ANNEXES
COMPTE RENDU DES ENTRETIENS
Lundi 27 février 1995
M. Milan KUCAN, Président de la République de Slovénie.
Lors de cet entretien d'une exceptionnelle qualité, auquel assistaient M. Ivan KRISTAN et M. Janez SUMARADA, Premier secrétaire de l'Ambassade de Slovénie en France, M. Milan KUCAN a voulu tout d'abord rappeler le rôle historique de la France dans son combat pour la dignité de l'homme dans l'histoire européenne. La Slovénie, a-t-il rappelé, n'est pas le fruit des nationalismes : elle est un résultat historique de la décomposition de l'ancienne fédération yougoslave.
La Slovénie doit équilibrer ses relations avec la France, l'Italie et l'Allemagne. Elle doit être ouverte, non seulement à ses voisins, mais également aux grands pays européens.
Il est difficile à la Slovénie de comprendre le veto au mandat d'association. L'Italie veut reposer une question déjà réglée auparavant par les accords d'Osimo. Si on rouvre ce dossier, il faut tout rouvrir : problème des Sudètes, frontières de la Pologne, etc. De toute façon, le litige qui oppose la Slovénie à l'Italie est de caractère purement bilatéral, alors que les négociations pour l'entrée dans l'Union européenne doivent se passer dans un cadre multilatéral.
Il est reproché à la Slovénie de ne pas s'engager suffisamment dans les Balkans. Mais il faut identifier les raisons de la guerre et de la crise. La question nationale serbe est un vrai problème. Il n'en demeure pas moins que les moyens utilisés sont tout à fait illégitimes. Pour la guerre en Bosnie, les clefs de la solution sont à Belgrade et à Zagreb. Tout autre geste est une marque de naïveté. Si l'on offre à la Serbie d'être le seul successeur de la Yougoslavie, l'Occident ne va pas pour autant acheter la paix et l'alliance avec la Serbie. Il faut reconnaître aux anciennes républiques les mêmes droits et leur imposer le respect des minorités.
Pour finir, M. KUCAN s'est étonné que la France n'envoie aucun détachement militaire pour la commémoration du cinquantième anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale 4 ( * ) .
M. VINÇON, après avoir remercié M. le Président pour sa franchise, a salué cet exposé clair et ferme, moment privilégié de la visite du groupe d'amitié. Il l'a assuré que les sénateurs français sauraient être les interprètes, auprès du gouvernement français, des observations formulées par les autorités slovènes. L'Europe ne doit pas se faire contre l'Europe. La Slovénie a le souhait légitime d'entrer dans l'Union européenne où elle sera utile. La France se doit donc d'être le partenaire des ambitions slovènes. En ce qui concerne le problème du veto italien, le souhait slovène est clairement pris en compte par les autorités françaises. M. VINÇON a rappelé que M. LAMASSOURE avait été parfaitement clair sur ce sujet lors d'une réunion de commission des Affaires étrangères au Sénat.
M. Janez DRNOVSEK, Premier ministre de la République de Slovénie
M. DRNOVSEK, qui s'est exprimé dans un excellent français, a tout d'abord regretté qu'il n'y ait pas davantage encore de contacts entre la France et la Slovénie.
En matière de coopération économique, elle est très marquée par l'industrie automobile. L'économie slovène a eu de graves problèmes avec la perte des marchés yougoslaves, mais la compensation est désormais effectuée. Les exportations se développent à un bon rythme. Le concept slovène de privatisation semble meilleur que les autres. Il faudra passer à une étape supérieure.
M. DRNOVSEK a également abordé les relations de la Slovénie avec les pays du groupe de Visegrad (République Tchèque, République Slovaque, Hongrie, Pologne), afin de constituer une zone de libre-échange, bonne base pour aborder l'entrée dans l'Union Européenne. Cette association de libre-échange n'a pas vocation à devenir une organisation internationale. Les relations avec l'Autriche sont très bonnes.
M. DRNOVSEK a conclu sur les problèmes de la petite armée slovène. La Slovénie est incluse dans l'embargo sur les armes, qui frappe toute l'ex-Yougoslavie. Son but est d'être membre de l'OTAN : cet embargo lui paraît donc impropre.
