TABLE RONDE 1 - LE MARCHÉ MAROCAIN :
COMMENT L'APPROCHER, QUELLES OPPORTUNITÉS D'AFFAIRES, QUELLE VISION AFRICAINE ?

Table ronde animée par M. Arnaud FLEURY, journaliste économique

Ont participé à cette table ronde :

Mme Marie-Cécile TARDIEU, Chef du service économique de l'Ambassade de France au Maroc

M. Younes LAHRICHI, Directeur de la promotion des investissements de l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI)

M. Nicolas MESMACQUE, Directeur des relations internationales du Crédit du Maroc

M. François LACOSTE, Président directeur général de la société NSE (Aéronautique)

M. Arnaud FLEURY - Bienvenue au Palais du Luxembourg pour ce colloque consacré au Maroc, organisé conjointement par le Sénat, Business France et la Chambre Française de Commerce et d'Industrie du Maroc. L'idée de ce colloque avait été lancée à l'initiative de l'ancien Président de la CFCIM, M. Jean-Marie Grosbois, que je salue, et par M. Olivier Cadic, Sénateur représentant les Français établis hors de France.

Nous allons parler du Maroc, pays que nous avons tous l'impression de bien connaître sous ses nombreux aspects, mais dont on ne soupçonne peut-être pas aujourd'hui la montée en puissance. Cette montée en puissance se manifeste aussi bien d'un point de vue industriel, comme plateforme de production et d'export, que comme pont entre la France et le continent africain, ainsi que l'indique l'intitulé de notre colloque.

Nous allons évoquer l'ensemble de ces points avec nos invités et les nombreuses entreprises présentes aujourd'hui, qui vous montreront les différentes facettes économiques du pays ainsi que les raisons de s'y implanter et d'y investir.

Nous allons maintenant démarrer notre première table ronde consacrée au marché marocain avec nos invités. Madame Tardieu, nous commençons avec vous sur le cadrage économique et les relations économiques franco-marocaines.

Mme Marie-Cécile TARDIEU - Monsieur l'Ambassadeur, chers amis, je vais vous présenter un aperçu de l'économie marocaine en dix chiffres significatifs.

Le premier chiffre important pour connaître le niveau de développement du Maroc est celui du PIB par habitant, soit 3 100 dollars par habitant. À titre de comparaison, le PIB par habitant de la Turquie est de 9 300 dollars. Le Maroc est donc un pays aux portes de l'émergence.

Le deuxième chiffre significatif est celui de la part de l'agriculture dans l'économie marocaine, qui représente 13,3 % du PIB. L'économie marocaine reste donc encore fortement dépendante de l'agriculture et de la pluviométrie. L'un des grands défis sera par conséquent de réduire cette dépendance. M. Younès Lahrichi vous présentera tout à l'heure tous les efforts accomplis par le Maroc depuis quelques années en la matière. Ces efforts portent leurs fruits, puisque l'année 2016, année de sécheresse, s'est traduite par une baisse de seulement 8 % de valeur ajoutée agricole alors que dans le passé, une baisse de 80 % de la céréaliculture entraînait une diminution de 20% de la valeur ajoutée agricole. Par conséquent, le pays reste dépendant, mais réagit par des plans industriels et par le Plan Maroc Vert. Ce dernier vise notamment à réduire la forte dépendance à la pluviométrie.

Deux chiffres sont à mon sens très significatifs. En raison de son lien fort avec la conjoncture climatique et agricole, le Maroc peut connaître des à-coups de croissance. Il ne faut donc surtout pas se désespérer lorsque la croissance s'établit à 1,1 % en 2016 ou au contraire exulter lorsqu'elle atteint 4,5 % en 2015. Deux points de PIB sont liés à la croissance agricole, de sorte qu'en période de forte sécheresse, on peut constater une chute du PIB. Par conséquent la croissance marocaine reste relativement volatile du fait de ces caractéristiques.

Les deux chiffres du taux de croissance de crédit et du solde budgétaire sont également significatifs. Le taux de croissance de crédit s'établit à 4,2 %, ce qui est le signe d'une phase de reprise, alors que l'année 2015 était celle d'une forte baisse du crédit. La conjoncture porteuse actuelle s'installe dans un pays qui a redressé ses fondamentaux économiques. Le solde budgétaire, de - 4 %, est en constante amélioration, puisqu'il atteignait - 8 % dans les années 2012-2013. Avec une trajectoire budgétaire favorable, le taux de - 3,5 % est visé.

Le gouvernement marocain a assaini ses fondamentaux de manière très courageuse, notamment par la décompensation des produits pétroliers, ce qui a abouti à un « risque pays » tout à fait rassurant. De façon unanime, les agences de notation estiment aujourd'hui que ce risque est stable.

