M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, oui, résolument oui, nous serons prêts dans 143 jours, bientôt 142, à accueillir le monde. Dans moins de cinq mois, nous ferons de Paris 2024 les Jeux les plus iconiques et les plus responsables de l’histoire.
Comme j’ai coutume de dire, il y a quatre dimensions dans la réussite des jeux : l’organisation, la performance des athlètes, l’engagement et l’héritage.
En ce qui concerne l’organisation, nous sommes dans nos « temps de passage » pour la livraison de Jeux exemplaires. Vous l’avez dit, la Solideo est en train de réussir l’exploit de bâtir l’ensemble des infrastructures dans le respect des meilleures exigences sociales et environnementales, tout en respectant le calendrier et le budget : c’est une première dans l’histoire des Jeux et une immense réussite pour notre pays, nation de bâtisseurs. Nous pouvons en être fiers !
Après la livraison de l’Arena Porte-de-la-Chapelle et du village des athlètes la semaine dernière, le village des médias et le centre aquatique olympique seront à leur tour inaugurés, respectivement le 25 mars et le 4 avril prochains.
Sur le plan de la sécurité des jeux, thématique sur laquelle le ministre de l’intérieur est actuellement entendu en audition par une commission du Sénat, tous nos chantiers avancent dans les temps : le soutien du Gouvernement à la filière de la sécurité privée porte ses fruits, avec 16 700 entrées en formation et plus de 10 000 recrutements sécurisés ; les plans de mobilisation de nos forces de l’ordre sont calés ; et la préparation de la cérémonie d’ouverture fait l’objet d’un suivi particulier.
Les périmètres de sécurité et de restriction de circulation définitifs ont été présentés par le préfet de police le 1er mars dernier, pour l’Île-de-France, permettant aux riverains et aux acteurs économiques d’anticiper les impacts. Nous avons par ailleurs annoncé de nouvelles dérogations pour les professions médicales, les livraisons ou encore les maraudes sociales.
En ce qui concerne les transports, la démarche de gestion de la demande a été lancée avec succès et des ateliers territoriaux sont organisés par les préfets pour communiquer au plus près du terrain. Les plans de transports sont stabilisés avec, sur de très nombreuses lignes, une offre renforcée, en moyenne, de 15 % et, si nécessaire, jusqu’à 60 %.
Nos grands chantiers d’infrastructures sont également parfaitement dans les temps, comme en atteste le lancement réussi du nouveau système de pilotage automatisé de la ligne 14, qui sera la colonne vertébrale de la desserte des jeux.
Le dialogue social se poursuit dans le cadre des plans de maintien d’activité des administrations publiques, tout comme celui qui est mené en autonomie par les opérateurs de transports auprès de leurs agents. Nous faisons en sorte que les sujétions spécifiques auxquelles les équipes seront exposées à l’été 2024 soient dûment prises en compte. J’ai pleinement confiance dans l’esprit de responsabilité de chacun, pour valoriser la mobilisation exceptionnelle de tous à l’occasion des Jeux et offrir la meilleure image de notre pays l’été prochain.
Pour ce qui concerne l’accessibilité aux personnes en situation de handicap, je veux saluer le travail collectif mené depuis de nombreux mois. Aux côtés des collectivités et des opérateurs de transport, l’État prend toute sa part, via le cofinancement de la mise en accessibilité des cheminements entre les gares et les sites et la mise en place d’un fonds de 300 millions d’euros, dont 100 millions d’euros seront fléchés prioritairement vers les hôtels, restaurants et petits commerces des villes accueillant les Jeux, dès l’exercice 2024.
Sur les enjeux sanitaires, nous sommes au travail avec les ministres compétents pour que notre système de santé réponde pleinement aux besoins tant des visiteurs que des délégations, et ce sans dégrader l’accès aux soins pour tous nos concitoyens. Par exemple, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ouvrira plus de 300 lits supplémentaires par rapport à un été classique.