M. Ivan KRISTAN, Président du Conseil d'État
M. KRISTAN, après avoir salué la délégation du groupe d'amitié, présente les grandes étapes de cette première visite officielle de sénateurs français en Slovénie, qui intervient dans un moment particulier, puisque la France préside l'Union Européenne.
M. VINÇON le remercie pour ses paroles de bienvenue et le programme complet qu'a préparé le Conseil d'État, permettant à la délégation de rencontrer les plus hautes autorités slovènes, mais également d'avoir une vue de la coopération actuelle, notamment économique, et des possibilités pour la France de la renforcer.
M. KRISTAN a ensuite présenté de manière très complète la composition, l'organisation et les pouvoirs du Conseil d'État.
Les questions de MM. les sénateurs ont porté sur la façon précise dont les membres des collèges étaient élus. Il apparaît que les membres du Conseil d'État sont des professionnels et continuent d'exercer leur profession ce qui n'est pas sans poser des problèmes. La grande question actuelle en Slovénie est la question de l'organisation locale. Seul l'échelon communal existe pour l'instant. La loi de 1994 a prévu l'élection distincte du maire au suffrage universel directe et du Conseil municipal, par scrutin proportionnel de liste, ce qui n'est pas sans poser de problèmes, puisque les deux peuvent avoir une orientation politique différente.
Enfin, sur le plan diplomatique, M. KRISTAN a insisté sur la volonté de la Slovénie de normaliser ses relations avec les pays voisins, Croatie et Italie. La patience et la compréhension ne doivent jamais être oubliées, quand le gouvernement slovène discute avec ces deux voisins.
La question de la succession de l'ex-Fédération yougoslave est une question essentielle et complexe, que l'on ne peut pas résoudre en peu de temps. Néanmoins, il serait inacceptable pour la Slovénie que la République Fédérale de Yougoslavie soit déclarée seul successeur de l'ex-Yougoslavie. La conférence menée par Lord Carrington ainsi que la mission d'arbitrage de M. Robert Badinter avaient été très claires sur ce sujet : les anciennes républiques ont les mêmes droits entre elles.
Mardi 28 février 1995
M. Josef SKOLC , Président de l'Assemblée nationale
M. SKOLC a tout d'abord évoqué la phase de transition particulière qu'a connue la Slovénie, avec le DEMOS. Le système proportionnel a été une décision bien consciente, permettant une représentation de neuf partis politiques au diapason politique très large. L'Assemblée nationale compte quatre-vingt dix députés, dont quatre-vingt-huit sont élus au scrutin de liste et deux au scrutin majoritaire, par les minorités italienne et hongroise.
M. SKOLC, entouré de représentants de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, a insisté sur le fait qu'il était important que les grandes puissances européennes traitent la Slovénie comme un sujet à part entière.
M. VINÇON a assuré ses interlocuteurs du soutien de la France pour l'association à l'Union européenne. M. PONCET a rappelé que la France s'était engagé à ce que ce problème soit réglé sous sa présidence.
M. GARCIA a interrogé les députés sur l'existence de tendances xénophobes en Slovénie. Il lui a été répondu qu'il y en avait, mais peu importantes en nombre.
Sur la politique des salaires, le système favorable de protection sociale est resté identique.
M. RUFIN a posé des questions relatives à la pratique institutionnelle. Le Premier ministre doit être membre de l'Assemblée nationale. Un mécanisme de motion de défiance constructive, très semblable à l'article 67 de la Loi fondamentale allemande, fonctionne et a fonctionné pour M. PETERLE. En matière d'initiative législative, celle-ci revient majoritairement au gouvernement, mais le rôle de l'Assemblée nationale augmente.
M. GOLOB , secrétaire d'ÉTAT aux Affaires étrangères
M. GOLOB a rappelé le contexte particulier de la visite du groupe d'amitié : la France préside l'Union européenne. La Slovénie attend beaucoup de sa présidence.
Après les messages de remerciements de M. VINÇON, les questions de MM. les sénateurs ont porté sur la guerre en Bosnie et les relations avec l'Italie.