Malgré des à-coups de croissance, le défi pour le Maroc sera de passer au stade de l'émergence. À ce titre, la presse marocaine émet un certain nombre d'interrogations sur le modèle marocain. J'ai coutume de dire que pour passer le saut qualitatif qui conduit au grand « E » de l'émergence, il sera nécessaire de passer par trois petits « e » :


• l'emploi, qui représente un premier défi pour le Maroc ;


• l'éducation, afin d'obtenir une adéquation entre la formation et le marché du travail : à cet égard, le taux de chômage de 21,2 % des diplômés est encore élevé ;


• l'environnement des affaires, qui nécessite d'être amélioré, notamment concernant les délais de paiement aux entreprises : c'est pourquoi le gouvernement s'est attaqué au délai de 4,8 mois pour les PME et de près de 9 mois pour les TPE (chiffres de 2014) afin d'améliorer la trésorerie des entreprises.

En définitive, le Maroc semble se stabiliser, mais a un certain nombre de défis à relever pour passer le stade de l'émergence. Les entreprises françaises qui viennent avec une offre de formation pourront renforcer les liens. Ainsi dans les écosystèmes aéronautiques et automobiles, les écoles de formation aux métiers de l'aéronautique et de l'automobile ont joué cet office.

En termes de relations bilatérales, l'essentiel a été dit tout à l'heure par les intervenants. La France est le premier partenaire économique du Maroc. Pour moi qui ai été en poste dans de nombreuses autres zones, c'est un plaisir de voir la façon dont les acteurs économiques marocains accueillent les entreprises françaises. Pour autant, il faut être compétitif. Alors que le monde actuel est très concurrentiel, la part de marché de 12,6 % de la France la place derrière l'Espagne. Dans ces conditions, réussir à exporter constitue pour nous un vrai défi. L'économie marocaine a besoin d'importer et de voir des chaînes de sous-traitance s'installer, pour créer de l'emploi et de l'activité. Le chiffre de 41 % que je vous communique représente en effet la part des importations dans les exportations. En définitive, l'ambition évoquée par M. l'Ambassadeur d'avoir des locomotives de type Safran, qui attirent une chaîne de sous-traitance pour créer de l'emploi, ouvre de belles perspectives aux entreprises.

Pour conclure, je dirai que dans un pays où la concurrence est forte mais qui est un îlot de stabilité, nous encourageons les entreprises françaises à s'implanter. Nous avons évoqué l'agriculture et le SIAM, mais avant cela se tiendra le salon Halieutis dans le secteur de la pêche.

Les villes durables représentent aussi des opportunités importantes. Enfin, je suis très heureuse que Business France évoque le sport. Je vous remercie de votre attention.

M. Arnaud FLEURY - On peut penser que la part du secteur agricole va diminuer puisque le Maroc a engagé un véritable plan de développement industriel. Quelles sont vos projections de croissance annuelle ? Sera-t-elle plus stable au cours des prochaines années ? Quel pourrait être le taux de croissance du Maroc en vitesse de croisière ?

Mme Marie-Cécile TARDIEU - Le FMI a prévu 4,5 % de croissance à moyen terme, ce qui semble tout à fait atteignable. La capacité du Maroc à réduire sa dépendance, d'abord à la pluviométrie et ensuite à l'agriculture, est précisément l'objet du plan « Maroc Vert ». On assiste donc à un transfert de la céréaliculture vers l'arboriculture. Le chiffre que je vous communiquais, d'une perte de valeur ajoutée agricole de seulement 8 % alors que dans le passé cette perte aurait été de - 20 %, marque une vraie tendance.

De plus, la réussite du développement de l'industrie agroalimentaire sera déterminante. Une grande partie de la production agricole est aujourd'hui exportée sans transformation. Il conviendra donc que le Maroc passe de l'agriculture à l'agro-industrie. Cela étant, de nombreux autres relais de croissance existent encore, et notamment la profondeur des liens avec le marché africain.

M. Arnaud FLEURY - Nous évoquerons l'agroalimentaire lors de la table ronde suivante. Qui aurait cru que la France aurait un solde commercial déficitaire avec le Maroc, notamment si l'on considère que l'usine Renault exporte vers l'Europe et que PSA, semble-t-il, fera de même ? Cette dégradation de notre balance du commerce extérieur vous inquiète-t-elle pour notre pays ?

Mme Marie-Cécile TARDIEU - Nous ne disposons pas encore des chiffres 2016. Il est vrai que l'année 2015 était très dégradée. Effectivement, il sera important pour la France de redresser son commerce extérieur de façon générale, et vis-vis du Maroc en particulier. Toutefois nous avons bien conscience que l'internationalisation des entreprises constitue un triptyque : exporter vers le Maroc, accueillir des investissements marocains en France et investir au Maroc. Ces liens très denses entre nos pays représentent par conséquent des bénéfices mutuels. L'important est de parvenir à mobiliser un certain nombre de secteurs qui, à mon sens, sont vraiment au-deçà de leur potentiel. À titre d'exemple, le SIAM est un très beau salon offrant la possibilité de rencontrer de nombreux partenaires, mais l'an dernier seules vingt-cinq entreprises françaises y étaient présentes. Cela n'est pas satisfaisant.

