Mariage de personnes de même sexe (Suite)
M. le président. - L'ordre du jour appelle la suite du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus au vote de l'article 2.
Discussion des articles (Suite)
ARTICLE 2 (Suite)
M. Bruno Retailleau. - Rappel au Règlement. Nous avons reçu ce matin, par e-mail, un appel d'un collectif de juristes internationaux, des voix qui nous arrivent des pays d'origine d'adoption et nous rappellent le droit universel. (Exclamations sur les bancs socialistes)
M. Jean-Louis Carrère. - Et alors ?
M. Bruno Retailleau. - Le droit de tous les hommes est fondé sur quelques principes : une famille est composée d'un homme et d'une femme, un enfant a le droit d'avoir un père et une mère.
M. François Rebsamen. - Ce n'est pas un rappel au Règlement ! Obstruction ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
M. Bruno Retailleau. - Ils nous rappellent les dangers de la possession d'autrui. Nous devrions les entendre. (Applaudissements à droite)
Mme Cécile Cukierman. - Ce ne sont pas les juristes qui font la loi !
M. le président. - Je ne vous donne pas acte de votre intervention, qui n'est pas un rappel au Règlement. Pour la clarté et la tranquillité de nos débats, chacun devra dorénavant brandir le Règlement et dire sur quel article il fonde son rappel. (Applaudissements à gauche)
Mme Nathalie Goulet. - Très bien !
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - Absolument. M. Retailleau s'est livré à un véritable détournement de nos procédures. Si chaque fois que nous recevons un e-mail ou lisons un article dans le journal, nous faisions un rappel au Règlement, cela n'aurait plus aucun sens. (M. Michel Mercier se récrie) M. Mercier, qui a été garde des sceaux, ne me contredira pas... Je suis heureux que la présidence ait décidé d'appliquer notre Règlement dans toute sa rigueur.
A la demande des groupes socialistes et UMP, l'article 2 est mis aux voix par scrutin public.
M. le président. - Voici les résultats du scrutin :
Nombre de votants | 340 |
Nombre de suffrages exprimés | 336 |
Majorité absolue des suffrages exprimés | 169 |
Pour l'adoption | 177 |
Contre | 159 |
Le Sénat a adopté.
Mme Catherine Troendle. - Je formule mon rappel au Règlement sur l'article 29 bis de notre Règlement, qui est relatif à l'organisation de nos travaux. Nous sommes nombreux à avoir participé à ces débats depuis plusieurs nuits et plusieurs jours. Comment va s'organiser la suite de nos travaux, sachant que la CMP sur la biologie médicale a été retirée de l'ordre du jour de ce soir ? Vous avez réservé la discussion de la plupart des amendements, ceux portant article additionnel. Il y a une rumeur persistante, selon laquelle il serait fait bientôt usage de l'article 49-7 de notre Règlement. Ce serait un acte de mépris envers le Parlement, comme envers les millions de Français qui s'opposent à ce texte ! (M. Jean-Jacques Mirassou s'exclame)
M. Bertrand Auban. - Voilà autre chose !
Vous avez déjà refusé un référendum, Mme Vallaud-Belkacem refuse de venir s'expliquer. Le groupe socialiste, dont le président nous a invités à quitter l'hémicycle pour gagner du temps, a ralenti nos travaux en imposant scrutin public sur scrutin public. (M. Marc Daunis se gausse) Mais nous ne baisserons pas la garde.
Mme Michelle Meunier, rapporteure pour avis de la commission des affaires sociales. - Nous non plus ! (M. Jean-Pierre Caffet renchérit)
Mme Catherine Troendle. - Je vous demande, monsieur le président, de faire le point sur le déroulement futur de nos travaux.
M. le président. - Je prends acte de votre rappel au Règlement. La réponse est dans la question... En début d'après-midi, nous en saurons plus sur la façon dont se déroulera la fin de la journée. Nous siégeons en tout état de cause jusqu'à 13 heures.
M. François Rebsamen. - Ce n'est pas au groupe UMP de fixer l'ordre du jour ! Les commentaires de Mme Troendle se fondent sur une rumeur. Je demande que l'on évite les manoeuvres de retardement. M. Lenoir a dénoncé, hier soir, le nombre insuffisant de sénateurs socialistes en séance. Mais nous travaillons aussi en commission. (Applaudissements à gauche)
M. Hugues Portelli. - Rappel au Règlement !
M. le président. - Sur le fondement de quel article ? Je n'ai pas donné acte de son propos à M. Rebsamen, qui ne faisait que répondre à Mme Troendle... Je souhaite que l'on s'en tienne au Règlement et rien qu'au Règlement.
M. Hugues Portelli. - Article 29 bis ! Lorsque nous avons révisé le Règlement du Sénat., nous avons abouti à un consensus politique sur la question du temps programmé.
M. François Rebsamen. - Ce n'est pas un rappel au Règlement !
M. Hugues Portelli. - L'initiative venait des députés, nous y étions hostiles ; et le temps de parole est resté libre au Sénat. Ne détournez pas la procédure. (Exclamations à gauche)
M. Marc Daunis. - C'est vous qui parlez de détournement de procédure !
M. le président. - La présidence veillera à ce que le Règlement soit respecté par les uns comme par les autres. Monsieur Portelli, je vous donne acte de votre rappel au Règlement.
ARTICLE 3
M. le président. - Amendement n°172 rectifié ter, présenté par MM. Zocchetto et Détraigne, Mme Gourault, MM. Mercier et Pozzo di Borgo, Mme Morin-Desailly, MM. Amoudry, Arthuis, J. Boyer, Delahaye, Marseille, Bockel et Dubois, Mme Férat et MM. Roche, Merceron, J.L. Dupont, Tandonnet, Maurey, Guerriau et de Montesquiou.
Supprimer cet article.
M. Yves Détraigne. - Le groupe centriste est très majoritairement opposé à ce texte, qui ouvre droit à une filiation sociale paradoxale, fondée sur une impossibilité biologique. Nous défendons l'intérêt de l'enfant, qui ne saurait être privé d'un père et d'une mère. Ce texte crée une rupture d'égalité entre les enfants selon qu'ils auront été adoptés par un couple homosexuel ou un couple hétérosexuel. L'égalité entre adultes ne doit pas se faire au détriment des enfants. Nous demandons la suppression de l'article 3 qui consacre une telle filiation. (Applaudissements au centre et à droite)
M. Jean-Pierre Michel, rapporteur de la commission des lois. - Défavorable. La commission n'entend pas supprimer l'article 3.
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux, ministre de la justice. - Je reconnais votre constance dans l'opposition farouche à ce texte. Nous y ferons face aussi longtemps que nécessaire. Mais en tant que législateurs, vous devriez prendre acte de l'adoption de l'article premier et en tirer les conséquences. Je ne mets pas en cause votre droit d'amendement mais nous fabriquons la loi : pourquoi ne pas soutenir plutôt des amendements visant à améliorer le texte ? Je m'étonne de ces pratiques.