Les Jeux sont aussi une occasion unique de renforcer la qualité de l’accueil touristique sur notre territoire et de promouvoir auprès des touristes du monde entier nos savoir-faire : dès le relais de la flamme olympique seront organisés des programmes de tourisme industriel et des marchés de producteurs locaux, en même temps que nous mettrons en valeur de notre patrimoine au travers de plus de 400 villes françaises, y compris en outre-mer.
Nous sommes également prêts, sur le plan diplomatique, à délivrer les 70 000 visas nécessaires à la famille olympique et à veiller au respect de la stricte neutralité des athlètes russes et biélorusses qui concourront, en parfaite collaboration avec le Comité international olympique.
Enfin, la lutte contre les fausses informations et ce qu’il convient de nommer le « JO-bashing » nous impose un effort supplémentaire de pédagogie et de communication, pour faire prendre conscience à chacun de tout ce que les jeux Olympiques et Paralympiques apportent de positif à notre société.
En ce qui concerne la préparation de nos athlètes, les choses se concrétisent et tout est en place pour que nos Bleus « performent », au meilleur de leur capacité, le jour J.
Depuis les Jeux de Rio, l’augmentation de 68 % des moyens mobilisés au soutien de la haute performance porte ses fruits, en positionnant la France au troisième rang des projections indépendantes réalisées sur les jeux Olympiques en nombre de médailles.
Dans le cadre de la phase terminale de la préparation sportive, je réunirai le 18 mars prochain les fédérations olympiques et paralympiques pour continuer à porter avec elle la bonne avancée opérationnelle de notre préparation dans l’ensemble des domaines, de l’antidopage à la gestion logistique de nos délégations.
Sur le sujet de l’engagement, nous sommes prêts à déployer l’ensemble de nos dispositifs pour faire vivre à tous nos concitoyens une grande fête populaire. Je veux le rappeler, nos Jeux seront les plus décentralisés de l’histoire, avec 73 collectivités hôtes.
Dans deux mois, le relais de la flamme marquera le coup d’envoi de l’aventure olympique et traversera près de 70 départements de notre pays. Sur le terrain, j’ai pu encore le mesurer ce matin dans l’Yonne, les acteurs et les élus locaux programment l’ensemble de leurs festivités autour du relais, en complémentarité avec l’Olympiade culturelle et la programmation sportive de la grande cause nationale, qui fait l’objet de plans d’action territoriaux soutenus à hauteur de 4 millions d’euros par mon ministère.
En ce qui concerne les zones de célébration pendant les Jeux, les clubs 2024, plus de 250 projets ont été déposés par les collectivités et doivent maintenant être validés par les préfets, avec pour objectif la meilleure couverture possible de nos territoires et un principe de sécurisation par des moyens exclusivement locaux.
Dans le même objectif de mobilisation de tous les Français, plusieurs grands temps forts se dessinent dans les prochaines semaines : la Semaine olympique et paralympique, la SOP, ainsi que le plan Été olympique et paralympique, pour faire vivre un été exceptionnel de sport à notre jeunesse, avec des séjours, des découvertes et des animations sportives et pédagogiques, tant dans les territoires ruraux que dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), qui compléteront le programme de billetterie populaire, pour lequel l’État, de manière tout à fait inédite dans l’histoire des Jeux, offre 400 000 places, dont 200 000 pour le public scolaire en provenance de toutes les académies de notre pays.
Enfin, pour ce qui a trait à l’héritage, nous sommes prêts à léguer à notre pays plusieurs éléments d’ordre matériel, avec toute une série de transformations du territoire, déjà devenues réalité en Seine-Saint-Denis : des 52 hectares du village des athlètes au franchissement urbain Pleyel, le FUP, les différentes opérations d’aménagement nous permettent de « recoudre » le territoire de la Seine-Saint-Denis. Le FUP sera inauguré dans les toutes prochaines semaines, et nous léguerons 19 bassins de natation à ce département, le plus pauvre et le plus jeune de France, qui a besoin de notre soutien.
Je pense aussi à la « baignabilité » de la Seine et de la Marne et à la prolongation du plan 5 000 terrains de sport par le plan d’équipement Génération 2024 doté de 300 millions d’euros.
