SEANCE DU 17 OCTOBRE 2001
M. le président.
L'article 21 a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 60 rectifié
bis,
présenté par M. Schosteck, au nom de
la commission, est ainsi libellé :
« Rétablir l'article 21 dans la rédaction suivante :
« Après l'article 23 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 précitée, il est
inséré un article 23-1 ainsi rédigé :
«
Art. 23-1. -
Les rassemblements exclusivement festifs à caractère
musical, organisés par des personnes privées, dans des lieux qui ne sont pas au
préalable aménagés à cette fin et répondant à certaines caractéristiques fixées
par décret en Conseil d'Etat tenant à leur importance, à leur mode
d'organisation ainsi qu'aux risques susceptibles d'être encourus par les
participants, doivent faire l'objet par les organisateurs d'une déclaration
auprès du préfet du département dans lequel le rassemblement doit se tenir.
Sont toutefois exemptées les manifestations soumises, en vertu des lois ou
réglements qui leur sont applicables, à une obligation de déclaration ou
d'autorisation instituée dans un souci de protection de la tranquillité et de
la santé publiques.
« La déclaration mentionne les mesures envisagées pour garantir la sécurité,
la salubrité, l'hygiène et la tranquillité publique. L'autorisation d'occuper
le terrain ou le local où est prévu le rassemblement, donnée par le
propriétaire ou le titulaire d'un droit réel d'usage, est jointe à la
déclaration.
« Lorsque les moyens envisagés paraissent insuffisants pour garantir le bon
déroulement du rassemblement, le préfet organise une concertation avec les
responsables destinée notamment à adapter lesdites mesures et, le cas échéant,
à rechercher un terrain ou un local plus approprié.
« Le préfet peut imposer aux organisateurs toute mesure nécessaire au bon
déroulement du rassemblement, notamment la mise en place d'un service d'ordre
ou d'un dispositif sanitaire.
« Le préfet peut interdire le rassemblement projeté si celui-ci est de nature
à troubler gravement l'ordre public ou si, en dépit d'une mise en demeure
préalable adressée à l'organisateur, les mesures prises par celui-ci pour
assurer le bon déroulement du rassemblement sont insuffisantes.
« Si le rassemblement se tient sans déclaration préalable ou en dépit d'une
interdiction prononcée par le préfet, les officiers de police judiciaire et,
sous leur responsabilité, les agents de police judiciaire peuvent saisir le
matériel utilisé, pour une durée maximale de six mois, en vue de sa
confiscation par le tribunal.
« Est puni de l'amende prévue pour les contraventions de 5e classe le fait
d'organiser un rassemblement visé au premier alinéa sans déclaration préalable
ou en violation d'une interdiction prononcée par le préfet. Le tribunal peut
prononcer la confiscation du matériel saisi.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'application du présent
article. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Pierre Schosteck,
rapporteur.
Nous abordons là un sujet qui a fait couler beaucoup d'encre
et qui pose un réel problème, comme je l'ai indiqué hier en présentant mon
rapport.
On comprend bien le caractère difficile du débat, mais les événements très
graves qui se sont produits cet été, au cours desquels plusieurs personnes ont
trouvé la mort, sont venus, hélas ! corroborer nos craintes.
Je rappelle que je m'étais rangé à la rédaction proposée par le ministre de
l'intérieur en première lecture. On sait ce qu'il en est advenu à l'Assemblée
nationale. Néanmoins, l'excellent esprit de coopération, je crois pouvoir le
dire, qui perdure entre la commission et M. le ministre de l'intérieur nous
permet de proposer un texte qui répond à toutes les objections sans les
méconnaître. On les comprend bien, mais il faut néanmoins se donner les outils
nécessaires pour agir.
Au cours de l'élaboration de notre texte, nous avons cherché jusqu'au dernier
moment à trouver des solutions qui auraient permis plus de souplesse. Mais, à
force de souplesse, le texte devenait inefficace ; nous avons donc choisi
l'efficacité.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 60 rectifié
bis
?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Chacun connaît, sur cette question des
rave
et des
free parties,
mes sentiments et mes convictions, je
les ai rappelés hier.