A la demande du groupe socialiste, l'amendement n°172 rectifié ter est mis aux voix par scrutin public. (Exclamations à droite)
Mme Marie-Hélène Des Esgaulx. - Ce n'est pas nous qui ralentissons le débat !
M. le président. - Voici les résultats du scrutin :
Nombre de votants | 341 |
Nombre de suffrages exprimés | 341 |
Majorité absolue des suffrages exprimés | 171 |
Pour l'adoption | 163 |
Contre | 178 |
Le Sénat n'a pas adopté.
M. le président. - Amendement n°36 rectifié ter, présenté par MM. Gélard, P. André, G. Bailly, Bas, Beaumont, Béchu, Bécot, Belot, Billard, Bizet et Bordier, Mme Bouchart, M. Bourdin, Mme Bruguière, MM. Buffet, Calvet, Cambon, Cantegrit, Cardoux et Carle, Mme Cayeux, MM. César, Charon, Chatillon, Chauveau, Cléach, Cointat, Cornu, Couderc, Courtois, Dallier et Dassault, Mme Debré, MM. del Picchia, Delattre et Dériot, Mmes Deroche et Des Esgaulx, MM. Doligé, P. Dominati et Doublet, Mme Duchêne, MM. Dufaut, Dulait, A. Dupont, Duvernois, Emorine et Falco, Mme Farreyrol, MM. Ferrand, Fleming, Fontaine, Fouché, B. Fournier, J.P. Fournier, Frassa, Frogier, Gaillard et Garrec, Mme Garriaud-Maylam, MM. J.C. Gaudin, J. Gautier et Gilles, Mme Giudicelli, MM. Gournac, Grosdidier, Guené, Hérisson, Houel, Houpert et Humbert, Mme Hummel, MM. Huré et Hyest, Mlle Joissains, Mme Kammermann, M. Karoutchi, Mme Keller, M. Laménie, Mme Lamure, MM. G. Larcher, Laufoaulu, D. Laurent, Lecerf, Lefèvre, Legendre, de Legge, Leleux, Lenoir, P. Leroy, Longuet, Lorrain, du Luart, Magras, Marini et Martin, Mme Masson-Maret, M. Mayet, Mme Mélot, MM. Milon, de Montgolfier, Nachbar, Nègre, Paul, Pierre, Pillet, Pintat, Pinton, Pointereau, Poncelet, Poniatowski et Portelli, Mmes Primas et Procaccia, MM. Raffarin, de Raincourt, Reichardt, Retailleau, Revet, Saugey, Savary, Savin et Sido, Mme Sittler, MM. Soilihi et Trillard, Mme Troendle et MM. Trucy, Vendegou, Vial, Darniche et Husson.
Alinéa 5, première phrase
Remplacer le mot :
époux
par les mots :
conjoints mariés ou ayant contracté une union civile
M. Jean-Jacques Hyest. - Je comprends mal les reproches de Mme la garde des sceaux. Nous sommes logiques. J'ajoute que la rédaction proposée pour l'article 363 ne se contente pas de tirer les conséquences de l'article premier, il touche aussi à l'adoption simple. (Marques d'impatience à gauche) Je me méfie des modifications apportées aux règles sur le nom de famille. Une tous les dix ans, sans qu'on procède à la moindre évaluation préalable... Cette frénésie législative n'est pas bonne. D'où ma demande de suppression de l'article.
M. Jean-Pierre Michel, rapporteur. - Votre amendement ne supprime pas l'article. Il mentionne l'union civile et, à ce titre, aurait dû tomber.
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - Vous avez raison d'insister sur la question de la dévolution du nom, même si ce n'est pas l'objet de votre amendement. Il ne s'agit pas d'y revenir tous les dix ans mais le code civil n'est pas abouti sur ce point ; il n'y a jamais eu de majorité suffisante dans les deux assemblées pour y parvenir. Le fait est que cette question travaille la société. Je l'ai dit hier, le mariage ne modifie pas le nom ; c'est la pratique qui fait que l'épouse prend celui de l'époux, le contraire est possible : l'époux peut prendre le nom de sa femme (M. Roland Courteau acquiesce)...
Hier soir, un sénateur s'est livré à un exercice de divertissement en procédant à des combinaisons de noms. Cela a réjoui son groupe...
M. Charles Revet. - Pas du tout, cela nous a inquiétés !
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - C'était peut-être divertissant mais totalement hors sujet. N'oublions pas que nous sommes en train de faire la loi : mieux vaudrait déployer notre énergie à améliorer le texte.
M. Philippe Bas. - M. Leleux a donné une explication claire, hier soir, mais l'avez-vous écouté ? (Exclamations à gauche) Il a expliqué que pour le nom de l'enfant, il faudrait prendre, au cas où les deux parents auraient un nom composé, un élément du patronyme de chacun d'eux ; et, s'ils ne s'accordent pas, c'est l'officier d'état civil qui imposera le choix de ces éléments dans l'ordre alphabétique. Et rebelote à la génération suivante : ce sera une véritable loterie aux noms ! Il n'était pas inutile de prendre des exemples concrets pour le démontrer.
Le nom de famille, c'est l'identité ; ce n'est pas rien. La notion de filiation ne se limite pas à l'intention des parents, fût-elle profonde. Vouloir le changement, c'est beau, c'est bon, c'est admirable. Pour autant, les traditions ne sont pas toutes mauvaises. Quand on entre dans l'utopie, au point que l'on ne saura plus qui est qui, on se prépare au pire. (Applaudissements sur les bancs UMP)
L'amendement n°36 rectifié ter n'est pas adopté.
M. le président. - Amendement n°95 rectifié bis, présenté par M. Gélard et les membres du groupe UMP et MM. Darniche et Husson.
Alinéa 5, première phrase
Remplacer les mots :
à la demande des adoptants
par les mots :
à la demande conjointe des adoptants
M. Patrice Gélard. - Je présenterai en même temps les deux amendements suivants nos38 rectifié bis et 37 rectifié ter.
Nous proposons, avec celui-ci, que les démarches soient faites par les deux adoptants ; nous risquons, à défaut, des contentieux particulièrement complexes...
M. le président. - Amendement n°38 rectifié bis, présenté par M. Gélard et les membres du groupe UMP et MM. Darniche et Husson.
Alinéa 5, dernière phrase
Compléter cette phrase par les mots :
, sauf à ce que cet ordre soit inversé par le juge dans l'intérêt de l'enfant
M. Patrice Gélard. - Il ne faut pas oublier que certains noms risquent de susciter la moquerie, l'insulte ou le harcèlement. Le juge doit pouvoir en tenir compte dans l'intérêt de l'enfant. D'autant qu'en cas d'adoption simple, le ridicule peut advenir de la juxtaposition du prénom et du nom.
