SEANCE DU 30 NOVEMBRE 2001
M. le président.
Le Sénat va examiner les dispositions du projet de loi concernant les petites
et moyennes entreprises, le commerce et l'artisanat.
La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. Auguste Cazalet,
rapporteur spécial de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Monsieur le président, monsieur le
secrétaire d'Etat, mes chers collègues, si le Gouvernement a souhaité souligner
ses priorités d'action dans ce projet de loi de finances par l'affichage de
budgets en hausse, force est de constater dès lors que les PME, le commerce et
l'artisanat ne figurent pas parmi ces priorités.
Je ne suis pas de ceux qui considèrent qu'il existe un lien mécanique entre
dépense et résultat. Je veux bien admettre qu'un budget sous tension soit
synonyme de gains de productivité et d'une meilleure efficacité de la dépense
publique. Je pense néanmoins que la baisse du budget du secrétariat d'Etat, à
structure constante, de 3,1 % pour des crédits de seulement 61 millions d'euros
est critiquable à double titre.
Cette baisse intervient alors que va venir en discussion devant le Parlement
le projet de loi d'orientation pour les petites entreprises et les entreprises
artisanales. La baisse des crédits du secrétariat d'Etat va ainsi à l'encontre
du signal fort que doit représenter ce texte à l'égard des petites
entreprises.
La baisse du budget du secrétariat d'Etat doit être rapprochée des mesures
proposées par l'article 13 du projet de loi de finances pour 2002, qui institue
un prélèvement exceptionnel de 105 millions d'euros sur les excédents de la
taxe d'aide au commerce et à l'artisanat. Je me bornerai à remarquer que le
montant de ce prélèvement est largement supérieur au total du budget du
secrétariat d'Etat, soit 61 millions d'euros.
Dans ce contexte, la baisse des crédits du secrétariat d'Etat est à tout le
moins inopportune, d'autant que, au sein de ce budget, les crédits d'action
économique baissent de 16,5 %.
Je crois que le secrétariat d'Etat sort aujourd'hui affaibli de la présente
législature. Stagnation de ses effectifs et de son budget, marginalisation de
ses actions au sein de Bercy, absence de synergies avec les autres directions
du ministère, tel est le bilan d'un secrétariat d'Etat qui, depuis 1997, n'a
pas su profiter de sa fusion avec le ministère de l'économie et des finances
pour devenir le « pôle PME » de référence du Gouvernement.
Témoin de cette incapacité, la faible place qu'occupe le secrétariat d'Etat,
seulement 1 % des 5,14 milliards d'euros du jaune budgétaire est consacré à
l'effort financier de l'Etat en faveur des petites et moyennes entreprises.
Le secrétariat d'Etat reste ainsi cantonné à l'action en direction du petit
commerce et de l'artisanat, sans avoir pu étendre son action auprès des autres
types de PME.
Je regrette cette césure, au sein même du ministère de l'économie et des
finances, entre les PME innovantes, qui bénéficient de toutes les attentions,
et les PME qui le seraient moins, celles du commerce et de l'artisanat.
Enfin, j'ajoute que le secrétariat d'Etat ne détient la compétence de principe
ni en matière d'apprentissage ni en matière de crédit aux PME. Il y a là une
très claire limite à son action, que les titulaires du portefeuille ministériel
depuis 1997 n'ont pas pu, ou pas su, lever.
Le secrétariat d'Etat aurait pu, à tout le moins, profiter de son inclusion
dans la sphère de Bercy pour faire preuve de davantage de vertu budgétaire. Il
n'en est rien. L'action de l'Etat en direction des PME du secteur du commerce
et de l'artisanat a pour principale caractéristique la mobilisation d'un
certain nombre d'instruments d'intervention extra-budgétaires dont les dépenses
sont aujourd'hui bien supérieures au budget du secrétariat d'Etat. Ces dépenses
n'étant pas discutées en loi de finances, elles ne bénéficient pas du contrôle
du Parlement.
J'invite le secrétariat d'Etat aux petites et moyennes entreprises à faire
preuve de davantage d'orthodoxie budgétaire et à se conformer aux règles
édictées par son propre ministère de tutelle. J'indique que le transfert d'un
certain nombre de fonds sur les crédits du secrétariat d'Etat n'empêche en rien
de les gérer en relation avec les élus, locaux ou consulaires, et les chefs
d'entreprise !
Je souligne que la souplesse des fonds extra-budgétaires est autant un
inconvénient pour les commerçants et les artisans qu'un avantage : c'est cette
souplesse qui permet au Gouvernement de prélever 105 millions d'euros sur les
excédents de la taxe d'aide au commerce et à l'artisanat !
Je recommande dès lors la suppression des fonds locaux d'adaptation du
commerce rural, dont les crédits sont trop modestes pour être dépensés, et
l'inscription du financement du Fonds national de promotion et de communication
de l'artisanat sur le budget du secrétariat d'Etat, son action étant
inséparable de la politique générale du Gouvernement.
Je recommande également la sanctuarisation du FISAC, le Fonds d'intervention
pour la sauvegarde de l'artisanat et du commerce, en l'érigeant en compte
d'affectation spéciale et en définissant mieux son objet autour d'une mission
d'aménagement du territoire et de solidarité.
Je recommande enfin l'évaluation des actions de l'EPARECA, l'établissement
public d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et
artisanaux.
(Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Gérard Cornu,
rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques et du Plan.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, les
petites et moyennes entreprises ne sont vraiment pas une priorité pour le
Gouvernement. Vous affichez, monsieur le secrétaire d'Etat, des crédits en
hausse de 2,4 %. Mais, à périmètre constant, comme l'a très justement rappelé
notre collègue M. Cazalet, c'est une baisse de 3,1 % qui nous est en fait
proposée.
Ce budget, fort modeste au demeurant puisqu'il dépasse à peine 60 millions
d'euros, s'articule autour de quatre orientations que vous privilégiez.
Tout d'abord, 40 % de cette modeste enveloppe sont destinés à faciliter
l'accès au crédit des PME. Vous avez choisi de redéployer votre intervention en
direction de la garantie d'emprunt, dont vous jugez l'effet de levier
supérieur. C'est votre choix. Je regrette néanmoins l'abandon des prêts
bonifiés, à mon avis plus accessibles et plus adaptés aux besoins des artisans.
J'espère que l'avenir vous donnera raison, car l'accès au financement est, à
mes yeux, une clef du développement et de la pérennité des petites
entreprises.
Vous présentez ensuite l'appui aux actions d'animation économique comme votre
deuxième priorité, mais les crédits correspondants baissent de 16,5 %. Ce
budget, en recul depuis trois ans, atteint en 2002 un niveau notoirement
insuffisant. Je le déplore, au regard du besoin tout particulier des petites
entreprises d'actions collectives menées par les organisations professionnelles
et les chambres des métiers.
Ces structures sont irremplaçables : vous le savez, elles accompagnent les
politiques publiques, notamment le passage à l'euro et la sécurité sanitaire. A
cet égard, le prélèvement de 105 millions d'euros sur l'excédent de la taxe
d'aide au commerce et à l'artisanat, la TACA, est particulièrement choquant. Le
Sénat en a voté l'annulation, et je m'en félicite.
J'estime que ces sommes devraient, au moins en partie, revenir à l'animation
économique du secteur ou à d'autres priorités. Nous le verrons peut-être
ultérieurement lors de l'examen des amendements qui ont été déposés sur
l'article 67
ter
.