Après la discussion de l'amendement de M. Mariani, amendement que je n'ai
d'ailleurs pas soutenu, je le rappelle, le Gouvernement a pris ses
responsabilités en substituant au système d'autorisation préconisé par cet
amendement donc d'interdiction s'il n'y a pas autorisation, les formalités plus
souples de la déclaration préalable. Votre assemblée a voté les dispositions
que votre commission propose de rétablir aujourd'hui à la quasi-unanimité des
groupes.
A l'Assemblée nationale, j'ai rappelé les engagements du Gouvernement et j'ai
laissé chacun agir selon sa conscience et ses convictions.
J'ai indiqué la nécessité d'un encadrement législatif puisque les textes
antérieurs avaient été abrogés. Or, sur un amendement que j'étais prêt à
déposer incluant cette déclaration préalable et la rédaction d'une charte dite
des bonnes pratiques, je n'ai pas été suivi par l'Assemblée nationale.
L'été a vu plus de quatre-vingt-dix manifestations dites
free parties
,
dont une quarantaine ont fait l'objet de concertation avec mon cabinet et de
mesures d'accompagnement prises par les préfets souvent en urgence ou dans les
heures précédant ces rassemblements. Les organisateurs n'ont évidemment pas
prévenu ni vingt-quatre heures ni douze heures à l'avance du lieu exact de ces
manifestations, et l'on imagine les difficultés de toutes sortes auxquelles ont
dû faire face les préfectures pour en assurer la sécurité, mettre à la
disposition des organisateurs des installations sanitaires ou prévoir des
secours.
J'indique, en outre, que le coût supporté par les pouvoirs publics
indépendamment de l'engagement des forces de sécurité est élevé. Par exemple,
le second festival, celui des Côtes d'Armor, a induit des dépenses de plus de
1,4 million de francs, celui de Lozère une dépense de plus de 600 000
francs.
L'absence de prévoyance de la part des organisateurs quant à la sécurité des
personnes, le peu de cas qu'ils font du droit de propriété entraînent un
trouble durable et profond chez nos concitoyens et les élus locaux qui ont à
subir ces rassemblements.
Ce débat revient devant vous, mesdames, messieurs les sénateurs. Pour ma part,
j'ai respecté mes engagements, et mon cabinet ainsi que celui du ministère de
la culture ont maintenu les contacts et la concertation avec tous les
organisateurs de
rave
ou de
free parties
qui voulaient concourir
à l'amélioration du dispositif légal et à l'élaboration de cette charte dite «
des bonnes pratiques ».
Deux rencontres ont eu lieu, une troisième est prévue à la fin du mois
d'octobre : nous espérons aboutir, mais je ne peux dire à l'avance quelle
application effective il en sera faite. En tout cas, en ce qui concerne la
charte, des éléments témoignent de notre volonté d'aboutir.
Je crois en effet qu'il est possible d'aboutir, même si ce n'est pas avec
toutes les organisations puisqu'on ne peut pas forcer à s'asseoir à la table de
travail ceux qui le refusent !
M. Michel Charasse.
Pauvres chéris !
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
J'avais déposé un sous-amendement. J'avais dit
hier que j'envisageais de le défendre pour faciliter « l'atterrissage final » à
l'Assemblée nationale. J'ai finalement décidé de le retirer car, à l'examen, il
entraînait, par rapport au texte initialement voté par votre assemblée, plus
d'inconvénients que d'avantages pour ceux qui entrent dans cette logique de
rassemblements de
rave
et de
free parties
.
Dans ces conditions, vous comprendrez que je m'en remette à la responsabilité
du législateur concernant les dispositions qui sont une nouvelle fois soumises
à votre appréciation.
Tels sont les éléments que je voulais souligner sans revenir sur le débat de
fond que nous avons eu, que j'ai eu à l'Assemblée nationale, et sur lequel je
n'ai, évidemment, vous l'imaginez bien, pas varié.
M. Michel Charasse
Très bien !
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 60 rectifié
bis
.
M. Paul Girod.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod.
M. Paul Girod.
Je voterai bien entendu l'amendement de la commission, me réjouissant de voir
que, petit à petit, la raison finit par gagner les palais de la République et,
allais-je dire, l'esprit de nos concitoyens.
