Mme la présidente. L’amendement n° 22 est retiré.

L’amendement n° 23 rectifié, présenté par M. Folliot et les membres du groupe Union Centriste, est ainsi libellé :

Alinéa 52, tableau

1° Dernière colonne, trente-sixième ligne

Après les mots :

10 PH

insérer la référence :

(…)

2° En conséquence, compléter cet alinéa par une note de bas de page ainsi rédigée :

(…) Une étude complémentaire sur le nombre de patrouilleurs nécessaires à la protection et à la surveillance effective de notre domaine maritime ultramarin sera menée. Les éventuelles unités qui pourraient être commandées devront suivre un schéma de répartition fixant une priorité à l’affectation en outre-mer des nouvelles capacités.

La parole est à M. Philippe Folliot.

M. Philippe Folliot. Cet amendement concerne les éléments de surveillance intéressant notre ZEE et la préservation de notre souveraineté, notamment dans les outre-mer. Nous savons que le nombre de patrouilleurs est largement insuffisant, et nos besoins à cet égard sont à peine couverts.

L’amendement vise à prévoir une étude complémentaire sur le nombre de patrouilleurs nécessaires à la protection et à la surveillance effective de notre domaine maritime ultramarin. Les éventuelles unités qui pourraient être commandées devront suivre un chemin de répartition fixant une priorité à l’affectation en outre-mer des nouvelles capacités. C’est un point essentiel.

Je rappelle simplement que 97,5 % de notre zone économique exclusive dépend des outre-mer et qu’en tonnage 95 % des moyens de notre marine nationale sont basés dans l’Hexagone. C’est un problème ! Il faut avancer sur cette question.

J’en viens à un autre point, monsieur le ministre ; chacun serait déçu si je n’en parlais pas… Il s’agit de l’île La Passion-Clipperton. (M. Michel Canévet opine.)

Le contrat opérationnel, tel qu’il est fixé aujourd’hui, stipule que, tous les trois ans, la marine nationale doit patrouiller dans la zone économique de l’île de La Passion-Clipperton, laquelle s’étend sur 436 000 kilomètres carrés ; elle est plus importante que celle de l’Hexagone – Corse comprise –, qui représente 345 000 kilomètres carrés.

Comment peut-on être crédible et assurer raisonnablement la souveraineté de cette partie du territoire national en y en allant une fois tous les trois ans seulement ? Cette question doit nous faire réfléchir ! Disposer de moyens plus importants, qui seraient prépositionnés dans le Pacifique et en Polynésie française, nous permettrait d’assurer une souveraineté plus effective,…

Mme la présidente. Veuillez conclure, mon cher collègue !

M. Philippe Folliot. … en attendant l’installation d’une base scientifique sur cette île.

Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?

M. Christian Cambon, rapporteur. Je veux d’abord saluer la passion de notre collègue Philippe Folliot pour l’île de Clipperton (Sourires.), site touristique particulièrement fascinant. Il est vrai qu’il faut s’en occuper, je l’ai dit en commission.

Nous accueillons favorablement tout ce qui va dans le sens d’un renforcement de nos moyens. Cet amendement pose néanmoins quelques problèmes, notamment le point visant à demander une étude complémentaire sur le nombre de patrouilleurs nécessaires.

De surcroît, vous semblez préjuger de la conclusion de l’étude qui a été demandée, en donnant priorité aux outre-mer pour l’affectation d’éventuels nouveaux patrouilleurs.

Son message ayant été entendu, je propose à notre collègue de retirer cet amendement ; à défaut, la commission émettra un avis défavorable.

Mme la présidente. Même avis, monsieur le ministre ? (Sourires.)

M. Sébastien Lecornu, ministre. J’ai compris : je dois être bref ! (Nouveaux sourires.)

Mme la présidente. Le temps de parole du Gouvernement est illimité, monsieur le ministre…

M. Sébastien Lecornu, ministre. Madame la présidente, je comprends que vous soyez vigilante au temps de parole, y compris à celui du ministre, et même s’il est illimité.