Vous consacrez par ailleurs à la formation professionnelle - votre troisième
priorité - plus du quart du budget, ce qui prend toute son importance dans un
contexte de pénurie de main-d'oeuvre qualifiée. Il s'agit d'une initiative
heureuse.
Enfin, votre quatrième priorité budgétaire concerne les contrats de plan
Etat-région. A ce sujet, je relève qu'à peine plus de la moitié des 94,5
millions d'euros prévus sur la durée du XIIe plan - 2000-2006 - ont fait
l'objet d'une programmation budgétaire.
Je dirai également quelques mots du FISAC, ce fonds doté de ressources
extra-budgétaires d'un montant supérieur au budget propre du secrétariat
d'Etat. Cet instrument précieux de développement local, en milieu urbain comme
en milieu rural, est d'une efficacité largement reconnue, c'est pourquoi je
tiens à en assurer la pérennité.
Dans l'esprit de la nouvelle loi organique de 2001, il serait bon de permettre
le contrôle de ce fonds par le Parlement, tout en le « sanctuarisant ». Ainsi,
la commission des affaires économiques soutient la proposition de la commission
des finances de transformer le FISAC en compte d'affectation spéciale.
Mais, plutôt que des crédits budgétaires, la bonne santé des artisans et des
commerçants dépend de leur environnement économique, fiscal et administratif. A
cet égard, je m'inquiète du ralentissement conjoncturel, et je me dois aussi de
souligner trois motifs de mécontentement.
D'abord, le projet de loi d'orientation des petites entreprises et de
l'artisanat, que vous annoncez tant, n'est toujours pas déposé. Sa discussion
ne pourra donc aboutir avant les élections. Il est pourtant urgent de
moderniser la petite entreprise et de favoriser sa pérennité et son
développement.
Ensuite, l'application imminente des 35 heures aux petites et moyennes
entreprises me préoccupe également. Malgré l'assouplissement récent du plafond
d'heures supplémentaires, les 35 heures pèseront lourdement sur leur
compétitivité. Au nom de bien hypothétiques créations d'emplois, vous
sous-estimez gravement les grandes difficultés d'organisation et les surcoûts
qu'impliquent nécessairement l'indivisibilité de l'emploi, les difficultés de
recrutement et l'appartenance à des secteurs à faible potentiel de gains de
productivité.
Enfin, simultanément, les petites entreprises vont devoir passer à l'euro. Le
retrait du franc et l'introduction de l'euro sont des opérations lourdes, qui
méritent compensation. Je compte sur vous, monsieur le secrétaire d'Etat, pour
négocier rapidement avec les banques, fort du soutien des deux assemblées, un
allégement des commissions perçues sur les paiements par carte, qu'il faut
encourager, vous l'avez souvent dit.
Je vous demande aussi d'exonérer de droits d'enregistrement la conversion du
capital à l'euro, qui permet d'arrondir la nouvelle valeur des parts en euros,
et d'octroyer un délai supplémentaire pour les déclarations fiscales et
sociales durant ces premiers mois chargés de 2002.
Partageant toutes ces préoccupations, la commission des affaires économiques a
émis un avis défavorable sur les crédits consacrés aux PME, au commerce et à
l'artisanat dans le projet de loi de finances pour 2002.
(M. le rapporteur
spécial et M. Ostermann applaudissent.)
M. le président.
J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat décidée par la
conférence des présidents, les temps de parole dont disposent les groupes pour
cette discussion sont les suivants :
Groupe du Rassemblement pour la République, 24 minutes ;
Groupe socialiste, 21 minutes ;
Groupe des Républicains et Indépendants, 7 minutes ;
Groupe communiste républicain et citoyen, 6 minutes.
Je vous rappelle qu'en application des décisions de la conférence des
présidents, aucune intervention des orateurs des groupes ne doit dépasser dix
minutes. Je serai intransigeant !
Dans la suite de la discussion, la parole est à M. Ostermann.
M. Joseph Ostermann.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, le
projet de budget du secrétariat d'Etat aux PME, au commerce et à l'artisanat
que nous examinons aujourd'hui subit, contrairement aux apparences et quoi
qu'on en dise, une baisse de 3,1 %. M. le rapporteur pour avis vient de le
rappeler.
Ces crédits et les actions correspondantes sont, en outre, disséminés sur
plusieurs lignes budgétaires, ce qui révèle un manque évident de cohérence de
cette politique.
En effet, force est malheureusement de constater qu'elle est loin d'avoir
l'envergure nécessaire.
Ainsi, comme le souligne notre collègue M. Auguste Cazalet dans son excellent
rapport, les crédits stagnent, alors que le ministère s'est vu attribuer de
nouvelles missions en novembre 2000. Cet élargissement, voire cet éparpillement
des attributions nuit à l'efficacité de la politique menée. Notre collègue M.
Cornu a abondé dans ce sens.
Ce manque de cohérence se retrouve à plusieurs niveaux.
En ce qui concerne, tout d'abord, la création-reprise d'entreprise, et plus
précisément la question de son financement, le Gouvernement analyse
correctement le problème, mais y apporte des réponses contradictoires ou
beaucoup trop timorées.
Ainsi, constatant que la véritable difficulté réside dans l'accès au crédit,
rendu difficile du fait de la frilosité des banques, le Gouvernement propose de
recentrer les crédits sur la dotation affectée au fonds de garantie
d'emprunts.
C'est une mesure positive, tout le monde en conviendra. Il est toutefois
dommage que vous vous soyez arrêté en si bon chemin, monsieur le secrétaire
d'Etat. Votre projet de loi d'orientation en faveur de l'artisanat se fait
toujours attendre, ainsi qu'un certain nombre de mesures simples et efficaces
telles que la réévaluation de la quotité insaisissable prévue par la loi de
1909 à un niveau permettant de protéger l'habitation principale et son
indexation sur l'indice du coût de la construction ou encore la limitation des
possibilités de recours au cautionnement du conjoint.
Pourriez-vous, monsieur le secrétaire d'Etat, nous indiquer l'état
d'avancement de ce projet de loi ainsi qu'éventuellement le calendrier de son
examen par le Parlement ?
Pour compenser ce retard, vous auriez pu adresser un signe fort aux chefs de
petites entreprises en proposant, dans le cadre du présent texte, un certain
nombre de dispositions fiscales simples, afin notamment de faciliter les
transmissions. Ainsi, pourquoi ne pas, d'une part, harmoniser le régime des
sessions de droits sociaux et, d'autre part, permettre le fractionnement du
paiement des droits d'enregistrement ?
Je souhaite maintenant évoquer la politique de simplification des formalités
administratives, monstre du loch Ness !
Là encore, un certain nombre de signes encourageants ont été adressés aux
petites entreprises. On peut citer, par exemple, le relèvement du seuil
d'application du régime fiscal de la micro-entreprise.
En revanche, je ne vois que signes verbaux dans ce que vous présentez comme
une mesure phare, à savoir la dématérialisation des formalités administratives.
Je reste d'autant plus circonspect qu'il ne s'agit nullement de simplification
; les formalités sont en effet non pas supprimées, mais facilitées. En outre,
avant de mettre en oeuvre une telle mesure, ne conviendrait-il pas de favoriser
l'accès des petites entreprises, des commerçants et des artisans aux outils
informatiques et de les aider à se former ? Il me semble qu'il faut procéder
par ordre.