Je ferai simplement observer à M. le rapporteur que, dans son amendement, il
n'est pas fait mention des propriétaires des terrains sur lesquels seront
organisées les
rave parties
en question.
M. Michel Charasse.
Si, au deuxième alinéa du texte proposé pour l'article 23-1 !
M. Paul Girod.
Certes, il est dit dans cet alinéa : « l'autorisation... donnée par le
propriétaire... est jointe à la déclaration ». Mais si cette déclaration n'est
pas jointe, que se passe-t-il ?
M. Michel Charasse.
Le dossier n'est pas complet, c'est tout !
M. Paul Girod.
Eh oui ! Le dossier n'est pas complet, mais alors, je le répète, que se
passe-t-il si la déclaration n'est pas jointe ? C'est la question que je
voulais poser.
M. Jean-Claude Peyronnet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet.
Je tiens à dire à M. le ministre, qui a fait appel à la responsabilité des
élus, que nous ne fuirons pas nos responsabilités.
Ce faisant, nous ne nous déjugerons pas puisque, lors de la discussion qui a
eu lieu au cours du printemps, nous avions voté ce texte après, d'ailleurs, un
dialogue très constructif avec le Gouvernement.
Je crois qu'il est bon que ce texte existe, car il s'agit d'une solution
équilibrée entre la liberté totale et la réglementation contraignante qui
existe pour les associations, lesquelles sont soumises à une législation et des
dispositions réglementaires extrêmement lourdes.
Par ailleurs, ce texte doit permettre d'établir, ce qui est essentiel, un
dialogue avec les organisateurs afin, non pas d'interdire ces rassemblements
mais, au contraire, de faire en sorte qu'ils soient organisés dans les
meilleures conditions et en toute sécurité.
Dans ces conditions, je souhaite que « l'atterrissage », comme vous dites,
monsieur le ministre, se réalise dans les meilleures conditions et que le Sénat
se rallie à ce texte, à la fois sage et raisonnable.
M. Robert Bret.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Robert Bret.
M. Robert Bret.
Pour ma part, je ne m'attarderai pas sur cet amendement. Comme en première
lecture, les sénateurs communistes voteront contre l'amendement relatif aux
free parties
.
Les réserves que nous avions émises à l'époque sur le dispositif sont en effet
toujours valables.
Il ne s'agit en aucune façon, comme on a pu le laisser entendre, de ne pas
sanctionner les comportements délictueux qui peuvent apparaître parfois dans
ces manifestations - mais ce n'est pas toujours le cas et ces lieux n'ont pas
l'exclusivité de tels comportements je pense notamment à la consommation de
drogue, - sauf à passer à côté du problème et d'être hypocrite. De toute façon,
il existe des dispositions pénales qui permettent de les sanctionner
sévèrement.
Mes chers collègues, il y a deux façons d'aborder la question.
La première consiste à adopter une attitude fondée sur le rejet
a
priori
de ces manifestations, au risque de les voir s'enfoncer un peu plus
dans la clandestinité et de voir toute la politique de prévention des risques
remise en cause. A cet égard, je ne peux que déplorer les propos extrêmes que
j'ai entendus ici et là n'hésitant pas à qualifier le public des
rave
parties
de « foules hallucinées livrées au trafic de drogue ». Franchement,
je ne pense pas que de tels propos fassent avancer la cause de la sécurité !
La seconde attitude dont nous nous réclamons consiste en une politique
d'accompagnement, comme celle à laquelle contribuent la mission
interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie et les
différentes associations, politique destinée à sécuriser au maximum les lieux
où se produisent ces manifestations, leurs participants et l'environnement.
Comme je l'avais dit en première lecture, je ne pense pas que la sécurité
quotidienne se conquière par la force. Il vaut infiniment mieux, si l'on veut
être efficace, associer les participants eux-mêmes à la sécurité, comme l'a
rappelé à l'instant M. le ministre. Je pense que l'idée de rédaction d'une
charte avec les organisateurs est intéressante et qu'elle mène sur la bonne
voie.