M. le président. - Amendement n°37 rectifié ter, présenté par MM. Gélard, P. André, G. Bailly, Bas, Beaumont, Béchu, Bécot, Belot, Billard, Bizet et Bordier, Mme Bouchart, M. Bourdin, Mme Bruguière, MM. Buffet, Calvet, Cambon, Cantegrit, Cardoux et Carle, Mme Cayeux, MM. César, Charon, Chatillon, Chauveau, Cléach, Cointat, Cornu, Couderc, Courtois, Dallier et Dassault, Mme Debré, MM. del Picchia, Delattre et Dériot, Mmes Deroche et Des Esgaulx, MM. Doligé, P. Dominati et Doublet, Mme Duchêne, MM. Dufaut, Dulait, A. Dupont, Duvernois, Emorine et Falco, Mme Farreyrol, MM. Ferrand, Fleming, Fontaine, Fouché, B. Fournier, J.P. Fournier, Frassa, Frogier, Gaillard et Garrec, Mme Garriaud-Maylam, MM. J.C. Gaudin, J. Gautier et Gilles, Mme Giudicelli, MM. Gournac, Grosdidier, Guené, Hérisson, Houel, Houpert et Humbert, Mme Hummel, MM. Huré et Hyest, Mlle Joissains, Mme Kammermann, M. Karoutchi, Mme Keller, M. Laménie, Mme Lamure, MM. G. Larcher, Laufoaulu, D. Laurent, Lecerf, Lefèvre, Legendre, de Legge, Leleux, Lenoir, P. Leroy, Longuet, Lorrain, du Luart, Magras, Marini et Martin, Mme Masson-Maret, M. Mayet, Mme Mélot, MM. Milon, de Montgolfier, Nachbar, Nègre, Paul, Pierre, Pillet, Pintat, Pinton, Pointereau, Poncelet, Poniatowski et Portelli, Mmes Primas et Procaccia, MM. Raffarin, de Raincourt, Reichardt, Retailleau, Revet, Saugey, Savary, Savin et Sido, Mme Sittler, MM. Soilihi et Trillard, Mme Troendle et MM. Trucy, Vendegou, Vial, Darniche et Husson.
Alinéa 6
1° Première phrase
Après le mot :
conjoint
insérer les mots :
marié ou ayant contracté une union civile
2° Deuxième phrase
Remplacer le mot :
époux
par les mots :
conjoints mariés ou ayant contractés une union civile
M. Patrice Gélard. - Je rectifie l'amendement en supprimant « ou ayant contracté une union civile », qui n'a plus de raison d'être.
M. Jean-Pierre Michel, rapporteur. - L'amendement n°95 rectifié bis est satisfait par le droit en vigueur : l'adoption simple suppose l'accord des deux adoptants. Retrait ou rejet.
L'application de la règle pour défaut suppose un désaccord entre les adoptés et l'adoptant sur l'ordre des noms. On peut raisonnablement penser qu'aucun n'aura voulu imposer à l'adopté, souvent majeur en cas d'adoption simple, un double nom ridicule. La commission a cependant donné un avis favorable à l'amendement n°38 rectifié bis, contre mon avis.
Vous avez bien fait de rectifier l'amendement n°37 rectifié ter mais je considère que, dès lors que l'union civile n'a pas été adoptée, cet amendement aurait dû tomber ; je le dis au service de la séance, même si je ne serai pas entendu... L'avis de la commission est défavorable.
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - C'est cohérent.
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - Certains noms sont effectivement ridicules. Mais M. Mercier peut témoigner que le garde des sceaux est régulièrement saisie de telles situations, et autorise assez largement des modifications. (M. Michel Mercier le confirme) Il arrive aussi qu'on souhaite retrouver d'anciens noms de famille. Je ne vois pas la nécessité de l'inscrire dans le code civil. La procédure fonctionne très bien.
M. le président. - Je réponds au rapporteur : la séance ni la présidence ne peuvent d'elles-mêmes déclarer ces amendements de conséquence sans objet. En revanche, le rapporteur peut produire une liste d'irrecevabilité.
L'amendement n°95 rectifié bis n'est pas adopté, non plus que les amendements nos 38 rectifié bis et 37 rectifié quater.
M. Jean-Claude Lenoir. - Avant d'expliquer mon vote sur l'article, je veux répondre à M. Rebsamen.
M. le président. - Pour la tranquillité de nos débats, je vous rappelle à la procédure telle que la prévoit notre Règlement... Vous avez la parole pour expliquer votre vote ; je ne peux vous la donner pour répondre à M. Rebsamen...
M. Jean-Claude Lenoir. - Si nous sommes ici, c'est parce que nous avons fait des choix : nous avions nombre de réunions de commission. J'entends donc m'exprimer.
Je veux rappeler ici l'importance du nom. Rappelez-vous d'Ulysse disant, pour échapper au cyclope : « je m'appelle Personne »... Ma région a des liens historiques avec le Canada, des hommes en sont partis pour fonder les premières colonies françaises sur les bords du Saint-Laurent. Les familles sont très attachées à préserver cette histoire et ces liens. Or, demain, les noms vont être dissous. Certains noms deviendront si complexes qu'un diminutif s'imposera, comme on le voit dans les cours d'école.
Cette loi est mauvaise, y compris sur cette question du nom. On ne peut dissoudre ainsi l'identité des personnes. (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - Les adeptes du fixisme considèrent qu'en matière lexicale, rien ne doit changer. Vous avez cité l'Odyssée, monsieur Lenoir, mais « personne » signifie à la fois quelqu'un et le contraire de quelqu'un. Comme « rien » vient du latin « rem » et signifie à la fois la chose et son contraire. Le sens d'un même mot peut s'inverser. M. Hyest sait combien M. Raymond Devos était expert en ces matières. (Murmures à droite) Noms communs comme noms propres sont susceptibles d'évoluer. L'histoire comme la science du langage la plus élémentaire récusent donc vos positions.
M. Dominique de Legge. - Intéressant commentaire... Mais le nom est un identifiant. Alors que nous constatons, dans nos communes, que beaucoup d'enfants sont en quête d'identité et de repères et interpellent pour cela les adultes, ce texte va dans le mauvais sens... (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. Charles Revet. - La loi n'est bonne que si elle est comprise par tous.
M. René Garrec. - C'est le bon sens.
M. Charles Revet. - Lors de nos auditions, un intervenant nous a dit qu'il serait bon que pût être remis aux époux, lors de la célébration du mariage, un document expliquant l'ensemble des conséquences de ce texte. Autrement dit, je ne suis pas sûr que vos propos très éclairés, monsieur Sueur, se diffusent au-delà de ces murs...
