B. LE PAYSAGE AUDIOVISUEL
1. La télévision
Le système de diffusion japonais se compose de deux catégories d'entreprises de diffusion : la NHK ( Nihon Hôsô Kyôkai) d'une part, et un réseau de chaînes commerciales régionales , de l'autre. Du fait de son statut spécial, la NHK n'est ni une entreprise d'État ni une société publique. La télédiffusion par ondes hertziennes (par opposition au satellite) est toujours la norme au Japon. Cependant, le gouvernement encourage une réorientation rapide vers la télédiffusion par satellite dans le cadre de ses efforts visant à assurer une cohérence parmi les diffusions terrestres, les diffusions par satellite et les transmissions par câble.
La NHK réalise des diffusions à l'échelle nationale et locale par le biais de deux chaînes de télévision (l'une généraliste, l'autre éducative) une station radio FM et deux stations radio AM. Elle effectue également des diffusions internationales dans 22 langues à travers le monde. La télédiffusion commerciale se compose de cinq réseaux : NNN (Nippon Television Network Corporation [NTV]), JNN (Tokyo Broadcasting System, Inc. [TBS]), FNN (Fuji Telecasting Co., Ltd.), ANN (Asahi National Broadcasting Co., Ltd.), et TXN (Television Tokyo Channel 12, Ltd.).
Il existe deux réseaux principaux de radiodiffusion commerciale AM : Le Réseau radio du Japon et le Réseau radio national. La radiodiffusion commerciale FM est dominée par l'Association de radiodiffusion FM du Japon, qui opère un réseau national dont la station clé est Tokyo FM.
En dehors du réseau hertzien, le Japon offre deux réseaux par satellite dont bénéficie le tiers des foyers. Les transmissions par satellite de NHK BS ont démarré à grande échelle en 1989 avec deux chaînes. En 1991, WOWOW, la première chaîne commerciale japonaise de télédiffusion par satellite, a vu le jour.
En décembre 2000, la diffusion numérique par satellite était introduite avec 10 chaînes de télévision ainsi que des stations de radio et des chaînes de diffusion de données. La diffusion par satellite de communication (CS) de type analogique a débuté en 1992. En 1996, PerfecTV (actuellement SKY PerfecTV) lançait au Japon la diffusion télévisée par CS numérique.
La délégation s'est rendue au siège de la NHK où elle s'est entretenue avec M. Kanada, general managing director de NHK et M. Obara, chef de bureau de « NHK on demand ».
L'entretien a porté sur le financement de la télévision publique japonaise assuré par la redevance. Il n'y a aucune publicité sur les deux chaînes publiques .
La diffusion analogique doit cesser en 2011. La diffusion de la télévision numérique terrestre a débuté dans trois zones pilotes en 2003 et l'extinction de l'analogique est prévue pour 2011 comme en France.
Une présentation a également été faite de la télévision à la demande de NHK. Lancée le 1 er décembre 2008, cette offre propose 10 à 15 émissions télévisées par jour, disponibles 7 jours sur 7 et 5 programmes de journaux télévisés. L'offre est complétée par un accès à des archives de programmes comprenant plus de mille émissions. Ces archives sont enrichies chaque année de plus de mille nouvelles émissions enregistrées. Le démarrage est lent car l'offre est limitée à 3 000 titres en raison des difficultés avec les ayants droit et l'absence d'équivalent de l'Institut national de l'audiovisuel. Le service affiche 450 000 utilisateurs dont 8 % d'actifs et l'activité est encore déficitaire.
Cette diversification des programmes s'inscrit dans un contexte d'explosion des ventes de téléviseurs dont les achats ont été dopés par un système étatique de subvention (éco-points en fonction du niveau écologique des appareils acquis) pour accélérer le renouvellement des postes avant l'extinction de l'analogique. C'est ainsi que 26,5 millions de postes ont été vendus , soit un nouvel achat pour cinq habitants !
2. La radio numérique terrestre
La radio n'est pas un média d'envergure au Japon , se plaçant loin derrière les chiffres de la télévision, d'Internet ou même de la presse écrite. Par ailleurs, son audience continue de décroître au profit des médias précités. Enfin, la consommation passive qu'en font les Japonais rend la diffusion de contenus complémentaires et interactifs peu pertinente, ce qui risque de priver ses promoteurs d'un argument de poids.
La mise en place de la RNT est pilotée par le DRP (Digital Radio Promotion) un consortium d'entreprises placé sous le patronage du ministère de l'intérieur et des communications. Plus de 70 organisations ont rejoint le groupe, parmi lesquelles la NHK, chaîne de TV et radio nationale, et d'autres acteurs majeurs des domaines de la radio et de la télévision. Le DRP est autofinancé par les contributions de ses membres. Outre le pilotage de la mise en place effective du service de RNT, ses missions consistent à :
- développer les services associés à la diffusion numérique (images et contenus complémentaires, liens promotionnels, etc.) ;
- réaliser les études de marché utiles à la promotion de la RNT ;
- soutenir la progression de la couverture géographique ;
- passer de l'émission expérimentale actuelle (Tokyo et Osaka seulement) à une émission effective et étendre la couverture sur l'ensemble du territoire ;
- mettre en vente des récepteurs adaptés (déjà disponibles) ;
- ouvrir des services dans les principales villes de l'archipel ;
- lancer le chantier de couverture nationale à partir de fin 2011, quand l'émission de la télévision analogique terrestre aura cessé et que les canaux concernés auront été réalloués. Il est prévu que la RNT cohabitera, pour une durée indéterminée, avec l'émission des ondes analogiques (FM, AM et SW).
Tout comme pour la TNT, le Japon utilise son propre standard d'émission, ISDB-T, pour la radio numérique terrestre (RNT).
Les stations diffusées à l'heure actuelle sur Tokyo et Osaka sont gratuites. Un système de diffusion restreinte (payante) est à l'étude.
Du côté des stations de radio, le coût de la transition technologique et de la création de nouveaux contenus risque d'être une barrière considérable.
Enfin, la mise en service de la RNT étant postérieure à celle de la TNT (et notamment du OneSeg, la télévision numérique mobile), les portables qui auraient pu être le support-phare et la cible du lancement commercial sont déjà devenus l'écran de référence pour les générations 10-30 ans, et la radio aura beaucoup du mal à s'y faire une place aux côtés du couple TV-Internet.
Le DRP fait malgré tout le pari que la technophilie de la population japonaise aura raison de ces nombreuses barrières, et compte certainement sur les stratégies de « suiveurs » de l'industrie japonaise pour que toutes les stations s'offrent un segment sur les ondes numériques. Il y a pour autant peu de chance que le lancement de la RNT fasse croître de façon spectaculaire le nombre réel de stations et de programmes, ou révolutionne le mode de consommation de la radio dans l'archipel.