B. DES PROJETS ADAPTÉS AUX BESOINS ET AUX ATOUTS DES COLLECTIVITÉS ARMÉNIENNES
Outre le soutien à la francophonie qui, souvent, les irrigue, les projets conduits en Arménie visent principalement deux objectifs, au demeurant complémentaires et interdépendants :
- améliorer le cadre de vie de la population ;
- contribuer à l'aménagement des territoires partenaires.
Ils participent de la mise en place de services publics locaux de base (assainissement, collecte et traitement des déchets, transports scolaires ...) et d'un développement équilibré du territoire national par la mise en valeur des ressources locales.
Dans tous les cas, ils s'attachent à l'environnement économique, social et culturel des habitants et à l'efficience de la gestion locale à laquelle contribue également la formation des fonctionnaires territoriaux.
Le ministère en charge des affaires étrangères a répertorié 24 collectivités territoriales conduisant 54 projets avec 30 collectivités locales arméniennes.
•
Les concours aux services
d'intérêt général
Dans ce cadre, la coopération investit les secteurs de la santé, des transports, de l'enseignement.
Quelques exemples permettent de mesurer l'utilité et les conséquences pour la vie locale des actions retenues.
•
En matière de santé
,
- la formation du personnel hospitalier et des équipes soignantes des hôpitaux de Gavar, d'Artik et de Goris, est respectivement conduite par le département de l'Isère (notamment aux questions d'hygiène et de stérilisation) et les communes de Vaulx-en-Velin (Rhône) et de Vienne (Isère).
Pour sa part, le département des Bouches-du-Rhône a formé, d'une part, des médecins de province à l'urgence cardiaque et d'autre part, des pompiers à la prise en charge en urgence des civils ;
- les collectivités s'investissent également pour améliorer les infrastructures et leurs équipements .
A cette fin, le département des Bouches-du-Rhône a créé des centres d'urgence en région et aidé à l'institution d'une antenne du centre cardio-vasculaire de Nork Marash (Erevan) à Goris.
De son côté, l'Isère a réhabilité le centre de chirurgie de l'hôpital de Gavar et lui a fourni du matériel et deux ambulances.
De même, Vienne a offert à l'hôpital de Goris un nouvel équipement d'imagerie médicale.
L'ensemble des actions conduites dans ce cadre contribuent à offrir à la population un réseau sanitaire de plus grande proximité et qualité. Parallèlement, elles favorisent l'attraction des zones intéressées pour l'installation des professionnels de la santé.
• L'état sanitaire de la population
arménienne bénéficie aussi des interventions
françaises en matière
d'eau
et
d'assainissement
et de
déchets
.
- un exemple : le jumelage mis en place par la commune de Bourg-Lès-Valence (Drôme) avec la ville de Talin (dans l'ouest du pays), a obtenu une subvention de la région Rhône-Alpes pour financer l'achat et l'acheminement de deux camions-bennes pour la collecte des ordures ménagères et a fourni un casier pour leur enfouissement ainsi que cent conteneurs au titre des points de collectes.
• L'
éducation
est également
l'objet,
à tous les niveaux -de la maternelle au
supérieur- de nombreux projets. Il est vrai que les besoins sont grands.
Parallèlement, c'est aussi un atout pour l'enseignement du
français, «
une des priorités essentielles de la
coopération des collectivités françaises
»
aux termes de la charte adoptée par les représentants des
collectivités des deux pays lors des assises de la coopération
décentralisée d'Erevan.
- L'université française en Arménie (Erevan) est, à ce titre, emblématique : créée en application d'un accord de coopération signé en 1995 entre les gouvernements français et arménien, elle est le fruit d'un partenariat entre le ministère des affaires étrangères, la chambre de commerce et d'industrie de Lyon, de l'université Lyon 3 Jean Moulin 19 ( * ) . L'UFAR forme, aujourd'hui, près d'un millier d'étudiants dans ses trois facultés (droit, gestion, marketing). Diverses collectivités françaises financent les stages en entreprise de ses étudiants 20 ( * ) . En formant des cadres francophones dans des secteurs-clés pour le développement de l'Arménie, l'Université est un vecteur important de la diffusion du français en, Arménie. Son action est d'autant plus remarquable qu'à leur admission, 85 % des étudiants ne sont pas francophones.
- Autre exemple de réussite d'efforts conjoints : le lycée professionnel franco-arménien d'Erevan, projet auquel ont participé la région Rhône-Alpes, le département du Rhône et la ville de Lyon.
- D'autres actions sont peut-être plus modestes par leur ampleur mais tout aussi importantes par leurs effets en offrant un meilleur cadre de vie et l'accès à des outils aujourd'hui devenus indispensables à l'enseignement.
Il s'agit entre autres de la fourniture de matériel pédagogique, action notamment mise en oeuvre par Décines (Rhône) à Stepanavan.
Pour sa part, le Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine) parraine et subventionne une école à Arapkir en fournitures scolaires.
• Diverses initiatives permettent de pallier la
faiblesse des réseaux publics de transport et ainsi d'améliorer
le quotidien des habitants.
C'est encore Décines qui offre un bus de transport scolaire à sa collectivité partenaire ; c'est aussi la contribution financière de Bourg-Lès-Valence à la remise à Talin de trois cars et d'un minibus à la maintenance desquels la commune veille ensuite.
• Plus généralement, la ville de Vienne
a oeuvré dans sa commune partenaire de Goris autour de
l'aménagement urbain et des services de proximité.
•
La contribution au développement
local
Dans ce domaine interviennent des projets structurés destinés à tirer parti des atouts qu'offrent les différentes régions arméniennes pour favoriser leur essor économique et maintenir sur place leurs populations.
- Le département des Hauts-de-Seine conduit depuis décembre 2008 un programme quadriennal de développement agropastoral dans une région frontalière enclavée du Nord-est, le Tavouch.
Ce projet vise à limiter l'exode rural en augmentant les surfaces cultivables, en améliorant le rendement des terres cultivées et en diversifiant la production agricole. Il comporte plusieurs volets : réhabilitation et développement du système d'irrigation, mise en place d'une pépinière et de bases agricoles pour améliorer la qualité et le rendement des productions.
- Pour sa part, l'inter-collectivités Isère, Romans (Drôme), Grenoble (Isère) et Vienne s'est engagée sur la période 2010-2012 dans un programme cofinancé par le ministère des affaires étrangères et la région Rhône-Alpes, qui s'inscrit dans un soutien au désenclavement social, culturel et touristique. Il entend diversifier l'activité économique en développant un tourisme « vert » dans les régions de Gegharkunik et du Syunik : création d'un circuit, développement de l'hébergement chez l'habitant, formation de guides touristiques, mise en place d'un portail internet, création de produits touristiques.
- La ville de Valence (Drôme) pilote dans le Tavouch, déjà cité et région d'implantation de sa commune partenaire d'Idjevan, un programme de valorisation du tourisme cofinancé par la région Rhône-Alpes. Le 14 septembre 2011, au Sénat, son maire, M. Alain Maurice, a insisté sur les atouts constitués par ses ressources viti-vinicoles notamment. C'est pour les valoriser que son partenaire arménien a été mis en relation avec l'université du vin de Suze-la-Rousse.
* 19 L'université Toulouse 1 Capitole est également partenaire.
* 20 Les départements des Hauts-de-Seine, des Bouches-du-Rhône, de la Vendée, la région Rhône-Alpes, les communes de Sarcelles, du Plessis-Robinson, de Lyon, Marseille et Nice. Cf site de l'UFAR : http://ufar.am/U/index.php.