SEANCE DU 26 NOVEMBRE 2002
M. le président.
« Art. 17. - I. - Le code des douanes est ainsi modifié :
« 1° Les tarifs de la taxe intérieure de consommation sur les produits
pétroliers, présentés au tableau B du 1 de l'article 265, sont ainsi modifiés :
DÉSIGNATION des produits |
INDICE d'identification |
UNITÉ de perception |
QUOTITÉ (en euros) |
---|---|---|---|
Supercarburant sans plomb | 11 | Hectolitre | 58,92 |
Supercarburant sans plomb contenant un additif spécifique améliorant les caractéristiques antirécession de soupape | 11 bis | Hectolitre | 63,96 |
Carburéacteur sous condition d'emploi | 13 et 17 | Hectolitre | 2,54 |
Gazole sous condition d'emploi | 20 | Hectolitre | 5,66 |
Gazole présentant un point d'éclair inférieur à 120 °C | 22 | Hectolitre | 39,19 |
Propane liquéfié destiné à être utilisé comme carburant sous condition d'emploi | 30 bis | 100 kg net | 4,68 |
Autres propanes liquéfiés destinés à être utilisés comme carburant | 30 ter | 100 kg net | 10,76 |
Gaz naturel comprimé destiné à être utilisé comme carburant | . | . |
« 1°
bis
Dans le même tableau, après la ligne correspondante au produit
identifié à l'indice 23, il est inséré une ligne ainsi rédigée :
NUMÉRO du tarif des douanes |
DÉSIGNATION des produits |
INDICE d'identification |
UNITÉ de perception |
QUOTITÉ (en euros) |
---|---|---|---|---|
. | Fioul lourd | 24 | 100 kg net |
1,85 |
« 2° Les lignes du même tableau correspondant à la désignation des produits :
"fioul", "fioul présentant une viscosité cinématique à 20 °C inférieure ou
égale à 9,5 centistokes", "fiouls lourds" ainsi que les lignes correspondant
aux produits identifiés aux indices 26, 27, 28 et 28
bis
sont supprimées
;
« 3° Au cinquième alinéa de l'article 265
septies
, les mots : "36,77
EUR par hectolitre pour la période du 21 janvier 2002 au 20 janvier 2003" sont
remplacés par les mots : "36,77 EUR par hectolitre pour la période du 21
janvier 2002 au 31 décembre 2002, et 37,06 EUR par hectolitre pour la période
du 1er janvier 2003 au 20 janvier 2003" ;
« 4° A l'article 266
quinquies
, il est rétabli un 5 ainsi rédigé :
« 5. Le tarif de la taxe est fixé à 1,19 EUR par millier de kilowattheures.
« II. - Les dispositions du I entrent en vigueur le 1er janvier 2003. Elles
n'entraînent pas l'application de l'article 266
bis
du code des douanes.
»
L'amendement n° I-182, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et
les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Supprimer cet article. »
La parole est à Mme Marie-Claude Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
La fiscalité pétrolière constitue toujours un élément déterminant des recettes
fiscales de l'Etat : c'est, en effet, en termes de rendement, le quatrième
impôt derrière la TVA, l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés. A
l'instar de la TVA, c'est un impôt qui est profondément régressif et qui frappe
essentiellement les consommateurs modestes.
Après plusieurs années de quasi-stagnation des droits perçus, l'article 17 du
projet de loi de finances pour 2003 prévoit un accroissement sensible et
relativement indifférencié de ces derniers. Mais ce sont, au final, tous ceux
qui ne peuvent faire prendre en compte leurs frais de transport, à quelque
titre que ce soit, dans leur situation fiscale qui, en final, en
souffriront.
M. le ministre, lorsqu'on examine les différentes mesures prises depuis
l'arrivée du Gouvernement aux affaires, on constate que les dispositions
contenues dans la loi de finances pour 2003 sont susceptibles de dégager 623
millions d'euros de recettes nouvelles, tandis que la suppression cet été du
dispositif de TIPP flottante est à l'origine d'un alourdissement de la TIPP de
634 millions d'euros.