Je voudrais dire également toute l'importance que nous accordons au portage par les régions, parce qu'elles connaissent les entreprises et qu'elles pratiquent un suivi. Je suis très admirative à cet égard du suivi pratiqué par la région Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi par l'Occitanie et par Provence-Alpes-Côtes d'Azur. Il faut que les régions appuient les entreprises pour redresser les chiffres de notre balance du commerce extérieur.

M. Arnaud FLEURY - Je me tourne vers M. Younès Lahrichi, directeur de l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI). Pouvez-vous nous parler des opportunités d'investissements au Maroc, ainsi que du cadre que vous privilégiez dans votre stratégie, notamment la grande stratégie d'accélération industrielle ?

M. Younès LAHRICHI - Je tenais d'abord à remercier M. l'Ambassadeur d'avoir dressé un portrait aussi complet du Maroc économique, qui nous a permis de bien positionner les discussions et débats de ce jour. Je voudrais aussi remercier nos partenaires de Business France et de la Chambre de commerce franco-marocaine de nous avoir permis de nous associer à cet événement en tant qu'Agence marocaine de développement des investissements. Je vais évoquer l'investissement au Maroc, en particulier l'investissement industriel.

Quelques chiffres pour mémoire :

Aujourd'hui, le Maroc a grimpé dans le « top 5 » des investissements en Afrique et dispose d'une part de marché de 8 % en 2015. Sur la zone Maghreb, il est le deuxième récipiendaire d'investissements directs étrangers (IDE). Enfin, en termes de nombre de projets d'investissements en Afrique, le Maroc a été classé premier par le Financial Times .

La décomposition sectorielle des investissements laisse apparaître encore une première place de l'immobilier ainsi qu'une montée en puissance des industries manufacturières, en particulier l'automobile.

Avec une nette avance, la France reste le premier investisseur au Maroc, en particulier dans le secteur industriel. Les autres pays qui apparaissent régulièrement aux premières positions en matière d'investissements sont les Émirats arabes unis, les États-Unis, l'Arabie Saoudite et l'Espagne. On note en outre une percée des investisseurs asiatiques, puisque la Chine est désormais le 17 e pays en la matière. Pour sa part, le Japon investit au Maroc par le biais de filiales basées en Europe, mais il est le premier employeur étranger dans ce pays.

S'agissant des IDE en provenance de la France, la domination de l'industrie est très nette puisqu'elle représentait 45 % des investissements français en 2015. La tendance est toutefois à un tassement des IDE français vers le Maroc, étant précisé que le contexte de baisse des IDE de la France vers le reste du monde est aujourd'hui global.

L'impact des gros projets d'investissement sur les balances n'intervient qu'avec trois à cinq ans de décalage.

Quels sont les atouts du Maroc ?

Les atouts du Maroc pour attirer de nouveaux investisseurs sont sa stabilité politique et sociale, mais également un taux d'inflation maîtrisé et une croissance du PIB satisfaisante.

Cette stabilité est saluée par les agences de notation internationales. De plus, le Maroc a consenti des efforts considérables pour investir dans les infrastructures et les grands projets structurants, tels que le port de Tanger Med (classé 46 e port le plus performant mondialement et 5 e du bassin méditerranéen). De nombreux efforts ont en outre été accomplis dans les infrastructures autoroutières (projet de TGV, de tramway,...), ainsi que dans la constitution de zones franches industrielles dans chaque grande région du pays.

La position géostratégique du Maroc aux portes de l'Union européenne constitue également un atout non négligeable. Par ailleurs, le Maroc a signé des accords de libre-échange bilatéraux et multilatéraux avec 55 pays, dont les États-Unis, ce qui donne aux entreprises installées au Maroc accès à 1,3 milliard de consommateurs.

En termes de stratégies sectorielles, le plan d'accélération industrielle se situe dans le périmètre de responsabilité de l'AMDI. Pour l'environnement des affaires, il est intéressant de retenir que le Maroc se situe aujourd'hui à la 68 e position (soit un gain de vingt places en sept ans) du classement Doing Business effectué par la Banque mondiale, qui répertorie les pays offrant aux entreprises le plus de facilité à s'installer pour faire des affaires. Des mesures incitatives et attractives ont été mises en place à destination des investisseurs dans les secteurs industriels qui intéressent le pays. Du point de vue des coûts, le Maroc ne se positionne plus comme une destination low cost , mais comme une destination best cost . Il est donc possible, pour une entreprise qui s'installe au Maroc, d'y recruter de l'encadrement et du management à des niveaux de salaire très compétitifs. De plus, des institutions de formation très adaptées, dont les cursus ont été définis par les industriels dans les secteurs automobile, textile, et aéronautique, ont vu le jour.

Un mot à présent du plan d'accélération industrielle 2014-2020. Le plan se résume en trois mots : emploi, compétitivité et export. Son objectif est de créer 500 000 emplois dans l'industrie, dont 250 000 tirés par les investissements directs étrangers. Le deuxième objectif vise à faire passer la part de l'industrie à 23 % du PIB. Cet objectif a déjà été atteint. Enfin, le plan s'accompagne de mesures de soutien, en particulier la mise à disposition de 1 000 hectares de foncier au bénéfice des entreprises qui souhaitent s'installer, de même qu'un fonds industriel doté de 20 milliards de dirhams et la constitution d'écosystèmes.

