SEANCE DU 14 NOVEMBRE 2001
M. le président.
« Art. 10 A. - I. - Il est inséré, avant la sous-section I de la section 3-1
du chapitre II du titre VI du livre Ier du code de la sécurité sociale, un
article L. 162-14-1 ainsi rédigé :
«
Art. L. 162-14-1
. - La ou les conventions prévues aux articles L.
162-5, L. 162-9, L. 162-12-2, L. 162-12-9 et L. 162-14 définissent les
engagements, collectifs et individuels, des signataires, le cas échéant
pluriannuels, portant notamment sur l'organisation des soins, sur l'évolution
des pratiques et de l'activité des professions concernées ; la ou les
conventions définissent à cet effet les mesures de toute nature propres à
assurer le respect de ces engagements et en particulier les modalités du suivi
pluriannuel de l'évolution des dépenses de la profession concernée ; elles
précisent également les actions d'information, de promotion des références
professionnelles opposables et des recommandations de bonne pratique ou
d'évaluation des pratiques ainsi que les dispositions applicables en cas de
non-respect des engagements.
« II. - L'article L. 162-15-2 du même code est ainsi modifié :
« 1° Dans le dernier alinéa du I, les mots : "ou à défaut d'annexe pour l'une
des conventions," sont supprimés ;
« 2° Le premier alinéa du II est ainsi rédigé :
« En l'absence de convention pour l'une des professions mentionnées aux
articles L. 162-5, L. 162-9, L. 162-12-2, L. 162-12-9, L. 162-14 et L. 322-5-2,
la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés et au
moins une autre caisse nationale assurent le suivi des dépenses lors de la
fixation de l'objectif des dépenses mentionné au I et au moins deux fois dans
l'année ; une première fois au vu des résultats des quatre premiers mois de
l'année et une seconde fois au vu de ceux des huit premiers mois de l'année.
»
La parole est à M. Cazeau.
M. Bernard Cazeau.
L'insertion dans le projet de loi de l'article 10 A résulte de l'adoption d'un
amendement par l'Assemblée nationale. Sa rédaction a été inspirée par la
concertation engagée sur l'initiative de Mme Guigou et de vous-même, monsieur
le ministre, avec les professionnels de la santé au cours de l'année 2001,
concertation que l'on a pris l'habitude de désigner par l'expression « Grenelle
de la santé ».
Cet article tend à ouvrir à ces mêmes professionnels la possibilité de passer
contrat, collectivement ou individuellement, avec les caisses. Il définit, en
outre, les mesures propres à assurer le respect de ces engagements.
En effet, deux grands axes sous-tendent les treize propositions relatives à la
réforme des soins de ville qui viennent d'être présentées aux professionnels de
la santé.
Le premier axe a trait à la place des professionnels dans l'organisation des
soins : nous retrouvons certaines des propositions que j'ai évoquées dans le
présent texte ou dans le projet de loi relatif aux droits des malades et à la
qualité du système de santé, que vous avez déjà présenté, monsieur le ministre,
à l'Assemblée nationale et qui viendra en discussion au Sénat dans quelques
semaines.
Le second axe touche à la restauration du cadre conventionnel, dont l'article
10 A constitue la « première pierre ».
A cet égard, un dispositif à trois étages est prévu : d'abord, une convention
interprofessionnelle édictant les règles communes à l'ensemble des professions
de santé ; ensuite, des conventions nationales par profession telles qu'elles
existent aujourd'hui ; enfin, des conventions particulières, qui préciseraient,
au travers de contrats types différents, des modalités innovantes et de bonnes
pratiques.
Il est indéniable, et chacun le ressent aujourd'hui, monsieur le ministre, que
le dialogue avec les professionnels de la santé doit être sinon rénové, du
moins renforcé, par le biais d'un système conventionnel qui soit accepté par la
grande majorité des intéressés, ce qui n'est pas encore tout à fait le cas
aujourd'hui. C'est à ce prix qu'un certain nombre de bonnes pratiques, par
exemple en matière de prescription médicamenteuse, pourront porter leurs fruits
sur le plan financier.
