficace conditionne la
réussite de la programmation et de la mise en oeuvre des fonds
structurels et des fonds de cohésion dont elle pourra
bénéficier à l'issue de son adhésion.
Le problème est double : institutionnel et technique.
ü sur le
plan
institutionnel
, il faut rappeler que le
département, institution millénaire, constitue l'unité
administrative du pays. Or, au regard des références
européennes, cette unité est de trop faible taille. D'où
la réflexion en cours sur la création de régions,
souhaitée par la Commission européenne.
M. Etele BARATH, Secrétaire d'État chargé du programme
national de développement régional, a exposé à
notre délégation ce projet de mise en place d'un découpage
régional ainsi que le lancement d'un programme de
décentralisation (40 % au maximum du budget national lui semblant
pouvoir être transférés aux autres échelons
territoriaux).
La population hongroise semble cependant peu intéressée par cette
importante réforme, peu familiarisée qu'elle était pendant
50 ans à la gestion autonome de moyens au niveau local.
La question se complique de par l'existence de 150 micro-régions
statistiques. Il est prévu de délimiter régions et
micro-régions d'ici fin 2004, la nouvelle organisation administrative
devant être totalement mise en place en vue d'élections en 2006.
ü Sur un
plan
plus
technique
, il semble que la
préparation des projets susceptibles de bénéficier d'un
financement communautaire soit insuffisante et que le processus de
programmation ait pris du retard. La Hongrie doit donc s'attacher à
intensifier ses préparatifs en vue de la mise en oeuvre des instruments
structurels, qui lui seront d'une grande aide.
§ Le contrôle aux frontières
Si la lutte contre la corruption en Hongrie a enregistré de sensibles
progrès
1(
*
)(1)
, notre
délégation souhaitait lever ses interrogations sur le
degré de préparation du pays en matière de contrôle
aux frontières, dossier bien évidemment crucial.
Des préoccupations demeurent en effet s'agissant du contrôle des
frontières avec l'Ukraine, la Roumanie et les Balkans. M. Tibor PAL,
Secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur, a
indiqué à notre délégation que la Hongrie avait
récemment repris l'acquis communautaire concernant Schengen.
L'organisation des gardes frontières est compatible avec celle des
États membres. 14 000 personnes ont été affectées
à la police aux frontières, 25 % de cet effectif étant en
formation. Le système informatique hongrois est compatible avec le
système SIS (de Schengen).
D'après M. Egon DIENES-OEHM, Secrétaire d'État adjoint au
ministère des Affaires étrangères, que nous avons
également rencontré, le système SIS exige encore beaucoup
de moyens financiers et les problèmes techniques subsistant devraient
être résolus d'ici à 2006.
Les résultats de cette organisation sont déjà probants,
avec en particulier l'arrestation de 500 à 600 passeurs chaque
année. L'administration hongroise estime que
"la plupart des
immigrants clandestins sont arrêtés aux futures frontières
extérieures de l'Union"
(leur nombre ayant triplé en un an).
Des actions de coopération sont en outre menées avec la
Slovaquie, l'Autriche et la Slovénie, pour ce qui concerne les
frontières intérieures.
3. Un "contrat" équilibré grâce au soutien de l'Union européenne
a) La Hongrie bénéficie des programmes communautaires
En une
dizaine d'années, la Hongrie a donc parcouru un immense chemin et
procédé à une grande mue. L'Union européenne l'a
accompagnée, en organisant un soutien institutionnel - pour aider les
Peco candidats à renforcer leurs capacités administratives en vue
de la reprise effective de l'acquis communautaire - et un soutien financier.
Ces aides se sont concrétisées par les programmes communautaires
: Phare, Sapard et Ispa.
Les
programmes communautaires :
Phare, Sapard et Ispa
Le programme Phare (Pologne-Hongrie-assistance à la restructuration des économies), lancé dès novembre 1989, se concentrait initialement sur l'assistance dans le processus de transformation vers une économie de marché et le renforcement de la démocratie. Puis, la transformation des pays d'Europe centrale et orientale étant largement engagée, les programmes communautaires sont passés à une logique de pré-adhésion dès 1997-1999. L'Union européenne a alors mis en place trois programmes d'aide financière aux Peco : Phare "nouvelle mouture", Sapard (Special Accession Program for Agriculture and Rural Development : Programme d'ajustement structurel pour l'agriculture et le développement rural ) et Ispa (instrument structurel de pré-adhésion). Alors que Sapard et Ispa ont des objectifs sectoriels (l'agriculture et le développement rural pour le premier, les transports et l'environnement pour le second), le programme Phare continue à fournir une assistance générale aux pays candidats.
Allocations indicatives pour la période 2000 - 2006 (en millions d'euros)
PAYS
|
TOTAL |
PHARE
|
ISPA |
SAPARD
|
||
|
Minimum |
Maximum |
|
Minimum |
Maximum |
|
Bulgarie |
235 |
277 |
100 |
83 |
125 |
52 |
Estonie |
57 |
73 |
24 |
21 |
36 |
12 |
Hongrie |
207 |
238 |
96 |
73 |
104 |
38 |
Lettonie |
88 |
109 |
30 |
36 |
57 |
22 |
Lituanie |
113 |
134 |
42 |
42 |
62 |
30 |
Pologne |
879 |
952 |
398 |
312 |
385 |
169 |
Rép. tchèque |
158 |
184 |
79 |
57 |
83 |
22 |
Roumanie |
601 |
663 |
242 |
208 |
270 |
151 |
Slovaquie |
104 |
125 |
49 |
36 |
57 |
18 |
Slovénie |
42 |
52 |
25 |
10 |
21 |
6 |
Total |
2 484 |
2 806 |
1 485 |
879 |
1 201 |
520 |
b) Elle sort globalement gagnante des négociations d'adhésion
Dans la
dernière ligne droite des négociations, les autorités
hongroises se sont montrées très pugnaces et sont sorties
globalement gagnantes de ces dernières négociations.