L'« écosystème » est proche de la notion de « pôle de compétitivité » adoptée en France. Il s'agit d'un ensemble de donneurs d'ordres et de leurs fournisseurs de rangs 1 et 2, qui participent à la création d'un secteur industriel dans le pays.

Au Maroc, les écosystèmes dont il est fait la promotion sont ceux dans lesquels le pays est compétitif. Il n'est donc pas envisagé d'attirer des investissements tous azimuts, mais plutôt de procéder à un ciblage des secteurs dans lesquels le Maroc possède de réels atouts. Aujourd'hui, une douzaine d'écosystèmes sont opérationnels, dont le plus mature est celui de l'automobile. Viennent ensuite l'aéronautique, le textile, le cuir, les métiers de l' offshoring (délocalisation d'activités vers des pays à bas salaires), l'industrie pharmaceutique, la chimie et parachimie, les poids lourds, la métallurgie et les matériaux de construction.

Pour chacun de ces écosystèmes, le gouvernement marocain a mis en place une série d'incitations financières et fiscales, d'offres de terrains et d'infrastructures clés en main, et de mesures de financement de la formation. Ces mesures permettent aux entreprises qui exercent dans les secteurs concernés de venir s'installer rapidement, avec le soutien total des autorités.

Prenons l'exemple de l'écosystème automobile.

En 2016, pour la première fois, les produits de l'industrie automobile représentent le premier secteur exportateur du Maroc, devant celui des phosphates. Cette industrie génère 50 milliards de dirhams à l'export en 2015 et emploie 86 500 salariés. Le Maroc est devenu le premier constructeur en Afrique du Nord et le deuxième sur le continent africain après l'Afrique du Sud.

Concrètement, des ensembles de produits et de systèmes sont définis, sur lesquels le Maroc peut attirer les entreprises référentes du secteur. Dans l'écosystème automobile, des sous-écosystèmes ont vu le jour dans les domaines équipementiers : « câblage automobile », « intérieur véhicule et sièges », « métal/emboutissage » « batteries automobiles », « poids lourds et carrosserie industrielle », et plus récemment, « moteurs et transmissions ».

Les écosystèmes ont vocation à faire monter en valeur ajoutée les produits fabriqués au Maroc. Dans cette optique, un grand nombre d'entreprises internationales ont accompagné le pays dans le secteur automobile, à l'instar de Pininfarina, Delphi, Yazaki, ou Leoni. La plus emblématique de ces entreprises est sans doute PSA, dont l'investissement dans la ville de Kenitra à hauteur de plus de 500 millions d'euros fera réellement monter en gamme le Maroc dans le domaine de la fabrication des moteurs. Il convient à cet égard de préciser que les productions des usines PSA basées au Maroc sont destinées à l'Afrique et au Moyen-Orient.

Il est également important d'évoquer l'investissement et la présence de Renault au Maroc, sans lequel l'écosystème automobile marocain n'aurait certainement pas vu le jour aussi rapidement.

L'objectif dans le secteur automobile est de parvenir, à horizon 2020, à produire l'équivalent d'un million de véhicules sur les sites Renault et PSA de Tanger, Kenitra et Somaca.

En conclusion, en Afrique, le Maroc se positionne comme un acteur africain. L'Afrique correspond, en taille réelle, à celle cumulée de la Chine, des États-Unis, de l'Inde, de l'Europe de l'Est et des plus importants pays d'Europe occidentale. De ce fait, l'Afrique sera la principale source de croissance économique dans les années à venir. Le Maroc souhaite accompagner cette montée en puissance. Les liens historiques, culturels et religieux liant le Maroc et l'Afrique ont été fortement réactivés par les différentes initiatives prises par Sa Majesté le Roi : tournées, accords de coopération, l'initiative financière Casablanca Finance City ... En outre, les investissements réalisés par les entreprises marocaines en Afrique sont le signe de la confiance placée par le Maroc dans le développement de l'Afrique. Aujourd'hui, 62 % des investissements directs étrangers des entreprises marocaines sont à destination de l'Afrique. La tendance est au dépassement des limites de l'Afrique francophone, pour aller de plus en plus vers le sud et vers l'est.

Merci de votre attention.

M. Arnaud FLEURY - Le Maroc a gagné vingt places au classement des pays les plus accueillants pour les affaires, mais nous avons le sentiment qu'il pourrait faire encore mieux. Selon vous, où porter l'effort pour entrer dans le « top 30 » des pays les plus accueillants pour les investisseurs étrangers dans le monde ?