Devant la majorité sénatoriale, que j'ai sentie quelque peu nerveuse cet
après-midi, je ne saurais mieux illustrer cette nécessité de négocier qu'en
citant M. Alain Juppé, qui est intervenu récemment à Bordeaux lors du congrès
des unions régionales des caisses d'assurance maladie.
La Tribune
en a
d'ailleurs rendu compte, M. Juppé ayant dressé, selon ce journal, « un bilan
nuancé de son plan "sécu 96" ».
A l'époque, rappelle M. Juppé, « il y avait le feu dans la maison sécurité
sociale, et notamment dans la pièce assurance maladie, avec un déficit
prévisionnel de 100 milliards de francs et une dette du régime général de 247
milliards. »
« Je reconnais, ajoute-t-il, que les mesures d'urgence - RDS, accords
restrictifs avec les laboratoires pharmaceutiques, sanctions des médecins en
cas de dépassement - n'ont pas toujours été mises en cohérence avec la
philosophie du plan lui-même et qu'elles ont mis le feu aux poudres, car les
pénalités de départ ont été ressenties comme une sanction collective, injuste
et brutale, et c'est cela qui a bloqué le système. Sans doute ai-je eu tort
d'insister. » On peut toujours se repentir !
« Avec le recul, poursuit M. Juppé, j'ai conscience qu'il est illusoire de
développer un système de régulation sans l'accord et la concertaion du corps
médical. »
Je ne saurais mieux dire, monsieur le ministre, pour inciter le Gouvernement à
approndir cette concertation. Dans cette optique, les propositions qui vous ont
été présentées et auxquelles je me suis référé constituent une avancée
importante : les professionnels devront les examiner avec attention et
réfléchir à deux fois avant de les repousser. J'espère que l'on pourra ainsi
élaborer un conventionnement qui soit le plus large possible.
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 7 est présenté par M. Vasselle, au nom de la commission des
affaires sociales.
L'amendement n° 47 est présenté par Mme Bocandé, M. Franchis et les membres du
groupe de l'Union centriste.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
« Rédiger comme suit l'article 10 A :
« L'article 24 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 (n°
99-1140 du 29 décembre 1999) est abrogé. »
La parole est à M. Vasselle, rapporteur, pour présenter l'amendement n° 7.
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
La commission des affaires sociales propose au Sénat de ne
pas retenir la rédaction présentée par le Gouvernement pour l'article 10 A et
adoptée par l'Assemblée nationale et de supprimer l'article 24 de la loi de
financement de la sécurité sociale pour 2000, qui prévoyait la mise en oeuvre
du dispositif des lettres clés flottantes, c'est-à-dire de la sanction
collective à laquelle vient de faire allusion M. Cazeau.
Les mesures qui avaient été prises par M. Juppé mettaient en jeu non pas les
lettres-clefs flottantes, mais un système de sanctions collectives
s'apparentant aux dispositions que Mme Martine Aubry a ensuite présentées en
son temps : il ne s'agissait donc que de prolonger, selon des modalités un peu
différentes, un dispositif qui avait été mis en place par le précédent
gouvernement.
Cela étant, l'article 10 A marque une grande ambition, puisqu'il vise ni plus
ni moins que la rénovation du cadre conventionnel et du dispositif de
régulation des soins de ville.
Sur le fond, il paraît bien difficile de se prononcer sur une rédaction qui
reste encore très floue et dont on sait d'ores et déjà qu'elle ne constitue
qu'une esquisse ayant vocation à être profondément remaniée d'ici à la nouvelle
lecture du projet de loi à l'Assemblée nationale, du moins si je m'en tiens aux
déclarations faites par le Gouvernement sur ce sujet. M. Kouchner pourra
peut-être infirmer ou confirmer ce point.
L'écart est d'ailleurs important entre le dispositif normatif voté par
l'Assemblée nationale, dont le contenu est pour le moins succinct, et les
intentions réformatrices affichées par le Gouvernement.