Nous léguerons aussi à la Nation un héritage immatériel, en permettant au regard porté sur le handicap d’évoluer, grâce à la mise en accessibilité de toute une série d’infrastructures qui changera la vie des personnes en situation de handicap.
Pour ce qui concerne l’impact de cette édition des Jeux sur la pratique sportive, nous comptons déjà depuis 2017 3 millions de pratiquants supplémentaires. Nous poursuivrons dans cette voie grâce à notre action résolue en faveur de la pratique des femmes, des personnes en situation de handicap, des séniors et des étudiants, et au développement du sport-santé dans l’ensemble de nos territoires, au diapason de notre grande cause nationale !
Vous l’aurez compris, mesdames, messieurs les sénateurs, nous avançons vite et bien. Je compte sur vous pour être, avec nous, les ambassadeurs de cette mobilisation collective au service de la réussite des jeux Olympiques et Paralympiques. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Ahmed Laouedj applaudit également.)
Débat interactif
M. le président. Nous allons maintenant procéder au débat interactif.
Je rappelle que chaque orateur dispose de deux minutes au maximum pour présenter sa question et son éventuelle réplique.
Le Gouvernement dispose pour répondre d’une durée équivalente. Il aura la faculté, s’il le juge nécessaire, de répondre à la réplique pendant une minute supplémentaire. L’auteur de la question disposera alors à son tour du droit de répondre pendant une minute.
Dans le débat interactif, la parole est à M. Claude Kern.
M. Claude Kern. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, « Make it iconic » ! Tel est le nom de la campagne lancée par le Gouvernement afin de renforcer l’attractivité et, au-delà, l’image de notre pays à l’étranger.
Si les jeux Olympiques et Paralympiques ont vocation à servir cette ambition, l’atteinte d’un tel objectif suppose la mise en œuvre d’un cadre logistique d’accueil éprouvé, afin d’assurer, entre autres, la sécurité et le transport des 15 millions de visiteurs qui s’apprêtent à converger vers le territoire francilien et les différentes villes hôtes.
La construction de ce cadre est aujourd’hui en partie assurée par les acteurs de l’industrie des événements professionnels, qui mettent au profit des jeux toute l’expertise et le savoir-faire que l’organisation répétée d’événements d’envergure internationale leur confère.
Un héritage durable est devenu la condition essentielle de l’acceptabilité des JOP par l’ensemble des professionnels mobilisés sur cet événement, mais aussi par l’ensemble des Français concernés.
Or une part essentielle de cet héritage est pourtant négligée. Il s’agit de son volet socioéconomique, qui s’appuie notamment sur les dispositifs de soutien mis en œuvre par le Gouvernement pour accompagner les pratiques des professionnels concernés ayant vocation à rendre l’expérience des touristes sportifs inoubliable.
Cette expérience client passe, entre autres, par un accueil amélioré aux frontières et par un parcours sécurisé des visiteurs après leur arrivée à destination.
C’est cet héritage qui permettra à la France de rattraper le retard qu’elle accuse depuis plusieurs années dans l’accueil d’événements internationaux par rapport à d’autres destinations concurrentes. Nos voisins européens l’ont bien compris : dans ces pays, les acteurs publics et privés des secteurs concernés travaillent main dans la main pour assurer une haute qualité d’accueil et de séjour à leurs visiteurs, touristes et voyageurs d’affaires.
Donnons à la France les moyens de regagner en attractivité et de devenir la première destination mondiale pour l’accueil d’événements internationaux, qu’ils soient sportifs, politiques, culturels ou d’affaires !
Au regard de cet éclairage, et étant entendu que je n’ai aucun doute sur la réussite des Jeux, quels sont, madame la ministre, les moyens mis en œuvre par le Gouvernement afin que cet héritage socioéconomique coconstruit avec les professionnels soit pérennisé au-delà ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Monsieur le sénateur Kern, je vous remercie beaucoup de cette question extrêmement complète, qui couvre l’ensemble des dimensions sur lesquelles la préparation des Jeux a un impact.