M. Younès LAHRICHI - Notre agence coopère étroitement avec les instituts et organismes internationaux qui effectuent les classements. Le travail à accomplir porte encore sur la simplification administrative et sur la mise en ligne des procédures dans de nombreuses langues. De même, l'ouverture de guichets uniques diminuant le nombre d'interlocuteurs pour un investisseur, s'inscrit dans la démarche de réorganisation de certaines administrations au Maroc. Il est en outre nécessaire d'améliorer davantage l' aftercare , c'est-à-dire le travail de suivi et d'accompagnement des investisseurs présents au Maroc, même si l'amélioration obtenue à ce jour a d'ores et déjà contribué à faire gagner de nombreuses places au classement. Il importe en effet de vérifier qu'au cours des cinq années suivant l'investissement, les engagements ont été tenus à la fois du côté des Marocains et de celui de l'investisseur.

M. Arnaud FLEURY - Le plan d'accélération industrielle a été lancé depuis deux ans. En êtes-vous satisfait, et quelles sont les priorités pour aller encore plus loin ?

M. Younès LAHRICHI - Nous sommes très satisfaits de l'avancement de ce plan, car en quelques années seulement, nous avons obtenu des résultats concrets, tant sous forme d'engagements écrits que d'installations et de créations de postes. Nous attendons avec impatience de concrétiser ces premiers succès sur d'autres écosystèmes, en particulier celui de l'aéronautique.

En la matière, nous sommes très optimistes puisque nous venons de concrétiser l'installation d'un écosystème Boeing. Cette installation représentera un milliard de dollars de chiffre d'affaires supplémentaire à l'export et 8 700 emplois. De plus, Boeing amènera dans son sillage 120 entreprises fournisseurs.

M. Arnaud FLEURY - Êtes-vous satisfaits de la visibilité des zones franches, qui proposent un grand nombre d'incitations fiscales et douanières ?

M. Younès LAHRICHI - Nous nous félicitons de la montée en puissance des zones franches, qui remportent un grand succès. C'est pourquoi nous devons mettre davantage de foncier à la disposition des entreprises qui nous rejoignent. La prochaine étape visera à la régionalisation et à la création de nouvelles plateformes industrielles dans les douze régions du Maroc, afin de diversifier la création de richesse et de valeur dans le pays.

M. Arnaud FLEURY - Vous n'avez pas encore fait référence au numérique. Quelle est la stratégie du Maroc dans le domaine

M. Younès LAHRICHI - La stratégie du Maroc s'inspire du Plan numérique. Le Maroc est notamment performant dans le domaine de l' offshoring (centres d'appels, outsourcing ...). Toutefois pour promouvoir ce secteur d'activité, nous avons besoin de former des ingénieurs et de nous améliorer dans le domaine de la recherche et du développement, la R&D. Il est vrai que nous avons encore du chemin à faire dans le domaine numérique, mais cela fait partie des priorités. L'agence du numérique en cours de création devrait reprendre le secteur en main.

M. Arnaud FLEURY - Je me tourne vers Nicolas Mesmacque, Directeur des relations internationales du Crédit du Maroc, filiale du Crédit agricole français. Votre banque est l'une des plus importantes présentes au Maroc. Pouvez-vous nous expliquer en quoi les banques facilitent les projets d'infrastructures, les projets internationaux et les zones offshore ? Quid du crédit documentaire et de l'aspect relatif au contrôle des changes ?

M. Nicolas MESMACQUE - Bonjour à tous. Pour commencer, je voudrais remercier le Sénat, Business France et la CFCIM de nous permettre de présenter le Crédit du Maroc, notamment pour ses aides aux entreprises lors de leur installation au Maroc. Je suis Directeur des relations internationales du Crédit du Maroc, qui appartient au Groupe Crédit agricole.

Je travaille donc avec le Maroc, mais également avec le reste du monde puisque le Maroc est intégré dans un commerce mondial. Comme l'ont expliqué Mme Tardieu et M. Lahrichi, la France occupe toujours une place importante mais n'est plus leader sur le marché marocain. Ce marché s'étend à la mesure des opportunités mondiales, de sorte que l'action du Crédit du Maroc s'inscrit dans cet ensemble.

Le Crédit du Maroc est déployé dans dix centres d'affaires répartis sur l'ensemble du royaume, dont quatre à Casablanca et sa région. Nous sommes également présents à Kenitra pour l'arrivée du groupe PSA, Tanger (usines Renault et zones offshore ), Marrakech, Agadir et Essaouira. Les centres d'affaires suivent localement les PME et PMI, tandis qu'un centre structuré à Casablanca s'occupe des grandes entreprises.

Le Crédit du Maroc se trouve intégré dans un réseau mondial pour faire la promotion du Maroc. À cette fin, il organise divers événements en France et dans le monde pour présenter le Maroc.

Le rôle de la banque est d'accompagner ses clients et de servir d'intermédiaires entre un investisseur entre son pays d'origine et le Maroc. Nous connaissons très bien le cadre institutionnel, aussi bien Business France que le réseau des CCI. Nous travaillons également avec les acteurs locaux au Maroc pour accompagner les clients dans leur implantation. Le Crédit du Maroc est présent depuis 1929 sur tous les marchés : banque de détail, salles de marché et financement du commerce extérieur.

