La ruralité,un atout pour demain à défendre ensemble
Palais du Luxembourg, 28 mai 2003
Clôture de la table ronde Gérard LARCHER
À la lumière de ce que j'ai entendu, la déprime de Queneau est truquée et si Queneau n'a entendu que le silence des champs, c'est manifestement que Queneau n'était pas chasseur, parce qu'il aurait entendu un perdreau rappeler ou tout simplement un certain nombre de bruits de la nature et il aurait compris et il n'aurait pas eu besoin de se nourrir le lithium ou de Prozac - cela n'existait pas à l'époque - pour tromper sa déprime vis-à-vis de la chlorophylle.
Il n'y a d'avenir pour l'espace rural que si on sait lui maintenir une agriculture avec sa dimension économique. Et tout le débat entre le premier et le deuxième pilier est en train de se nouer là, sachant que si l'on oublie le premier pilier et donc le revenu, eh bien la fonction économique, devenant seconde, sera marginale et, malgré le second miracle de la journée, le miracle de la DATAR, eh bien je dois dire que ceci ne suffira pas. Donc revenu, désenclavement, habitat. Si nous voulons que les coiffeurs continuent à créer 5 000 emplois, il va bien falloir donner des perspectives parce que le rural n'a pas, dans certains territoires, à n'accueillir que les maisons de retraite. Le président de la fédération hospitalière que je suis a 1 500 de ces maisons sur le territoire. C'est naturellement nécessaire au nom de la solidarité mais ce n'est pas la seule perspective d'avenir pour le territoire.
Je voudrais simplement terminer en disant : le monde rural est-il encore agricole ? C'est une nécessité et c'est ce combat que nous allons mener les uns et les autres, y compris dans le débat essentiel sur l'OMC où l'on voit le groupe de Cairns avoir ce langage incroyable qui nous ferait porter la responsabilité de l'appauvrissement des plus pauvres. Nous voyons bien que l'attractivité et les moyens que nous y mettrons seront bien ce défi mais que si nous oublions la dimension agricole, eh bien, croyez-le bien, nous aurons une espèce de monde périurbain et, derrière, une absence de vie. Voilà un des enjeux car je n'oublie pas devant un sénateur de l'Orne que mes origines du Bocage Domfrontais me font connaître ce qu'est le territoire rural en difficulté. Et ce territoire rural en difficulté, chers délégués, a besoin d'une politique. Donc je vous souhaite maintenant de débattre, à l'issue de la deuxième table ronde, de l'ensemble de ces questions en remerciant l'ensemble des intervenants, les uns et les autres, de nous avoir apporté leur éclairage et en félicitant à nouveau Ladislas Poniatowski d'avoir suscité un tel débat. Merci.