A l'exception évidemment de la prise en compte des moins-values fiscales
enregistrées dans le cadre du collectif budgétaire de fin d'année, c'est donc
plus de 1,2 milliard d'euros - plus de 8 milliards de francs - qui auront ainsi
été « pompés » sur le dos des automobilistes ou des habitants de logements
chauffés au fioul.
Pendant ce temps-là, bien entendu, on nous parle de baisse des impôts... mais
pas souvent, apparemment, de cette fameuse taxe intérieure sur les produits
pétroliers. Il est vrai que certains semblent vouloir l'utiliser à l'avenir
pour financer une partie des transferts de charge liés à la décentralisation, à
l'image de ce qui a pu se faire pour la collectivité territoriale de Corse.
C'est une autre affaire, c'est vrai, mais pas nécessairement très éloignée des
mesures dont nous avons débattu depuis le début de ce débat budgétaire.
Il est quand même étrange de constater que la baisse des impôts ne concerne
aucunement les droits indirects, tandis que l'on tend à alléger l'impôt sur le
revenu des plus riches ou l'impôt de solidarité sur la fortune.
C'est donc aussi au nom d'un nécessaire équilibre entre les mesures fiscales
que nous vous invitons à geler la progression de la TIPP, et donc, mes chers
collègues, à adopter cet amendement de suppression de l'article 17.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
De quoi s'agit-il ? Il est question, d'une part, du
devenir des taxes parafiscales, sujet sur lequel nous aurons sans doute
l'occasion de revenir pour traiter de différents problèmes et, d'autre part, de
l'évolution et de la simplification de la fiscalité des carburants.
Il est bon, monsieur le ministre, que, dès cette année 2003, vous commenciez
avec vos services à aborder l'échéance, rendue inéluctable par la loi organique
sur les lois de finances, de la suppression et du remplacement des taxes
parafiscales. Nous savons tous que la loi organique fixe l'horizon du 31
décembre 2003 pour sortir de ce régime qui a été condamné pour des raisons de «
vertu » budgétaire, dirai-je.
Toutefois, il est important que les organismes qui bénéficient de telles
ressources disposent d'une visibilité car, même si une année est encore
susceptible de se dérouler sous le
statu quo,
le 31 décembre 2003
arrivera vite.
Je profite de cette intervention sur l'IFP pour vous demander si le
Gouvernement a l'intention de prolonger d'une année, du 31 décembre 2003 au 31
décembre 2004, au moins pour tous les centres techniques dont le sort ne serait
pas réglé, la validité de la taxe parafiscale qui les alimente.
Dans le cas contraire, comment comptez-vous compenser la suppression des taxes
parafiscales et par quelles autres ressources ? Sans vouloir plaider - ce qui,
on en conviendra, n'est pas mon habitude - pour le maintien inchangé des
structures et de leurs ressources, il existe néanmoins d'honnêtes gens à la
tête de ces centres qui s'interrogent sur leur devenir et qui ont besoin de
visibilité.
Dans ce contexte, monsieur le ministre, vous oeuvrez utilement avec l'article
17. Le Gouvernement tire en effet les conséquences de la suppression de la taxe
parafiscale, actuellement perçue par l'Institut français du pétrole, qui est la
plus importante, et l'intègre à la taxe intérieure sur les produits pétroliers
et à la taxe intérieure de consommation sur le gaz naturel. Ainsi, le niveau de
la fiscalité de ces produits restera inchangé.
Madame Beaudeau, la suppression de l'article 17 entraînerait une diminution
des recettes de l'Etat de près de 200 millions d'euros qu'il faudrait alors
trouver ailleurs. Chez les riches, me répondrez-vous. La commission, pour qui
cette appréciation est quelque peu subjective, ne peut qu'être défavorable à la
suppression de cet article 17.