L'Union européenne a certes imposé 3 périodes
transitoires, concernant la libre circulation des travailleurs, le cabotage
routier et les aides agricoles. Mais la Hongrie a obtenu quant à elle
21 périodes transitoires
, dont une de 7 ans pour limiter l'achat
de terres par des étrangers, avec une prolongation éventuelle de
3 ans en cas de différentiel persistant entre le prix des terres
hongroises et celui pratiqué dans l'actuelle Union européenne.
Elle a également su plaider sa cause sur trois points fondamentaux pour
elle :
§ Dans le
domaine agricole
, si la durée de la transition en
matière d'aides agricoles reste inchangée (9 ans), le budget
national pourra cependant compléter les aides directes en provenance du
budget communautaire à hauteur de 30 %, ce qui porte le montant
total de ces aides à 55 % de celles versées aux agriculteurs des
États membres, ceci dès 2004.
§ S'agissant des
aspects budgétaires
, la Hongrie craignait
d'être très rapidement contributeur net au budget communautaire.
En fait, la compensation budgétaire de la part de l'Union sera
prolongée et le solde net de la Hongrie par conséquent plus
élevé qu'initialement prévu. Il sera ainsi de 270 millions
d'euros en 2004, 500 millions en 2005 et 600 millions en 2006. Cette
compensation sera inscrite dans le Traité d'adhésion de la
Hongrie à l'Union.
§ Par ailleurs, sur le
plan institutionnel
, le Gouvernement
hongrois s'était déclaré insatisfait des conclusions du
Traité de Nice (décembre 2002) qui avait fixé à 20
le nombre de députés dont leur pays aurait disposé au
Parlement européen dans une future Union à 27. Elle aurait ainsi
- avec d'autres pays (République tchèque en particulier) -
été moins bien traitée que la Grèce, la Belgique ou
le Portugal, en termes de représentativité (un
député hongrois pour 504.500 habitants, contre un
député portugais pour 453.636 habitants, par exemple).
En définitive, la Hongrie a obtenu 2 sièges
supplémentaires au Parlement européen, où elle disposera
donc de
22 députés
.
M. Jozsef SZAJER, vice-président du Parlement hongrois,
représentant ce dernier à la Convention européenne, avait
insisté auprès de notre délégation sur l'importance
de ce point qui lui semblait devoir être résolu avant
l'adhésion de son pays. Dans le cas contraire, ses concitoyens auraient,
selon lui, très mal vécu un échec de la Hongrie dans ces
négociations, ce qui aurait pu peser dans leur décision au moment
du référendum. Aujourd'hui, on peut être optimiste quant
aux résultats de celui-ci, même si les Hongrois sont conscients
qu'ils auront à relever de nouveaux défis.
B. LE CHOC DE L'ADHÉSION
Car si
l'on a pu parler du choc de la transition, comment ne pas parler aussi du choc
de l'adhésion ?
Comme le souligne très justement M. Jean-Joseph BOILLOT dans
l'étude parue en décembre dernier à la "Documentation
française" intitulée : "
L'Union européenne
élargie : un défi économique pour tous
" :
"Au-delà de l'impérative nécessité de poursuivre
les réformes économiques liées à la mise en place
d'une économie de marché moderne, l'adhésion constitue un
choc de structure pour les économies d'Europe centrale, dans au moins
cinq domaines : inégalités régionales, écart
des productivités agricoles, mise à niveau environnemental,
développement impératif des infrastructures de communication, et
enfin adhésion programmée à l'Union monétaire,
c'est-à-dire l'adoption de l'euro".
Le défi économique et régional ainsi que le défi
agricole sont les sujets qui ont particulièrement retenu l'attention de
notre délégation.
1. Le défi économique et régional
a) L'enjeu de la compétitivité et de l'attractivité
-
- § Parachever la restructuration industrielle
Tel n'est cependant pas le cas de la Hongrie, qui a réalisé l'essentiel des restructurations. Elle avait en effet relativement peu d'industries lourdes et la réorientation de son industrie vers des secteurs dynamiques s'est faite sous l'impulsion de privatisations précoces et de l'investissement étranger. Il lui faut cependant parachever cette mutation.
Se pose également et inévitablement la question du maintien de sa capacité d'une part, à attirer les investissements étrangers tout en respectant ses obligations européennes et, d'autre part, à favoriser le développement des PME.
-
- § Maintenir l'attractivité pour les investisseurs étrangers
-
-
- § les fortes augmentations de salaires (hausse des salaires réels de 13 % en 2002) accroissent le coût du travail, cet effet de rattrapage étant à la fois inévitable et souhaitable puisqu'il conditionne l'amélioration du niveau de vie des Hongrois.
-
-
-
§ l'appréciation du forint
depuis 18 mois est allée
dans le même sens. Les deux récentes baisses du taux directeur ont
permis d'affaiblir le forint, mais pour combien de temps ? Au delà, la
défense des zones de fluctuation de la monnaie semble prioritaire avec,
en ligne de mire, l'intégration à la zone euro. Celle-ci ne
pourra sans doute pas être envisagée avant 2007-2008, la Hongrie
devant s'y préparer afin de respecter l'ensemble des critères de
Maastricht, ce qui n'est que partiellement le cas aujourd'hui.
§ Mettre en place un dispositif fiscal "euro-compatible"
À cet effet, le gouvernement de M. MEDGYESY a proposé de modifier le système d'incitations fiscales et de renforcer le poids des aides directes.
De
nouvelles mesures pour attirer
les investisseurs étrangers
§ Exemptions fiscales pour les projets mis en oeuvre dans les régions les moins développées.
§ Recours systématique aux procédures
d'appel
d'offres :
cette mesure sera essentielle dans le cadre de la
lutte
contre la corruption
, laquelle peut prendre le biais insidieux du
favoritisme.