M. Arnaud FLEURY - Existe-t-il des financements internationaux et nationaux pour un investisseur intéressé par une installation au Maroc ? Qu'en est-il dans le domaine des liquidités ? Les banques sont-elles prêteuses ?

M. Nicolas MESMACQUE - Globalement, le marché marocain est très liquide et profond. Pour accueillir les échanges internationaux, la compétition est forte, ce qui est bien entendu à l'avantage du client. Les prêts sont possibles sur sept à dix ans, étant précisé toutefois que le contrôle des changes peut représenter une contrainte. À ce titre, tout doit être documenté. Néanmoins, le Maroc s'inscrit dans un mouvement de libéralisation progressif pour accueillir, dans les meilleures conditions, les investisseurs industriels étrangers et favoriser les échanges. Ce mouvement concerne aussi bien les pays occidentaux que l'Afrique.

M. Arnaud FLEURY - À quel point le contrôle des changes que vous avez mentionné est-il pénalisant? Comment faire avec ?

M. Nicolas MESMACQUE - Je ne dirai pas que le contrôle des changes est pénalisant. Il est quelque peu contraignant et doit être bien préparé par toute entreprise travaillant avec le Maroc. D'ailleurs l'ensemble des contraintes doivent être bien documentées. L'Office des changes est très précis en la matière. De façon générale, les investisseurs sont tenus d'anticiper les retards dus aux délais de paiement.

En définitive, nombre d'entreprises françaises et étrangères maîtrisent les contraintes et savent vivre avec. En revanche dans les zones offshores , au-delà des avantages fiscaux et d'installation sur place, les échanges financiers sont libres. Cette mesure constitue par conséquent l'un des attraits de ces zones.

M. Arnaud FLEURY - Est-ce que cela signifie que le Maroc, après avoir achevé sa libéralisation, pourrait devenir une vaste zone franche ?

M. Nicolas MESMACQUE - Exactement. Au-delà des zones géographiques franches, j'ai cru comprendre qu'un plan d'harmonisation de l'ensemble des législations d'aide à l'exportation était prévu. Dans cette mesure, le Maroc pourrait être une zone franche à la condition que les entreprises concernées réalisent plus de 70 % de leur chiffre d'affaires à l'export, et ce même en l'absence d'installation dans les zones offshore .

M. Arnaud FLEURY - Vous évoquiez également un marché bancaire riche, profond et sophistiqué, ainsi qu'une grande bancarisation des particuliers et des entreprises.

M. Nicolas MESMACQUE - Le marché est en effet sophistiqué, puisqu'on y trouve tous les produits bancaires disponibles pour les entreprises en France, à l'exception sans doute de quelques produits dérivés non autorisés par la Banque Al-Maghrib. Les entreprises sont évidemment conscientes de la sophistication des banques à l'international. Sont présentes au Maroc les banques marocaines et les trois principales banques françaises. Une partie de la population n'est pas encore bancarisée, mais les banques présentes au Maroc lancent actuellement des programmes dits de banques participatives.

M. Arnaud FLEURY - Y a-t-il d'autres aspects sur lesquels vous souhaitez insister pour sensibiliser l'investisseur sur le Maroc ?

M. Nicolas MESMACQUE - Je souhaite rappeler quelques évidences afin d'éviter que ne se reproduisent quelques expériences malheureuses. Il est important que les entreprises françaises préparent soigneusement leur arrivée au Maroc, en particulier en travaillant avec l'ensemble des institutions susceptibles de les aider dans leur implantation, notamment la CFCIM et leur banque. Le Crédit Agricole est très impliqué pour accompagner le développement des entreprises et du royaume du Maroc, et participe à ce titre à un grand nombre de financements d'infrastructures. Le Crédit du Maroc finance environ 10 % des échanges de biens commerciaux au Maroc, de sorte qu'il possède une vraie expertise en la matière. De façon générale, il est nécessaire que les entreprises se renseignent très en amont sur les contraintes qui, une fois maîtrisées, sont tout à fait contrôlables.

M. Arnaud FLEURY - Madame Tardieu, vous aviez une précision à apporter concernant le contrôle des changes.

Mme Marie-Cécile TARDIEU - Je souhaitais en effet apporter une clarification. Sur le contrôle des changes, il faut distinguer les mesures applicables aux résidents de celles concernant les non-résidents. Pour ces derniers, il n'existe aucune difficulté hormis l'attention documentaire qu'il est nécessaire d'avoir. La libéralisation progressive touchera les résidents. En outre, une réforme très progressive et prudente sera menée sur la flexibilisation du taux de change.

En second lieu, il est important de souligner que le Maroc ne passera pas au statut de zone franche totale en renonçant à tout type d'imposition. En revanche, il existe une volonté de renforcer les exportations indirectes par des incitations fiscales au bénéfice des entreprises.