Qu'en est-il aussi de l'état d'avancement du chèque emploi-service dans les
PME, régulièrement évoqué ?
Enfin, pour en terminer avec le thème de l'allégement des contraintes pesant
sur les entreprises, je souhaite aborder les difficultés que pose aux petites
entreprises, et plus particulièrement aux commerçants, le passage à l'euro, que
Gérard Cornu vient d'évoquer : ces derniers se voient, de fait, confier une
mission de service public, mais sans aucune contrepartie financière.
Ne conviendrait-il pas de compenser cette charge supplémentaire en créant un
crédit d'impôt exceptionnel ? Cette mesure serait d'un grand secours pour les
commerçants et, en outre, elle serait peu coûteuse, puisqu'elle ne serait
applicable qu'entre le 1er janvier et le 19 février.
Il est important que les petits commerçants ne soient pas pénalisés. Or, selon
des études réalisées récemment, cela ne semble nullement être le cas. En effet,
des tests grandeur nature réalisés au sein de certaines enseignes ont mis en
avant des taux d'erreur très importants. A ma connaissance, chez McDonald's ce
taux est de 5 % du chiffre d'affaires journalier. Je n'ose imaginer ce qui va
se passer chez les petits commerçants individuels, sachant que le personnel de
ces grandes enseignes a bénéficié d'une formation ! Il conviendrait, par
conséquent, là encore, d'accompagner par un crédit d'impôt exceptionnel la
formation du personnel au passage à l'euro.
Permettez-moi d'évoquer maintenant un autre passage douloureux pour les
petites entreprises, à savoir les 35 heures.
Il s'agit d'une véritable aberration, d'un coup porté à l'économie française
en général et à l'artisanat en particulier. Monsieur le secrétaire d'Etat, je
pense que vous avez bien reçu le message des boulangers ! A entendre ce
message, il m'est revenu à l'esprit un vieil adage : « Le boulanger et
l'artisan travaillent huit heures pour devenir patron. » Vous, vous le faites
travailler seize heures pour qu'ils puissent le rester !
Là encore, monsieur le secrétaire d'Etat, le Gouvernement semble avoir
conscience de l'ampleur et de la gravité du problème, mais la façon dont il
veut le résoudre est tout à fait incohérente.
En relevant par décret à 180 le contingent d'heures supplémentaires - ce qui
est un pas positif - vous effectuez un grand écart. En effet, vous
reconnaissez, d'un côté, le caractère inapplicable de la loi - un tel
contingent revenant à rester aux 39 heures - et, de l'autre, vous vous entêtez
à maintenir une loi inadaptée et vous repoussez le problème à 2004, laissant
ainsi à vos successeurs le soin de le régler à votre place.
Je pense qu'il est temps pour le Gouvernement de faire face à ses
responsabilités avant de casser nos PME car, en s'obstinant ainsi et en
refusant d'admettre ses erreurs, il risque, je l'affirme, de porter gravement
atteinte au dynamisme de notre tissu de petites entreprises.
Rappelons, en effet, que l'artisanat à lui seul représente 10 % de la
population active, soit 2 500 000 personnes, et qu'il a créé, au cours des dix
dernières années, quelque 500 000 emplois stables et très souvent qualifiés.
Enfin, je souhaite le souligner, en dehors du coût, l'une des principales
raisons pour lesquelles les petites entreprises ne peuvent appliquer les 35
heures est qu'elles éprouvent des difficultés à recruter du personnel qualifié,
surtout à temps partiel.
Or, là encore, la politique gouvernementale se révèle incohérente. D'un côté,
on oblige les petites entreprises et les artisans à recruter pour compenser les
35 heures et, de l'autre, on ne porte nullement l'effort sur
l'apprentissage.
En effet, un certain nombre de mécanismes incitatifs ont été récemment remis
en cause. Il en va ainsi de la prime à l'embauche, qui, dans un premier temps,
a été recentrée sur les publics non titulaires du baccalauréat, puis, dans un
second temps, aux entreprises de moins de vingt salariés.
Ces dispositions ont pour conséquence de réduire l'attrait des contrats
d'apprentissage pour les entreprises qui doivent consacrer beaucoup de temps à
la formation de leurs apprentis, temps qui devrait tout naturellement être
compensé financièrement.
Il est vraiment regrettable que le Gouvernement enraye ainsi la dynamique
enclenchée depuis plusieurs années, puisque nous sommes passés de 120 000
apprentis en 1993 à 160 000 en 1999. Le niveau de qualification est lui aussi
en hausse : les niveaux IV et supérieurs sont ainsi passés de 5 % en 1991 à 15
% en 1999. Cependant, plus de 100 000 offres d'emplois qualifiés restent non
satisfaites.
En conclusion, cet ensemble d'incohérences difficilement acceptables montre,
une fois de plus, que les PME, le commerce et l'artisanat ne constituent
nullement la priorité du Gouvernement, alors que ce secteur forme le socle du
dynamisme de notre économie. Cette orientation est d'autant plus dommageable
que les chiffres de la croissance n'incitent nullement à l'optimisme et que,
par conséquent, ce secteur aurait plus que jamais besoin d'être soutenu.
C'est pourquoi le groupe du RPR et moi-même ne pourrons voter les crédits qui
nous sont proposés par le Gouvernement.
(Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. le président.
La parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, le
budget que nous examinons aujourd'hui met en évidence le poids des entreprises,
du commerce et de l'artisanat sur le terrain de l'emploi.
Ce secteur concerne 1,6 million d'entreprises réparties sur l'ensemble du
pays, participant du tissu économique de nos régions et contribuant ainsi avec
vivacité à l'aménagement du territoire.
C'est également dans le cadre du développement local que s'inscrit le FISAC.
Le groupe communiste républicain et citoyen est particulièrement attaché à la
pérennisation du financement de ses actions.
Destiné à rétablir les activités commerciales et artisanales dans les zones
urbaines et à les revitaliser dans les zones rurales, en partenariat avec les
collectivités locales, les chambres de métier, les organisations
professionnelles et le secteur associatif, le FISAC a aussi permis de répondre
à des situations d'urgence, par exemple, lors de l'accident récent de l'usine
AZF de Toulouse, ou bien lors des inondations dans la Somme ou en Bretagne.
Nous notons la progression de 3,5 % de sa dotation pour 2002. Votre budget,
monsieur le secrétaire d'Etat, intègre mieux la question du développement de
nos territoires et esquisse un choix, qu'il convient de poursuivre et
d'amplifier, d'aide aux petites entreprises, jusqu'à présent trop souvent
négligées au profit des grosses entreprises.
Par ailleurs, nous soutenons l'action de votre secrétariat d'Etat concernant
la formation et la promotion des métiers auprès des jeunes, et nous vous
engageons, monsieur le secrétaire d'Etat, à poursuivre la simplification des
procédures administratives.
Partant de cela, le budget du commerce et de l'artisanat, comme d'ailleurs les
sommes engagées en direction des petites et moyennes entreprises, ne constitue
qu'une partie seulement de l'intervention publique dans ces domaines.
Les 61,03 millions d'euros de ce budget, par exemple, pèsent peu par rapport
aux dépenses fiscales mises en oeuvre pour les secteurs du commerce et de
l'artisanat, qu'il s'agisse des allégements d'impôt sur le revenu ou du
remboursement accéléré des crédits de TVA.