§ Subventions :
-
-
ü augmentation des aides existantes, en particulier pour renforcer la
création d'emplois dans les régions défavorisées ;
ü subventions à la création de zones industrielles viabilisées mises à la disposition des investisseurs contre un loyer modique ;
ü pour les investissements les plus importants en termes de créations d'emplois ou de valeur ajoutée, contribution au financement des infrastructures (accès, eau, électricité, télécommunications, ...), soit au cas par cas par appel d'offres, soit dans le cadre de programmes d'investissements généraux (autoroutes, aéroports, télécommunications haut débit, ...) ;
ü nouvelle stratégie de formation de la main d'oeuvre qualifiée, notamment dans les nouvelles technologies (communication, électronique, biotechnologies, environnement ...) ;
ü amélioration de l'environnement des affaires pour les investisseurs étrangers, via l'allègement des procédures administratives et la création d'une commission interministérielle statuant sur les plaintes d'investisseurs en butte à des blocages bureaucratiques.
§ Favoriser le développement des PME
L'esprit d'entreprise y est bien vivant et les récentes initiatives européennes pour favoriser le développement des PME (Programme pluriannuel pour les entreprises et l'esprit d'entreprise ; charte européenne des PME ...) contribuera à le vivifier. Les PME constituent bien évidemment une source irremplaçable pour la création d'emplois et la diffusion des savoir-faire.
b) Le risque de déséquilibres régionaux
L'élargissement de 2004 va aggraver
considérablement
les disparités de développement au sein de l'Union. Malgré
l'augmentation d'un tiers du territoire et de 29 % de la population de l'Union
européenne, le PIB du nouvel ensemble ne progressera en effet que de 8
à 10 % au mieux. L'Espagne ou le Portugal avaient, avant leur
adhésion, un PIB bien supérieur au niveau actuel du PIB moyen par
habitant des dix Peco candidats. Plus encore, s'agissant des régions des
Peco, seules trois ont un revenu par habitant supérieur aux 75 % de la
moyenne communautaire, dont la région de Budapest.
Le deuxième rapport d'étape de la Commission européenne
sur la cohésion économique et sociale - qui est paru
récemment - insiste sur le
risque d'une aggravation des
disparités régionales
. La réunification impose donc
une nouvelle réflexion sur la politique de cohésion
économique et sociale de l'Union à 25, sur les conditions
d'attribution et le financement des fonds structurels.
La nouvelle géographie économique de l'Europe pourrait
entraîner une évolution des disparités entre les
régions d'un même pays, les régions
transfrontalières et situées à l'Ouest étant
clairement privilégiées en raison d'une réorientation des
économies d'Europe centrale vers l'Union. C'est d'ailleurs ce que l'on
observe en Hongrie qui, en outre, témoigne d'un syndrome de type "Paris
et le désert français", avec une région capitale,
Budapest, qui concentre près de 45 % des revenus du pays pour 28 % de la
population, tandis que le reste du revenu se répartit de façon
assez uniforme autour de marchés assez étroits.
2. Le défi agricole
Deux raisons expliquent que le volet agricole soit l'un des plus complexes du processus d'adhésion :
-
-
-
§ il touche directement l'architecture de l'Union européenne et son
évolution, en particulier dans le cadre des négociations
commerciales internationales du cycle de Doha. Le paysage agricole et rural de
l'Union évoluera sous l'effet de l'augmentation de 46 % de sa surface
agricole utile, de 134 % des populations agricoles et de 54 % du PIB agricole ;
§ son impact sera loin d'être négligeable pour les pays candidats, dans lesquels l'agriculture occupe une part importante de l'économie. Dans ces pays, ce secteur souffre généralement d'un manque de productivité et d'investissement et il est chargé d'un important chômage caché.
Mais, comme l'illustre le tableau ci-dessous, la Hongrie, comme la République tchèque, occupe une place à part au sein des Peco : le secteur agricole ne représentait, en 1998, que 5,5 % de son PIB et 7,1 % de l'emploi (après la réduction d'un tiers de la population active dans ce secteur dans les années 1992-1996), ces propositions étant encore plus faibles aujourd'hui : respectivement 4,3 % et 6,2 %. Les industries agroalimentaires occupent, quant à elles, près de 4 % de la population active.
Structure agricole des 12 pays candidats
ÉLARGISSEMENTS |
% DU PIB |
% DE L'EMPLOI |
% DE LA SURFACE AGRICOLE UTILE |
Pologne |
3,8 |
18,1 |
58,3 |
Hongrie |
5,5 |
7,1 |
66,5 |
République tchèque |
3,7 |
5,2 |
54,3 |
Roumanie |
15,5 |
41,7 |
62,0 |
Bulgarie |
17,3 |
26,6 |
51,3 |
Peco 10* |
6,8 |
21,5 |
55,9 |
UE15* |
1,6 |
5,0 |
41,8 |
*
Données 1998.
Source : Commission européenne.
On peut
dire que dans
le secteur agricole aussi, la Hongrie a parcouru l'essentiel
du chemin
. S'il existe encore parmi les nombreuses petites structures - qui
exploitent 40 % de la surface agricole utile - des petites exploitations de
subsistance, d'autres sont très dynamiques et contribuent à
l'émergence de coopératives de collecte et de vente à
l'occidentale.
La délégation de notre groupe interparlementaire a visité
une exploitation familiale (3 associés et 4 employés)
d'élevage de dindes (de 1 jour à 6 semaines). Dynamique et
moderne, elle réalise 60 % de son chiffre d'affaires par
intégration ; elle organise ainsi la commercialisation de la production
de 6 à 8 petits exploitants et finance leurs investissements. Les
projets de développement n'ont pas empêché le
propriétaire de nous faire part de son inquiétude face à
la concurrence croissante dans ce secteur peu aidé.