Revenons-en au fait : on est en train de tout araser, un vrai changement de civilisation. Je comprends d'autant mieux les propos de M. Lenoir que je suis de Normandie : beaucoup sont partis du pays de Caux pour aller au Canada. Leurs racines vont se perdre. Si vous chamboulez tout, comment voulez-vous que les gens s'y retrouvent ? (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. Philippe Bas. - Nous parlons d'enfants adoptés, abandonnés, dont l'histoire a été effacée. Il leur est d'autant plus nécessaire, alors qu'ils sont accueillis dans un nouveau foyer, de s'inscrire dans une histoire. Dans mon esprit, ce foyer est composé d'un homme et d'une femme. Demain, peut-être de deux femmes ou de deux hommes. Quoi qu'il en soit, plus ce foyer sera atypique (on s'impatiente à gauche), plus l'enfant peinera à se construire. Or, pour transmettre son histoire à l'enfant, pour l'aider à s'y inscrire, encore faut-il la connaître et l'accepter. Or, le nom de famille -car je n'ose plus parler de patronyme- est porteur de cette histoire. Mesurez vos responsabilités, chers collègues de la majorité, en votant cet article. Pensez au traumatisme de l'adoption.
M. Jean-Pierre Michel, rapporteur. - Cet article ne porte que sur l'adoption simple. Les arguments de M. Bas ne valent donc pas. Il me fallait le dire pour la clarté des débats.
M. le président. - Je suis saisi d'une demande de scrutin public... (Exclamations à droite)
Mme Catherine Troendle. - Ils sont encore minoritaires dans l'hémicycle !
M. le président. - ...par le groupe socialiste et le groupe UMP...
M. Jean-Pierre Caffet. - Et le groupe UMP ! (Signes de dénégations à droite)
M. le président. - ...sur l'article 3. Le groupe UMP retire sa demande de scrutin.
M. Jean-Claude Gaudin. - On ne pourra pas nous reprocher de ralentir le débat.
A la demande du groupe socialiste, l'article 3 est mis aux voix par scrutin public.
M. le président. - Voici les résultats du scrutin :
Nombre de votants | 342 |
Nombre de suffrages exprimés | 342 |
Majorité absolue des suffrages exprimés | 172 |
Pour l'adoption | 178 |
Contre | 154 |
Le Sénat a adopté.
ARTICLE 4
M. Jean-Jacques Hyest. - Voici un article dit de coordination. Il touche pourtant l'état civil. Le Gouvernement avait initialement prévu de remplacer partout dans le code civil les termes de « père et mère » par celui de « parents ».
L'Assemblée nationale a préféré conserver « père et mère » et dire qu'il fallait les comprendre autrement.
Je signale à M. Sueur qu'une chose se dit en latin res. (« Bravo ! » à droite)
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - On part toujours de l'accusatif !
M. Jean-Jacques Hyest. - L'ennui est que le terme de parents ne signifie pas forcément père et mère. Il peut s'appliquer aux couples de même sexe...
Mme Esther Benbassa. - Ah ! Vous y venez !
M. Jean-Jacques Hyest. - ...mais aussi aux frères et soeurs.
Vous avez rétabli les termes de père et mère voyant que cela choquait l'opinion.
Quand le code mentionnera les père et mère, il faudra se référer à un article 6-1 pour comprendre comment lire ces termes. Cela attente sérieusement à la clarté et à l'intelligibilité de la loi. Le Conseil constitutionnel ne manquera pas de le relever ! (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. Philippe Bas. - Si votre solution est ingénieuse, elle met en cause l'intelligibilité de la loi, M. Hyest l'a dit, et, surtout, nous légiférons à l'aveugle. On parle de « lois ». Qu'est-ce donc que ces « lois » ?
Ne laissez pas le Parlement adopter une disposition aussi floue ! (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. René-Paul Savary. - Hier, j'ai rappelé que le terme de parents, à l'article 734 du code civil, désigne les descendants, les ascendants et les collatéraux pour les successions. Ce sera contradictoire. (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - Monsieur Hyest, tous les noms français viennent des noms latins à l'accusatif. Je vous renvoie au Précis historique de phonétique française d'Édouard Bourcier, aux éditions Klincksieck. (Applaudissements sur les bancs socialistes)
Mme Esther Benbassa. - Bravo !
M. le président. - Amendement n°39 rectifié bis, présenté par M. Gélard et les membres du groupe UMP et MM. Darniche et Husson.
Supprimer cet article.
M. Patrice Gélard. - Les livres premier et III sont le ciment constitutionnel du code civil, comme l'a rappelé le doyen René Capitan. N'y touchons pas !
Cet article 4 démontre qu'il existe bien deux mariages, un pour les homosexuels, l'autre pour les hétérosexuels. Une anomalie juridique qu'il faut supprimer. Le Conseil constitutionnel vous le rappellera ! (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. le président. - Amendement identique n°173 rectifié ter, présenté par MM. Zocchetto et Détraigne, Mme Gourault, MM. Mercier et Pozzo di Borgo, Mme Morin-Desailly, MM. Amoudry, Arthuis, J. Boyer, Delahaye, Marseille, Bockel et Dubois, Mme Férat et MM. Roche, Merceron, J.L. Dupont, Namy, Tandonnet, Maurey, Guerriau et de Montesquiou.
M. Michel Mercier. - Ce matin, si j'ai bien compris, il faut parler latin. Alors je vous rappelle que les textes sont à interpréter potius ut valeant quam ut pereant...
Vous auriez pu écrire que le mariage est ouvert à deux personnes, point. Vous ne l'avez pas voulu. Vous avez voulu distinguer entre deux sortes de couples. Et voici que vous voulez ici nous faire voter l'article selon lequel « père » et « mère » signifieront « parents de même sexe ». C'est impossible ! Autant ces personnes ont le droit au respect du législateur, autant les couples hétérosexuels méritent aussi notre considération. Écrivons les deux : père et mère, puis parents de même sexe. Trouvons une autre solution juridique ! (Applaudissements au centre et à droite)
M. Jean-Pierre Michel, rapporteur. - Justement, monsieur le ministre Mercier, j'ai voulu éviter cet écueil en réécrivant l'article 4, qui tire les conséquences de l'inscription d'un mariage unique à l'article premier.
Cet article a été placé en préambule du code parce qu'il touche à l'égalité ; ce n'est pas un hasard. Rejet.
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - Je salue votre talent ! (Exclamations à droite) J'ai entendu des démonstrations acrobatiques sur la généalogie qui sont des morceaux d'anthologie.
Monsieur Hyest, des parlementaires UMP ont sillonné durant des mois les plateaux de télévision pour expliquer que les termes de père et de mère disparaissaient et que le monde s'effondrait. Vous avez l'honnêteté de reconnaître que le titre 7 du code civil n'est pas touché. Mais la version du Gouvernement, tenue pour une monstruosité hier, est aujourd'hui parée de toutes les vertus par vous.
Mme Michelle Meunier, rapporteure pour avis. - Même chose que pour le Pacs !