La guerre en Bosnie n'est pas une guerre fratricide, pour M. GOLOB. II s'agit d'une guerre d'expansionnisme territorial, liée à la question serbe. Avec les minorités slovènes en Autriche, en Italie et en Hongrie, la Slovénie a une certaine compréhension de ce qui se passe en Serbie, ce qui ne veut pas dire, bien-sûr, une approbation de la politique de Belgrade. Les puissances occidentales n'ont pas joué et ne jouent pas un rôle correct, à l'exception notable de la France, qui a une longue tradition de politique dans les Balkans. Le pacte pour la stabilité en Europe était une bonne idée, il faut maintenant la relancer.
En ce qui concerne les relations avec l'Italie, un échange de lettres entre le gouvernement italien et la jeune république slovène, en juin 1992, avait été très clair sur ce sujet : les accords conclus par l'ex-Yougoslavie s'appliquent. Depuis, la politique de Rome a malheureusement changé. Il faut que les différentes conférences et organisations internationales enregistrent ces traités.
Entretiens avec les élus locaux
Mercredi 1er mars 1995
M. Franci KONCILJA, Maire de Novo Mesto
Après les messages de bienvenue usuels, M. KONCILJA a présenté la municipalité de Novo Mesto : 3 communes et 240 villages sur 623 km 2 , regroupant plus de 50.000 personnes. Les deux entreprises visitées le matin sont au coeur du développement économique de la Slovénie. Des chartes de jumelage sont à développer entre villes françaises et slovènes, afin de consacrer une amitié réelle entre la France et la Slovénie.
Jeudi 2 mars 1995
M. Aurelio JURI, Maire de Koper
Après les messages de bienvenue usuels, M. JURI a présenté la commune de Koper : 46.000 habitants sur 300 km-, cinquième ville de Slovénie. 73 % de slovènes, 20 % issus des anciennes républiques, elle comprend une minorité italienne de 3.000 personnes. L'article 63 de la Constitution slovène traite des droits des minorités italienne et hongroise. Dotée d'un port d'une capacité de 7 millions de tonnes de marchandises (5 millions de tonnes actuellement), elle entend bien le développer, dans une concurrence harmonieuse avec Trieste, puisque les véritables concurrents sont les ports de l'Europe du Nord. Piran est bien le port privilégié pour l'Autriche et la Hongrie. Portoroz est également un centre touristique bien connu. 40 % des recettes en Slovénie dans le domaine du tourisme se font sur la côte Adriatique. L'idée est de développer la périphérie de Koper et non la ville même.
M. Aurelio JURI a bien voulu expliquer, à la demande de MM. les sénateurs, comment était élu le député de la minorité italienne, puisqu'il occupait ce poste dans la précédente législature. La minorité italienne, comme la minorité hongroise, a un double droit de vote, puisqu'elle vote dans le cadre de sa circonscription comme tous les slovènes et vote dans son cadre propre pour le député de la minorité. Cette assurance de représentation se trouvait également dans le cadre de 1 `ancienne république socialiste yougoslave de Slovénie. Le député italien ou hongrois a les mêmes droits que tous les autres députés. Il dispose en plus d'un droit de veto pour la législation qui touche directement les droits des minorités.
Sur les 32 membres du Conseil municipal, trois sont réservés à la minorité italienne. Il est à noter qu'il existe une obligation de bilinguisme slovène et italien. Il y a deux femmes au Conseil municipal.
Les questions des membres de la délégation ont porté sur les relations entre la mairie de Koper et l'État, en matière d'état-civil, de sécurité et de police (il existe quatre policiers municipaux), de voirie et d'assainissement-eau.
La loi de 1994 ne semble pas trouver l'approbation de M. JURI. On a abouti à une multiplication du nombre de communes, du coup seules les communes qui sont restées grandes peuvent réellement jouer un rôle. Dans le cadre de Koper, un référendum a été organisé où 86 % des habitants se sont prononcés pour une commune unique, alors qu'il avait été prévu de la diviser. Il s'agit de la seule commune qui a gagné, dans son conflit avec la Cour Constitutionnelle, d'où un certain nombre de critiques. Son budget s'élève à 2 millions de tolards (environ 500.000 francs).