Il est possible d'aboutir et j'espère que nous le ferons.
En tout cas, ce n'est pas en s'arc-boutant sur la saisie du matériel de
sonorisation ni en traitant le problème par voie d'amende que nous
progresserons, soyez-en sûrs !
M. Jean-Jacques Hyest.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Hyest.
M. Jean-Jacques Hyest.
Il me semble que, selon le type de manifestation, les comportements sont tout
à fait différents.
Lorsque les manifestations dans les stades ont posé tous les problèmes que
l'on sait, on a réglementé et, d'une manière extrêmement vigoureuse, on a
incité les organisateurs à prendre eux-mêmes leurs responsabilités sous peine
de sanction.
En revanche, il est un type de manifestation qui est hors normes : il s'agit
des
free parties
ou
rave parties
. Comme elles sont «
free
», il faudrait les laisser libres et ne rien organiser du tout ! Je ne pense
pas que ce serait rendre service à ce type d'expression que de ne pas prévoir
certaines réglementations comme il en existe pour toute manifestation. Les
organisateurs du festival d'Aix-en-Provence ou du festival d'Avignon sont
soumis à un certain nombre de règles en matière de sécurité, de postes de
secours, de circulation, de stationnement, etc.
M. Robert Bret.
On est tous d'accord !
M. Jean-Jacques Hyest.
Je ne vois pas au nom de quoi les manifestations que nous évoquons seraient
hors réglementation. Cette réglementation ne posera aucun problème aux
organisateurs sérieux.
S'il y a une déclaration, elle pourra être assortie d'un certain nombre
d'engagements. Il est même prévu une charte, donc tout cela va dans le bon
sens.
Notre souci, mes chers collègues, reste de protéger les jeunes. Dans un
certain nombre de manifestations, il y a eu, effectivement, des
overdoses,...
M. Robert Bret.
Pas seulement là !
M. René Garrec,
président de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du
suffrage universel, du règlement et d'administration générale.
Mais là
aussi !
M. Jean-Pierre Schosteck,
rapporteur.
Ce n'est pas une raison pour ne rien faire !
M. Jean-Jacques Hyest.
... il y a eu des viols - pas seulement là, non plus, mais il y en a eu ! Et
tout cela se fait au nom de la liberté !
Ce qui me choque le plus, c'est que derrière tout cela il y a beaucoup
d'argent, il y a des gens qui s'enrichissent, souvent sur le dos des jeunes. Et
ne me dites pas que ce sont des philanthropes ! Quand on voit le matériel de
sonorisation qu'ils ont les moyens d'apporter, on ne peut pas croire qu'ils
soient tous mus par le simple plaisir de faire la fête ! Soyons sérieux !
(Très bien et applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
J'ai le sentiment que nous parvenons enfin à la bonne réponse à la bonne
question.
Il est vrai qu'en première lecture il a pu y avoir, et sans doute aussi de la
part du Gouvernement, des réactions un peu rapides. On a pu sentir derrière
tout cela les relents d'une certaine morale, une espèce d'opposition à des
formes modernes de fêtes telles qu'elles sont aujourd'hui, voire l'expression
d'un sentiment anti-jeune. Du moins est-ce ainsi qu'un certain nombre de nos
collègues, tant dans cette enceinte qu'à l'Assemblée nationale, l'ont
ressenti.
Mais le texte qui nous est soumis est très amélioré. Et, je le dis à nos amis
communistes, il ne faut pas lui faire dire ce qu'il ne dit pas : ce texte est
un texte de précaution et de prévention.
Qu'est-ce qui est le plus désagréable dans cette affaire ? Je parle là en tant
que maire, et je sais que je serai entendu dans cette assemblée, car nous
sommes nombreux à exercer de telles fonctions et à devoir faire face aux mêmes
problèmes. Ce qui est épouvantable, dans ce genre d'affaires, c'est l'invasion
par surprise, lorsqu'on n'est pas prévenu et qu'on se trouve subitement, avec
les moyens quasi inexistants dont dipose toute petite commune, devoir faire
face à un afflux de 3 000, 4 000, voire 5 000 personnes, alors que rien n'a été
prévu pour cela.