La Hongrie compte par ailleurs de grandes exploitations, avec différents
types de structures : fermes d'État (dont les structures d'exploitation
sont en cours de privatisation), sociétés privées
performantes, coopératives ayant succédé aux "kolkhozes"
ou coopératives d'un nouveau type
(1)
.
Notre délégation a visité l'un de ces anciens "kolkhozes",
grande exploitation industrielle de fruits et légumes (1.200
actionnaires, pour la plupart anciens membres de la coopérative).
Équipée d'installations modernes et compétitives (le
chauffage des serres par géothermie constituant à cet
égard un atout certain), elle réalise 40 à 50 % de son
chiffre d'affaires à l'export. Elle assure également la
commercialisation de la production d'un certain nombre de petits exploitants,
cette activité représentant environ 35 % de son chiffre
d'affaires. Les actionnaires de cette ferme industrielle se sont
déclarés eux aussi préoccupés par
l'évolution des aides au secteur agricole et les conditions
d'application de la PAC aux nouveaux États membres.
En fait,
le "choc agricole" concerne autant les États membres actuels
que les nouveaux.
Le rapport de M. Jean-Joseph BOILLOT
précité
(2)
pose très clairement les termes du
débat :
_________
(1)
Voir l'annexe 2 consacrée à l'agriculture et au
secteur agro-alimentaire en Hongrie.
(2)
"l'Union européenne élargie : un défi
économique pour tous"
- Documentation française.
"D'une politique axée sur l'autosuffisance du marché
communautaire, la PAC s'est ainsi peu à peu adaptée pour faire
face aux excédents tout en maintenant son objectif de soutien des
revenus des agriculteurs. Elle a surtout intégré de plus en plus
les critiques à l'encontre d'un certain modèle productiviste en
accordant une place croissante aux aspects environnementaux et au cadre de vie
rural. L'élargissement aux pays d'Europe centrale et orientale
intervient d'une façon un peu brutale dans le processus. D'un
côté, le renforcement des contraintes budgétaires
liées à la prise en charge d'agricultures bien moins
développées accroît la pression pour
accélérer les réformes. D'un autre côté, les
moyens financiers sont désormais à partager avec des agricultures
qui relèvent plutôt du défi des années
soixante-soixante-dix.
(1)
Ceci explique pourquoi le débat sur l'élargissement s'est
focalisé à la fois sur les orientations de la PAC dans le cadre
de la révision à mi-parcours décidée à
Berlin en 1999, et sur les aides directes : faut-il notamment accorder ces
aides directes à des pays qui n'ont pas subi de baisse de prix
liée aux réformes entreprises depuis 1992 ? Ou alors ces aides
directes constituent-elles désormais des aides au revenu qui doivent
être ouvertes à tous sur un principe d'égalité de
traitement ? Si tel est le cas, comment combiner les aides directes avec la
nécessaire restructuration d'un secteur agricole très en retard
par rapport à la moyenne communautaire en termes de productivité
et d'actifs employés ?
Dans ses propositions de compromis en janvier 2002, la Commission a
esquissé un schéma fondé sur le principe de l'octroi
d'aides directes aux nouveaux membres, mais avec un rattrapage très
progressif sur l'UE15 au cours de la période 2004-2013. Deux objectifs
sont visés. Premièrement, à l'instar des aides
régionales, il s'agit de jouer sur le temps afin d'atténuer la
pression budgétaire sur l'Union, et ceci notamment dans le contexte des
négociations internationales à l'OMC qui se traduiront sans doute
par de nouvelles ouvertures commerciales
__________
(1)
Le défi agricole auquel sont confrontés les Peco
est en grande partie de nature identique à celui de nos agricultures
dans les années soixante-soixante-dix, où il consistait à
réduire la population active agricole et à gagner en
productivité. Ceci n'a pas empêché le Conseil
européen de Bruxelles de valider le compromis franco-allemand d'une
stabilité des dépenses agricoles de l'Union à 25 pour la
période 2004-2013 au niveau de 2006 majoré de 1 % par an, soit
une baisse progressive en termes réels à partager à 25 au
lieu de 15.
et, par conséquent, par de nouvelles baisses de prix. Sans compter que
le temps joue aussi en faveur de la restructuration de l'agriculture dans les
Peco. Deuxièmement, la proposition de compromis vise aussi
éviter deux problèmes de base des pays candidats : un
déséquilibre anormal en faveur des agriculteurs dont les revenus
arriveraient plus vite à parité avec ceux de l'Ouest que pour le
reste de la population alors même que l'écart de
productivité est sans doute plus fort ; aussi important sans doute, les
délais nécessaires à la mise en place institutionnelle de
tous les mécanismes européens d'aides à l'agriculture vont
s'avérer assez longs. En dépit de la vive pression des pays
candidats, et notamment des syndicats de paysans polonais, l'accord de
Copenhague de décembre 2002 a entériné l'essentiel des
propositions de la Commission. Les aides directes seront introduites par
paliers : de 25 % du niveau de l'UE15 la première année (2004),
puis par tranches de 5 %, elles atteindront la parité
ouest-européenne en 2013."
Parallèlement,
le secteur agricole hongrois devra poursuivre sa
restructuration
, et en particulier :
- fédérer davantage les producteurs et améliorer
l'organisation de la défense des intérêts des
professionnels du secteur (dispersés aujourd'hui entre 11
fédérations) ;
- développer l'intégration, alors que production, transformation
et commercialisation sont à l'heure actuelle très largement
séparées ;
- adopter des mécanismes de régulation des marchés, de
nature à assurer aux producteurs un revenu régulier et à
mettre en conformité le régime d'intervention hongrois ;
- achever la mise en place des structures administratives chargées de
gérer la PAC (agence de paiement des aides, mise à niveau des
abattoirs ...).