Dans les faits, on peut observer, dans un premier temps, que ces crédits
engagés par l'Etat en dépenses directes n'ont qu'une portée relativement
incitative, même si nous pouvons fort bien approuver les sommes affectées à
l'assistance et au conseil des commerçants et artisans ou à la bonification des
crédits bancaires.
De ce point de vue, je me permettrai de rappeler que nous avons défendu, lors
de l'examen de la première partie du projet de loi de finances, un amendement
visant à relever le plafond des livrets CODEVI et à créer une ligne spécifique
de prêts bonifiés.
Nous estimons, en effet, que l'un des obstacles au développement du secteur
commercial et artisanal est l'inégalité d'accès au crédit, que la banalisation
des établissements financiers ces dernières années n'a pas vraiment permis de
réduire.
C'est d'ailleurs à la lumière de cette situation qu'il faut analyser l'une des
questions les plus directement liées à l'actualité : celle de la mise en oeuvre
de la réduction du temps de travail à compter du 1er janvier 2002 pour les
entreprises de moins de vingt salariés.
Si le rapport sur les petites entreprises et les entreprises artisanales,
présenté par deux de nos collègues députés et remis au Premier ministre le 18
octobre dernier, précise que cinquante-deux accords de branche ont d'ores et
déjà été signés dans les secteurs de l'artisanat et du commerce et concernent
2,5 millions de salariés, force est de constater, pourtant, que cette réforme
sociale ne répond pas toujours aux attentes des employés.
Ainsi, dans la grande distribution et les grands magasins, secteurs employant
600 000 salariés, souvent à temps partiel « non choisi », l'application des 35
heures rime trop souvent avec flexibilité et annualisation. J'en veux pour
preuve le nombre important de petits contrats horaires imposés.
La réduction du temps de travail ne peut donc laisser de côté l'aspiration
légitime à moins et à mieux travailler des salariés des petites et moyennes
entreprises des secteurs du commerce et de l'artisanat.
Plus généralement, cela pose deux questions : premièrement, l'aide la plus
adaptée consiste-t-elle à alléger les cotisations sociales ? Deuxièmement,
combien d'emplois seront créés dans ce cadre ?
Car, au-delà de la controverse sur la réduction du temps de travail,
l'efficacité de l'action publique en direction du commerce, de l'artisanat et
des PME se mesure aussi en entreprises maintenues en activité ou développées,
en emplois créés et en investissements réussis.
Un véritable bilan d'efficacité peut ainsi être dressé et recouvrir, dès lors,
une plus juste mesure de l'action publique.
Pour nous, l'ordre des priorités doit donc évoluer et quitter, en quelque
sorte, la primauté affirmée de nouveau ce jour à l'allégement des obligations
fiscales ou sociales.
Ces questions sont au centre du futur projet de loi relatif au commerce et à
l'artisanat que l'on nous annonce pour le début de l'an prochain, et qui a été
précédé par un large appel à contribution, appel entendu notamment par les
organisations consulaires.
Nous souhaitons, pour notre part, que ce texte soit l'occasion de sortir des
solutions habituelles sur ces questions, une bonne partie des difficultés de
nos activités commerciales et artisanales trouvant réellement leur origine dans
l'environnement financier dans lequel elles se déroulent.
Par ailleurs, le volet des conditions de travail et du niveau des salaires
devra figurer dans ce futur projet de loi, car ces questions participent d'une
revalorisation des métiers dans les PME, le commerce et l'artisanat.
Le dernier point sur lequel je souhaite intervenir est celui de l'introduction
de l'euro sous sa forme fiduciaire.
La période de double circulation du franc et de l'euro, du 1er janvier au 17
février 2002, est redoutée par les professionnels du commerce de proximité, car
ils seront en première ligne, si je puis dire, du passage à l'euro, d'autant
que, selon une enquête « Cap euro », menée en septembre 2001 par la chambre de
commerce et d'industrie de Paris, 30 % des PME et 53 % des commerçants
interrogés n'avaient pas envisagé de basculer leur comptabilité à l'euro avant
le 31 décembre 2001, et 20 % des PME pourraient n'être prêtes à passer à l'euro
qu'au deuxième trimestre 2002.
En outre, comme j'ai déjà eu l'occasion de le souligner dans mon rapport pour
avis sur les crédits de la consommation, pour que cet événement ne signifie pas
l'exclusion de certains consommateurs, il faut poursuivre l'effort de pédagogie
et surveiller les prix, afin d'éviter leur dérapage et une perte de pouvoir
d'achat, particulièrement préjudiciable pour les consommateurs les plus
vulnérables.
Monsieur le secrétaire d'Etat, sous le bénéfice de ces quelques observations,
le groupe communiste républicain et citoyen adoptera les crédits que vous nous
présentez.
(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen
et sur les travées socialistes.)
M. le président.
La parole est à M. Dussaut.
M. Bernard Dussaut.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, les
PME, le commerce et l'artisanat sont au coeur d'une actualité particulièrement
riche : la réduction du temps de travail, le passage à l'euro, l'annonce d'un
projet de loi d'orientation attendu depuis près de vingt ans.
Ces entreprises sont des moteurs économiques et sociaux désormais pris en
compte et qui ont leur mot à dire à l'heure des grandes mutations de notre
société. On ne peut plus se contenter de dialoguer seulement avec les grandes
entreprises.
J'aborderai d'abord la question des 35 heures.
On connaît les inquiétudes et la difficulté que suscite la mise en place des
35 heures dans les petites entreprises. Un accord avec le Gouvernement a été
trouvé. Il est le signe du haut degré de responsabilité de ces chefs
d'entreprise, qui ont compris qu'ils ne pouvaient aller à l'encontre d'une des
grandes évolutions de notre société et que, pour demeurer, voire redevenir
attractives, les entreprises devaient s'engager dans cette voie. Ils ont ainsi
montré que les petites et moyennes entreprises étaient incontournables dans les
négociations du dialogue social, qu'elles y avaient toute leur place et qu'il
faudrait désormais compter avec elles.
Le président de l'Union professionnelle artisanale, M. Robert Buguet, l'a
lui-même souligné lors du congrès de l'UPA, auquel vous assistiez, monsieur le
secrétaire d'Etat : « L'ouverture des 35 heures a donné lieu à un dialogue
social qui a permis de mettre sur la table tout un tas de problèmes qui ont pu
être solutionnés » ; il a même ajouté que l'instauration d'un vrai dialogue
avait été « une découverte très importante pour nos entreprises ».
Certes, la mise en place des 35 heures engendre des difficultés, mais elle
permet aussi et surtout une prise de conscience réelle du fonctionnement de
l'entreprise : ces entreprises, souvent familiales, se sentent désormais des
entreprises à part entière, avec tout l'engagement social que cela implique, et
c'est une dimension essentielle pour le développement de ce secteur
d'activité.
Elles sont aussi au centre de l'actualité avec le passage à l'euro. Les
commerçants, les artisans ont conscience que l'euro est une chance pour
relancer la croissance, une chance pour élargir leurs commandes et leurs
débouchés, mais ils s'inquiètent vivement du rôle central qu'ils vont avoir à
jouer, faisant office, en quelque sorte, de bureau de change : ce sont eux qui,
pendant la double circulation, vont introduire les pièces et les billets en
euros et retirer les francs.