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - En plus de la motion référendaire, l'opposition sénatoriale a défendu trois motions, dont une d'irrecevabilité, sans même qu'il ait jamais été fait référence aux principes fondamentaux reconnus par les lois de la République. (M. Gérard Longuet le conteste) M. Gélard a beaucoup parlé et parle encore d'inconstitutionnalité, mais la clarté et l'intelligibilité de la loi, auxquelles il se réfère ici, sont des objectifs, non des principes, consacrés par le Conseil constitutionnel. Montrez-nous les contradictions du texte ! Vous saisirez le Conseil constitutionnel...
M. Bruno Sido. - Oui, nous le ferons !
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - ...et nous attendons son verdict sans anxiété.
La polysémie est la richesse de la langue française ; il en va ainsi pour le terme de parents... C'est ce qui fait tout le charme de notre belle langue.
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - Absolument !
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - M. Sueur l'a dit, certains mots signifient à la fois une chose et son contraire. C'est le contexte qui précise le sens. Et puis, que je sache, l'officier d'état civil ne passe pas son temps à interpréter le code civil. J'entends bien des développements péremptoires ! Il ne suffit pas de prendre l'air savant pour le devenir. (Exclamations à droite) Vous trompez les Français. (Mêmes mouvements)
M. Gérard Cornu. - Vous dérapez !
M. François-Noël Buffet. - Et M. Cahuzac ?
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - Nous pouvons continuer à nous faire des civilités longtemps.
M. Gérard Cornu. - Pourquoi la garde des sceaux devient-elle agressive ?
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - Monsieur Bas, dans 99 % des cas, il n'y aura pas de désaccord. Donner un nom ne deviendra jamais un casse-tête phénoménal. La loi prévoit un nom composé dans le cas hypothétique où il y aurait conflit, elle est là pour départager.
Assez de dramaturgie ! Il y a des arguments de droit, de fait, et il y a aussi, pardonnez-moi de le dire, de la manipulation. (Exclamations à droite)
Monsieur Hyest, comment auriez-vous réagi si vous aviez été à notre place ? Nous vous écoutons depuis des jours et des nuits...
Mme Marie-Hélène Des Esgaulx. - Nous aussi !
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - J'ai de la déférence pour M. Hyest, pour le doyen Gélard et le ministre Mercier.
Mme Marie-Hélène Des Esgaulx. - Pour tout le monde !
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - ...pour le Premier ministre Raffarin, pour le ministre Karoutchi...
Mme Marie-Hélène Des Esgaulx. - Et les autres ?
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - Vous ne comprenez pas le mot égalité ! J'ai du respect pour tous. Tous les sénateurs que je ne connaissais pas auparavant, je note leur nom et je leur réponds personnellement.
Si vous voulez siéger jusqu'à six heures du matin, le Gouvernement y est prêt. (Applaudissements sur les bancs socialistes ; protestations à droite)
L'article 4 tire les conséquences de l'article premier, nous serions misérables de ne pas le faire. La coordination était nécessaire, jusque dans les ordonnances.
M. Michel Mercier. - Vous aviez raison !
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - L'Assemblée nationale a fait un autre choix devant la pression de l'opinion ; j'en ai quelque nostalgie...
Cet article apporte un élément de clarté qui ne peut pas être constesté.
Mme Marie-Hélène Des Esgaulx. - Je regrette votre dernière intervention, madame la garde des sceaux. Vous ne vous adressez qu'aux anciens ministres. M. Mercier polarise toute votre attention. (Brouhaha) Jusque-là, je vous avais trouvé très habile. Pourquoi cette mauvaise foi ? (Mme Esther Benbassa s'exclame)
Parfaitement, de la mauvaise foi ! Vous peinez à passer du débat éthique au registre de la loi, cet article 4 le montre bien.
M. Gérard Longuet. - Absolument.
Mme Marie-Hélène Des Esgaulx. - Puisque vous affirmez répondre à toutes les questions, faites-le ! Quid du livret de famille ? Y en aura-t-il un ou trois ? Les 36 000 maires de France attendent votre réponse ! (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. Jean-Jacques Hyest. - La question de Mme Des Esgaulx est plutôt d'ordre réglementaire. Cela dit, ce que vous proposez dans cet article 4 n'est pas de pure conséquence de l'adoption de l'article premier, contrairement à ce que vous dites. Vous touchez bien à la filiation puisqu'il est question d'acte de naissance et que l'acte de naissance est délivré à des enfants qui naissent hors mariage. Les Français l'ont très bien compris !
Pour supprimer les absurdités et les contradictions, vous avez créé un article balai incompréhensible. Désolé, l'article 4 touche bien à la filiation en général en modifiant les actes d'état civil. (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. Hugues Portelli. - Quand le Conseil constitutionnel examine la constitutionnalité d'une loi, il se réfère à l'ensemble des travaux parlementaires, et pas seulement aux motions de procédure. Nous pouvons donc soulever des motifs d'inconstitutionnalité à tout moment.
Autre remarque, nous parlons de droit, de termes juridiques. Parent vient de parere, qui signifie « engendrer ». En italien, on dit genitori, géniteurs, pour parents. C'est clair.
Monsieur le président de séance, nous sommes dans une République, dans une démocratie. A ce titre, nous sommes tous égaux dans cet hémicycle. Il n'y a pas ceux qui auraient des lettres de noblesse...
Mme Marie-Hélène Des Esgaulx. - Surtout quand on s'appelle Des Esgaulx !
M. Hugues Portelli. - ...et les autres. Il n'y a pas, d'un côté, les anciens ministres et, de l'autre, les gueux.
M. le président. - J'ai été saisi d'une demande de scrutin public par le groupe socialiste sur les amendements nos39 rectifié bis et 173 rectifié ter. (Vives exclamations à droite)
A la demande du groupe socialiste, les amendements nos39 rectifié bis et 173 rectifié ter sont mis aux voix par scrutin public.
M. le président. - Voici les résultats du scrutin :
Nombre de votants | 340 |
Nombre de suffrages exprimés | 340 |
Majorité absolue des suffrages exprimés | 171 |
Pour l'adoption | 163 |
Contre | 177 |
Le Sénat n'a pas adopté.
M. le président. - Amendement n°71 rectifié bis, présenté par M. Gélard et les membres du groupe UMP et MM. Darniche et Husson.
Alinéas 2 et 3
Supprimer ces alinéas.
M. Patrice Gélard. - Je présenterai les amendements nos72 rectifié bis, 73 rectifié bis et 74 rectifié bis, qui relèvent de la même logique de repli : nous demandons la suppression de certains alinéas.
L'amendement n°144 rectifié n'est pas défendu.
M. le président. - Amendement n°279, présenté par M. J.P. Michel, au nom de la commission des lois.
Alinéa 3
1° Remplacer les mots :
l'exclusion du
par les mots :
l'exclusion de ceux prévus au
2° Après le mot :
soient
rédiger ainsi la fin de cet alinéa :
de sexe différent ou de même sexe. » ;
M. Jean-Pierre Michel, rapporteur. - Amendement rédactionnel.
Défavorable à l'amendement n°71 rectifié bis de M. Gélard.