Nous avons absolument à cœur que les Jeux nous permettent de faire rayonner les savoir-faire français et, à cet effet, nous portons une ambition forte : celle, d’une part, d’organiser des Jeux responsables, marqués par une dimension sociale affirmée, via la création, dès l’origine, du comité de suivi de la charte sociale et l’implication pleine et entière des partenaires sociaux ; celle, d’autre part, d’être au rendez-vous de nos engagements écologiques – je rappelle que nous nous sommes engagés à livrer les Jeux les plus écologiques de l’histoire, en divisant par deux l’empreinte carbone de cet événement.
Pour réussir dans toutes ces dimensions, nous nous appuyons sur une série de grandes entreprises françaises, mais aussi sur de très nombreuses TPE et PME, au-delà même des engagements que nous avions pris. Ces entreprises de taille petite ou moyenne, dont 90 % sont françaises, représentent ainsi 75 % des seuls marchés du Cojop.
Nous avons développé avec le Cojop un modèle spécifique, celui des EDE, les Event Delivery Entities, qui nous permet de nous appuyer sur de grands acteurs de l’événementiel pour organiser nos opérations dans les différents sites de compétition.
En outre, je m’assure, dans le cadre de l’action diplomatique de mon ministère, que nous aidons nos entreprises à faire rayonner leur savoir-faire à l’étranger : tel est le sens de la French Sport Touch, mais aussi de ces business clubs que nous avons développés et fait vivre, en 2023, à l’occasion de la coupe du monde de rugby ou des championnats du monde de ski alpin de Courchevel et Méribel, et que nous ferons vivre de nouveau lors des Jeux de Paris.
Dans toutes ces dimensions, j’y insiste, nous nous assurons que les savoir-faire français rayonnent et sont mis en valeur sur les territoires, et nous portons de toutes nos forces cette nouvelle norme de grands événements sportifs internationaux durables, sociaux et responsables.
Voilà qui, précisément, nous rend plus forts et plus crédibles.
Monsieur le sénateur, vous évoquiez 2030. Or cette façon d’organiser les Jeux de 2024, ceux de la cohésion, nous rend précisément plus forts et plus crédibles pour défendre jusqu’au succès la candidature des Alpes françaises pour l’organisation des jeux Olympiques d’hiver de 2030, qui, là encore, feront rayonner tous nos acteurs de l’événementiel.
M. le président. Je vous remercie, madame la ministre, d’éviter autant que possible d’utiliser des acronymes et expressions de la langue anglaise : nous sommes le Sénat français ! (M. Pierre Ouzoulias applaudit.)
M. Olivier Paccaud. Excellent !
M. Vincent Louault. Bravo !
M. le président. La parole est à Mme Mathilde Ollivier.
Mme Mathilde Ollivier. Madame la ministre, nous entrons dans le money time (Exclamations amusées.), une période décisive de l’organisation de ces jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. L’échéance approche à grands pas, et plusieurs interrogations demeurent.
Pour ce qui concerne les transports, je m’interroge tout particulièrement au sujet des déplacements internationaux. Un tiers des émissions de gaz à effet de serre liées à l’événement relève des déplacements de voyageurs. Pourtant, semble-t-il, il n’y aura pas d’ouverture de lignes de trains supplémentaires, françaises ou européennes.
Une stratégie a-t-elle été définie pour les flux de voyageurs hors Île-de-France ? Quelle sera la situation des touristes français qui voyageront en train pendant les JO ? Nombreux sont ceux qui doivent passer par Paris pour rejoindre leur destination de vacances… Quelle est la stratégie qui a été retenue pour anticiper une potentielle pénurie de places dans nos trains, alors que, l’année dernière, la plupart de ceux-ci affichaient complet pendant l’été ?
Je regrette que l’on n’ait pas profité de l’occasion pour promouvoir une réelle stratégie d’organisation et de communication autour de l’utilisation du train en Europe.