Premier point : l’argument du tonnage à la mer pourrait biaiser notre raisonnement à l’avenir, si l’on pense par exemple aux satellites ou aux drones, dont nous avons besoin pour les outre-mer. Je vous invite à comparer, pour la surveillance d’une ZEE, le poids d’un drone ou d’un satellite à celui d’un bateau – je cite à dessein des exemples que vous avez pris… (M. Philippe Folliot manifeste sa désapprobation.)

Monsieur le sénateur, vouloir mettre plus de tonnes d’acier à la mer n’est pas le seul gage de sécurité pour les missions de la marine nationale de demain – je parle sous le regard de l’un de mes prédécesseurs, M. Longuet. C’est d’ailleurs pour cette raison – le chef d’état-major de la marine vous l’a dit – que nous sommes particulièrement allants pour ce qui concerne les moyens aériens de la marine nationale. Les mesures de surveillance, notamment en outre-mer, passent aussi par les airs.

Deuxième point : l’arrivée de la première corvette hauturière est prévue dans l’actuel projet de loi de programmation militaire, mais ne l’était pas dans la précédente LPM. En effet, elle répond à des besoins identifiés. Il est clair qu’il faudra poursuivre cet effort dans le projet de LPM pour les années 2030-2035.

Le troisième point concerne les bâtiments de transport légers (Batral). L’Assemblée nationale a souhaité réaliser des études pour faire émerger ce segment, bien connu jadis, mais plus lourd cette fois-ci. En effet, pour naviguer sur une mer agitée ou en haute mer, il faut que les tonnages des équipements soient suffisants.

L’amendement étant satisfait, du fait de l’adoption par l’Assemblée nationale d’un amendement relatif à ce sujet, j’en demande le retrait.

Mme la présidente. Monsieur Folliot, l’amendement n° 23 rectifié est-il maintenu ?

M. Philippe Folliot. Oui, madame la présidente.

Mme la présidente. Je mets aux voix l’amendement n° 23 rectifié.

(Lamendement nest pas adopté.)

Mme la présidente. L’amendement n° 28 rectifié bis, présenté par MM. Folliot, Bonnecarrère, Henno, Le Nay, Longeot et Canévet, Mme Herzog, MM. Patient et Chauvet, Mmes Lopez, Billon et Malet, MM. Détraigne et Mohamed Soilihi, Mme Dindar, M. Kern, Mme Phinera-Horth, M. Lurel et Mme Garriaud-Maylam, est ainsi libellé :

Alinéa 52, tableau

1° Cinquième colonne, quarante-troisième ligne

Après le mot :

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insérer la référence :

(…)

2° En conséquence, compléter cet alinéa par une note de bas de page ainsi rédigée :

(…) Le Gouvernement étudiera la possibilité de faire entrer le sous-marin le Nautile de l’Ifremer dans un schéma dual civil-militaire permettant de poursuivre le développement des capacités militaires dans les grands fonds tout en appuyant la recherche scientifique.

La parole est à M. Philippe Folliot.

M. Philippe Folliot. Cet amendement concerne le Nautile, un bâtiment qui appartient actuellement à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), et qui représente la seule garantie pour notre pays de plonger dans les grands fonds marins.

La France fait partie des rares Nations qui maîtrisent la technologie permettant d’aller dans les grands fonds, à 6 000 mètres de profondeur. Il me semble important de préserver cette capacité ; je ne reviendrai pas sur le drame très récent que tout le monde a en mémoire.

L’Ifremer a décidé de mettre fin aux activités du Nautile à partir de 2028, pour réaliser 1 million d’euros d’économies budgétaires par an. Ainsi, la France va sortir du rang des Nations capables d’explorer les grands fonds pour économiser 1 million d’euros !