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - Même avis sur l'amendement n°71 rectifié bis. Favorable à l'amendement n°279.
M. Gérard Longuet. - Je ne suis pas un spécialiste du code civil...
M. David Assouline. - Plutôt de La Marseillaise.
M. Gérard Longuet. - ...mais le terme de parents n'y renvoie pas aux seuls géniteurs. Est-ce à dire que les ascendants pourraient déclarer la naissance d'un petit-fils naturel ? J'aimerais y voir clair et cela sera aussi utile pour éclairer le juge constitutionnel.
A la demande du groupe socialiste, l'amendement n°71 rectifié bis est mis aux voix par scrutin public. (Exclamations à droite)
M. le président. - Voici les résultats du scrutin :
Nombre de votants | 339 |
Nombre de suffrages exprimés | 339 |
Majorité absolue des suffrages exprimés | 170 |
Pour l'adoption | 162 |
Contre | 177 |
Le Sénat n'a pas adopté.
M. le président. - L'amendement n°279 est adopté. (Vives protestations à droite)
M. Gérard Longuet. - Recomptez !
L'amendement n°279, mis aux voix par assis et levé, est adopté.
M. le président. - Amendement n°72 rectifié bis, présenté par M. Gélard et les membres du groupe UMP et MM. Darniche et Husson.
Alinéa 4
Supprimer cet alinéa.
M. Patrice Gélard. - Défendu.
M. le président. - Amendement n°74 rectifié bis, présenté par M. Gélard et les membres du groupe UMP et MM. Darniche et Husson.
Alinéa 8
Supprimer cet alinéa.
M. Patrice Gélard. - Défendu.
M. le président. - Amendement n°73 rectifié bis, présenté par M. Gélard et les membres du groupe UMP et MM. Darniche et Husson.
Alinéa 5
Supprimer cet alinéa.
M. Patrice Gélard. - Défendu.
M. Jean-Pierre Michel, rapporteur. - Défavorable.
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - Même avis.
A la demande du groupe socialiste, l'amendement n°72 rectifié bis est mis aux voix par scrutin public.
M. le président. - Voici les résultats du scrutin :
Nombre de votants | 341 |
Nombre de suffrages exprimés | 341 |
Majorité absolue des suffrages exprimés | 171 |
Pour l'adoption | 163 |
Contre | 178 |
Le Sénat n'a pas adopté.
M. le président. - Peut-on considérer que le vote est le même pour les amendements nos73 rectifié bis et 74 rectifié bis ? (Assentiment)
L'amendement no73 rectifié bis n'est pas adopté, non plus que l'amendement n°74 rectifié bis.
Mme Catherine Troendle. - Rappel au Règlement ! Ne pourrait-on suspendre la séance, le temps que nos collègues de gauche remplissent leurs rangs et nous épargnent ces scrutins publics à répétition ?
M. le président. - Je prends acte de votre rappel au Règlement, auquel je ne vois pas lieu de souscrire.
Mme Esther Sittler. - On ne peut faire croire qu'un enfant n'est pas le fruit de la rencontre d'un homme et d'une femme. « La langue n'est pas une pelouse où l'on se promène en cueillant des mots », comme l'a rappelé le psychanalyste Daniel Sibony devant la commission des lois.
M. Bertrand Auban. - Que c'est beau !
Mme Esther Sittler. - Sur question de l'enfant, il n'y a pas même eu d'étude d'impact. Non, madame la garde de sceaux, on ne peut pas accepter un texte qui bouleverse à ce point la famille. (Applaudissements à droite)
M. Charles Revet. - Il serait bon de remettre un document de synthèse non au moment du mariage mais au moment où un couple manifeste sa volonté de se marier.
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - C'est ce que j'ai dit !
M. Charles Revet. - Les incidences de ce texte vont être telles -les magistrats auditionnés nous les ont décrites- que cela me semble indispensable. La célébration du mariage n'est pas le bon moment car c'est la fête.
M. Gérard Longuet. - Le mariage est une fête éternelle !
M. Charles Revet. - C'est bien dit, monsieur Longuet.
M. Jean-Pierre Raffarin. - Ce sera répété.
M. Gérard Longuet. - Et déformé.
M. Charles Revet. - M. le président de la commission des lois a beaucoup dit que le sens des mots est variable. Quand c'est l'usage qui les fait évoluer, d'accord ; c'est autre chose quand c'est le législateur qui impose une évolution.
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - Le législateur est un acteur de la société.
M. Charles Revet. - J'ai évoqué tout à l'heure nos cousins canadiens : leurs recherches en généalogie seront bien compliquées. Elles le seront pour nous aussi.
La langue française est beaucoup pratiquée dans le monde, et il faut s'en réjouir. Mais ce que nous faisons ici emporte, du même coup, des conséquences ailleurs. Y a-t-il eu contacts avec l'Organisation internationale de la francophonie, pour mesurer les conséquences ? La France a une responsabilité particulière en ce domaine.
M. Bruno Sido. - Cet article 4 découle de l'article premier, hélas voté. Les conséquences du mariage homosexuel sont immenses sur le code civil : il faudra revoir l'adoption, tout s'embrouille sur l'attribution du nom. Notre code civil va devenir incompréhensible pour le commun des mortels. Je regrette que vous ayez repoussé nos amendements à cet article que je ne voterai pas.
M. Bruno Retailleau. - « Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur de ce monde », disait Camus. Et Aristote...
Mme Esther Benbassa. - Aristote, maintenant !
M. Bruno Retailleau. - C'est le fondateur de notre civilisation.
Mme Esther Benbassa. - Toute civilisation ne vient pas de la Grèce.
M. Bruno Retailleau. - Il disait que la source, c'est la réalité des choses car les choses ne savent mentir. Les mots sont la réalité du monde. Nous pensons, nous rêvons, nous chantons avec les mots.
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - Absolument !
Mme Esther Benbassa. - Quel lyrisme !
M. Bruno Retailleau. - La gauche a retenu la leçon de Gramsci selon qui les batailles politiques doivent être gagnées sur le terrain culturel.
M. Jean-Pierre Caffet. - « L'hégémonie »...
M. Bruno Retailleau. - Nous ne sommes pas de la même couleur que Mme Benbassa, ni politique ni autre.
M. Jean-Vincent Placé. - Qu'est-ce que cela signifie, cette affaire de « couleur » ? Cette allusion est scandaleuse.
M. Bruno Retailleau. - Je veux dire : quelles que soient nos différences politiques, on doit pouvoir s'écouter. (Vives exclamations sur les bancs écologistes)
Le mot « parent » ne désigne pas seulement les père et mère, il renvoie à l'ascendance. Et la parentalité, c'est une fonction éducative. Ce n'est pas la même chose que le mot homoparentalité. (Mme Esther Benbassa s'exclame) L'étymologie de « mariage » renvoie à la mère. Vous touchez aux premiers mots que l'enfant apprenne. Vous bouleversez à ce point les fondements de la civilisation...