Un amendement adopté à l'Assemblée nationale, dans le cadre de la discussion
des articles non rattachés au projet de loi de finances pour 2002, prévoit que
le montant des commissions payées aux banques par les commerçants sur les
paiements par carte bancaire n'augmentera pas d'une année sur l'autre. Mais ce
n'est pas satisfaisant. L'amendement présenté par M. Migaud, qui proposait la
suppression, pendant la période transitoire, de toute commission ou
rémunération sur les paiements par carte inférieurs à 30 euros aurait été
préférable.
C'est dans ce contexte très particulier que s'inscrit le budget pour 2002, un
budget en lui-même modeste, complété par des crédits extra-budgétaires dont les
montants cumulés sont supérieurs aux crédits budgétisés ; je vous fais grâce
des chiffres, qui ont déjà été plusieurs fois exposés.
C'est un budget qui a des orientations bien marquées et qui permettra
d'intervenir favorablement sur la vie quotidienne des petites et moyennes
entreprises.
Tout d'abord, avec la facilité d'accès au crédit, les crédits du fonds de
garantie d'emprunts accordés aux PME vont presque tripler pour 2002. Quant à
l'enveloppe en matière de bonification d'intérêt, elle est normalement en
baisse, les taux d'intérêt se maintenant à un niveau plutôt bas.
L'intervention est également forte en matière de création de petites et
moyennes entreprises : le transfert des crédits de l'Agence pour la création
d'entreprise dans ce budget en est l'illustration la plus frappante.
La mise en place de ce prêt l'année dernière a été une excellente initiative,
car offrir la possibilité d'obtenir un prêt sans garantie ni caution est d'une
réelle pertinence. En effet, l'obstacle majeur au financement réside moins dans
les taux d'intérêt, qui demeurent bas actuellement, que dans le cautionnement,
surtout pour un jeune créateur d'entreprise, ainsi que l'ont constaté avec
justesse Didier Chouat et Jean-Claude Daniel dans leur rapport remis au Premier
ministre le 18 octobre dernier.
Ainsi, au 30 septembre dernier, un peu plus de cinq mille prêts avaient été
octroyés pour un montant de 6 500 euros et, pour 2002, des crédits
supplémentaires seront dégagés.
Toutefois, le nombre de reprises d'entreprise continue de fléchir : elles
affichent un recul de 3 % en 2000, et de 30 % en treize ans. Parallèlement,
cent vingt mille chefs d'entreprise sont âgés de plus de soixante ans et sept
cent mille ont plus de cinquante ans. Nous risquons donc d'être confrontés sous
peu à un nombre important de cessations d'activités.
Monsieur le secrétaire d'Etat, peut-on espérer voir ce prêt étendu à la
transmission et à la reprise d'entreprise, qui sont généralement moins bien
aidées que la création et qui, pourtant, ont de réels atouts, que l'on se place
du point de vue du chef d'entreprise ou de celui de la clientèle ou des élus,
toujours soucieux de se situer dans une perspective de dynamique du territoire
?
L'autre point central dans la vie des petites et moyennes entreprises concerne
l'apprentissage et la formation. A cet égard, il me paraît utile de rappeler
quelques données.
Si la formation profite à un nombre croissant de salariés - 29 % y ont eu
accès en 1999, contre 19 % en 1992 -, des inégalités demeurent. Ainsi, un
ouvrier non qualifié sur huit a reçu une formation, contre un sur deux pour les
cadres ; et les salariés d'entreprises supérieures à cinq cents personnes ont
trois fois plus de chance de suivre une formation que ceux qui travaillent dans
une entreprise de moins de dix salariés.
Des dispositions ont déjà été prises, par exemple la signature, en janvier
2001, d'un accord pour le développement de la formation des salariés et des
chefs d'entreprise de l'artisanat du bâtiment. Le ministère de l'emploi y
consacrera 33 millions de francs sur quatre ans. Mme Guigou a rappelé devant
les artisans, au congrès de l'UPA, que cet accord permettrait de « soutenir la
formation et le développement des compétences dans plus de trois mille
entreprises artisanales et devrait concerner au moins cinq mille salariés,
chefs d'entreprise et conjoints d'artisans ».
Il serait nécessaire d'étendre ce type d'accord à l'ensemble de
l'artisanat.
Par ailleurs, monsieur le secrétaire d'Etat, face à la difficulté de
recrutement d'une main-d'oeuvre qualifiée, peut-on envisager l'ouverture de
l'apprentissage aux plus de vingt-six ans, offrant ainsi une sorte de deuxième
chance aux jeunes qui auraient eu un parcours un peu difficile ? Pouvez-vous
nous dire où en est votre réflexion sur ce point ?
Je le répète chaque année, le rôle des petites entreprises, de nos
commerçants, de nos artisans, est essentiel pour la vie économique de nos
territoires ruraux. C'est pourquoi je comprends l'inquiétude des organisations
professionnelles qui, à la lecture des chiffres, ont pu constater que les
crédits d'animation économique étaient en baisse.
Fort heureusement, le FISAC, dont le succès n'est plus à démontrer, est en
forte progression cette année encore, ce qui porte l'augmentation sur ces
quatre dernières années à 46 %.
Dans le domaine fiscal, les politiques amorcées se poursuivent. Nous ne
pouvons pas laisser dire que rien n'a été fait quand a été supprimée la part
salariale de la taxe professionnelle, quand la TVA a baissé dans le bâtiment,
quand ont été réduits les droits de mutation sur les cessions de fonds de
commerce, quand l'impôt sur les sociétés a diminué de 15 % pour les PME dont le
chiffre d'affaires est inférieur à 7,63 millions d'euros, quand la vignette
automobile a été supprimée, quand les droits de création d'entreprise ont
disparu.
Les prélèvements obligatoires sur les entreprises ont ainsi considérablement
diminué depuis deux ans.
Par ailleurs, en ce qui concerne la protection sociale, le Gouvernement a pris
des dispositions essentielles, saluées par les organisations professionnelles,
que ce soit en matière de simplification et de clarification des démarches ou
en matière de couverture sociale, avec le souci constant d'assurer un accès à
une qualité de soins égale pour tous les Français.
Le régime des indemnités journalières des artisans a progressé et a été étendu
aux commerçants et aux industriels. La loi de financement de la sécurité
sociale de 2001 a aligné le niveau des prestations des artisans, commerçants et
industriels sur celui des salariés du secteur privé. Enfin, des dispositions
allant dans le sens de la simplification des formalités sociales des
entreprises figurent dans le projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 2002.
Depuis quatre ans, le Parlement a également travaillé avec le Gouvernement à
un meilleur accès au marché pour les petites et moyennes entreprises, notamment
avec la loi sur les nouvelles régulations économiques : elle permet un meilleur
équilibre des relations entre les différents acteurs et une protection des
intérêts des petites et moyennes entreprises face aux grands groupes.
Le nouveau code permet d'ouvrir plus largement l'accès des marchés publics aux
PME, de réduire les délais de paiement et de mieux protéger les
sous-traitants.
Enfin, les simplifications administratives se poursuivent. Ainsi, un nombre
important de déclarations annuelles ont été supprimées, et ce sont autant de
facteurs de temps perdu et de tracasseries paralysantes qui ont disparu.
Toutes ces dispositions fiscales, sociales, économiques et administratives
étaient des revendications fortes auxquelles le Gouvernement a répondu.
Monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, ces entreprises, petites
par leur taille mais grandes par leur secteur économique, contribuent à
l'emploi, à la croissance et à la confiance.