On peut se demander – et c’est l’objet de cet amendement – si les enjeux relatifs aux grands fonds ne sont pas duaux, c’est-à-dire à la fois civils, notamment en termes de recherche, et militaires. Nous le savons tous, en matière d’observation, les drones sous-marins ne pourront pas tout faire.

Ainsi, pour conserver notre capacité à plonger dans les grands fonds, celle-ci doit pouvoir être complémentaire, c’est-à-dire duale, civile et militaire. Il me paraît important d’inscrire dans ce projet de LPM que la France s’efforcera de maintenir cette capacité au moyen d’un partenariat civil et militaire, public et privé, afin de conserver le Nautile et de lui assurer un successeur.

Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?

M. Christian Cambon, rapporteur. Il s’agit de mutualiser le sous-marin habité le Nautile entre l’Ifremer et le ministère des armées.

La stratégie de maîtrise des fonds marins du ministère des armées se concentre sur l’acquisition de véhicules autonomes non habités capables de descendre jusqu’à 6 000 mètres de profondeur.

Dans l’attente du développement d’une capacité souveraine, des drones norvégiens sont actuellement testés par la marine nationale. Or la France dispose en effet de compétences historiques dans le domaine des grands fonds marins, notamment grâce à l’Ifremer et à sa flotte océanographique française.

C’est l’Ifremer qui a permis de déployer récemment le Victor 6000, pour tenter de porter secours au submersible qui a dramatiquement disparu près de l’épave du Titanic.

L’Ifremer dispose également du Nautile, sous-marin habité capable de plonger à 6 000 mètres, qui a permis de réaliser de très nombreuses découvertes scientifiques. Or la marine nationale ne dispose pas en propre d’une telle capacité. Comme le Nautile constitue une ressource rare, sa mutualisation civilo-militaire ne peut être qu’encouragée.

Avis favorable.

Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Sébastien Lecornu, ministre. Avis favorable sur cet amendement, sous réserve de sa rectification : il convient de déplacer l’amendement, si vous en êtes d’accord, monsieur le sénateur.

Dans le rapport annexé, un paragraphe est consacré aux fonds marins et à l’innovation. Or, en l’état, les dispositions de votre amendement seraient insérées sous la forme d’une note de bas de page, sous le tableau capacitaire. Je vous invite à le rectifier afin qu’elles figurent, à l’identique, dans le paragraphe relatif à la maîtrise des fonds marins, à l’alinéa 33 du rapport annexé, après la sixième phrase.

Mme la présidente. Monsieur le rapporteur, acceptez-vous de rectifier votre amendement dans le sens proposé par le Gouvernement ?

M. Philippe Folliot. Tout à fait.

Mme la présidente. Je suis donc saisie d’un amendement n° 28 rectifié ter, présenté par MM. Folliot, Bonnecarrère, Henno, Le Nay, Longeot et Canévet, Mme Herzog, MM. Patient et Chauvet, Mmes Lopez, Billon et Malet, MM. Détraigne et Mohamed Soilihi, Mme Dindar, M. Kern, Mme Phinera-Horth, M. Lurel et Mme Garriaud-Maylam, et ainsi libellé :

Alinéa 33, après la sixième phrase

Insérer une phrase ainsi rédigée :

Le Gouvernement étudiera la possibilité de faire entrer le sous-marin le Nautile de l’Ifremer dans un schéma dual civil-militaire permettant de poursuivre le développement des capacités militaires dans les grands fonds tout en appuyant la recherche scientifique.

La parole est à M. Pierre Laurent, pour explication de vote.

M. Pierre Laurent. J’écoute toujours M. Folliot quand il prend la parole. J’ai été sensible à certains des arguments qu’il a développés en présentant ses précédents amendements.

En l’occurrence, nous allons voter contre cet amendement, lequel est significatif d’un risque que je vois advenir : la militarisation de nos politiques relatives aux fonds marins et à l’espace.