Pour ce qui concerne la sécurité, la question des effectifs suscite une véritable inquiétude. Il manquerait plusieurs milliers d’agents, s’agissant d’une filière professionnelle caractérisée par des emplois précaires et mal rémunérés, ainsi que par des horaires très contraints. Le rendez-vous étant présenté comme « à risque », le dispositif doit reposer sur des personnes qualifiées et professionnelles. Où en êtes-vous de votre politique de recrutement et de formation de ces agents ?
Je souhaite conclure en revenant sur le sujet de la compétition de surf de Tahiti.
Après de nombreuses alertes quant à la tenue des épreuves de surf à Tahiti, il semblerait que, en décembre dernier, la décision ait été prise de maintenir la construction de la tour des juges. Cette dernière devrait être prête pour le mois de mai. Pourtant, le dernier essai technique avait fortement abîmé le corail.
Sachant qu’un accord a été obtenu entre le président de la Polynésie française et les associations environnementales, disposez-vous, madame la ministre, d’une nouvelle étude d’impact sur le risque suscité par ces épreuves sur la biodiversité ? Où en est la concertation locale à ce sujet ?
Alors que les surfeurs pratiquent leur discipline en symbiose avec la nature et avec l’océan, il serait regrettable que soit ainsi démentie l’ambition écologique affichée des jeux Olympiques et Paralympiques.
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Je vous remercie de votre question, madame la sénatrice Ollivier.
Je veux souligner l’ambition qui est la nôtre sur le plan écologique en prenant l’exemple de notre stratégie relative aux transports.
Vous avez raison de le dire, à l’heure actuelle, quand est organisée une grande compétition internationale, la principale des difficultés reste celle des flux de transport. Il y a en la matière un travail de grande ampleur à mener pour restructurer un certain nombre de circuits mondiaux et apporter, tous ensemble, une réponse coordonnée à cet enjeu.
Cela étant, nous avons pris l’engagement de diviser par deux l’empreinte carbone des jeux Olympiques : les Jeux de Paris seront les premiers alignés sur l’accord de Paris sur le climat.
Cet engagement repose sur un schéma national des mobilités, qui nous permettra d’organiser tous ces flux de transport à l’échelle du pays ; il sera publié, en lien avec les préfets et les collectivités concernées, à la fin du mois de mars.
Nous avons élaboré également des plans de transport, tout particulièrement avec Île-de-France Mobilités (IDFM), qui doivent nous permettre d’assurer pour la première fois une desserte de 100 % des sites de compétition pour 100 % des spectateurs en transports collectifs. Au nombre des infrastructures que nous développons dans le cadre de cette démarche, je citerai la ligne 14 du métro ou le RER E.
L’utilisation du vélo fait également l’objet d’une forte volonté : 415 kilomètres de pistes cyclables relient les sites olympiques, l’objectif étant que la part modale du vélo atteigne les 10 %.
Nous voulons des principes responsables pour l’ensemble des mobilités.
Je conclus en répondant à votre question sur la Polynésie française, madame la sénatrice : il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Les études d’impact ont été menées en concertation avec la population locale, en toute transparence ; elles sont extrêmement riches, complètes et développées.
Les travaux d’installation de la tour des juges ont bien commencé, et nous avons à cœur de ménager au maximum le corail, avec l’interprétation la plus extensive possible du principe de précaution.
M. le président. La parole est à M. Pierre Ouzoulias.
M. Pierre Ouzoulias. Madame la ministre, je souhaite revenir sur la question des transports.
J’ai consulté le site gouvernemental anticiperlesjeux.gouv.fr, qui recommande aux habitants de la région Île-de-France de ne pas emprunter les lignes 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12, 13 et 14 du métro (Sourires.), ni les lignes J, L, N, P et U du Transilien, ni les lignes B, C et D du RER… (Exclamations amusées.)
M. Roger Karoutchi. N’importe quoi…
M. Olivier Paccaud. C’est le confinement !
M. Pierre Ouzoulias. En ce qui concerne les bus, pour l’instant, aucune information n’est disponible !
Voilà qui est assez dissuasif… Au reste, pour ceux qui n’auraient pas tout à fait compris, le prix du ticket de métro va être multiplié par deux, pour passer à 4 euros ; celui du carnet de dix tickets va être multiplié par 2,3, pour passer à 32 euros ; quant au passe Navigo hebdomadaire, il sera vendu 70 euros, soit une multiplication par deux.