M. Arnaud FLEURY - Je vous remercie pour cette double précision. Monsieur François Lacoste, vous venez êtes Président fondateur de la société NSE, spécialisée en électronique dans le domaine de l'aéronautique et de la défense. Votre entreprise, dont le siège social est situé dans l'Allier, est présente sous forme de filiale au Maroc depuis une dizaine d'années environ. Comment une PME française décide-t-elle de jouer la carte du Maroc ?

M. François LACOSTE - Bonjour à tous. Je vais porter un témoignage de développement d'une entreprise à l'international, notamment au Maroc. J'ai créé mon entreprise en 1983 avec cinq salariés. Nous sommes aujourd'hui 800 personnes, dont 500 en France et 300 à l'étranger. Nous sommes présents dans plusieurs pays : Hongrie, Canada, Brésil, Inde et depuis 2008, au Maroc. Dans ce dernier pays, nous nous sommes dans un premier temps installés en joint-venture avec un sous-traitant, avant de créer en 2014 une entité propre. À cette date, nous avons fait le choix de nous installer dans la zone aéronautique de Casablanca Midpark. Nous réalisons 80 % de notre chiffre d'affaires dans l'aéronautique et la défense. Nous nous sommes installés dans la zone franche immédiatement après Bombardier, et étions la première PME à le faire. En ma qualité de chef d'entreprise, la démarche du Maroc visant à créer une zone franche m'apparaît exemplaire en matière d'attractivité et d'organisation.

Lors de notre arrivée au Midpark, nous nous sommes installés dans un atelier-relais, puis avons déménagé en 2016 dans un nouveau bâtiment dans le Midpark. Je précise que nous ne sommes pas propriétaire de ce bâtiment. Toutefois en tant que locataire, nous avons exprimé un besoin ; ce bâtiment de 2 300 mètres carrés a été construit à notre convenance. Le bâtiment comprend une zone de bureaux, une zone de logistique et une zone de production. Notre effectif actuel sur le Midpark est de 30 personnes. Nous venons de remporter un très gros marché européen, dont une partie sera produit en France et une partie sera sous-traitée au Maroc.

À cet égard, je ferai une petite remarque. Notre installation au Maroc ne relève pas de la sous-traitance dans un but de délocaliser. Il faut en effet bien comprendre que nos clients donneurs d'ordre ne souhaitent plus avoir des sous-traitances fractionnées mais des packages globaux. Dans ces « paquets », certaines activités plus simples nécessitent une maîtrise de coûts pour être inférieurs aux coûts français. De ce fait, la pondération des coûts - obtenue grâce aux coûts marocains et français - nous permet de gagner des marchés tels que le marché de 9 millions d'euros que nous venons d'obtenir.

En définitive, notre présence au Maroc nous offre la possibilité de localiser en France des activités que nous n'aurions pas développées autrement. Il est donc important de combattre l'idée selon laquelle l'installation dans des pays low cost ou best cost serait synonyme de perte d'activités en France. En Inde, nous avons exactement la même démarche sur les impressions offset .

Pour conclure, pourquoi avons-nous choisi le Midpark ? Pour l'essentiel, en raison de la fiscalité attractive grâce à des exonérations d'impôts et de taxes, notamment douanières. Néanmoins, le coût du loyer du bâtiment construit pour notre entreprise et financé par le Crédit du Maroc est particulièrement élevé. De ce fait, le gain réalisé sur les exonérations de taxes par rapport au surcoût du loyer n'est pas immédiat. Globalement, nous n'avons fait de retour sur investissement qu'après sept ans. Par conséquent la zone franche comporte incontestablement des avantages, mais également des inconvénients dans le cas du Midpark. Je soulève ce point dans la mesure où m'avez demandé de tenir un langage de vérité.

M. Arnaud FLEURY - Le message est passé. Monsieur Lahrichi, pouvez-vous apporter une réponse ?

M. Younès LAHRICHI - J'apporterai trois précisions par rapport à votre intervention. Tout d'abord, merci de votre témoignage. En matière de loyers, il est vrai que sur certaines zones industrielles, nous avons été quelque peu victimes de notre succès, d'où une pression des prix à la hausse. Nous sommes actuellement en train de travailler à la mise à disposition de davantage de foncier libre ou équipé d'infrastructures clés en mains, afin de contenir les prix. Je serais ravi d'en reparler avec vous si vous le souhaitez, afin de voir comment vous aider si vous estimez que le pari de départ n'a pas été tenu.

Je souhaite également préciser qu'au Maroc, il n'existe pas d'obligation de s'associer avec un partenaire local marocain pour s'implanter. Dès lors que vous investissez au Maroc, vous êtes considéré comme un investisseur au même titre qu'une société marocaine ou de tout autre pays.

La condition est simplement de créer une société de droit marocain, qui sera filiale de votre entreprise quelle que soit la nationalité de cette dernière. Une telle situation juridique ne se rencontre pas dans tous les pays du Maghreb.

M. François LACOSTE - Sur le Midpark, comme l'a exposé M. l'Ambassadeur, l'environnement industriel, notamment aéronautique, représente un atout important.