Par maints aspects,
agriculteurs hongrois et agriculteurs
français
pourraient utilement renforcer leurs relations. Ils
auront sans aucun doute des intérêts communs à
défendre au sein de l'Union élargie.
C. LA DERNIÈRE LIGNE DROITE : LA SIGNATURE ET LA RATIFICATION DU TRAITÉ D'ADHÉSION
À l'issue de ce que Jean-Dominique GIULIANI (1) , Président de la Fondation Robert Schuman, appelle à juste titre "un vrai parcours du combattant" , le Traité d'adhésion devrait être signé le 16 avril 2003 à Athènes par les 15 membres actuels de l'Union et les 10 pays candidats retenus lors du Sommet de Copenhague.
1. Réussir le référendum hongrois du 12 avril 2003
Les
procédures de ratification dans les états candidats pouvant
commencer avant même cette signature, la Hongrie, après Malte et
la Slovénie, organisera un référendum le 12 avril
prochain. Le Premier ministre pourra ainsi signer le traité
d'adhésion à Athènes, le 16 avril, avec un mandat clair de
la population hongroise.
Les sondages poussent à l'optimisme
: d'après
l'Eurobaromètre de novembre 2002, les « pour »
atteindraient 77 % des votes, les « contre » 8 %
(et les abstentions : 8 %). Les résultats du sondage de l'institut
Tarki sont proches, avec 76 % d'opinions favorables au second semestre
2002. Les derniers sondages de ce début d'année annoncent une
participation au référendum de 62 à 65 % et 70 à 72
% de votes favorables. Pour les Hongrois, il s'agit de concrétiser le
retour dans le bercail européen et à la démocratie.
Incontestablement, l'adhésion à l'Union européenne se
traduira aussi par une amélioration de la situation économique et
sociale des Hongrois. Ils en sont convaincus.
Une campagne d'information s'avérant néanmoins
nécessaire
afin d'informer et de préparer l'opinion publique
hongroise, le gouvernement hongrois l'a lancée en novembre dernier.
A la même date, une fondation de communication sur l'Europe a par
ailleurs été créée et placée sous
l'autorité du Premier ministre. Sa mission est d'informer la population
sur les avantages et les contraintes liés à l'adhésion,
sur ce qui signifie l'appartenance à l'Union européenne et sur ce
que la Hongrie peut lui apporter.
En septembre 2002, d'aucuns s'interrogeaient sur la posture politique de
M. Viktor ORBAN, ancien Premier ministre, qui critiquait les conditions de
l'adhésion et s'inquiétait de leurs conséquences pour son
pays. M. ORBAN a rassuré notre délégation, lui
affirmant qu'il était
« puissamment favorable à
l'adhésion
»
. Pour lui, le débat - de
politique intérieure - portait non sur le principe de l'adhésion,
mais sur ses conditions, plus ou moins bonnes.
___________
(1)
Dans
"Pour l'Europe réunie - Plaidoyer pour
l'élargissement"
- Fondation Robert Schuman.
Ce principe a d'ailleurs été acté par les quatre grands
partis et le gouvernement, qui ont scellé, le 19 septembre dernier, un
pacte politique en vue de renouveler le consensus sur l'adhésion. Le
même jour a été créée une nouvelle commission
au Parlement, dont les travaux seront consacrés aux questions
liées à l'intégration européenne.
Tout permet donc aujourd'hui de prédire le succès du
référendum hongrois. Il reste, et la tâche sera
peut-être plus difficile, à convaincre l'opinion publique des
Etats membres d'accepter ce rendez-vous avec l'Histoire et à ne pas
décevoir les attentes légitimes de leurs voisins et cousins
européens.
2. Convaincre les opinions publiques européennes du jeu « gagnant-gagnant »
Les
procédures de ratification dans les 15 pays de l'Union devraient
majoritairement suivre la voie parlementaire et aboutir, marquant
l'achèvement d'un processus engagé de longue date. Les Etats
feront néanmoins preuve de vigilance jusqu'au bout et la Commission
européenne préparera un nouveau rapport sur la transposition de
l'acquis communautaire par les pays candidats, avant le 1
er
octobre
2003. La France devrait ratifier le traité, par voie
référendaire ou parlementaire, au second semestre 2003.
Mais, quelle que soit la procédure de ratification retenue par chaque
État membre, il est évidemment essentiel que leurs opinions
publiques soient convaincues de l'ardente nécessité de la
réunification.
Or, on peut sentir ici ou là, d'une part quelques craintes quant aux
conséquences de l'élargissement sur les actuels États
membres et, d'autre part, quelques doutes quant à ses bienfaits.
Il est urgent de lever ces craintes, globalement injustifiées, et de
démontrer ces bienfaits, réels.
a) Lever les craintes injustifiées
Les
préoccupations, somme toute légitimes et méritant que l'on
y réponde très clairement, font écho aux risques
qu'impliquerait le « big bang », ce passage à
l'Europe à 25. Ces risques potentiels sont essentiellement de quatre
ordres : migratoire, économique, budgétaire et
institutionnel.
Le risque migratoire
Ce risque est en réalité très limité pour plusieurs
raisons :
-
-
-
-
les flux migratoires les plus importants proviennent de pays non candidats ou
sont liés à des circonstances ponctuelles (telles que la guerre
dans les Balkans, par exemple) ;
les faibles mouvements migratoires enregistrés ces dernières années devraient en tout état de cause s'affaiblir, dans la mesure où la situation démographique des pays candidats est en passe de devenir déficitaire. Ils contribueront bientôt eux aussi au vieillissement de la population européenne ;
les perspectives de croissance dans les futurs État membres, supérieures à celles des Quinze, et la réalité du phénomène de rattrapage rendent nos pays moins attractifs. À l'inverse, elles incitent les populations concernées à participer au développement de leur pays ;
un certain nombre d'experts européens estiment que seuls 150.000 ressortissants des nouveaux adhérents devraient choisir de s'installer dans un autre pays de l'Union. La croissance de la population immigrée serait de 2 % de la population active en Autriche, 1 % en Allemagne, alors que pour tous les autres pays, l'effet serait égal ou inférieur à 0,5 % ( 0,1 % pour la France ). D'autres experts avancent des chiffres un peu supérieurs, mais il n'y a aucunement lieu de craindre un « déferlement » de ressortissants des pays nouvellement adhérents, même si l'on ne peut exclure quelques tensions dans les régions transfrontalières. En tout état de cause, la France - qui n'a pas de frontière directe avec eux - devrait être peu concernée par ces flux migratoires. Au total, périodes transitoires, évolutions démographiques et rattrapage économique devraient permettre de gérer ces flux migratoires sans perturbations sérieuses des marchés du travail.