En outre, l'instauration de ce nouveau dispositif fiscal s'accompagne - il
faut insister sur cette mesure qui me semble très correcte, pour ne pas dire
généreuse - de l'élaboration d'un avenant à l'actuel contrat pluriannuel
d'objectifs 2001-2005 entre l'IFP et l'Etat prévoyant le maintien en euros
courants de la subvention budgétaire allouée à l'établissement, qui n'a donc
pas lieu de se plaindre. Nous vous en donnons acte, monsieur le ministre, l'IFP
dispose donc d'une visibilité sur ses ressources.
Les dispositions prévues permettront d'anticiper la disparition de la taxe
parafiscale et de simplifier la fiscalité des carburants ; il ne faut pas
supprimer cet article 17, qui est un très bon article.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert,
ministre délégué.
Le niveau de l'accise globale à laquelle sont soumis
les produits pétroliers comprend la TIPP et la taxe parafiscale qui est perçue
au profit de l'IFP. Comme l'a rappelé M. le rapporteur général, la suppression
de cette taxe à compter du 1er janvier 2003 sera compensée, pour l'IFP, par le
versement d'une subvention budgétaire. Le principe de neutralité budgétaire est
donc respecté, puisque cette mesure ne modifie en rien le niveau de l'accise
globale. De plus, cette mesure n'a aucune incidence sur le prix des carburants
à la pompe, les consommateurs acquittant déjà la taxe perçue au profit de
l'IFP.
Madame Beaudeau, ces précisions, qui me semblent de nature à apaiser vos
inquiétudes, devraient vous permettre de retirer votre amendement. Dans le cas
contraire, je serais contraint d'en demander le rejet.
Monsieur le rapporteur général, vous m'avez interpellé, au sens cordial du
terme, sur l'avenir des taxes parafiscales. Avec une élégance de langage qui
vous est coutumière, vous nous avez dit que vous ne remettiez naturellement pas
en cause le vote auquel vous avez activement participé pour la modernisation de
notre constitution financière, mais vous vous êtes toutefois inquiété de
l'incidence de la suppression des taxes parafiscales sur les missions
qu'exercent les différents organismes qui ont à leur tête des gens que vous
avez qualifiés d'« honnêtes ». Le Sénat, qui a voté la loi organique, n'en a
jamais douté ! Le fait qu'ils soient honnêtes est même une certitude.
Dans notre esprit - je le précise pour ceux qui liront le procès-verbal de nos
débats - du point de vue de la démocratie il n'est pas excessif de considérer
que c'est plutôt la représentation nationale qui est compétente pour autoriser
l'impôt. C'est en tout cas la conviction qui continue de nous habiter et c'est
pourquoi je n'envisage pas, à ce stade, de vous demander la prorogation d'une
année de la mesure.
Nous avons le temps devant nous pour travailler afin de faire en sorte que ces
organismes concernés disposent de moyens conformes aux votes que nous avons
émis ensemble et garantissant l'action de ces organismes.
Aucune ambiguïté ne doit subsister. Rien ne serait pire en effet que de
laisser croire à ces organismes que le vote démocratique du Parlement, visant à
ce que ce soit le Parlement lui-même qui autorise les prélèvements de toute
nature, n'était en quelque sorte dû qu'à une pulsion. Le fait que les
prélèvements soient autorisés par le Parlement relève bien d'un principe
démocratique.
Monsieur le rapporteur général, étant donné le génie qui est le vôtre, et
celui de l'équipe qui travaille à vos côtés, nous devrions trouver des
solutions. Dans le cas contraire, nous prendrions les solutions appropriées
mais, personnellement, compte tenu de mon tempérament, je n'imagine pas que
nous ne serons pas en mesure d'y parvenir. Je suis plutôt enclin à penser que
nous réussirons.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° I-182.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 17.
(L'article 17 est adopté.)
Articles additionnels après l'article 17