Ce texte vise donc à éviter l'organisation de manifestations par surprise, ou
de manifestations sauvages, comme on voudra - bien que je n'aime pas beaucoup
ce terme.
Mes chers collègues, avant d'être un texte de répression, ce texte est un
texte de concertation. Nous avons, les uns et les autres, suffisamment de
pratique et nous savons comment fonctionnent les services préfectoraux dans ce
pays : à partir du moment où une déclaration est déposée et où le dossier est
complet, c'est-à-dire où il comporte également l'accord du propriétaire -
sinon, il n'y a pas de déclaration, puisque le dossier n'est pas complet de mon
point de vue - alors le préfet n'a pas d'autre solution que de discuter avec
les organisateurs : n'est-ce pas ce que M. le ministre essaye de faire
actuellement sur le plan national avec certaines organisations, même si toutes
ne veulent pas participer ?
Nous sommes donc en présence d'un texte de concertation obligatoire, et j'ai
le sentiment, compte tenu de mon expérience, que les cas de refus seront
extrêmement rares puisque les préfets, sous la pression des jeunes qui
arrivent, qui vont arriver ou encore dont on annonce l'arrivée sous
vingt-quatre heures, chercheront tous les moyens pour parvenir à l'accord
permettant d'assurer le minimum indispensable afin d'établir la responsabilité
de chacun. En effet, mieux vaut que celle-ci soit partagée plutôt que de se
retrouver dans la situation actuelle, où le maire d'une commune de 150
habitants, démuni de tout, est seul pour faire face à une telle situation, même
s'il est assisté par des services administratifs de l'Etat, qui ont été
regroupés rapidement par le préfet pendant le week-end, ainsi que par des
pompiers et des secouristes de Médecins du monde, dans des conditions
d'improvisation totale.
Mon ami M. Peyronnet ne l'a pas évoqué, mais, si ce texte comportait d'autres
arrière-pensées, le groupe socialiste ne le voterait pas : nous cherchons
simplement à garantir la sécurité des participants afin de leur permettre de
faire la fête dans les meilleures conditions possibles pour leur sécurité
personnelle.
Alors, on focalise beaucoup sur la drogue, c'est vrai. Mais si vous voulez des
adresses de supermarchés de la drogue, je puis vous en donner ! Il n'y en a,
hélas ! pas que dans les
rave parties
! Il y a cependant aussi, dans ces
rave parties,
des affaires de trafic d'armes, des actes de violence, et
l'on assiste surtout à l'afflux d'une population très importante sur un terrain
qui n'est pas toujours très grand, sur lequel il n'existe aucune installation
sanitaire, aucun médecin, aucun service médical d'urgence. Or voilà la première
urgence ! Excusez-moi de vous le dire, mais le problème de la drogue est
secondaire et, de toute façon, ce texte ne change rien, puisque les services de
police ou des douanes avaient déjà la possibilité de se rendre sur le terrain
où se déroule la manifestation surprise - ou sauvage, comme vous voudrez - pour
mener les enquêtes nécessaires. Par conséquent, la situation est claire et
simple.
Quant à la saisie des matériels, que M. le ministre a évoquée, elle sera assez
exceptionnelle : elle ne pourra faire suite qu'à un arrêté préfectoral, lequel
n'interviendra, compte tenu de la foule présente ou annoncée, que dans des
conditions exceptionnelles.
Non, mes chers collègues, il ne faut pas faire dire à ce texte ce qu'il ne
veut pas dire. Il correspond exactement à ce qu'on peut appeler la recherche de
l'intérêt général. C'est pourquoi le groupe socialiste le votera et, en ce qui
me concerne, je n'ai aucune réticence pour lui apporter mon soutien.
(Très
bien ! sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du
RPR.)
M. Paul Blanc.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Paul Blanc.
M. Paul Blanc.
Je voterai, bien évidemment, cet amendement. Toutefois, je regrette d'avoir
attendu aujourd'hui pour que le Sénat apporte un début de réponse à la question
que j'ai posée le jeudi 7 juin 2001 !