Jeudi 2 mars 1995
M. Crtomir SCAPACAN, Maire de Nova Gorica
Il s'agit d'une commune de 40.000 personnes, située à la frontière italienne, et qui abrite le tombeau des derniers Bourbon (Charles X, comte de Chambord). Elle s'appelait Göritz du temps autrichien.
M. SCAPACAN a présenté les projets de développement de sa commune et de la coopération avec sa voisine italienne, Goritzia.
Conférence de presse de Nova Gorica
Cette conférence s'est déroulée à la mairie de Nova Gorica. Cinq journalistes, représentant les plus grands organes de la presse écrite et radio slovènes, étaient présents et ont pu entendre tout d'abord une déclaration de M. Ivan KRISTAN, Président du Conseil d'État, puis de M. Serge VINÇON, Président du groupe d'amitié France-Slovénie du Sénat (cf. annexe).
DRZAVNI SVET REPUBLIKE SLOVENUE
PREDSEDNIK
LIUBLIANA. SUBlCEVA 4
TEL. 386 61/125-73 11
FAX: 386 61/212-251
Ljubljana, le 20 février 1995
LE SÉNAT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE LE GROUPE FRANCE-SLOVÉNIE
Monsieur le Sénateur Serge Vinçon,
C'est avec un grand plaisir que je saisis l'occasion d'inviter la délégation du Sénat Français, le Groupe France-Slovénie, conduite par Vous-même, de visiter le Conseil d'État de la République de Slovénie.
Cette rencontre permettra de continuer des relations entre le Sénat Français et le Conseil d'État de la Slovénie que nous avons rétablies lors de notre visite au Sénat Français au mois de mai 1994, à l'occasion de laquelle nous avons également eu le plaisir de rencontrer le Président du Sénat Monsieur Monory.
Permettez-moi d'exprimer à cette occasion, Monsieur le Sénateur, ma forte conviction que la visite de votre délégation chez nous n'est pas significative seulement pour la coopération entre les deux Chambres Parlementaires, mais surtout cette rencontre contribuera au renforcement des liens entre la République de France et la République de Slovénie.
Je vous prie de croire, Monsieur le Sénateur, à l'assurance de ma très haute considération.
PROGRAMME DE LA VISITE DE LA DÉLÉGATION DU
GROUPE D'AMITIÉ FRANCE-SLOVÉNIE DU SÉNAT
(26 FÉVRIER - 3 MARS 1995)
Dimanche 26 février 1995
18 h 30 Arrivée à l'aéroport de Ljubljana-Brnik et accueil de la délégation par le Professeur Franc VODOPIVEQ Conseiller d'État, Président du Groupe d'État, et Madame Marija DROFENIK, Secrétaire générale du Conseil d'État.
21 h Dîner de travail avec S. Exe. M. Bernard PONCET, Ambassadeur de France en Slovénie.
Lundi 27 février 1995
9 h 30 - 11 h 30 Entretien avec le Professeur Ivan KRISTAN, Président du Conseil d'État, Présidents des Commissions, membres du Collège du Conseil d'État et membres du Groupe pour la coopération avec la France.
12 h-12 h 30 Entretien avec le Professeur Janez DRNOVSEK, Président du Conseil des Ministres.
12h 35-13 h Entretien avec M. Milan KUCAN, Président de la République de Slovénie.
13 h 45 - 15 h 30 Déjeuner de travail offert par M. Gregor SIMONITI, Directeur général du World Trade Center de Ljubljana.
Mardi 28 février 1995
9 h 15-10 h Entretien avec M. Josef SKOLC, Président de l'Assemblée nationale.
10 h 30-ll h 45 Entretien avec M. Dagmar SUSTER, Président de la Chambre de Commerce de Slovénie.
12 h 15 - 14 h Déjeuner de travail offert par le Professeur Dimitrij RUPEL, ancien ministre, Député-maire de Ljubljana.
14 h 15 - 15 h Entretien avec M. Zoran THALER, ministre des Affaires étrangères de la République de Slovénie.