De l'aveu même de celui-ci, le dispositif proposé reste encore à l'état
d'ébauche. Le Gouvernement semble retenir l'idée, avancée notamment par le G
14, lequel rassemble un certain nombre de syndicats de professionnels de la
santé, d'une architecture conventionnelle à trois niveaux, qui comprendrait un
socle conventionnel commun à toutes les professions et des conventions
collectives par profession, auxquels s'ajouteraient par la suite des contrats
individuels que pourraient négocier les médecins désireux de s'engager dans une
démarche d'amélioration de la qualité des soins en échange de rémunérations
forfaitaires complémentaires.
Toutefois, cet article ne tranche ni la question du mode de régulation des
dépenses ni celle des responsabilités respectives de l'Etat et de l'assurance
maladie dans cette régulation. Du moins, les précisions nécessaires ne sont pas
encore apportées en l'état actuel de la rédaction de l'article.
Le mécanisme pernicieux des lettres clés flottantes, que j'ai déjà évoqué lors
de la discussion générale, est maintenu, même si, à en croire les déclarations
de Mme Guigou, il ne s'appliquerait plus aux professionnels ayant accepté le
système conventionnel.
Sur la forme, la méthode s'avère peu respectueuse des droits du Parlement et
ne témoigne finalement que d'un faible souci de concertation avec les
professionnels de la santé, à qui l'on demande un avis sur une disposition qui
a déjà été votée par l'Assemblée nationale.
Après une année de concertation, le Gouvernement esquisse donc, dans
l'improvisation la plus totale, un dispositif inachevé et incomplet, mais
auquel s'opposent déjà, nous le savons, une bonne partie des professionnels de
la santé.
Pour sa part, la commission propose au Sénat d'adopter un amendement
substituant à la rédaction proposée l'abrogation de l'article 24 de la loi de
financement de la sécurité sociale pour 2000. L'adoption de cet amendement
entraînerait donc la suppression du dispositif des lettres clés flottantes, qui
constitue à nos yeux un préalable indispensable à la reprise du dialogue avec
les professionnels de la santé et à l'ouverture d'une véritable négociation sur
une nouvelle architecture conventionnelle et sur un nouveau dispositif de
régulation des dépenses.
En effet, monsieur le ministre, ce n'est pas en maintenant la menace de la
sanction collective que vous parviendrez à rassembler autour de vous l'ensemble
des professionnels de la santé et à créer des conditions favorables à une
véritable entente.
Cela étant dit, nous comprenons les objectifs. D'ailleurs, comme l'ont montré
les auditions auxquelles la commission a procédé, les professionnels de la
santé sont pour une approche fondée sur la reconnaissance de la bonne pratique
des soins. Quand vous aurez défini, avec les professionnels de la santé, par le
système conventionnel, dans quelle mesure cette bonne pratique des soins
deviendra une référence, tous ceux qui ne respecteront pas cette bonne pratique
des soins pourront faire l'objet d'une sanction individuelle. Nous pourrons
alors considérer que les dispositions que vous prendrez vont peut-être dans le
sens souhaité par les professionnels de la santé.
M. Cazeau s'est fait l'écho des propos de M. Juppé, qui a eu l'expérience
douloureuse du résultat de ce dispositif. S'il s'en est fait l'écho, c'est sans
doute parce que le Gouvernement partage le sentiment selon lequel cette
démarche ne pourra aboutir que si elle est menée dans le cadre de la
concertation, en essayant de dégager le consensus le plus large possible sur
les mesures qui doivent être prises pour réguler l'ensemble des dépenses de
santé, en particulier les soins de ville.
(Marques d'approbation sur les travées du RPR.)
M. Nicolas About,
président de la commission.
Tout à fait !
M. Paul Blanc.
Très bien !
M. le président.
La parole est à Mme Bocandé, pour défendre l'amendement n° 47.
Mme Annick Bocandé.
Je partage, bien sûr, les arguments qui viennent d'être développés par le
rapporteur, M. Alain Vasselle.
Ces sanctions collectives, en particulier les lettres clés flottantes, ont
montré leurs limites et elles ne permettent pas de mener avec la sérénité qui
conviendrait une négociation avec les professionnels de santé. Elles favorisent
l'incompréhension, le découragement, voire la colère, de ces professionnels.
