SEANCE DU 17 OCTOBRE 2001
M. le président.
L'article 1er A a été supprimé par l'Assemblée nationale.
La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, avant
d'examiner les articles du chapitre premier A relatif aux dispositions
associant le maire aux actions de sécurité, je souhaite vous faire part de
quelques réflexions concernant une divergence de fond.
Le rapporteur à l'Assemblée nationale de ce projet de loi a déclaré, en juin
dernier : « La sécurité n'est pas une fin en soi, mais elle conditionne
l'exercice des libertés et participe de la lutte contre les inégalités. »
« La sécurité conditionne l'exercice des libertés. » Oui, c'est vrai, la libre
circulation des personnes, par exemple, suppose que celles-ci puissent circuler
en toute sécurité.
« La sécurité participe de la lutte contre les inégalités. » Je pense que
notre collègue de l'Assemblée nationale a voulu dire qu'en s'attaquant aux
inégalités économiques et sociales on s'attaque aux causes de l'insécurité. Ce
n'est pas faux, ce n'est pas entièrement vrai non plus. Cette façon d'aborder
le problème demeure fort insuffisante quand il s'agit de lutter contre
l'insécurité non pas demain mais dès aujourd'hui.
C'est pourquoi affirmer en préambule à l'examen d'un texte sur la sécurité
quotidienne que « la sécurité n'est pas une fin en soi » est une manière de
vouloir peu ou prou esquiver la réalité.
Aussi chacun comprendra qu'avec nombre de maires je préfère parler, comme le
président de la République, d'« un droit à la sécurité » et affirmer haut et
fort avec lui que ce droit est « la première des libertés » et qu'il est temps
qu'elle soit rendue aux Français.
Estimant qu'une véritable politique de sécurité devait placer le maire au
coeur des actions quotidiennes de prévention de la délinquance et de lutte
contre l'insécurité, le Sénat avait introduit des dispositions qui renforçaient
le rôle du maire dans trois directions : une meilleure information sur les
questions de sécurité dans la commune, un accroissement de ses pouvoirs, une
augmentation des moyens mis à sa disposition.
En nouvelle lecture, l'Assemblée nationale a vidé en grande partie ces
propositions de leur contenu au prétexte - je cite toujours le rapporteur de ce
texte devant l'Assemblée nationale - que « l'association des maires à la
politique de sécurité ne saurait se réaliser, contrairement à ce que propose le
Sénat, selon des modalités figées dans la loi ».
Alors, voyez-vous, ce qui oppose, au Parlement la gauche plurielle et
l'opposition républicaine, ce ne sont pas uniquement des approches différentes
de la politique de sécurité, c'est plus profond que cela.
Quand il s'agit d'associer les maires à la politique de sécurité, monsieur le
ministre, vos amis politiques estiment que le cadre législatif ne convient pas,
parce qu'il fige les modalités de mise en oeuvre.
En revanche, quand il s'agit des 35 heures, la procédure législative ne semble
plus, à vos yeux, aux yeux du Gouvernement, aux yeux de la gauche plurielle,
figer les modalités de mise en oeuvre.
Oui, décidément, bien des choses nous séparent parce que bien des choses vous
séparent des réalités économiques, comme des réalités de la vie de tous les
jours.
N'ayant pas confiance dans les vertus du dialogue entre partenaires sociaux,
le Gouvernement décidait hier la réduction autoritaire du temps de travail. Je
n'aurai pas la cruauté de rappeler le casse-tête que constitue cette loi et les
graves difficultés et inégalités qu'elle engendre pour beaucoup de Français.
Récemment, le Gouvernement a montré à nouveau, à propos du droit de
licenciement, le peu de cas qu'il faisait et du dialogue et des partenaires
sociaux.
N'ayant pas confiance dans les vertus de la démocratie locale, la gauche
plurielle, aujourd'hui, ne souhaite pas voir les maires associés aux actions de
sécurité et de lutte contre la délinquance des mineurs.
« Les attentes de nos concitoyens sont réelles et légitimes », avait déclaré
le rapporteur de l'Assemblée nationale, ajoutant qu'« il devrait être possible
d'y répondre sans démagogie ». Sur ce, avec ses collègues de la majorité
plurielle, il refit la copie du Sénat... sans les maires !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Votre temps de parole n'est-il pas limité à cinq minutes ?
M. Alain Gournac.
En nous proposant de reprendre le texte adopté par le Sénat en première
lecture, notre excellent rapporteur de la commission des lois, Jean-Pierre
Schosteck, défend une autre conception de la démocratie locale. Pour lui, pour
nous, les maires en sont les acteurs essentiels, et c'est pourquoi leur rôle et
leur pouvoir, en matière de sécurité, doivent être renforcés.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants
et de l'Union centriste.)