19 h 30 Réception en l'honneur de la délégation offerte par S. Exc. M. Bernard PONCET, Ambassadeur de France en Slovénie.
Mercredi 1er mars 1995
8 h 15 Départ pour Novo Mesto.
9 h 30 - 10 h 40 Visite des usines REVOZ.
11 h - 12 h Visite des industries pharmaceutiques KRKA.
15 h - 15 h 30 Entretien avec M. Franci KONCILIJA, Maire de la ville de Novo Mesto.
Jeudi 2 mars 1995
8 h 15 Départ pour Koper.
9 h 45 - 10 h 30 Entretien avec M. Aurelio JURI, Maire de la ville de Koper.
12 h 30 - 13 h 30 Visite des usines CIMOS.
15 h Départ pour Nova Gorica via le Karst.
16 h 30 Entretien avec M. Grtomir SPACAPAN, Maire de la ville de Nova Gorica.
18 h 30 Conférence de presse de M. le Sénateur Serge VINÇON, Président du Groupe d'Amitié France-Slovénie du Sénat, de M. le Professeur Ivan KRISTAN, Président du Conseil d'État, et de M. le Professeur Franc VODOPIVEC, Président du Groupe pour la coopération avec la France au Conseil d'État.
Vendredi 3 mars 1995
8 h 15 Départ pour l'aéroport de Ljubljana-Brnik. La délégation sera accompagnée par le Professeur Franc VODOPIVEC, Président du Groupe pour la coopération avec la France au Conseil d'État, et Madame Marija DROFENIK, Secrétaire générale du Conseil d'État.
DR. IVAN KRISTAN
PRÉSIDENT DU CONSEIL D'ÉTAT
DE LA RÉPUBLIQUE DE SLOVÉNIE
SALUTATION À LA DÉLÉGATION DU SÉNAT FRANÇAIS,
du Groupe France-Slovénie, au dîner solennel le 27 février 1995
Monsieur le sénateur Serge VINÇON, Messieurs les membres de la délégation du groupe France-Slovénie auprès du Sénat, Monsieur l'Ambassadeur Bernard PONCET, Mesdames et messieurs,
J'ai l'honneur de pouvoir saluer aujourd'hui, en tant que hôte, la délégation du groupe France-Slovénie du Sénat français présidée par M. le sénateur Serge VINÇON.
Les relations entre la République de Slovénie et la République Française vont s'approfondissant depuis la reconnaissance de la république de Slovénie et depuis l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays il y a trois ans ; à ce titre, l'ambassadeur de la République Française en Slovénie, M. Bernard PONCET, fut accrédité dès le mois de juin 1992.
Il est vrai que la coopération entre les deux pays atteint un niveau satisfaisant dans quelques domaines particuliers mais reste toujours sous le niveau des possibilités et celui des souhaits exprimés par les deux côtés.
Depuis 1992, plusieurs accords ont déjà été conclus entre les deux pays, tandis que quelques-uns sont actuellement dans la phase de la préparation, ce qui permettra de soulever notre coopération à un niveau supérieur.
Dans le domaine économique, il existe des possibilités et des souhaits d'améliorer l'état actuel. L'année dernière, la France représentait notre quatrième partenaire économique étranger, l'exportation, par ailleurs, étant au même niveau que l'importation. La plus grande importance dans la coopération économique à long terme est pour l'instant mise sur l'industrie automobile. Il serait souhaitable que la coopération économique se renforce également dans d'autres branches.
La coopération culturelle, éducative et scientifique est régie par l'accord passé en 1992. Le programme adopté par la commission mixte voit une réalisation progressive. Il faudrait mentionner dans ce contexte la création du lectorat pour la langue française à Ljubljana (la Faculté des Lettres) et celle du lectorat pour la langue slovène à Paris (la Sorbonne). Est aussi en voie de réalisation l'initiative pour la conclusion d'un accord particulier sur la coopération entre le Ministère de la Science et Technologie de la République de Slovénie et le Ministère de l'Éducation supérieure de la République Française.
Le souhait d'un approfondissement de la coopération politique existe également au niveau parlementaire. Entre autre, ce souhait s'exprime par le fait que nous ayons dans chacune des deux chambres du Parlement français ainsi que dans les deux chambres du Parlement slovène des groupes d'amitié et de coopération franco-slovène.