Le travail du Gouvernement, tout au long de cette législature, a permis leur
essor et leur développement, en n'omettant jamais de prendre en compte le
retard inquiétant qui avait été pris dans le domaine social. Les avancées sont
plus que significatives.
Monsieur le secrétaire d'Etat, alors qu'il était attendu depuis bientôt vingt
ans, vous avez été le premier à parler, dès votre arrivée au secrétariat
d'Etat, d'un projet de loi d'orientation pour les petites et moyennes
entreprises. Il sera soumis au Parlement très prochainement. Après un bon
bilan, vous ouvrez ainsi d'autres perspectives pour une amélioration de leurs
conditions de développement ; mon collègue et ami Pierre-Yvon Trémel
s'exprimera plus particulièrement sur ce sujet.
Sachez seulement que nous nous félicitons de cette initiative et des efforts
constants du Gouvernement pour aller de l'avant. Le groupe socialiste votera
donc ce budget.
(Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe
communiste républicain et citoyen.)
M. le président.
La parole est à M. Mathieu.
M. Serge Mathieu.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues,
après trois années de baisse et deux années de stagnation, les crédits pour
2002 du secrétariat d'Etat diminuent de 3,1 % à structure constante.
Aux financements du secrétariat d'Etat s'ajoutent ceux du Fonds d'intervention
pour la sauvegarde de l'artisanat et du commerce, le FISAC, qui devraient se
maintenir par rapport à l'an passé, avec 410 millions de francs.
La réalité des chiffres est cruelle, monsieur le secrétaire d'Etat. Elle nous
oblige à vous interroger sur le réel intérêt du Gouvernement pour le secteur
des PME, du commerce et de l'artisanat.
Ce secteur, je tiens à le rappeler, occupe une place fondamentale dans notre
économie et dans notre société.
Il se caractérise par son dynamisme et sa vitalité, dans le respect de la
variété des métiers. Ainsi, en près de vingt ans, les entreprises de plus de
deux cents salariés ont perdu plus de 800 000 emplois. Parallèlement, les
entreprises de moins de vingt salariés créaient plus de 1,2 million d'emplois,
et elles occupent aujourd'hui 37 % de l'effectif salarié, contre 11 % pour les
entreprises de plus de cinq cents salariés.
Plus que cette force économique, l'artisanat et les PME, c'est un savoir-faire
qui sait allier tradition et modernité ; c'est un ensemble de valeurs
auxquelles nous sommes attachés, fait d'indépendance, d'esprit d'entreprise, de
sens de l'effort et d'un souci d'adaptation constant.
Enfin, ce secteur joue un rôle indispensable dans notre société, car les PME
renforcent les liens sociaux et participent de l'aménagement du territoire.
Malgré cela, votre politique économique n'est pas adaptée aux spécificités du
secteur. Elle ne l'était pas les années passées, en période de croissance, et
elle l'est encore moins dans ce budget qui ne veut pas tenir compte du
retournement de conjoncture.
Nos artisans et nos entrepreneurs paient cher des choix aussi dogmatiques que
les 35 heures. Ils sont, en effet, confrontés à un véritable dilemme :
appliquer la loi coûte très cher et pose d'importants problèmes d'organisation
; mais la refuser rendra les recrutements encore plus difficiles, sachant que
les PME ont déjà beaucoup de mal à recruter, en raison de salaires plus faibles
que dans les grandes entreprises.
Face à la pression des entreprises, vous avez assoupli, mais insuffisamment,
le dispositif des 35 heures.
Nos commerçants devront assumer seuls les conséquences du passage à l'euro,
notamment la gestion d'un double fonds de caisse. Et c'est grâce à une
initiative sénatoriale, prise lors de la discussion de la loi portant mesures
urgentes de réforme à caractère économique et financier, la loi MURCEF, qu'a
été mis en place un amortissement exceptionnel des matériels servant à
l'encaissement en euros.
Quant aux dispositions de la première partie de ce projet de loi de finances,
je retiendrai seulement l'article 13, qui instaure, au profit du budget
général, un prélèvement de 105 millions d'euros sur l'ORGANIC, l'Organisation
autonome nationale d'assurance vieillesse de l'industrie et du commerce.
Certes, cet organisme dégage un excédent structurel, mais pourquoi ne pas
l'utiliser pour des programmes ciblés d'aide à l'artisanat ou au petit commerce
?
Plus grave, sur le moyen terme et sur le long terme, de nombreuses difficultés
restent en suspens sans que vous cherchiez à y apporter un début de
solution.
A quand, par exemple, la modernisation du statut de l'entreprise individuelle
? A quand la protection du patrimoine du commerçant ou de l'artisan et la
préservation des droits de son conjoint ? A quand la mobilisation de l'épargne
de proximité ? A quand des conditions de transmission adaptées ? A quand la fin
du saupoudrage des réductions d'impôt ? A quand une réforme structurelle de
notre fiscalité ? A quand une véritable baisse des charges sociales ? A quand
la refonte des aides économiques des collectivités locales ?
A quand une politique dynamique d'aide aux PME pour conquérir des marchés à
l'exportation, comme le préconise notre collègue André Ferrand dans son récent
rapport sur l'expatriation ?
M. François Patriat,
secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à
l'artisanat et à la consommation.
Tout un programme !
(Sourires.)
M. Serge Mathieu.
En résumé, une fois encore, ce budget est sans ambition et ne répond pas aux
préoccupations de nos artisans, commerçants et entrepreneurs.
En effet, alors que, pendant quatre ans, le Gouvernement ne s'est pas
particulièrement soucié des PME et du secteur artisanal, vous avez annoncé un
projet de loi d'orientation pour l'année prochaine. Nous attendons ce texte
avec impatience. Mais, pour l'heure, nous ne pouvons que nous étonner :
pourquoi, dans la perspective d'un projet de loi d'orientation, les crédits
budgétaires sont-ils en baisse ? Doit-on en conclure que certaines dispositions
du projet de loi ne seront pas financées en 2002 ?
Trop de questions restent en suspens, monsieur le secrétaire d'Etat. C'est
pourquoi le groupe des Républicains et Indépendants ne votera pas le budget des
PME, du commerce, de l'artisanat et de la consommation pour 2002.
(Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et
de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. Demuynck.
M. Christian Demuynck.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues,
aborder la question des petites et moyennes entreprises, du commerce et de
l'artisanat dans le cadre de ce projet de loi de finances, c'est nécessairement
pointer du doigt une contradiction structurelle dont nous ne devons pas
minimiser les enjeux.
En effet, comment ce secteur de l'économie française, dont personne ne saurait
remettre en question le rôle moteur dans notre croissance, peut-il ne
bénéficier que d'une demi-politique de soutien budgétaire ?
Les excellents rapports de nos collègues MM. Auguste Cazalet et Gérard Cornu
ont clairement mis en évidence que ce n'est qu'en recourant à une modification
comptable que le secrétariat d'Etat a pu se targuer d'une hausse de 2,4 % des
crédits consacrés aux PME, au commerce et à l'artisanat. En réalité, plusieurs
orateurs l'ont signalé, le budget de 2002 va connaître une baisse
significative, précisément de 3,1 %, puisqu'il passe de 59,6 millions d'euros à
57,75 millions d'euros, ce qui n'est pas le reflet de l'importance stratégique
de ce secteur d'activité.
Il ne s'agit pas pour autant de pratiquer un dénigrement systématique des
mesures proposées.