Mme Esther Benbassa. - Heureusement !
M. Bruno Retailleau. - ...que vous imposez ce changement à tous les couples. Je regrette qu'il soit si difficile de se faire entendre ici ! (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - M. Revet parle toujours avec beaucoup de chaleur humaine.
M. Jean-Pierre Raffarin. - Il pourrait être ministre.
M. Gérard Longuet. - Mieux encore : président de commission ! (Sourires)
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - La langue, fruit du parler commun, a aussi toujours été un enjeu politique. Les lois, depuis l'édit de Villers-Cotterêts, ont toujours pesé sur la réalité de la langue. Le Parlement est un acteur politique, qui pèse sur le sens des mots.
Je veux m'élever avec force contre les propos de M. Retailleau sur la « couleur » de Mme Benbassa.
M. Jean-Pierre Raffarin. - Mme Benbassa est verte, elle le revendique.
M. Gérard Longuet. - « Vert » est la couleur de son parti.
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - Il y a des différences de couleurs politiques et « autres », a dit M. Retailleau. Je vous rappelle au respect de l'article premier de la Constitution.
Je m'élève contre cet usage abusif des citations de Camus, de Gramsci, qui pensaient tout autrement que vous. L'obstruction tourne à la falsification ! (M. Bruno Retailleau demande à s'expliquer)
M. le président. - Pour un fait personnel, je ne puis vous donner la parole qu'en fin de séance ; en revanche s'il s'agit d'un rappel au Règlement...
M. Bruno Retailleau. - Merci. Rappel au Règlement, donc.
Le procès qui m'est fait est insupportable. Je faisais allusion, en m'adressant à Mme Benbassa, outre à nos différences de couleur politique, à la vive couleur jaune de sa veste. Elle est verte et la colère est verte, je n'y suis pour rien. Il est scandaleux de faire croire que j'aurais pu penser autre chose. J'ai une longue carrière politique derrière moi et je vous défie de montrer que j'aurais jamais dérapé. (Les huissiers se déploient dans les travées) Respectez nos convictions et assurez-vous, monsieur le président, de la police de l'audience. (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. le président. - J'y veille.
M. Jean-Vincent Placé. - Rappel au Règlement ! L'intervention de M. Retailleau procède d'une stratégie d'obstruction qui n'honore pas le Sénat. Vous répétez interminablement les mêmes phrases sans jamais ajouter un argument neuf. (Vives exclamations à droite) Et nous avons la sagesse de nous taire alors que nous sommes l'objet de provocations incessantes.
M. Retailleau est allé plus loin encore, en disant que nous n'étions ni de la même couleur politique ni de la même couleur. Je demande des excuses ! (Applaudissements à gauche)
M. le président. - Revenons à un peu de sérénité.
L'article 4 est mis aux voix par scrutin public à la demande du groupe socialiste.
M. le président. - Voici les résultats du scrutin :
Nombre de votants | 338 |
Nombre de suffrages exprimés | 338 |
Majorité absolue des suffrages exprimés | 170 |
Pour l'adoption | 176 |
Contre | 162 |
Le Sénat a adopté.
La séance, suspendue à 12 h 10, reprend à 12 h 15.
M. Bruno Retailleau. - Je suis attaché à la sérénité de nos débats et veux dire ici, solennellement, que je ne visais tout à l'heure que la différence de couleurs politique et vestimentaire. Aucun de mes propos n'a jamais visé la dignité d'un être humain. (Mme Esther Benbassa porte ostensiblement son regard à gauche pour masquer son visage à un orateur) Tous ceux qui me connaissent le savent. De grâce, n'instrumentalisons pas ce genre de propos. (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. le président. - Dont acte.
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - L'article 4 bis concerne l'habilitation demandé par le Gouvernement pour légiférer par ordonnance.
Je veux répondre à M. Longuet, qui m'a demandé de confirmer que « parents » signifie « père et mère ». Dans le code civil, ce terme apparaît déjà et nous n'innovons pas en la matière. Il n'y avait pas de raison de toucher au titre VII et au titre VIII ; le terme apparaît actuellement aux articles 345-1, 348-3, 348-6, 349, 350, 351 ; au titre IX, aux articles 371-1, 371-2, 372-2, 373-2, et d'autres encore. Les occurrences du terme « parent » sont donc déjà nombreuses.
Selon vous, nous n'aurions pas passez tenu compte de la convention internationale des droits de l'enfant. N'allez pas faire croire que notre législation ne serait pas protectrice de l'enfant : notre législation est solide, les magistrats veillent et nous avons un défenseur des enfants auprès du Défenseur des droits. Le texte apporte de la sécurité juridique aux enfants des couples homosexuels qui, aujourd'hui, n'en bénéficient pas en cas, par exemple, de séparation. Désormais, le juge interviendra en cas de divorce, afin de protéger le conjoint le plus fragile et les enfants.
M. Hyest a eu raison de rappeler à Mme Des Esgaulx que la question du livret de famille est d'ordre réglementaire. Depuis la loi de 2005, nous avons un livret unique. Plusieurs options s'ouvraient à nous : prévoir trois livrets ou un livret unique. Nous avons beaucoup consulté. Avec l'Association des maires de France, nous sommes convenus de maintenir un livret unique. On n'est plus dans une écriture littérale, mais par rubriques. Quand on en vient à l'enfant, on écrit « l'enfant est né de... ». Les rubriques seront complétées différemment selon les familles. Je suis prête à venir devant la commission des lois pour vous présenter tout cela. Je rappelle que nos formulaires sont contrôlés par le Cerfa. Nos procédures d'élaboration et de contrôle sont solides, même si certaines simplifications seraient bienvenues, comme s'y est engagé le président de la République.
Si j'ai cité les anciens ministres, madame Des Esgaulx, c'est qu'ayant une vie publique, leurs positions sont mieux connues. Rien de plus. Il y a des prises de position publiques parfois courageuses, qui méritent d'être saluées. Ne restons pas sur ce malentendu. Je veux vous faire un clin d'oeil, madame Des Esgaulx, car j'ai appris à vous connaître : j'ai d'abord été surprise par l'agressivité de votre ton, avant de m'apercevoir que vos propos sont souvent bien argumentés.
M. le président. - Amendement n°69 rectifié bis, présenté par M. Gélard et les membres du groupe UMP et MM. Darniche et Husson.
Supprimer cet article.
M. Patrice Gélard. - Permettez-moi un rappel historique. Je me souviens de M. Sueur, de notre regretté collègue Dreyfus-Schmidt, de M. Collombat combattant résolument le recours aux ordonnances. A nous de revêtir le costume...
M. Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois. - Le rôle !
M. Patrice Gélard. - ...à la différence près que nous avons toujours estimé que sur certains sujets techniques, par exemple en matière de codification ou pour rattraper notre retard dans la transposition de telle directive ou de telle convention internationale, le recours aux ordonnances n'était pas injustifié.