En ce qui concerne la coopération politique entre les deux pays, on cherche d'un côté à approfondir la coopération bilatérale aux niveaux différents -à l'heure actuelle, c'est surtout la coopération économique qui est mise en évidence- mais d'un autre côté c'est l'intérêt de la Slovénie pour obtenir le support de la France dans le processus de l'intégration de la République de Slovénie dans l'Union européenne qui se fait remarquer.
La Slovénie prend grand intérêt au rôle de la France en tant que pays présidant l'Union européenne ; nous voudrions donner à votre délégation autant d'informations utiles sur la vie publique et économique en Slovénie que possible pour vous faire comprendre sur place même que la Slovénie est victime d'une injustice qui est le veto par lequel l'Italie s'oppose à ce que nous recevions le mandat pour entamer les négociations sur l'adhésion de la Slovénie à l'Union européenne. Nous sommes convaincus que le veto de l'Italie est injuste et qu'il est contraire aux principes des relations internationales. Nous sommes d'avis que nul pays ne devrait entraver l'intégration d'un autre pays dans un accord multilatéral pour des intérêts bilatéraux avec ce pays, ce que fait actuellement l'Italie dans son attitude envers la Slovénie. Le principe en valeur dans les relations internationales est qu'il est nécessaire de séparer les accords bilatéraux des accords multilatéraux.
Nous espérons que, maintenant que l'Italie a un nouveau gouvernement et un nouveau ministre des Affaires étrangères, il sera plus facile de surmonter la crise actuelle et que l'Italie enlèvera son veto, ce qui facilitera par ailleurs les négociations et l'entente bilatérales entre l'Italie et la Slovénie.
La République Française a plusieurs fois déjà exprimé son support explicite aux efforts de la Slovénie pour devenir membre associé de l'EU. Nous apprécions beaucoup ce support de la France et comptons que notre but sera atteint cette année durant que la France préside au Conseil de l'EU.
Il existe une autre question dont la solution sera d'une grande importance pour la Slovénie : c'est la solution de la question sur la succession de l'ex-SFRJ (République Socialiste Fédérative de Yougoslavie). Le développement, tel qu'il s'est présenté jusqu'à présent, prenait pour base les points de départ adoptés il y a quatre ans par l'arbitrage de Badinter, organisé dans le cadre de la conférence de paix sur la Yougoslavie, que présidait Lord CARRINGTON, à savoir que la SFRJ s'était démembrée, qu'elle s'était dissoute par le gain de l'indépendance des républiques individuelles et que tous les nouveaux pays, créés après la dissolution, étaient les successeurs égaux de l'ex-SFRJ.
Malheureusement, il se manifeste à nouveau des exigences de la Serbie et du Monténégro (ZRJ - République Fédérale de Yougoslavie) que la succession de l'ex-SFRJ revient à la nouvelle ZRJ, c'est-à-dire à la Serbie et au Monténégro. Il s'agirait d'une très grande inconsistance si maintenant la communauté internationale cédait aux exigences du président serbe Milosevic qui veut, en échange du consentement à la proposition du groupe de contact concernant la constitution de la Bosnie Herzégovine, obtenir deux choses : premièrement, la suppression des sanctions contre la Serbie et le Monténégro, et, deuxièmement, l'adoption de la décision que la Serbie et le Monténégro soient reconnus comme les seuls successeurs de l'ex-SFRJ. Cette décision ne serait pas seulement contraire aux principes mais elle compliquerait à nouveau la crise balkanique, c'est-à-dire la crise née avec le démembrement de la SFRJ.
Nous espérons donc que la communauté internationale ne cédera pas aux pressions actuelles de la Serbie et ne changera pas sa prise de position originale qui fut adoptée d'après l'opinion de l'arbitrage de Badinter.
La visite actuelle de la délégation du groupe France-Slovénie du Sénat français est la première visite formelle des représentants du Sénat français en Slovénie et au Conseil d'État après que la délégation du Conseil d'État de la République de Slovénie se soit rendue au Sénat français au mois de mai 1994.