M. le président.
M. Gournac a parlé exactement quatre minutes et cinquante-sept secondes.
M. Robert Bret.
Parfois, le temps semble long !
(Sourires.)
M. le président.
L'amendement n° 15, présenté par M. Schosteck, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Rétablir l'article 1er A dans la rédaction suivante :
« L'article 19 du code de procédure pénale est complété par un alinéa ainsi
rédigé :
« Le procureur de la République informe le maire des crimes, délits et
contraventions de la cinquième classe dont il a connaissance sur le territoire
de la commune. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Pierre Schosteck,
rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du
suffrage universel, du règlement et d'administration générale.
Cet
amendement vise à rétablir le texte que nous avions proposé en première
lecture, concernant l'information du maire par le procureur de la République
sur les infractions commises.
Il s'agit d'une simple information, et non pas de la transmission des relevés
de main courante ou des procès-verbaux. Parmi les contraventions, ne sont
visées que celles de la cinquième classe, c'est-à-dire les violences simples
n'ayant pas entraîné une interruption de travail de plus de huit jours.
Enfin, pour calmer les appréhensions, je rappellerai que le maire est d'autant
plus habilité à recevoir cette information qu'il est officier de police
judiciaire, en application de l'article 16 du code de procédure pénale.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les
sénateurs, je ne crois pas nécessaire de reprendre ici un débat qui fut très
nourri en première lecture et encore hier lors de la discussion générale.
C'est la raison pour laquelle mon intervention vaudra pour tous les
amendements tendant à réintroduire votre texte de première lecture que
l'Assemblée nationale a supprimé, et sur lesquels j'émettrai un avis
défavorable.
Je suis contre leur économie générale car la police doit rester - nous en
voyons encore aujourd'hui particulièrement la nécessité - nationale et sous
commandement unique.
M. Marcel Debarge.
Très bien !
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Je ne suis pas contre les polices municipales,
qui ont leur rôle à jouer dans le cadre de la loi, cadre que le Gouvernement a
prévu.
Mais, aujourd'hui, nous ne voulons pas municipaliser la police nationale sous
quelque forme que ce soit, en la plaçant directement sous l'autorité du maire
ou en obligeant les procureurs de la République à rendre compte de leurs
actions. Ce serait une proposition dangereuse, qui affaiblirait sa force et ses
capacités opérationnelles.
(Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste.)
En matière de sécurité, si l'on veut être efficace, il ne faut pas organiser
des compétences factices, mal adaptées à la réalité des problèmes de
délinquance et d'insécurité que nous avons à traiter tous ensemble
aujourd'hui.
Le Gouvernement a opté - et c'est un choix politique majeur - pour une autre
approche, qui consiste à mieux associer les maires à la fixation des objectifs
incombant aux services de police sans bouleverser la répartition des
compétences entre l'Etat et les communes ni désorganiser les services de la
police ou les parquets.
C'est le sens de cette loi de faire en sorte que, dans les contrats locaux de
sécurité et, en réalité, sous l'impulsion des préfets, les maires soient
associés à la définition des objectifs qui permettront à la police nationale
d'assurer la sécurité dans les quartiers et dans les villes. Telle est la
philosophie qui est la nôtre. Cela n'empêche pas, au contraire, de coproduire
de la sécurité, mais chacun à sa place, les uns dans le rôle d'élu, les autres
dans le rôle de fonctionnaire, dans le domaine régalien qui est celui de l'Etat
: assurer la sécurité, donc la liberté de nos concitoyens.
(Applaudissements
sur les travées socialistes.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 15.
M. Robert Badinter.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Badinter.
M. Robert Badinter.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, j'ai déjà eu
l'occasion, lors de la précédente lecture, d'indiquer à quel point les
amendements présentés sur l'obligation d'information des maires par le
procureur de la République étaient contraires à la finalité évoquée.
La finalité, c'est mieux assurer la sécurité de nos concitoyens. La réalité,
c'est que cette sécurité ne peut être effectivement assurée que par la
disponibilité des forces de police, du parquet et de la justice. C'est à la
mesure de cette disponibilité que se situe l'effectivité de l'action
répressive.
Or, à des fins d'information, vous sollicitez le parquet et les services
judiciaires. En effet, l'amendement dispose que « le procureur de la République
informe le maire des crimes, délits et contraventions de la cinquième classe
dont il a connaissance sur le territoire de la commune ».