Nous laissons disparaître des capacités civiles dans l’indifférence générale. D’abord, on veut arrêter le Nautile, puis on veut lui conférer une utilisation duale, civile et militaire, en étant prêt à mettre de l’argent pour le sauver ! Cela n’est pas sans conséquence, car l’Ifremer travaille, comme nous le faisons dans le domaine civil, en coopération ouverte. C’est la règle de la coopération scientifique internationale.

Si nous assignons des fonctions militaires à ce bâtiment, alors ses fonctions seront par définition restreintes en matière de coopération internationale, puisqu’elles seront en partie couvertes par les règles de la non-coopération militaire, sauf avec les alliés, mais forcément avec d’autres Nations.

Nous passerions d’une situation dans laquelle ce bâtiment participe à des missions de coopération scientifique internationale ouvertes à une autre, où sa capacité d’agir sera considérablement réduite. Voilà où risque de conduire la militarisation de l’espace et des fonds marins ; c’est extrêmement inquiétant. L’exemple du Nautile est, j’y insiste, particulièrement significatif de ce risque.

Je suis favorable à la prolongation du Nautile. Mais pour qu’il puisse faire son travail, investissons 1 million d’euros de plus dans la recherche civile ! Ne militarisons pas sa fonction, car la conséquence sera l’obstruction de la coopération scientifique internationale.

Mme la présidente. La parole est à M. Michel Canévet, pour explication de vote.

M. Michel Canévet. A contrario de l’argumentation présentée à l’instant par M. Laurent, j’estime qu’il faut développer les synergies entre le civil et le militaire, notamment en matière de recherche.

De toute évidence, nous avons tous intérêt à faire progresser l’activité industrielle en France en nous inspirant d’autres pays. Je pense notamment à la Norvège, où les membres de notre mission d’information relative aux fonds marins ont rencontré, l’année dernière, un certain nombre d’interlocuteurs.

Dans des secteurs exigeant des évolutions technologiques extrêmement performantes, nous avons pu constater que la synergie des recherches pouvait conduire au développement d’outils intéressant à la fois le civil et le militaire.

J’y insiste, nous devons encourager de telles démarches tout en tenant compte des besoins de l’Ifremer en vue du renouvellement du Nautile. Il s’agit là d’un outil particulièrement important : on le constate une fois de plus à l’aune des récents accidents survenus en mer.

Mme la présidente. La parole est à M. Philippe Folliot, pour explication de vote.

M. Philippe Folliot. Monsieur Laurent, je tiens à vous rassurer : le Nautile ne sera pas armé ! Éventuellement, il sera employé à des fins de renseignement, par exemple pour inspecter des câbles. Mais, en tout état de cause, il n’a pas la capacité de mener des actions agressives ou létales à l’égard de qui que ce soit : il restera, dès lors, un outil d’observation.

Mme la présidente. Je mets aux voix l’amendement n° 28 rectifié ter.

(Lamendement est adopté.)

Mme la présidente. L’amendement n° 167 rectifié, présenté par MM. Folliot, Bonnecarrère, Henno, Le Nay, Levi, Longeot et Canévet, Mme Herzog, MM. Patient et Mohamed Soilihi, Mme Dindar, M. Lurel, Mme Phinera-Horth, MM. Kern et Détraigne, Mmes Malet, Billon et Lopez et M. Chauvet, est ainsi libellé :

Alinéa 52, tableau, quarante-sixième ligne, dernière colonne

1° Après le nombre :

15

insérer la référence :

(…)

2° En conséquence, compléter cet alinéa par une note de bas de page ainsi rédigée :

Le nombre de Système de drones aériens pour la marine (Sdam) ne peut être inférieur au nombre de navires de la Marine nationale susceptibles d’accueillir ce système, en complément ou en substitution des autres moyens aériens.

La parole est à M. Philippe Folliot.