Un certain nombre de points sont satisfaisants et répondent en partie aux
doléances des artisans et des chefs d'entreprise. Je pense, notamment, à la
simplification des formalités administratives ou au renforcement du soutien à
l'innovation. On espère simplement que ces décisions se traduiront concrètement
dans les faits et sur le terrain.
Néanmoins, ces mesures ne sont pas à la hauteur des difficultés rencontrées
par les PME aujourd'hui et restent insuffisantes pour insuffler le dynamisme
nécessaire à ce secteur essentiel pour l'emploi. Inutile, en effet, de se
réjouir d'une tendance générale à l'augmentation de la création d'entreprises
remarquée depuis 1999, dès lors que cet accroissement de 1,2 % seulement reste
très en deçà de ce que l'on aurait pu attendre avec une croissance de 4 % du
produit intérieur brut.
Face à ces indicateurs, et compte tenu du nouveau contexte économique
international, dont nous subissons de plein fouet les effets, quelles mesures
budgétaires avez-vous adoptées ?
Les crédits pour la formation professionnelle stagnent, alors que tous les
acteurs socioprofessionnels s'accordent à dire que c'est là que réside l'une
des clefs du développement à venir de ces entreprises.
De même, les crédits d'actions économiques sont en forte baisse - de 22,6 % -,
passant de 15 millions d'euros à 12,2 millions d'euros.
Le budget pour l'animation économique, déjà en repli au cours des trois années
antérieures, se révèle désormais insuffisant pour accompagner les PME dans les
actions collectives menées par les organisations professionnelles et les
chambres de métiers.
Enfin, les actions destinées spécifiquement aux PME ont subi une diminution
sensible des aides budgétaires directes dans plusieurs domaines essentiels :
l'agriculture et la pêche, alors que l'on sait à quel point les petits
producteurs et les artisans ont été atteints par les crises sanitaires de ces
dernières années, mais aussi le commerce extérieur, alors que l'implantation
des entreprises françaises à l'étranger est soumise à de lourds handicaps.
Et c'est encore bien pire pour l'éducation nationale, la recherche et la
technologie, dont les crédits aux PME sont passés de 1,43 million d'euros à
0,82 million d'euros, alors que la France connaît d'importants retards sur ses
concurrents en matière d'innovation technologique et de formation
professionnelle.
Face à cette stagnation du budget du secrétariat d'Etat, je m'interroge : où
sont passées les promesses du Gouvernement de constituer un grand pôle
budgétaire et administratif des petites et moyennes entreprises et de
l'artisanat ?
Alors que la création d'une direction des entreprises commerciales,
artisanales et de services, issue de la fusion entre la direction de
l'artisanat, la direction du commerce extérieur et la mission pour les
services, devait permettre la mise en place d'une politique ambitieuse d'aide
aux PME, elle n'a abouti finalement qu'à des mesures parcellaires ou
expérimentales qui n'ont pas apporté de réponses définitives aux difficultés
rencontrées sur le terrain.
D'une part, la pression fiscale et la lourdeur des charges pénalisent les PME,
qu'une série de mesures extrêmement simples permettraient pourtant de soulager.
Je citerai l'application du taux de TVA réduit à 5,5 % pour les activités
d'hôtellerie et de restauration traditionnelle, la réduction de la marge
financière que représente la double immatriculation, à la fois au répertoire
des métiers et au registre du commerce et des sociétés, la réduction de la base
de la taxe professionnelle pour les professions libérales et la simplification
globale des formalités administratives.
D'autre part, les PME doivent être accompagnées plus efficacement dans leur
passage difficile aux 35 heures.
Tandis que les petites et moyennes entreprises revendiquaient plus de
simplicité et de flexibilité, la loi d'orientation et d'incitation relative à
la réduction du temps de travail du 13 juin 1998 les a amenées à davantage de
rigidité dans leur gestion et dans leur mode de recrutement, ce qui a nettement
freiné l'emploi.
Il est donc indispensable que le conseil aux entreprises soit développé et que
le Gouvernement accepte le principe d'une augmentation du contingent d'heures
supplémentaires au-delà de ce qui a été fixé par le décret du 15 octobre
2001.
Enfin, et je sais que cette question occupe au premier chef cette assemblée,
les fonds du FISAC doivent être augmentés et étendus au financement
d'initiatives locales privées, sans lesquelles de nombreux artisans de communes
rurales seraient totalement dépourvus de soutien.
Pour conclure, je voudrais attirer l'attention du Gouvernement sur les
conséquences que pourrait avoir sur le moral des entrepreneurs, des dirigeants
de PME, des commerçants et des artisans un projet de loi de finances qui leur
donnerait l'impression qu'ils sont les parents pauvres de l'économie française,
alors que, en réalité, ils représentent un facteur fondamental de notre
croissance et de notre emploi.
Au moment où les indications économiques montrent des signes forts du
ralentissement de l'activité, il est du devoir du Gouvernement de donner des
moyens suffisants à nos forces vives, afin que s'amorce le plus tôt possible le
mécanisme de la relance. Votre budget, monsieur le secrétaire d'Etat, ne le
permet pas ; je ne le voterai donc pas.
(Applaudissements sur les travées
des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. Trémel.
M. Pierre-Yvon Trémel.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, en
abordant l'examen du dernier budget des PME, du commerce, de l'artisanat et de
la consommation de la législature, comment ne pas souligner que ce budget
concerne un pan essentiel, à tous égards, de notre économie et de notre
organisation sociale ?
Il faut rappeler, en effet, que 99 % de nos entreprises comptent moins de
cinquante salariés : elles sont 2 378 000, hors secteur agricole, elles
réalisent 36 % de la valeur ajoutée et emploient la moitié des salariés de
l'économie marchande, participant largement à la puissance économique de notre
pays.
L'artisanat, lui, représente 2,5 millions d'emplois et se veut la « première
entreprise de France ».
Ainsi, l'artisanat et les petites entreprises constituent un tissu de
microstructures commerciales et de services qui sont au coeur de la vie et du
développement local et façonnent le visage de la France du quotidien.
Rappelons également qu'au regard de la conjoncture qui se profile pour l'année
à venir, avec le double passage à l'euro et aux 35 heures, il est avéré que la
croissance sera, en 2002, principalement tirée par deux moteurs : la
consommation intérieure et le dynamisme des PME.
Au vu de ces éléments, on peut dire, monsieur le secrétaire d'Etat, qu'en
dépit de la modestie de vos moyens vous agissez au coeur de la réussite
économique et sociale de notre pays et que votre action se situe en pleine
cohérence avec les priorités accordées, depuis 1997, à la croissance et à
l'emploi par le gouvernement de Lionel Jospin.
C'est pourquoi il serait assez peu pertinent de nous cantonner à discuter des
crédits qui vous sont affectés pour 2002, soit 61 millions d'euros.
En effet, vous nous présentez un budget d'intervention qui possède un effet de
levier considérable allant bien au-delà de l'enveloppe qui lui est allouée, à
laquelle il faut adjoindre d'importants moyens extra-budgétaires.
Par ailleurs, à l'heure du bilan, il convient de mettre toute évaluation en
perspective sur les cinq années de la mandature, au regard, notamment, de la
politique économique d'ensemble du Gouvernement en faveur des entreprises.