J'ai bien entendu les arguments de notre collègue M. Charasse, mais la
responsabilité des maires n'a pas été évoquée. Or, cet été, dans un département
limitrophe du mien, le maire d'une commune de 150 habitants a reçu des coups de
téléphone de Médecins du monde et de la Croix-rouge française lui indiquant
qu'il allait se produire une
rave party
dans sa commune, et
l'interrogeant sur les mesures qu'il avait envisagées. Bien entendu, le maire,
effrayé, a téléphoné à la préfecture. Et la préfecture lui a répondu que les
services n'étaient pas au courant et que, pour eux, rien n'allait se passer.
Dans un tel cas, le maire était informé, mais il n'avait aucune possibilité de
prendre des mesures de prévention. La préfecture s'est retranchée derrière le
règlement, ne demandant pas d'autorisation, ni même une déclaration
préalable.
S'il y avait eu un problème, qui aurait été responsable ? On n'aurait pas pu
dire que le maire n'était pas informé, puisqu'il l'avait été par des organismes
extérieurs !
Je crois donc, monsieur le ministre, que c'est un grave problème au regard de
la responsabilité des maires.
Qui plus est, ces manifestations ne se produisent pas dans les grandes villes
qui disposent de moyens techniques, qui disposent d'une police, mais dans des
petites communes, souvent situées dans l'arrière-pays et qui n'ont aucun
moyen.
M. Michel Charasse.
Cinq gendarmes !
M. Paul Blanc.
A condition que la gendarmerie accepte de venir, ce qui n'est pas toujours le
cas, parce que c'est souvent la gendarmerie cantonale qui est concernée et
qu'elle a d'autres chats à fouetter.
M. Michel Charasse.
Bien sûr !
M. Paul Blanc.
Ce texte est effectivement un pis-aller, c'est un premier pas, mais il ne
faudra pas en rester là.
Il faut aussi tenir compte d'un argument qui me paraît évident et qu'a avancé
notre collègue M. Hyest, à savoir l'argent qui est généré par ces
rave
parties.
M. Michel Charasse.
Cela, c'est fiscal !
M. Paul Blanc.
Mais quel inspecteur est chargé du contrôle ?
M. Michel Charasse.
Les douanes, les contributions indirectes !
M. Paul Blanc.
Je vois que l'ancien ministre du budget qu'est M. Charasse est parfaitement au
courant !
Il y a en tout cas un véritable problème à ce niveau, et j'espère que nous
pourrons aller plus loin.
M. Jean Bizet.
C'est essentiel !
M. Alain Joyandet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Joyandet.
M. Alain Joyandet.
Bien entendu, je voterai moi aussi cet amendement, qui me semble aller dans la
bonne direction.
Je n'ai qu'un regret : M. le ministre a dit qu'il s'en remettait à la sagesse
du Sénat, si j'ai bien compris.
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Non !
M. Alain Joyandet.
J'ai cru qu'il faisait encore confiance à la future discussion, lors d'une
prochaine lecture ou de la commission mixte paritaire...
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Il n'y en aura pas : nous sommes en nouvelle lecture !
M. Alain Joyandet.
Permettez-moi quand même de vous faire part de mon regret, monsieur le
ministre, et pardonnez-moi si je suis un peu hors sujet.
Ce phénomène des
rave parties
me semble très proche de ce qui se passe
avec les gens du voyage. S'agissant de sécurité quotidienne, je considère que,
si nous pouvions, nous les maires, obtenir de pouvoir anticiper les importants
rassemblements de gens du voyage sur nos communes par une simple déclaration
préalable, cela simplifierait beaucoup notre travail, notamment dans les
petites communes qui ne disposent pas de services importants.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 60 rectifié
bis
.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 21 est rétabli dans cette rédaction.
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
A ce stade de notre discussion, monsieur le
président, je souhaite revenir très brièvement sur une petite incompréhension
qui nous a opposés, avant la suspension de séance, avec M. Hérisson et M. le
rapporteur.
Je tiens dès à présent à informer le Sénat que le Gouvernement demandera, à la
fin de l'examen du présent projet de loi, une seconde délibération sur
l'article 6
undecies.
M. le président.
Je vous donne acte de votre déclaration, monsieur le ministre.
Article 22