Je voudrais simplement vous indiquer ce que cela signifie pour l'ensemble du
territoire national, puisque cela vaut pour toutes les communes et tous les
parquets. On a dénombré, en 1998, affaires pour lesquelles une poursuite
judiciaire pouvait être exercée par le parquet, 1 193 914 cas. Cela signifie
que près de 1 200 000 avis auraient dû être envoyés par les services du parquet
aux maires des communes.
Lors de la lecture précédente, j'avais indiqué - M. Gaudin présidait la séance
ce jour-là - ce que cela signifiait pour le parquet de Marseille. Je précise
que, en 1999, il y avait près de 30 000 affaires pouvant faire l'objet d'une
poursuite à Marseille. Comment pouvez-vous sérieusement demander au parquet de
Marseille ce surcroît de charge à des fins d'information, et non à des fins de
poursuite ?
J'ajoute que, par ailleurs, comme chacun le sait, des affaires s'inscrivent
sur le territoire de plusieurs communes. Que feront les procureurs ? Ils seront
plusieurs à envoyer les informations aux maires intéressés. Nous sommes là en
plein irréalisme. Je vous livre très franchement ma pensée : si quelque chose
peut décourager le parquet et les services, c'est de voir ainsi, pour des
raisons de pur affichage, inscrites dans la loi des dispositions qui non
seulement n'ajouteraient rien à l'effectivité de leur action, mais
contribueraient à les entraver, compte tenu de la surcharge qui est la leur
actuellement.
C'est la raison pour laquelle l'ensemble du groupe socialiste votera contre
ces dispositions, qui ne sont qu'effet d'affichage.
(Applaudissements sur
les travées socialistes. - M. Bret applaudit également.)
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'été s'est
écoulé depuis l'examen de ce texte en première lecture. Or, si nous reprenions
le compte rendu des débats publié au
Journal officiel
ou le compte rendu
analytique des débats, nous pourrions constater que nous entendons aujourd'hui
pratiquement la copie conforme de ce qui s'était alors dit !
M. Jean-Claude Peyronnet.
Pas les chiffres !
M. Alain Vasselle.
Les positions des uns et des autres n'ont pas varié, aucune évolution ne s'est
faite dans l'esprit des membres de la majorité sénatoriale et du
Gouvernement.
La majorité sénatoriale a effectivement maintenu ses positions car nous avons
la conviction que ce que nous proposons correspond à une attente forte des
Français, de l'ensemble des élus et des maires qui exercent la fonction
d'officier de police judiciaire.
Il ne faut pas, dites-vous, monsieur le ministre de l'intérieur, donner au
maire un pouvoir autre que celui qui consiste à l'associer aux objectifs de
lutte contre l'insécurité. Dans ces conditions, à quoi sert-il que le maire
soit officier de police judiciaire s'il ne peut pas effectivement exercer cette
fonction, si on ne lui donne pas les moyens nécessaires ?
(M. Hérisson
applaudit.)
J'aimerais bien que vous veniez expliquer votre position devant les 4 000 ou 5
000 maires qui se réuniront en novembre prochain à l'occasion du Congrès des
maires de France. Je souhaiterais que vous entendiez leur réaction lorsque vous
aurez tenu des propos comme ceux que vous venez de tenir devant notre
assemblée.
Par ailleurs, je suis effaré d'entendre le propos que vient de tenir une
nouvelle fois M. Badinter. Il nous dit que nos propositions ne permettront pas
d'atteindre la finalité du projet de loi, qui tend à assurer une meilleure
sécurité ou un meilleur contrôle de la sécurité sur le territoire. Il ajoute
que nous allons surcharger de travail les parquets, la gendarmerie et la
police.
Monsieur Badinter, mes chers collègues, je répète ce que je vous ai dit en
première lecture : pour permettre l'application des dispositions que nous
proposons, il faut bien sûr que la loi de finances prévoie des moyens
budgétaires accrus pour le parquet, mais également pour la gendarmerie et la
police.
(M. Badinter tape sur son pupitre.)
Mme Nicole Borvo.
Absolument !
M. Alain Vasselle.
Monsieur Badinter, vous tapez sur votre pupitre, d'un geste désespéré, mais
lorsqu'en 1997 vous avez pris à témoin les Français sur la future politique que
le Gouvernement de l'époque entendait mettre en oeuvre, vous leur avez annoncé
la mise en place des 35 heures, mais vous êtes-vous demandé si la France avait
les moyens de les financer ?
M. Alain Gournac.
Non !
M. Alain Vasselle.
Vous savez très bien que non !
M. Robert Bret.
Vous avez dit la même chose pour les 40 heures !