M. Philippe Folliot. Mes chers collègues, cet amendement a lui aussi pour objet les outre-mer.

Chacun de nos bâtiments dispose de sa propre capacité de surveillance, que ce soit de visu ou par radar. Mais, sur ceux qui ne sont pas à même d’embarquer des hélicoptères, la présence d’un drone permettra de surveiller de plus près ce qui se passe au-delà de l’horizon immédiat.

En ce sens, nous proposons une priorisation d’affectation des drones à mesure qu’ils entreront en service dans les bâtiments de la marine nationale, plus particulièrement dans ceux qui exercent des missions de souveraineté outre-mer.

C’est un enjeu important, qu’il s’agisse de la lutte contre les trafics, de la préservation de la ressource halieutique ou de la défense de l’environnement en général. Toutes les missions assumées par nos différents bâtiments, patrouilleurs ou frégates de surveillance ultramarine, sont ainsi concernées.

Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?

M. Christian Cambon, rapporteur. La commission a examiné cet amendement en détail.

Je rappelle que, pour 2030, le rapport annexé programme dix systèmes de drones aériens pour la marine (Sdam). L’objectif de quinze équipements de cette nature est quant à lui reporté à 2035 ; j’ajoute que ce nombre correspond à celui des frégates de premier rang.

Le Sdam pouvant être utilisé sur d’autres types de bâtiments, une trentaine de systèmes seraient probablement nécessaires pour que l’on puisse atteindre l’objectif fixé par cet amendement, ce qui nous paraît difficilement réalisable.

De surcroît, ces dispositions nous semblent beaucoup trop prescriptives quant à l’usage par la marine de ces moyens.

Mon cher collègue, je vous propose donc de retirer votre amendement car, à l’évidence, votre appel est entendu. À défaut, j’émettrai un avis défavorable.

Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Sébastien Lecornu, ministre. Même avis, madame la présidente.

Mme la présidente. Monsieur Folliot, l’amendement n° 167 rectifié est-il maintenu ?

M. Philippe Folliot. Non, je le retire, madame la présidente.

Mme la présidente. L’amendement n° 167 rectifié est retiré.

L’amendement n° 44 rectifié bis, présenté par MM. Bonneau et J.M. Arnaud, Mmes F. Gerbaud et Billon, MM. Levi et Le Nay, Mmes Saint-Pé et Ract-Madoux, MM. Kern, Détraigne et Duffourg, Mme Gatel et MM. A. Marc et Belin, est ainsi libellé :

Alinéa 52, tableau

1° Quatrième colonne, cinquantième ligne

Remplacer le nombre :

36

par le nombre :

34

2° Cinquième colonne, cinquantième ligne

Remplacer le nombre :

48

par le nombre :

46

3° Troisième colonne, cinquante-sixième ligne

Après le mot :

MALE

insérer les mots :

micro-drones

4° Quatrième colonne, cinquante-sixième ligne

Après le mot :

Reaper

insérer les mots :

+ 200 micro-drones simples et armées

5° Cinquième colonne, cinquante-sixième ligne, et sixième colonne, cinquante-cinquième ligne

Après le mot :

EuroMALE

insérer les mots :

+ 300 micro-drones simples et armés

La parole est à M. François Bonneau.

M. François Bonneau. Dans notre rapport d’information intitulé Se préparer à la « guerre des drones » : un enjeu stratégique, nous avons souligné l’utilisation massive de drones dans un certain nombre de conflits. La guerre actuelle le confirme une nouvelle fois.

Tout en respectant l’enveloppe fixée – nous ne demandons pas de crédits supplémentaires –, il est nécessaire de prévoir une dotation suffisante en drones « sacrifiables », qu’ils soient armés ou non, afin de s’adapter aux nouveaux modes opératoires qui se déploient aujourd’hui.

Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?

M. Christian Cambon, rapporteur. Cet amendement est satisfait par l’adoption de l’amendement n° 124 rectifié de notre collègue Cédric Perrin, dont la portée est beaucoup plus ambitieuse : à ce titre, l’on programme l’acquisition d’au moins 1 800 munitions de ce type.