Je me mets à la place des personnes qui ne pourront fuir et qui seront obligées de travailler sur place et de subir les encombrements quotidiens des transports, en sus de la hausse des prix que je viens de mentionner.
M. Roger Karoutchi. Ce n’est pas possible !
M. Pierre Ouzoulias. Je ne comprends pas comment vous arrivez au chiffre de 15 % que vous avez cité, madame la ministre. Que signifient ces 15 % ? Cela veut-il dire que, l’offre s’annonçant insuffisante, vous voulez dissuader les Franciliens de prendre les transports pour assurer un service qui, aujourd’hui, n’est pas rendu de façon correcte ?
Il faut que vous nous disiez, au regard de ce qui est écrit sur le site gouvernemental, si vous souhaitez vraiment que les Parisiens restent à Paris pour les jeux Olympiques. (Mmes Chantal Deseyne et Brigitte Devésa applaudissent.)
M. Roger Karoutchi. Tout va bien !
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Je vous remercie de votre question, monsieur le sénateur Ouzoulias.
Il faut bien avoir en tête que nous avons à concilier deux enjeux : tout d’abord, garantir le bon acheminement des spectateurs et des accrédités, qui justifie la mise en place des plans de transport que vous évoquez ; ensuite, minimiser les impacts sur le quotidien des autres usagers.
Nous avons donc développé, pour la première catégorie d’usagers – les spectateurs et accrédités –, des plans de transport qui nous conduisent à renforcer de 15 % en moyenne l’offre de trains. Sur certaines lignes, les renforts d’offre seront de 30 % ; sur d’autres, ils seront de 40 %, de 50 %, parfois même de 60 %. Sur une ligne comme la ligne 9, le nombre de trains en circulation sera supérieur à ce qu’il est lors d’une journée de pointe du mois d’octobre.
Dans le même temps, le site que vous avez évoqué, anticiperlesjeux.gouv.fr, vise à escompter l’impact des Jeux sur la fréquentation des lignes et des stations, de sorte que chacun puisse s’organiser.
S’organiser, cela peut vouloir dire changer de mode de transport,…
M. Roger Karoutchi. Ben tiens…
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre. … anticiper ou retarder un peu son départ ou, en accord avec son entreprise, recourir de temps en temps, certains après-midis, au télétravail (M. Roger Karoutchi manifeste son ironie.). Le contexte va rendre nécessaires pareilles adaptations.
À Londres, la réussite de cette démarche d’anticipation avait permis de diminuer de 15 % le trafic dans les transports en commun et de 30 % le trafic routier. Ce sont ces mêmes objectifs que nous visons en donnant à chacun les outils nécessaires pour bien anticiper et gérer les choses.
De cette manière, nous voulons organiser des Jeux fluides et être au rendez-vous de nos engagements écologiques en privilégiant les transports en commun, mais sans gêner la vie des Franciliens, sans la perturber.
M. Olivier Paccaud. La ministre n’a pas répondu sur les prix !
M. Roger Karoutchi. C’est indécent !
M. le président. La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour la réplique.
M. Pierre Ouzoulias. Madame la ministre, vous ne pouvez pas en même temps demander aux Franciliens de ne pas emprunter neuf lignes de métro et leur dire que vous allez faciliter leurs transports du quotidien : c’est absolument impossible.
C’est la même chose pour le télétravail : ceux qui prendront le métro sont ceux qui seront aux premières loges, totalement mobilisés pour les jeux Olympiques ; vous ne pouvez pas demander à leur entreprise de les mettre en télétravail ! La difficulté est de taille…
Le problème de fond, madame la ministre, c’est celui de l’accessibilité sociale des jeux Olympiques. Je crains que, malheureusement, Paris ne soit pas une réussite dans ce domaine.