Aussi, il est grand temps de changer de méthode, et c'est l'objet de
l'amendement que présente le groupe de l'Union centriste.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 7 et 47
?
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Je ne vous surprendrai pas en maintenant la position du
Gouvernement. En effet, cet article résultant d'un amendement présenté par le
Gouvernement à l'Assemblée nationale, je ne vois pas comment je pourrais me
prononcer contre. Dans ces conditions, je demande aux auteurs de ces deux
amendements de bien vouloir les retirer.
Cela étant dit, les choses sont un peu plus compliquées que la présentation
qui en a été faite ici. Les différences entre la sanction posée par le
Gouvernement de M. Juppé et la lettre clé flottante sont grandes. Je ne
m'attarderai pas sur ce point. Le mécanisme était un peu différent.
Je ferai simplement observer que nous n'avons, ni les uns ni les autres,
trouvé la solution permettant à la fois de satisfaire les professionnels,
essentiellement les médecins, et de faire entrer de force, si je puis dire,
dans les pratiques les économies qu'il est nécessaire de réaliser.
Or, même si ce n'est pas parfait, monsieur le rapporteur, nous avons proposé
cette nouvelle convention, qui compte trois niveaux. Vous l'avez d'ailleurs
fort bien résumée, et je rends grâce à votre objectivité.
D'ailleurs, je ne doute pas que cette concertation soit un jour acceptée, sous
cette modalité ou sous une autre, en tout cas à ces trois niveaux.
Citons, en particulier, le dernier niveau, que vous avez bien illustré, à
propos des prises en charge au forfait et des activités en matière de santé
publique et de réseaux, qui seraient menées en dehors de l'activité de soins
rétribuée à l'acte, qu'il n'est, bien sûr, pas question de remettre en
cause.
Récemment, nous est parvenue une brochure faite par un institut privé et qui
concernait des mesures de santé publique et de prévention prises par les
médecins généralistes. Tout cela devrait être, au contraire, amplifié et
pourait être pris en charge, s'ils l'acceptent - en tout cas, je le propose -
au forfait. Les prestations représentant 15 %, parfois 20 %, de l'activité des
médecins généralistes, il est très important qu'elles soient rémunérées, même
lorsqu'elles prennent la forme de conseils et quand elles concernent la vie
quotidienne.
Telle est notre proposition. Elle ne me semble pas mirifique. En tout cas,
elle constitue une avancée.
Vous avez évoqué le G 14. Qu'il s'agisse du G 7, du G 14 ou du comité des
sages, la concertation s'est engagée et elle doit se poursuivre. Monsieur le
sénateur, je suis évidemment d'accord avec vous : il faut absolument que nous
en sortions ! Entre nous, ce n'est pas simple. Si cela l'avait été, nous
aurions, les uns et les autres, trouvé la solution.
Quant au glissement des dépenses de santé concernant les soins en ville, je
n'accuse personne, pas plus les médecins que les malades. Cependant, notre
système, qui est imparfait et insuffisant, est luxueux puisqu'on peut en
particulier puiser dans le tiroir-caisse en permanence. On s'aperçoit, à la
fin, que ce n'était pas tellement utile. Cette convention est née de cette
concertation, de ces deux « Grenelle de la santé ».
Dans cette direction, avec un assentiment individuel, une possibilité de
formation et un fonctionnement supplémentaire - j'insiste sur ce point - au
forfait, nous nous dirigerons un jour vers une médecine à la française qui
sortira un peu de ce tunnel.
Je me souviens d'une journée passée avec les représentants de la CSMF, la
Confédération des syndicats médicaux français. Ils veulent que l'on supprime
les lettres clés flottantes avant de parler ; mais nous parlons déjà tous les
jours !
M. Nicolas About,
président de la commission.
C'est symbolique !