En réalité, l'ouverture des marchés et le phénomène des délocalisations se sont effectués dès les années 1990. Ces délocalisations sont dirigées, pour plus de 90 %, vers les marchés intérieurs des pays concernés, ce qui a un impact positif sur les exportations de biens de consommations vers ces pays (c'est le cas des grandes surfaces, notamment françaises, qui s'implantent massivement dans les pays candidats). Mais surtout, avec un excédent commercial de 25 milliards d'euros, l'UE est déjà largement bénéficiaire du processus. Ce risque apparaît donc, lui aussi, limité.
Le risque budgétaire
Cet élargissement va-t-il nous coûter cher ? Il est compréhensible que chaque citoyen européen se pose cette question. La réponse est non. Non, face à l'enjeu qui le justifie.
Rappelons-le : l'essentiel de l'effort est réalisé par les pays candidats eux-mêmes. Le coût global de l'élargissement, de 1990 à 2006 , s'élève à 42,6 milliards d'euros , soit un demi-plan Marshall, et 57 % du montant annuel des transferts financiers de l'Allemagne de l'Ouest vers les Länder de l'Est.
Pour la France, cette dépense représente environ 3,8 milliards d'euros pour cette période de treize ans, soit 63 euros par habitant . Autrement dit, depuis 1990, chaque Français a consacré en moyenne moins de 5 euros par an à aider les nouvelles démocraties d'Europe .
Les aides par an et par habitant de ces pays, qui se sont élevées jusqu'en 2000 à 10 euros, atteignent actuellement 30 euros (de 2000 à 2004) et seront portées à 97 euros de 2004 à 2006 pour les aides structurelles 2( * ) . Au total, cela représentera une dépense de moins de 10 % du budget communautaire (lequel se chiffre à 100 milliards d'euros), pour des pays qui représenteront 16 % de la population de l'Union.
Le risque institutionnel
Le problème de la réforme des institutions européennes est sans doute plus réel. Il appartient aujourd'hui à la Convention sur l'avenir de l'Europe de trouver une solution institutionnelle permettant un fonctionnement efficace de l'Europe à 25 et d'éviter toute paralysie des institutions communautaires.
Les Hongrois s'intéressent eux-aussi de plus en plus près au succès de « l'approfondissement » de l'UE.
A l'occasion d'un entretien au Sénat avec Mme Katalin SZILI, Présidente du Parlement hongrois, notre groupe interparlementaire a évoqué le rôle des parlements nationaux, complémentaire de celui du Parlement européen. A cet égard, la proposition formulée en janvier par le Président CHIRAC et le Chancelier SCHRÖDER pour mieux associer les parlements nationaux aux décisions de l'Union est intéressante : ceux-ci interviendraient dans le contrôle du principe de subsidiarité par un mécanisme « d'alerte précoce ».
b) Démontrer les bienfaits effectifs de la réunification
Si les
arguments ne manquent pas pour relativiser les inquiétudes des citoyens
de l'Union européenne face à son élargissement, ils ne
manquent pas non plus pour vanter les bienfaits qu'ils pourront en attendre,
au-delà de sa dimension historique et politique.
Ces « bénéfices » sont évidents
au plan économique et commercial
D'ores et déjà, ainsi qu'il a été dit
précédemment, l'Europe des Quinze réalise un
excédent commercial de 25 milliards d'euros avec les pays
concernés et la zone PECO réalise les deux tiers de ses
échanges avec l'Union. Les échanges français avec l'Europe
centrale et orientale ont été multipliés par près
de 5 depuis le début de la transition, et la région
représente déjà 10 % de nos exportations hors UE. A
l'avenir, les flux commerciaux continueront de progresser mais moins
rapidement, bien que la demande potentielle reste importante à moyen
terme, si l'on en juge par les taux d'équipement dans ces pays. Les
opportunités de gains de parts de marché sont d'autant plus
grandes pour les entreprises hexagonales que la part de marché
française n'y est encore que de 6 %
3(
*
)
, sensiblement inférieure à son poids
commercial dans l'UE (10 %), du fait d'un retard initial s'expliquant en
partie par la distance.
La plupart des études prévoient un effet globalement
bénéfique du fait de l'agrandissement du marché unique et
des économies d'échelle qui en résultent pour les
entreprises. Économiquement, les dix pays candidats continueront
d'apporter un surplus de croissance à l'UE : bien que leur PIB ne
représente que 5 % (en euros courants) de celui de l'Europe
élargie, leur part dans la croissance est largement supérieure :
15 % en 2001 et 11% en 2002.
L'intégration de ces dix pays devrait donc doper les économies
des États membres et offrir des opportunités à leurs
entreprises.
Une étude de la Commission européenne
4(
*
)
chiffre
l'accroissement du produit intérieur
brut
lié à l'élargissement à 2 points de PIB
annuel des pays candidats et
1 point de PIB annuel pour les Quinze
.
Au delà,
l'enrichissement humain et culturel
de l'UE
grâce à la réunification mérite d'être
rappelé. Chacun des pays concerné a participé à
l'édification de notre culture européenne. N'oublions pas, par
exemple, ce que la musique doit aux compositeurs hongrois Franz Liszt et Bela
Bartok, pour ne citer qu'eux.
