I. DES ESPOIRS DE PAIX RESTREINTS
A. LA RECRUDESCENCE DES COMBATS
Les
combats ont repris avec une rare intensité depuis la mi-septembre 1998
dans la région de l'Equatoria oriental (Sud), région qui n'est
pas couverte par le cessez-le-feu observé par les deux parties depuis le
15 juillet 1998. Les autorités gouvernementales ont été
jusqu'à suspendre les cours dans les 26 universités et
établissements supérieurs, comme elles l'avaient fait de janvier
à octobre 1997, pour permettre aux étudiants de répondre
à l'appel à la mobilisation générale. Cet appel
s'adresse notamment aux Forces de la Défense populaire (FDP), aux
moudjahidines (combattants de la foi), aux militaires à la retraite, aux
fonctionnaires et aux employés du secteur privé, selon le
décret de mobilisation. Il vise à faire face "
à
l'agression éryhro-ougandaise
".
Pourtant, compte tenu de la géographique du pays, ni l'armée
gouvernementale soutenue par les forces de défense populaires (FDP) et
par certaines milices tribales, ni l'Armée populaire de
libération du Soudan (APLS), ne semble capable de prendre
définitivement l'avantage sur le terrain.
Dans ce contexte, il est peu probable que la paix s'établisse à
courte échéance. Après l'échec des pourparlers de
paix qui ont eu lieu début août 1998 à Addis Abeba sous
l'égide de l'IGAD, le gouvernement soudanais a récemment
annoncé qu'il ne participerait pas à une réunion technique
sur l'assistance humanitaire avec la guérilla sudiste qui devait avoir
lieu du 5 au 7 octobre à Nairobi. Cette réunion,
décidée lors des négociations d'Addis Abeba, devait
aborder, sous la présidence du diplomate norvégien Tom Vraalsen,
envoyé spécial du secrétaire général des
Nations Unies au Soudan, la question du prolongement et de l'extension
géographique du cessez-le-feu.
Le gouvernement conteste notamment la présence au sein de l'IGAD de deux
pays qu'il accuse de soutenir l'APLS, voire de participer aux combats dans le
Sud (l'Ouganda et l'Erythrée). Khartoum a d'ailleurs
déposé une plainte auprès du Conseil de
sécurité de l'ONU contre l'Ouganda ainsi que contre
l'Erythrée. Kampala accuse de son côté le Soudan de
soutenir la rébellion en Ouganda. L'APLS dément, quant à
elle, toute participation des troupes ougandaises dans les combats.
B. LE PÉTROLE CONSTITUE DÉSORMAIS UN ENJEU STRATÉGIQUE
La manne
pétrolière potentielle constitue aujourd'hui un facteur
supplémentaire d'exacerbation de la guerre civile. C'est en effet dans
le Sud que sont localisées l'essentiel des ressources
pétrolières (1,4 million de barils). Selon certains experts,
les vrais gisements de pétrole se situeraient vraisemblablement dans
l'El Buherat et le Jonglei, à l'Est de Rumbek, dans les marais au Sud de
Bentiu et au Nord de Juba, zone âprement disputée par la
guérilla sudiste.
Or, John Garang demande désormais que soient inclus les Monts Nouba dans
son projet fédéral d'indépendance, ce qui laisse à
penser qu'il n'est pas indifférent aux ressources
pétrolières que pourrait receler son sous-sol. Un tel partage
aurait pour conséquence d'attribuer la quasi-totalité des
ressources pétrolières identifiées ou en cours
d'évaluation au Sud du pays.