Ces contacts permettront, d'un côté la connaissance réciproque et l'échange des expériences concernant le fonctionnement parlementaire, tandis que d'un autre ils seront une contribution à un approfondissement général des relations entre la République Française et la République de Slovénie.
Monsieur le Sénateur VINÇON, nous vous souhaitons ainsi qu'à vos collègues, un séjour agréable en Slovénie et espérons que vous partirez d'ici avec les meilleures impressions sur l'amitié entre la Slovénie et la France.
Permettez-moi de vous prier, dès maintenant, Monsieur le sénateur, de transmettre dès votre retour au Président du Sénat, M. MONORY, nos meilleures amitiés et l'expression de notre profond respect, ainsi que notre souhait qu'il visite la Slovénie et le Conseil d'État dans un proche avenir.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE LA DÉLÉGATION
DU GROUPE D'AMITIÉ FRANCE - SLOVÉNIE DU SÉNAT
26 février - 3 mars 1995
(cette déclaration a été lue par M. Serge VINÇON, Président du groupe d'amitié France - Slovénie lors de la conférence de presse organisée à Nova Gorica, le jeudi 2 mars 1995)
Au terme de sa visite en Slovénie, la délégation sénatoriale tient avant tout à remercier chaleureusement M. le Président KRISTAN et le Conseil d'État pour leur invitation.
Le groupe d'amitié France - Slovénie du Sénat a été créé à la fin de l'année dernière, à la suite de deux visites au Sénat, celle du Président de la République de Slovénie, M. Milan KUCAN, et celle de M. le Président et de membres du Conseil d'État. Cette visite officielle marque la volonté du Sénat français de nouer des contacts étroits avec le Conseil d'État et son Groupe de la coopération avec la France, présidé par M. VODOPIVEC.
La qualité de l'accueil réservé à la délégation a été exceptionnelle. Le programme a permis d'insérer à la fois des entretiens politiques avec les plus hautes autorités slovènes - qui se sont déroulés dans un climat de grande franchise et de confiance - et des aperçus sur les richesses de la Slovénie : Haute-Carniole, Basse-Carniole et Côte Adriatique.
Le dynamisme économique de la Slovénie a tout particulièrement frappé la délégation, qui a visité trois usines : Revoz et Cimos, bien sûr, mais également l'usine de produits pharmaceutiques de Krka, à Novo Mesto. Le pays a su réorienter soigneusement ses échanges; l'esprit volontaire du peuple slovène a fait, de toute évidence, merveille pour s'adapter à la nouvelle situation. Cela ne peut donner que confiance aux partenaires extérieurs et, en premier lieu, aux pays de l'Union européenne.
La délégation a écouté avec beaucoup d'attention toutes les demandes formulées par les autorités slovènes, lors des entretiens politiques. Elle a rappelé que la France soutient avec force et conviction la candidature de la République de Slovénie, pour que cette dernière dispose du statut de pays associé. Elle espère avec enthousiasme que la date du 6 mars signifiera pour la Slovénie son entrée dans la famille de l'Union européenne.
La visite de la délégation sénatoriale, comme l'écrivait M. le Président KRISTAN dans sa lettre d'invitation, n'a pas été significative seulement « pour la coopération entre les deux chambres parlementaires » , mais a contribué « au renforcement des liens entre la République de France et la République de Slovénie » . La délégation a pu apprécier, par la visite qu'elle a effectuée, que ces liens avaient une réalité historique, de Ljubljana à Nova Gorica.
Pour conclure, la délégation renouvelle ses remerciements au Groupe de coopération avec la France, au Conseil d'État et à son Président, M. KRISTAN. Au delà des programmes officiels, la bonne entente entre les hommes est une base nécessaire pour une coopération féconde. Elle profite de l'occasion de cette conférence de presse pour inviter officiellement le Groupe de coopération avec la France, son Président M. VODOPIVEC et le Président KRISTAN à se rendre en France, dès l'année prochaine.
CARTE DE LA SLOVÉNIE
* 4 Cette question a été réglée depuis; il y avait un détachement militaire à Ljubljana le 8 mai 1995.