Mon cher collègue, je vous propose donc de retirer votre amendement. À défaut, j’émettrai un avis défavorable.

Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Sébastien Lecornu, ministre. Même avis, madame la présidente.

Mme la présidente. Monsieur Bonneau, l’amendement n° 44 rectifié bis est-il maintenu ?

M. François Bonneau. Non, je le retire, madame la présidente.

Mme la présidente. L’amendement n° 44 rectifié bis est retiré.

L’amendement n° 21 rectifié bis, présenté par MM. Folliot, Bonnecarrère, Henno, Le Nay, Levi, Longeot et Canévet, Mme Herzog, MM. Patient et Mohamed Soilihi, Mme Dindar, M. Lurel, Mme Phinera-Horth, MM. Kern et Détraigne, Mmes Malet, Billon et Lopez, M. Chauvet et Mme Garriaud-Maylam, est ainsi libellé :

Alinéa 52, tableau

1° Cinquième colonne, cinquante-troisième ligne

Après le mot :

A400M

insérer la référence :

(…)

2° En conséquence, compléter cet alinéa par une note de bas de page ainsi rédigée :

(…) Le Gouvernement devra étudier la possibilité d’une augmentation importante de la flotte d’avions de transport tactique A400M. Cette étude devra déterminer la répartition de ces nouveaux moyens au sein des forces de souveraineté.

La parole est à M. Philippe Folliot.

M. Philippe Folliot. Les élus du groupe Union Centriste sont non seulement très attentifs au prépositionnement de nos forces, mais aussi – nous l’avons dit lors de la discussion générale – soucieux de préserver nos capacités de projection. Or, aujourd’hui, ces dernières sont toutes basées dans l’Hexagone.

Voilà pourquoi cet amendement tend à fixer des priorités d’affectation des futurs A400M, notamment pour assurer un équilibre avec nos outre-mer. J’insiste une fois de plus sur les enjeux stratégiques de notre présence dans l’Indo-Pacifique ; je n’oublie pas non plus la zone Antilles-Guyane. Les Transall n’étant plus en service, nos moyens s’y limitent aux seuls Casa : de ce fait, ils se révèlent souvent assez restreints. Voilà pour les enjeux territoriaux locaux.

Monsieur le ministre, il y va également de l’image de la France et de son rayonnement. Vous l’avez fort justement souligné : dans le cadre de l’opération Pégase, un A400M sera déployé en Nouvelle-Calédonie, d’où il devrait effectuer un certain nombre de missions aux Fidji et dans les pays environnants. À l’évidence, cette posture est utile, mais pour l’heure elle n’est que temporaire : par cet amendement, nous proposons de la rendre permanente.

Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?

M. Christian Cambon, rapporteur. Le présent texte fixe un objectif d’au moins trente-cinq aéronefs au lieu des cinquante prévus par la loi de programmation actuelle. Une augmentation plus substantielle de la flotte pourra bien sûr être envisagée, non seulement pour préserver le programme à l’export, mais aussi et surtout pour répondre à nos besoins de projection, notamment vers l’outre-mer et à partir de celui-ci.

Mon cher collègue, vous soulignez les exploits que l’A400M a pu accomplir, en particulier lors d’opérations de rapatriement à partir de la Polynésie française. Fort de son large rayon d’action, cet appareil est particulièrement adapté à l’Indo-Pacifique.

Les dispositions de cet amendement devront certes être complétées par une étude et les infrastructures exigeront d’être adaptées pour faciliter ce type d’opérations. Pour autant, la commission émet un avis favorable.

Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?

M. Sébastien Lecornu, ministre. Malheureusement, il n’y a pas besoin d’étude sur ce point : c’est une affaire d’enveloppe, et je ne rouvrirai pas notre débat de la nuit dernière…

J’émets un avis défavorable.