L'Institut des métiers de l'aéronautique permet en outre de recourir à une main d'oeuvre formée. Les groupes Safran et Thalès sont présents sur le Midpark et y ont implanté des technologies très modernes. Clairement, le Maroc est une terre d'aéronautique. Notre filiale NSE Aero Maroc est membre du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), ce qui crée une dynamique et un environnement créant des complémentarités.

En synthèse, nous avons décidé d'investir au Maroc pour de multiples raisons, au premier chef des raisons de stabilité politique de la zone. J'ai particulièrement apprécié le discours exemplaire de Sa Majesté le Roi au mois d'août 2016, après les attentats qui se sont produits en France. Par ailleurs, la main d'oeuvre marocaine est qualifiée dans les métiers de l'aéronautique. Mon directeur est un ingénieur marocain, ancien pilote des forces royales aériennes. Le personnel de production est formé localement.

Par ailleurs, Royal Air Maroc et Air France ont créé ATI, une entreprise en participation de joint-venture, spécialisée dans la maintenance d'aéronefs. Le Maroc est certainement l'une des plateformes du futur sur ce secteur d'activité. Le pays représente également une porte d'entrée vers les États d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale.

Enfin, j'ai particulièrement apprécié le plan émergent sur tous les grands axes, et notamment sur celui de la mobilité. La mobilité est en effet l'un des enjeux de développement pour l'avenir. L'Afrique, qui est un vaste territoire, aura vraisemblablement besoin d'infrastructures routières et ferroviaires ainsi que de liaisons aériennes. Je crois au développement de l'Afrique, et je considère le Maroc comme la plateforme adéquate pour les entreprises françaises qui souhaitent se développer sur le continent.

M. Arnaud FLEURY - Pour conclure et avant de passer la parole à la salle, Monsieur François Lacoste, vous souhaitiez évoquer le best cost au Maroc.

M. François LACOSTE - Il y a en effet quelques points de vigilance à connaître. Pour les cadres diplômés à un niveau de qualification équivalent à la France, les salaires atteignent à présent 70 à 80 % des salaires français. Ce niveau de rémunération, très satisfaisant pour les personnes qui en bénéficient, est motivant et crée une élite sur place au Maroc.

Pour les salaires des personnels de production, l'augmentation des coûts, très significative actuellement, atteint environ 10 % par an. Désormais, les salaires représentent 30 % des salaires français.

M. Arnaud FLEURY - Il y a encore de la marge.

M. François LACOSTE - Certes mais une progression de 10 % chaque année représente un point de vigilance. Je pense qu'il faut en être conscient. Bien entendu, la comparaison est sans commune mesure avec les pays d'Europe centrale et ceux de l'Union européenne.

De plus, les zones franches facilitent les transports vers et au départ de la France. La pratique de la langue française constitue également un autre élément facilitateur.

L'autre point de vigilance porte sur la stabilité de la zone entourant le Maroc, notamment dans les pays d'Afrique limitrophes. Pour un chef d'entreprise, la stabilité est essentielle.

M. Arnaud FLEURY - Monsieur Lahrichi, voulez-vous répondre sur l'inflation des salaires des non-cadres ?

M. Younès LAHRICHI - La démarche de créer des instituts de formation professionnelle spécialisés par secteurs - comme dans votre cas l'Institut des métiers de l'aéronautique - a occasionné une montée en puissance pour former davantage d'ingénieurs et d'opérateurs spécialisés. De ce fait, les salaires connaissent sans doute un effet de rattrapage, de même qu'un effet de brain drain, c'est-à-dire d'attraction des profils vers d'autres destinations de la région.

Toutefois, la hausse des coûts que vous avez soulignée me semble assez spectaculaire. Nous devrons par conséquent nous interroger dans ce domaine. Il faut savoir que les entreprises qui bénéficient de subventions de l'État marocain reçoivent également des aides pour la formation de leur personnel. Enfin pour répondre sur l'instabilité de la zone alentour, je pense vraiment que le Maroc reste pour l'instant une destination stable. Nous avons mis en place des structures et un fonctionnement garantissant la stabilité du pays et nous permettant parfois de venir en aide à nos partenaires régionaux.

Mme Marie-Cécile TARDIEU - Sur les coûts salariaux, j'attire l'attention des entreprises sur l'existence de deux stratégies d'implantation. Certaines entreprises qui se sont groupées dans une même zone industrielle font en effet face à des revendications salariales à la hausse. En revanche, les entreprises du même secteur ayant choisi de s'installer trente kilomètres plus loin, par exemple dans la banlieue de Casablanca, perdent les avantages du regroupement mais gagnent au niveau des salaires.

M. Arnaud FLEURY - En définitive, la situation est très différente de celle d'Europe centrale, où le rattrapage des salaires a été spectaculaire.

De la salle - M. Félix BOGLIOLO ( société Viamarina ) - Je souhaite féliciter le Maroc pour l'excellence de ses classes préparatoires aux écoles d'ingénieurs. Le Maroc a la plus forte proportion de diplômés de l'École Polytechnique en France, devant la Chine.

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