SEANCE DU 30 NOVEMBRE 2002
La parole est à Mme Hélène Luc.
Mme Hélène Luc.
Monsieur le ministre, je ne demanderais pas mieux, très sincèrement, que de
vous dire que votre projet de budget est bon et qu'il va permettre à un plus
grand nombre de jeunes de faire du sport. Malheureusement, je ne le pense pas,
je vous le dis d'emblée.
L'année dernière, j'avais voté ce budget. Tout en considérant qu'il était
encore insuffisant, j'avais reconnu qu'il comportait tout de même quelques
grandes idées fortes.
Cette année, il manque d'ambition, et je voudrais vous faire part de mes
inquiétudes sur deux points.
Le premier concerne la suppression des postes d'aides éducateurs, puisque
telle semble être l'orientation suivie. Ces aides éducateurs ne seront pas tous
remplacés. Or j'ai pu apprécier, l'an dernier, l'action qu'ils avaient
menée.
Au lieu de construire des prisons pour les enfants de treize ans...
M. Philippe Nogrix.
Quelle comparaison !
Mme Hélène Luc.
Mais, mon cher collègue, si les jeunes faisaient plus de sport, il y aurait
peut-être moins de délinquance. Je le crois fermement, me fondant sur ce que
j'ai vu sur le terrain.
A Choisy-le-Roi
(murmures sur les travées du RPR et de l'Union
centriste)
, il y a deux cités très difficiles. Moi, je construis ma
conviction à partir d'exemples concrets. Si vous en avez, exposez-les, mais
laissez-moi développer les miens.
Nous avions donc de très gros problèmes dans ces deux cités. Puis, de jeunes
adultes, accompagnés d'aides éducateurs, ont pris les choses en main :
aujourd'hui, plus de 250 jeunes font du football. Je vous assure que la vie de
la cité a changé, même si je ne prétends pas qu'il n'y ait plus jamais de
problèmes. Le conseil général a complètement rénové la cité, construit des
équipements de proximité. Tout cela a été possible grâce à l'action des
aides-éducateurs.
Le second point que je souhaite évoquer porte sur les équipements sportifs.
Vous avez déclaré, monsieur le ministre, que les crédits avaient un peu
augmenté. Pourtant, il reste beaucoup à faire.
Certes, les municipalités et les conseils généraux s'impliquent davantage.
Ainsi, les jeux du Val-de-Marne, organisés sous l'égide du conseil général et
de l'inspection académique, réunissent chaque année plus de 110 000 jeunes. Il
est vraiment très enthousiasmant de voir 2 000 élèves participer à des
compétitions de rollers dans le parc départemental des sports de Choisy-le-Roi,
dont je suis la présidente.
Néanmoins, il faut oeuvrer davantage pour inciter les jeunes à pratiquer un
sport. Certes, il y a l'école, mais ce n'est pas suffisant.
Par ailleurs, je suis inquiète pour le bénévolat. Certes, ce problème existe
depuis plusieurs années. Mais, aujourd'hui, nous sommes souvent obligés, pour
encadrer un match, de solliciter des gens au pied levé. Je vois que vous
opinez, monsieur le rapporteur pour avis. Il faut donc aider et encourager le
bénévolat.
Je connais un responsable de rugby qui va régulièrement dans les écoles pour
promouvoir ce sport ; mais, quand il partira, qu'adviendra-t-il ?
Dans une seule ville, il a réussi à intéresser 150 jeunes qui vont désormais à
l'école de rugby. Si cela pouvait se multiplier dans toutes les villes, un bien
plus grand nombre de jeunes feraient du sport, et un jeune qui fait du sport,
pour moi, c'est déjà une victoire contre la violence. Pour que les jeunes
prennent conscience que, civilement, ils font partie
(M. Philippe Nogrix
applaudit de façon ironique)...
Vous m'applaudissez mais, tout à l'heure, vous me critiquiez...
M. Philippe Nogrix.
Ce ne sont que des lieux communs que vous énoncez !
Mme Hélène Luc.
Non, je parle du terrain, en liaison avec le budget.
Voilà ce que je voulais vous dire, monsieur le ministre. Je vous invite à
venir dans le département du Val-de-Marne constater par vous-même les efforts
que nous faisons. Mais ces efforts, nous aurons bien du mal à les poursuivre
avec la décentralisation, compte tenu des charges que l'Etat veut nous
transférer.
M. Bernard Murat,
rapporteur pour avis.
C'est hors sujet !
Mme Hélène Luc.
Il nous faudra alors rogner soit sur les collèges, soit sur le sport, soit sur
l'aide que nous fournissons pour la rénovation des logements ; or tout est
lié.
M. le président.
Je mets aux voix les crédits figurant au titre IV.
(Les crédits sont adoptés.)
ETAT C
SPORTS
M. le président. « Titre V. - Autorisations de programme : 5 422 000 euros ;