III. LE RAPPROCHEMENT DE LA FRANCE ET DE LA HONGRIE, POUR LE MEILLEUR
Pour des
raisons essentiellement géographiques et historiques, la Hongrie
entretient des relations plus intimes avec ses voisins proches, en particulier
l'Allemagne et l'Autriche.
Mais on peut aujourd'hui se réjouir de la poursuite du rapprochement de
nos deux pays, qui se traduit tant dans nos relations politiques, que
commerciales et culturelles.
A. AU PLAN POLITIQUE : UN « APPRIVOISEMENT » ABOUTI
Avec la
chute du régime communiste en 1990, la page des mauvais souvenirs
- en particulier celui du Traité de Trianon - a pu être
tournée. Depuis cette date, les relations politiques entre nos deux pays
se développent avec constance. Les autorités françaises
ont toujours eu à coeur de soutenir la candidature hongroise pour
l'adhésion tant à l'OTAN qu'à l'Union européenne.
Ces bonnes relations permettent aussi à la Hongrie de diversifier ses
partenariats.
Les visites officielles sont nombreuses, de part et d'autre, et le Sénat
y contribue : le Président PONCELET a inauguré les
premières Assises de la coopération franco-hongroise, le 13
octobre 2001, puis le nouveau lycée français de Budapest, le 25
septembre dernier. Outre sa dernière mission, notre groupe
interparlementaire a accueilli au Sénat de nombreuses
délégations de députés hongrois venues, grâce
au soutien de l'association Initiative France-Hongrie - émanation
du ministère de l'Économie, des finances et de l'industrie et du
ministère des affaires étrangères français -
s'informer en vue de la reprise de l'acquis communautaire et de la mise en
oeuvre des réformes subséquentes. Mme Kalalin SZILI,
Présidente du Parlement hongrois, accompagnée de deux
députés hongrois, a elle-même été
reçue par le Président PONCELET et par notre groupe
interparlementaire le 16 janvier dernier, alors qu'elle effectuait une mission
de quatre jours en France.
Les relations politiques entre nos deux pays ont par ailleurs été
enrichies d'une coopération concrète et efficace :
dans le domaine militaire ;
en matière d'affaires intérieures (police,
sécurité et protection civile, questions juridiques et affaires
administratives) ;
pour la préparation à l'adhésion à l'Union,
notamment pour la reprise de l'acquis communautaire dans les domaines relevant
du IIIème Pilier. La France a participé à 16 jumelages
institutionnels « Phare » en Hongrie, mobilisant sept
conseillers de pré-adhésion. Elle fournit également
à la Hongrie une assistance technique dans le cadre du processus de
réorganisation régionale.
B. DES RELATIONS COMMERCIALES DYNAMIQUES
La
France est le 6
ème
fournisseur et le 3
ème
client de la Hongrie
Les échanges commerciaux entre la France et la Hongrie ont
été multipliés par plus de 6 en neuf ans, pour atteindre
3,8 milliards d'euros en 2001. Les exportations françaises vers la
Hongrie (1,83 milliards d'euros) ont progressé de 14,1 % en 2001,
tandis que nos importations (1,98 milliards d'euros) baissaient de 3,3 %.
Notre déficit commercial est ainsi passé d'un pic de 440 millions
d'euros en 2000 à 146 millions d'euros en 2001. Cette tendance s'est
poursuivie en 2002.
Avec une
part de marché de 5,2 %
(contre 4,7 % en 2001 et 2
% en 1991), notre pays est désormais le 6
ème
fournisseur de la Hongrie, derrière l'Allemagne (23 %), l'Autriche
(7,4 %), l'Italie (7,1 %), la Russie (5,8 %) et la Chine
(5,4 %).
Représentant 6 % des exportations de la Hongrie, nous sommes son
troisième client.
Reflet des transformations industrielles du pays, exportations et importations
incorporent de plus en plus de valeur ajoutée : les biens
industriels représentent 95 % des échanges commerciaux
(contre 78 % en 1992). Par ailleurs, la concentration sectorielle de nos
échanges bilatéraux s'est confirmée ces deux
dernières années : l'industrie automobile, la pharmacie et
les biens de consommation constituent l'essentiel de nos exportations, tandis
que les équipements électroniques représentent près
de la moitié de nos importations et sont les secteurs les plus fortement
excédentaires pour la Hongrie. Elles sont largement le fait de
multinationales utilisant ce pays comme base de production pour l'ensemble du
marché européen.
L'agroalimentaire ne représente qu'une faible part relative de nos
échanges avec la Hongrie (4 %), mais nos exportations dans ce
secteur sont les plus dynamiques (+ 40 % en 2001).
La progression de nos échanges commerciaux avec la Hongrie se
poursuivra-t-elle au sein de l'Europe élargie ? Avec les
opportunités liées à l'effet de rattrapage, on peut le
supposer. Il faut cependant être également conscient que le
commerce intra-PECO, à nouveau dynamique depuis 1994 - après
une chute brutale au début des années 1990 - devrait
s'accentuer. Une récente étude de la Direction des relations
économiques extérieures (DREE) du ministère des Affaires
étrangères prévoit jusqu'à un triplement du
commerce intra-PECO dans les dix prochaines années.
Il appartient donc à nos entreprises, au premier rang desquelles nos
PME, à développer leur présence sur le marché
hongrois.
La France est le 3ème investisseur étranger en Hongrie
Plus de
40 % des investissements français en Europe centrale
sont réalisés en Hongrie, où ils représentent
10 % du stock d'investissements directs étrangers. La France se
trouve à cet égard ex æquo avec l'Autriche, derrière
l'Allemagne (environ 1/3 du total) et les États-Unis (25 %).