Mme la présidente. Je mets aux voix l’amendement n° 21 rectifié bis.

(Lamendement est adopté.)

Mme la présidente. L’amendement n° 283, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

Alinéa 52, note de bas de page (2)

Rédiger ainsi cette note :

(2) Les travaux de rénovation et de pérennisation du char Leclerc seront complétés par ceux portant sur un démonstrateur de char, dans le cadre plus global du système de combat terrestre du futur.

La parole est à M. le ministre.

M. Sébastien Lecornu, ministre. Cet amendement est défendu, madame la présidente.

Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?

M. Christian Cambon, rapporteur. Dans un esprit d’ouverture, la commission émet un avis favorable.

Mme la présidente. La parole est à M. Gérard Longuet, pour explication de vote.

M. Gérard Longuet. Monsieur le ministre, n’ayant pas eu le bonheur de participer aux travaux de la commission, je souhaite connaître votre point de vue sur le maître d’ouvrage de cet élément de combat terrestre lourd.

À ce titre, le français KNDS est associé à l’entreprise allemande Krauss-Maffei. Or les Allemands ont leur propre projet, dans la lignée du char Leopard. Pouvez-vous nous éclairer sur ce point ?

M. Christian Cambon, rapporteur. Il peut le faire ! (Sourires.)

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.

M. Sébastien Lecornu, ministre. Cet amendement a pour objet la rénovation à mi-vie du char Leclerc ; le sujet a déjà été traité et je n’y reviens pas. Votre question porte sur le jour d’après…

M. Gérard Longuet. Vous nous invitez vous-même à la poser !

M. Sébastien Lecornu, ministre. Tout à fait, monsieur le sénateur.

À force de dire que le Rafale sera remplacé par le Scaf (système de combat aérien du futur), on finit par oublier qu’il y aura entre-temps un standard F4 et un standard F5. Il en est de même pour les chars : avant de se lancer dans l’aventure du MGCS (Main Group Contact System), il faut quoi qu’il arrive assurer la rénovation à mi-vie du Leclerc. Les différentes cibles ont été présentées et je n’y reviens pas.

Le MGCS relève effectivement d’une coopération franco-allemande dont l’Allemagne est le chef de file – pour sa part, la France est chef de file pour le Scaf. Nos deux ministères mènent actuellement des discussions franches, qui portent, au premier chef, sur le cahier des charges. En effet, il faut savoir de façon claire ce que l’on attend militairement de ce char.

Le char de 2040 fait l’objet d’un champ de réflexions assez large : est-il habité ou non ? Dans l’affirmative, est-il habité de quatre cavaliers, comme aujourd’hui, ou bien opéré de manière différente ? Se dirige-t-on vers un modèle plus hybride ? Qu’en est-il de la guerre électronique ? Dès lors, quelle est la place des drones, des essaims de drones et du cloud autour du char ?

Les discussions se poursuivent entre les chefs d’état-major des armées de terre de nos deux pays pour formaliser le cahier des charges de nos deux ministères. C’est ce que nous avons exigé pour le Scaf ; évidemment, nous faisons de même pour le MGCS.

J’en viens plus précisément à votre question, qui porte sur le montage industriel. Pour nous, KNDS doit être au cœur du programme. Je défends le savoir-faire de cette entreprise en la matière. On peut lire ici où là dans la presse que Rheinmetall serait meilleur que KNDS pour certaines fonctions, notamment le feu. Mais il suffit de constater le succès actuel du camion équipé d’un système d’artillerie, le canon Caesar, pour se convaincre que les savoir-faire français sont absolument remarquables.

J’apporte une dernière précision : si KNDS a opté pour le format que vous connaissez, avec ses branches française et allemande, c’est aussi pour mener à bien ce projet. Pour nous, il est très clair que le programme doit être confié à KNDS. Évidemment, si vous souhaitez obtenir de plus amples informations, je suis à votre disposition.