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Certes ! C'est en effet très difficile. Il n'y a pas
mauvaise volonté à vouloir épargner les deniers des Français et en même temps
avoir une médecine de qualité. Personne n'a trouvé la recette. Je vous le dis,
d'ailleurs vous le savez, nous n'avons pas trouvé la recette exacte. Cependant,
après cette nouvelle année passée au ministère de la santé, sans oublier les
années précédentes - j'arrive des Etats-Unis après avoir notamment été aux
Pays-Bas -, je peux vous dire que nulle part on a inventé mieux. J'en suis
persuadé, en dépit de l'existence de difficultés considérables.
Un Sénateur socialiste.
Bien sûr !
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 7 et 47.
M. Paul Blanc.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Paul Blanc.
M. Paul Blanc.
Monsieur le ministre, je vous ai écouté avec beaucoup d'attention. Si j'ai
bien compris, ce que je crois, vous souhaitez avant tout, à travers cet article
qui résulte d'un amendement que vous avez présenté, renouveler le dialogue avec
les médecins.
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Et reconventionner !
M. Paul Blanc.
Pour cela, vous n'avez pas besoin d'un texte législatif.
Aujourd'hui, les médecins ne peuvent être dans de bonnes dispositions pour
renouer ce dialogue car ils ont au-dessus de leur tête cette épée de Damoclès
que sont les sanctions collectives fondées sur les lettres clés flottantes. Si
vous voulez vraiment renouer le dialogue, il y a d'autres moyens. Surtout, il
faut supprimer ce système de sanctions collectives. La question des sanctions
collectives s'était déjà posée sous le précédent gouvernement. Personnellement,
j'ai toujours été hostile à ces sanctions. Je ne change pas de position. Je
dirai simplement :
errare humanum est perseverare diabolicum.
D'autres
ont fait l'erreur, vous persévérez dans cette voie. Monsieur le ministre, cela
ne peut pas fonctionner.
Aussi, je voterai ces amendements.
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Moi aussi, j'ai toujours été contre.
(Sourires.)
Je voudrais simplement ajouter une précision, qui est importante. La
proposition à trois niveaux que nous avons formulée permettait de supprimer les
lettres clés flottantes. C'est dans ce domaine que nous pensions avancer et
que, à mon avis, nous avancerons encore. Il est évident que ce nouveau
conventionnement supprimait totalement les lettres clés flottantes.
M. Guy Fischer.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer.
Je veux expliquer les raisons qui motivent notre abstention.
L'article 10 A, introduit à la suite d'un amendement du Gouvernement, pose les
premières pierres d'un nouveau dispositif conventionnel liant les
professionnels à l'assurance maladie.
Cette ébauche d'architecture, qui, fait l'objet de nombreuses négociations,
est, en l'état actuel, loin de satisfaire les différentes parties, notamment
les organisations syndicales, même si tout le monde reconnaît la nécessité de
réformer le système conventionnel actuel pour supprimer les lettres clés
flottantes.
Un important travail a été accompli. Je pense, notamment, pour avoir travaillé
avec eux, aux propositions faites par les syndicats de salariés et de médecins
remettant en cause la maîtrise comptable des dépenses de santé et la politique
conventionnelle de la CNAM. Je pense au G7.
Tous s'accordent à demander le rétablissement d'une convention unique sur la
base d'un accord majoritaire. Mme Guigou et vous-même, monsieur le ministre,
avez avancé, après les « Grenelle de la santé », un certain nombre de pistes.
Concernant la régulation des soins de ville, la rénovation du cadre d'exercice
des professionnels de la santé, vous aviez suggéré un temps d'expertise et de
négociation. Nous y sommes.
C'est pourquoi la présentation, dès la première lecture de ce projet de loi,
d'un amendement nous semble, peut-être à tort, prématurée. Sur la forme, nous
pensons que les négociations ne sont pas achevées. Sur le fond, faute de
disposer d'éléments plus précis, il nous est bien difficile aujourd'hui de
prendre position sur cet article 10 A.
Par conséquent, nous nous abstiendrons.
M. le président.
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 7 et 47, repoussés par le
Gouvernement.
M. Guy Fischer.
Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, l'article 10 A est ainsi rédigé.
Article 10