IV- LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE LA SLOVÉNIE EST MARQUÉE PAR UN SOUCI D'ÉQUILIBRE
1. La volonté d'échapper au carcan yougoslave
La Slovénie a pour volonté de s'affirmer comme un partenaire à part entière et de s'ancrer à l'Europe de l'Ouest. Après son entrée à l'ONU et à la CSCE les 22 et 24 mai 1992, elle est devenue membre du Conseil de l'Europe le 12 mai 1993. Elle a signé le 30 mars 1994 le « partenariat pour la paix » de l'OTAN. Elle a demandé à sortir du groupe « Europe de l'Est » de l'ONU pour être rattachée à celui d'« Europe occidentale ». Elle ne veut plus être considérée comme un pays balkanique.
Cette attitude se traduit par une distance délibérée à l'égard du conflit yougoslave, dans laquelle certains observateurs ont pu voir la marque d'une diplomatie égoïste. La délégation a en effet relevé que ses interlocuteurs n'abordaient pas spontanément la question de la guerre en Bosnie et de l'affrontement entre Serbes et Croates. D'une façon générale, les autorités slovènes considèrent que le conflit bosniaque ne les concerne pas : les clefs d'une solution négociée doivent être cherchées à Belgrade et à Zagreb . Il serait vain de prétendre y associer d'autres pays. Mais les évolutions de la diplomatie occidentale peuvent parfois l'inquiéter : la peur que le groupe de contact puisse « acheter » une paix incertaine en Bosnie en levant les sanctions contre la République fédérale de Yougoslavie et en reconnaissant cette dernière comme seule héritière de l'ex-Yougoslavie est manifeste. Les slovènes estiment que ce « marché » est impensable, en raison des problèmes de succession d'États. Sur le plan juridique, cela voudrait dire que les traités par l'ex-Yougoslavie et ses cocontractants (dont l'Italie) ne sont plus valables. Sur le plan financier, cela signifierait l'adieu définitif aux avoirs slovènes, bloqués dans les banques de Belgrade et estimés à 1 milliard de dollars par les officiels slovènes. Une reprise des combats entre la Serbie et la Croatie les inquiète également : la région de la Krajina n'est pas très éloignée de la frontière slovène, et la guerre aurait de toutes façons des conséquences néfastes sur l'image de calme que la jeune République s'est donnée. Un flot massif de réfugiés, bien sûr, ne serait pas non plus à exclure.
La Slovénie regrette en outre de toujours subir l'embargo sur les armes à destination des anciennes républiques yougoslaves.