Vos crédits pour 2002 sont appelés à financer essentiellement quatre types
d'actions : la formation dans l'artisanat et le commerce, l'amélioration de la
compétitivité des PME, le financement des bonifications d'intérêt, la
participation à un fonds de garantie.
Deux priorités - l'aide à la formation et les aides à la création - retiennent
notre attention.
L'aide à la formation menée par votre secrétariat d'Etat recouvre des actions
très diverses : analyse des besoins, sensibilisation aux métiers de
l'artisanat, formations de longue durée, formation à la création d'entreprise.
L'effort financier est maintenu à 15,5 millions d'euros, mais il faut savoir
que les crédits consacrés par l'Etat à l'apprentissage sont principalement
inscrits au budget du ministère de l'emploi.
A cet égard - je me plais à le rappeler -, l'un des titres d'excellence de
l'artisanat tient à sa contribution déterminante à la formation professionnelle
par le moyen de l'apprentissage. Faisant fi du cliché de « voie de rattrapage »
qu'on s'obstine à lui accoler, plus de 300 000 jeunes ont choisi cette voie
moderne et exigeante par laquelle, y compris pour les métiers traditionnels,
ils sont formés aussi aux technologies les plus performantes.
L'apprentissage représente le « coeur nucléaire » de ce secteur : un artisan
sur deux est un ancien apprenti, un apprenti sur deux créera sa propre
entreprise. Comment, dès lors, contester que l'apprentissage est une « grande
école », celle des entrepreneurs, et qu'il mérite tout notre soutien ?
Pourtant le problème du financement de l'apprentissage reste un sujet de
préoccupation, monsieur le secrétaire d'Etat ; j'aimerais recueillir votre
sentiment sur ce point et, tout particulièrement, connaître les suites qui
seront données aux mesures adoptées dans la loi de modernisation sociale.
Concernant les aides à la création d'entreprise, celles-ci offrent désormais
un panel assez complet de mesures : création de l'Agence des petites et
moyennes entreprises, l'ADPME ; accès au crédit, avec les bonifications
d'intérêt, les fonds de garantie d'emprunts de la SOFARIS, la Société française
pour l'assurance du capital-risque et les prêts à la création d'entreprise, les
PCE ; recours à l'APCE, l'agence pour la création d'entreprise ; allégement des
charges...
L'année 2000 a été une bonne année pour la création d'entreprises. Auriez-vous
des informations sur les tendances observées pour l'année 2001, monsieur le
secrétaire d'Etat ?
Comme l'a dit mon ami Bernard Dussaut, il nous faut aussi accorder beaucoup
d'importance à la transmission des entreprises. Trop d'entre elles meurent
faute de repreneurs, et des « savoir-faire » disparaissent dans nos villes et
dans nos communes. Or 40 % des chefs d'entreprise ont plus de cinquante ans.
Vous êtes très sensible à cette situation, monsieur le secrétaire d'Etat, nous
le savons. Ne pensez-vous pas qu'il conviendrait d'accentuer les efforts en
faveur de la transmission ? Je souscris sur ce point à la suggestion, qui a été
formulée ailleurs, de faire renaître, par exemple, des centres
interprofessionnels de formation des apprentis, des CIFA, dans une « nouvelle
version ».
Je m'arrêterai brièvement sur quelques points d'actualités qui ont déjà été
évoqués à cette tribune.
Le premier concerne l'aide au passage à l'euro. Le secteur du petit commerce
et de l'artisanat nous sollicite fortement afin qu'un certain nombre de mesures
de facilitation soient prises.
Je sais que certaines de ces demandes ne sont pas recevables, mais je connais
aussi, monsieur le secrétaire d'Etat, l'extrême attention que vous portez à ce
dossier et votre capacité d'influence pour que des solutions adaptées aux
petits commerçants et artisans puissent être mises en place par le réseau
bancaire et par l'Etat. Peut-être pourrez-vous nous en dire plus à cet égard
?
Autre domaine très sensible : le passage aux 35 heures pour les entreprises de
moins de vingt salariés. De très nombreux accords de branche sont d'ores et
déjà passés. Des mesures d'assouplissement ont été prévues par le décret du 15
octobre dernier. Elles étaient nécessaires au regard, notamment, des
difficultés de recrutement que des entreprises connaissent déjà dans certaines
activités et dans certains bassins d'emplois ; mais nous ne devons pas nous
tromper de siècle. Nous devons aussi être très conscients que le passage aux 35
heures peut être un facteur d'attractivité, de dynamisme pour les PME. C'est
ainsi que nombre d'entre elles l'interprètent.
Des difficultés subsistent dans certaines branches, et nous connaissons votre
volonté de travailler branche par branche, secteur par secteur. De nouveaux
assouplissements qui concerneraient certains métiers de bouche ont été
annoncés. Pourriez-vous nous apporter des informations à ce sujet ?
Le FISAC est régulièrement évoqué à l'occasion de la discussion de votre
budget. L'augmentation de ses crédits depuis quatre ans va de pair avec un
recentrage de leur utilisation sur la politique des territoires. C'est une
bonne chose, et cette politique est un succès ; mais cela se traduit parfois
par des délais d'attente trop longs dans l'attribution des crédits. Ne
pensez-vous pas, monsieur le secrétaire d'Etat, qu'une gestion déconcentrée,
accompagnée d'un renforcement des moyens humains des délégations régionales au
commerce et à l'artisanat, les DRCA, atténuerait cet inconvénient ?
Enfin, la discussion budgétaire offre l'occasion de ranimer le débat autour
des ressources des chambres de métiers. L'Assemblée nationale a porté le droit
fixe à 99 euros ; nous allons discuter dans un instant un amendement qui vise à
le relever à 107 euros. Peut-être pourriez-vous, monsieur le secrétaire d'Etat,
prendre l'initiative d'un bon compromis ?
Mes amis et collègues députés, Didier Chouat et Jean-Claude Daniel, ont remis
le 18 octobre dernier au Premier ministre un très bon rapport en introduction à
la réflexion sur le futur projet de loi d'orientation. Ce rapport ambitionne de
remettre « l'homme au coeur de l'économie » et appelle à une volonté politique
forte à l'égard des entreprises artisanales et des petites entreprises. Il
formule plusieurs propositions : former, accompagner, financer, informer, mais
aussi simplifier, faciliter, mutualiser et territorialiser. Ce rapport a été
très bien reçu par la profession et a fait naître de grands espoirs.
Vous pourrez certainement nous éclairer, monsieur le secrétaire d'Etat, sur la
date de la présentation en conseil des ministres du projet de loi d'orientation
et sur celle de son dépôt au Parlement.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous êtes arrivé à votre poste voilà un peu
plus d'un an. Vous avez beaucoup visité, beaucoup observé, beaucoup écouté.
Vous vous êtes beaucoup engagé pour améliorer certains dispositifs, comme ceux
qui concernent l'animation économique, et pour apporter les assouplissements
nécessaires dans le passage aux 35 heures.
En raison même de ce volontarisme, dont nous vous savons gré, il faut que vous
puissiez présenter devant le Parlement le projet de loi d'orientation que vous
avez voulu.
Le dynamisme des PME est celui de la France. Pour elles, nous savons pouvoir
compter sur votre dynamisme, comme vous pouvez compter sur nous pour voter les
crédits que vous nous présentez.
(Applaudissements sur les travées
socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président.
A la demande du Gouvernement, nous allons interrompre nos travaux quelques
instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à seize heures cinq, est reprise à seize heures
dix.)