M. le président. La parole est à M. Ahmed Laouedj. (M. Michel Masset applaudit.)
M. Ahmed Laouedj. Madame la ministre, nous sommes à l’aube d’un événement sportif international majeur pour notre pays.
Les jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 sont une véritable occasion de célébrer l’excellence sportive et de faire briller la France à l’international.
Toutefois, si cette compétition représente la célébration du sport et de ses valeurs, elle est également source, pour les Franciliens, de nombreuses préoccupations et appréhensions.
En Seine-Saint-Denis, territoire qui concentre 80 % des investissements liés à ces JO, les habitants peinent à s’approprier l’événement.
Alors que notre département doit accueillir des disciplines très populaires comme l’athlétisme ou la natation et qu’il aurait vocation à apparaître comme la véritable vitrine de ces Jeux, il semblerait que ce potentiel ne soit pas exploité, ce qui laisse place, chez les Séquano-Dionysiens, à un sentiment d’anxiété davantage que d’excitation.
D’autres inquiétudes trouvent à s’exprimer, portant notamment sur les infrastructures dédiées aux JO. Seront-elles en mesure d’accueillir les millions de spectateurs attendus ?
Par ailleurs, en Île-de-France, où les transports sont déjà saturés et où la sécurité est une préoccupation constante, sommes-nous prêts à gérer l’afflux de visiteurs et d’athlètes qui vont déferler sur notre région à l’occasion des jeux Olympiques ?
Les transports représentent un défi colossal et, là encore, les inquiétudes sont nombreuses. On s’interroge sur les moyens qui seront mis en œuvre pour garantir une mobilité fluide pendant ces JO. Malgré la création de voies olympiques dédiées, le risque d’embouteillages d’une ampleur inédite en Île-de-France plane sur les Jeux.
Enfin, la question de la sécurité se pose de manière constante.
Madame la ministre, à cinq mois de la cérémonie d’ouverture, bien trop d’incertitudes persistent : comment pouvez-vous rassurer les Français quant au bon déroulement de ces Jeux ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques. Monsieur le sénateur Laouedj, il est en effet extrêmement important pour nous de faire en sorte que ces Jeux aident la Seine-Saint-Denis à se transformer.
J’évoquais précédemment la transformation de son cadre de vie : l’héritage du village olympique procurera aux habitants 3 000 logements, dont 45 % de logements sociaux, des groupes scolaires, des résidences étudiantes, 100 000 mètres carrés de bureaux et des commerces, tout cela parfaitement inséré dans le tissu des trois villes concernées.
Nous léguons aussi à la Seine-Saint-Denis toute une série d’infrastructures sportives ; tel est l’objet du soutien apporté au plan d’équipement du département.
Oui, les infrastructures permettront d’accueillir les Jeux ; le 4 avril prochain sera inauguré le centre aquatique olympique, où auront lieu notamment les épreuves de water-polo, de plongeon et de natation artistique. Vous avez sans doute suivi, mesdames, messieurs les sénateurs, la très bonne performance de notre équipe aux récents championnats du monde de water-polo ; j’en profite pour la saluer.
La Seine-Saint-Denis, je le rappelle, concentre 80 % de l’investissement public que nous consacrons aux Jeux ; voilà qui permettra d’accélérer sa transformation et, par là même, le bien-être de ses habitants. Tous ces effets seront mesurés par des études d’impact au lendemain des Jeux.
Pour ce qui est des transports, je l’ai dit, nous sommes mus par une double volonté de programmation et d’anticipation. Nous avons développé des infrastructures, dont la ligne 14, qui sera l’axe central de la desserte des Jeux, via notamment son extension au nord et les travaux menés autour de la gare de Saint-Denis Pleyel. Quant au franchissement urbain Pleyel, il permettra de fluidifier les échanges entre les populations.
Avec l’outil anticiperlesjeux.gouv.fr, nous donnons à chacun l’occasion de prévoir ses déplacements en communiquant des plages horaires. Aucun mode de transport ne sera bloqué toute la journée ; simplement, certaines plages horaires seront aménagées, régulées, avec toute l’anticipation et toute la visibilité nécessaires.