D. LE RENFORCEMENT DES LIENS AVEC L'UNION EUROPÉENNE
Le partenariat euro-nippon gagne en substance. Le sommet UE-Japon d'avril 2008 à Tokyo a réaffirmé l'approche commune sur les dossiers multilatéraux. Le sommet de Prague de mai 2009 a été consacré notamment à la lutte contre la récession, ainsi qu'aux enjeux climatiques internationaux dans la perspective de la conférence de Copenhague sur le climat. Le sommet UE-Japon de Tokyo d'avril 2010 a permis la mise en place d'un groupe de travail conjoint de haut niveau chargé de réfléchir aux moyens d'approfondir la relation et de définir un cadre pour remplacer le Plan d'Action UE-Japon qui expire en 2011. Ce groupe doit aborder les questions non tarifaires, les investissements ou la propriété intellectuelle.
Un dialogue stratégique euro-japonais sur la situation en Asie orientale a été lancé en 2005 et complété en 2006 par un dialogue sur l'Asie centrale. Les Japonais sont demandeurs d'une coopération économique plus étroite avec l'Union européenne (proposition d'un « Accord d'intégration économique »). L'Union européenne souhaite obtenir un meilleur accès au marché japonais par une levée progressive des obstacles non tarifaires, en particulier dans les domaines des équipements médicaux, des additifs alimentaires, et par le respect des règles de concurrence en matière de marchés publics.
Ce sujet a fait l'objet d'un entretien de la délégation avec M. Yokoyama, Président de la commission des affaires européennes du Keidanren . Ce dernier a insisté sur la nécessité de renforcer les liens du Japon avec l'Union européenne. Il s'est en effet inquiété du récent accord signé par l'Union européenne avec la Corée du Sud, qui pourrait être préjudiciable à son pays. Après avoir précisé qu'aucun droit ne frappait les produits français à l'entrée au Japon, il a indiqué que le Japon était prêt à lever tous les obstacles non tarifaires et s'est déclaré opposé au protectionnisme dans l'intérêt des consommateurs. Il a souligné la complémentarité des économies françaises et japonaises en termes de technologie et le succès des coopérations existantes dans les secteurs de l'automobile et de l'industrie nucléaire.
Un accord de partenariat économique (APE) entre le Japon et l'Union européenne suscite de nouveaux espoirs. Selon les estimations d'un think tank européen, les exportations de l'Union européenne de produits pharmaceutiques, secteur occupant désormais la part la plus importante des exportations françaises vers le Japon, pourraient augmenter de 3,4 milliards d'euros grâce à la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires qu'apporterait un APE. Plus généralement, un APE augmenterait de 43 milliards d'euros les exportations de tous produits confondus de l'Union européenne vers le Japon, et permettrait au commerce nippo-européen d'atteindre une envergure digne de la taille des deux économies.
Les effets d'un APE ne se limitent pas au commerce. Le Japon est le troisième investisseur le plus important dans l'Union européenne, qui est le deuxième plus grand investisseur au Japon. Au sein de l'Union européenne, 400 000 entreprises japonaises réparties sur 630 sites qui emploient environ 62 000 personnes. Si l'Union européenne pouvait importer à des prix plus attractifs les machines, composants et matériaux japonais dont dépendant les entreprises en France, cela aurait aussi l'effet d'augmenter la compétitivité de ces dernières.
Des projections montrent qu'un APE Japon-Union européenne stimulerait la croissance économique au Japon et dans l'Union européenne en renforçant les échanges commerciaux et l'investissement entre les deux parties. Un APE jouerait également un rôle important pour développer des relations économiques plus complètes et plus complémentaires entre la France et le Japon, en consolidant les coopérations bilatérales déjà existantes, par exemple dans les domaines du véhicule électrique et du photovoltaïque ou pour la croissance verte, une des sujets du Sommet du G8 à Deauville.
Lors de sa visite en France le Premier ministre a expliqué qu'il voulait faire progresser les négociations concernant l'APE (accord de partenariat économique) Japon-UE, et qu'un tel accord contribuerait au renforcement des relations franco-japonaises, ainsi qu'à la reconstruction de l'économie japonaise. Le Président Sarkozy a répondu que la France souhaitait adhérer à un APE, mais qu'elle attendait des efforts supplémentaires de la part du Japon concernant certaines questions, telles que l'importation de viande bovine française et les barrières non tarifaires.