Les investissements français restent
concentrés
sur
quelques secteurs, cinq d'entre eux représentant les 2/3 du chiffre
d'affaires et 50 % des effectifs :
l'énergie (EDF, GDF et Suez) ;
l'automobile (Citroën, Peugeot et Renault) ;
la grande distribution (Auchan et Cora) ;
la chimie-pharmacie (Sanofi, Synthélabo et Servier) ;
l'agroalimentaire.
Au total, en 2001, 240 filiales françaises étaient
implantées en Hongrie, employant 50.300 employés (dont seulement
327 expatriés français) et réalisant un chiffre d'affaires
de 5,4 milliards d'euros.
C. UNE PRÉSENCE CULTURELLE RENFORCÉE
Nos
échanges culturels se renforcent avec la Hongrie et nous nous en
félicitons. Nos souhaits d'approfondissement de ces relations
culturelles sont à la hauteur de nos efforts, la Hongrie
bénéficiant du
plus important engagement financier de la
France dans ce domaine en Europe centrale.
1992 : une politique culturelle active avec l'Institut
français de Budapest
Cet institut a inauguré ses nouveaux locaux en 1992. Depuis dix ans, il
mène une action culturelle diversifiée (théâtre,
danse, arts plastiques, musique), soutient la création francophone en
Hongrie, le développement de carrières de jeunes artistes et
participe aux grands festivals de musique hongrois. Il propose plus de 200
spectacles chaque année.
Afin de donner une ampleur supplémentaire à la coopération
culturelle entre nos deux pays, deux saisons culturelles ont été
organisées : d'abord hongroise en France en 2001
dénommée « Magy Art » - dont le bilan
s'est avéré très positif, et à laquelle le
Sénat a participé par le biais d'une exposition de cartes
géographiques anciennes de la bibliothèque
Széchényi - puis, à présent, française
en Hongrie : « Franciart », qui se déroulera
tout au long de l'année 2003.
2002 : l'inauguration du nouveau lycée français de
Budapest
Notre présence culturelle passe aussi par une action dans le domaine
linguistique et éducatif, d'autant que nos partenaires hongrois sont
demandeurs de formations d'excellence permettant d'assurer à terme une
meilleure adaptation de leurs élites à l'intégration de la
Hongrie dans l'Union européenne. La France a ainsi doublé en
trois ans le réseau de lycées bilingues francophones, et des
diplômes communs d'interprètes de conférence et de
traducteurs sont délivrés par des universités
françaises et hongroises. Le bilan de notre action est aujourd'hui
encourageant : le français est la
troisième langue
apprise
en Hongrie, bien que loin derrière l'anglais et l'allemand.
Dans ce contexte, la récente inauguration du nouveau lycée
français de Budapest était très attendue. La
délégation de notre groupe interparlementaire a pu visiter ses
superbes nouveaux locaux, qui lui ont permis d'accueillir plus de 500
élèves à la rentrée de septembre 2002 et pourront
en recevoir jusqu'à 700.
Cette implantation a nécessité beaucoup d'énergie de la
part des autorités françaises mais aussi des parents
d'élèves. Des difficultés, en particulier juridiques,
financières et fiscales, ont compliqué et retardé le
projet. Le Sénat a lui-même agi très activement en sa
faveur, en particulier grâce au Président Christian PONCELET
lui-même, mais aussi de MM. Robert Del PICCHIA et André
FERRAND, Sénateurs représentant les Français
établis hors de France, et de M. Gérard LARCHER, Président
du groupe interparlementaire.
Le lycée peut aujourd'hui se prévaloir d'accueillir - dans
des conditions financières d'ailleurs sensiblement plus avantageuses que
les lycées britanniques et américains - 22 %
d'élèves hongrois, 50 % de Français et 11 %
d'élèves binationaux.
Notre rencontre avec des représentants des parents
d'élèves comme les élèves nous a permis de mesurer
la très réelle satisfaction de tous dans ce nouveau lycée
français. Celui-ci sera en outre prochainement doté d'une salle
multimédia, qui sera un centre de ressources pour l'apprentissage des
langues et pour la recherche documentaire.
Une présence active dans le cinéma, mais insuffisante dans
les domaines de la musique, du livre et de l'audiovisuel
La présence française s'illustre avec plus d'un million et demi
de spectateurs par an, le cinéma français étant, en
Hongrie, populaire et vigoureux. En revanche, dans le domaine musical, comme
dans le domaine du livre, la présence de groupes français est
encore sporadique, surtout en comparaison de la Grande-Bretagne et de
l'Allemagne. De même, dans le domaine audiovisuel, on ne peut que
regretter qu'aucune chaîne de télévision ni de radio
française ne diffuse à ce jour en Hongrie.
(1)
Reconnaissant avoir servi
en
qualité d'officier de contre-espionnage de 1977 à 1992,
M. MEDGYESSY a précisé que cette activité avait eu
pour objectif de protéger les secrets d'État et de permettre
à la Hongrie d'entrer au FMI (Fonds Monétaire International).
(1)
Le secteur privé contribue pour près de 80 %
à la formation du PIB.
(1)
Ces opérations seraient donc non récurrentes et de
faible impact sur la demande intérieure (donc sur les tensions
inflationnistes). Elles recouvrent notamment la reprise de dettes d'entreprises
publiques.
1
)
L'adoption d'une loi sur le blanchiment de
capitaux a permis à l'OCDE, en juin 2002, de supprimer la Hongrie de la
liste des pays non coopératifs du groupe d'action financière
(GAFI).
2
contre 200 euros/habitant et par an pour le Portugal, la
Grèce, l'ex-RDA et les Dom-Tom français.
3
Contre 27,2 % pour l'Allemagne, 9,2 % pour l'Italie,
4,7 % pour l'Autriche et 4 % pour le Royaume-Uni.
4
« L'impact économique de
l'élargissement » -
DG Affaires économiques.
Commission européenne, mai 2001.