Tel n'est pas le cas ici. Nous allons un peu dans l'inconnu. Faisons confiance au législateur. C'est à lui, en vertu de l'article 34 de la Constitution, de faire la loi. (Applaudissements à droite)
M. le président. - Amendement identique n°176 rectifié ter, présenté par MM. Zocchetto et Détraigne, Mme Gourault, M. Mercier, Mme Morin-Desailly, MM. Pozzo di Borgo, Arthuis, J. Boyer, Delahaye, Marseille, Bockel, Dubois, Amoudry et J.L. Dupont, Mme Férat, MM. Guerriau, Maurey, Merceron, Namy, Roche et Tandonnet, Mme Létard et MM. Capo-Canellas, Jarlier et de Montesquiou.
M. Yves Détraigne. - Le groupe UC-UDI a toujours été hostile aux ordonnances, a fortiori quand elles touchent à un sujet aussi fondamental que celui qui nous occupe. Pour une fois, je suis d'accord avec M. François Hollande qui déclarait, le 8 juin 2005 à l'Assemblée nationale, que le recours aux ordonnances flouait le Parlement en le contraignant à renoncer à la confrontation démocratique et au débat. (Applaudissements au centre)
M. Jean-Pierre Michel, rapporteur. - L'avis est défavorable. Le recours aux ordonnances est justifié car des ajustements sont nécessaires dans de nombreux codes, y compris dans leur partie réglementaire. Leur examen prendrait des mois... Et je rappelle que ces ordonnances devront être ratifiées par le Parlement, ce qui sera l'occasion pour lui d'apporter des modifications s'il le juge nécessaire. Ce fut d'ailleurs le cas pour les ordonnances demandées par M. Bertrand pour codifier une série de dispositions dans le code du travail ; il est toujours possible de proposer des amendements. Je rappelle enfin que, si le Gouvernement ne respecte pas les délais pour déposer le texte de ratification, les dispositions visées sont considérées comme réglementaires et le Conseil d'État peut être saisi à tout moment. Nous avons donc toutes les garanties.
Mme Christiane Taubira, garde des sceaux. - Ayant été moi-même parlementaire, il m'est arrivé de batailler contre le recours aux ordonnances ; je suis sensible à votre préoccupation. Reste que l'article 38 encadre très strictement la procédure. Le Parlement a des garanties solides, sa compétence est seulement différée.
Monsieur Gélard, le Gouvernement demande à être habilité pour procéder à des coordinations en dehors du code civil. Le délai des six mois sera tenu.
M. Gérard Longuet. - Les ordonnances font partie de ce parlementarisme rationalisé que nous avons voulu en 1958. Leur usage est généralement critiqué par l'opposition et défendu par la majorité... M. Gélard dissimule-t-il une intention politique ? La réponse est non.
De fait, nous découvrons à mesure du débat la complexité des implications sociales qu'entraîne ce texte. Nous menons nos travaux -que l'on ne peut qualifier d'expéditifs- en un temps contraint, ce qui laisse en suspens des questions qui intéressent tous les Français. Celle des ascendants, entre autres, que j'ai évoquée tout à l'heure. Intéresse-t-elle seulement le code civil ? A l'évidence, non. Deuxième exemple, la GPA et la PMA sont renvoyées au texte sur la famille, qui nous sera présenté après que vous aurez été habilité à prendre les ordonnances. Notre opposition n'est donc pas de principe, elle s'explique par la volonté de mesurer les conséquences profondes de l'article premier. (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. Charles Revet. - Ce texte, fondamental, qui apporte des bouleversements profonds, ne fait pas l'objet de la procédure accélérée. Madame le garde des sceaux, mettez à profit ce temps pour nous proposer des amendements en deuxième lecture, plutôt qu'une demande d'habilitation à laquelle nous ne pouvons répondre que par oui ou par non. Sur un texte d'une telle ampleur, c'est de bon sens.
M. Philippe Bas. - Je n'ai pas d'objection de principe contre l'habilitation à légiférer par ordonnance qui, comme l'a rappelé M. Longuet, est un apport de la Constitution de 1958. Je relève néanmoins qu'au fil des années, l'interprétation de l'article 38 a été de plus en plus extensive. A l'origine, il portait sur la seule exécution du programme du Gouvernement lorsqu'il devait agir vite. On peut d'ailleurs se demander s'il ne pourrait être utilisé aujourd'hui en matière économique ; mais c'est un autre débat...
La situation est ici bien différente : on dessaisit le Parlement de son pouvoir sans savoir exactement où on va. L'habilitation porte sur « toutes les lois ». Lesquelles exactement ? J'aimerais le savoir. Je n'ai pas envie de signer un chèque en blanc ! (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. Hugues Portelli. - Exclure le code civil ne suffit pas pour une raison très simple : le droit civil l'excède. Effectivement, il y a eu un précédent et, d'ailleurs, nous avions été nombreux à protester.
Je rejoins mon collègue centriste. A titre personnel, je suis hostile dans tous les cas aux ordonnances. Si on les utilise pour transposer des directives, c'est parce que la France est avant-dernière dans le classement européen en la matière. Or les directives comportent des notions juridiques mélangées, anglo-saxonnes notamment, comme celles d'environnement, pour lesquelles il est difficile de trouver la traduction adéquate. Il n'est pas de bonne méthode de recourir aux ordonnances lorsqu'il faut procéder à un travail juridique précis.
M. Jean-Pierre Michel, rapporteur. - Encore une fois, l'habilitation exige le dépôt d'une loi de ratification sous six mois et, depuis la réforme de 2008, qui fut bonne en cela (« Ah ! » à droite), les dispositions deviennent caduques si aucun texte de ratification n'a été déposé sous trois mois. Quant au texte de ratification, les parlementaires conservent la faculté de l'amender. Nous l'avions fait pour la loi HPST, Mme Dini s'en souvent certainement.
Demande de vérification du quorum
M. le président. - J'ai été saisi par écrit d'une demande de vérification du quorum par le groupe socialiste. Nous allons procéder par appel nominatif à l'examen de la validité de cette demande, comme le prévoit l'article 51 de notre Règlement.
Il est procédé à l'appel nominal.
M. le président. - La demande est valide. L'article XIII bis de l'instruction générale du Bureau du 7 octobre 2009 me permet de procéder à la vérification du quorum, assisté de deux secrétaires. J'invite M. Le Cam et Mme Des Esgaulx à venir au plateau.
Il est procédé à la vérification du quorum.
M. le président. - Je constate que le Sénat n'est pas en nombre pour procéder au vote sur les amendements de suppression nos69 rectifié bis et 172 rectifié ter. Je vais donc suspendre la séance. Le vote aura lieu après les questions au Gouvernement.
La séance est suspendue à 13 heures.
présidence de M. Jean-Pierre Bel
La séance reprend à 15 heures.