M. Alain Vasselle.
Aujourd'hui, tous les experts et tous les spécialistes - nous entendions ce
matin en commission des affaires sociales les représentants de la CNAV, ceux de
la CNAF ; nous n'avons pas encore entendu le représentant de la branche «
maladie » -...
Mme Nicole Borvo.
Vous avez supprimé des milliers de postes dans la fonction publique !
M. Alain Vasselle.
Tous les experts et les spécialistes disent que le Gouvernement a détourné les
fonds de la sécurité sociale pour financer les 35 heures, donc le FOREC, afin
de financer une politique dont vous n'aviez pas les moyens !
(Exclamations
sur les travées socialistes et sur plusieurs travées du groupe communiste
républicain et citoyen.)
Aujourd'hui, les 35 heures, c'est 100 milliards de
francs par an.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Ce n'est pas le sujet !
M. Marcel Debarge.
On s'éloigne du sujet !
M. le président.
Mes chers collègues, laissez l'orateur s'exprimer.
M. Alain Vasselle.
Merci, monsieur le président.
Il faut rappeler ici un certain nombre de réalités et de chiffres...
M. Alain Gournac.
Ça fait mal !
M. Alain Vasselle.
... pour mettre à la fois l'opposition au Sénat et le Gouvernement devant
leurs responsabilités. Je le répète : les 35 heures, c'est 100 milliards de
francs par an. Le budget de la justice est de l'ordre de 40 milliards de francs
par an. Les moyens de police du ministère de l'intérieur, c'est 60 milliards.
N'aurait-il pas mieux valu doubler les moyens de la justice et les moyens de la
police...
Mme Nicole Borvo.
Absolument ! C'est pour ça que vous les avez diminués !
M. Robert Bret.
Pourquoi ne l'avez-vous pas fait ?
M. Gérard Miquel.
En effet, pourquoi ne pas l'avoir fait avant ?
M. Alain Vasselle.
... et ne pas mettre en place les 35 heures ?
M. Marcel Debarge.
Cela signifie-t-il que, si vous reveniez au pouvoir, vous supprimeriez les 35
heures ?
M. Alain Vasselle.
Celles-ci mettent en difficulté l'ensemble de l'économie française. Elles sont
certainement aussi une source d'insécurité. En effet, le temps que les
fonctionnaires ne consacreront plus à l'exercice des missions régaliennes de
l'Etat, c'est autant de temps qui ne sera pas consacré à la protection de nos
concitoyens dans le domaine de la sécurité.
Les propositions qui sont faites par notre collègue M. Schosteck, ce sont des
propositions auxquelles adhèrent la majorité des Français.
(Oh ! là ! là !
sur les travées socialistes.)
Vous avez tort de ne pas les approuver. Il
faudra que vous rendiez des comptes le moment venu.
Mme Nicole Borvo.
On n'est pas en campagne électorale !
M. Alain Vasselle.
J'espère que la sanction électorale tombera et que les Français nous donneront
finalement raison. Nous pourrons alors réellement mettre en place, le moment
venu, la politique de lutte contre l'insécurité que vous avez refusée parce que
vous vous cachez derrière votre petit doigt !
(Applaudissements sur les
travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union
centriste.)
Mme Nicole Borvo.
Hors sujet !
M. Robert Bret.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret.
L'amendement n° 15 de la commission des lois, comme l'amendement n° 16 que
nous examinerons dans un instant, illustre bien la logique qui guide la droite
parlementaire et que rappelaient à l'instant M. Vasselle et M. Gournac : cette
logique vise non pas tant à rendre plus efficace et cohérente l'action des
différents acteurs de la sécurité qu'à aboutir à une extension des pouvoirs des
maires, extension que l'on présume non seulement bénéfique, mais désirée par
les maires.
Or, permettez-moi d'émettre de sérieux doutes sur ces deux aspects.
Tout d'abord, selon moi, rien n'est moins sûr que les maires souhaitent se
voir reconnaître la faculté de se constituer partie civile dans toutes les
affaires dès lors que l'infraction aura été commise sur le territoire de leur
commune.
Ce serait les exposer à des pressions de toutes sortes et risquerait de
conduire à se constituer systématiquement partie civile, la non-constitution de
partie civile pouvant alors être interprétée comme une carence de leur part.
On ne peut pas non plus négliger les risques de surenchère entre communes et
la porte qui serait ainsi ouverte aux pressions de toutes sortes s'exerçant sur
le maire. Là également, ce ne serait pas leur rendre service.
En outre - c'est mon deuxième reproche -, une telle démarche aboutit à faire
se dresser les uns contre les autres les acteurs de la sécurité ; je ne pense
pas que l'ordre public y gagne en efficacité.
M. Marcel Debarge.
Très bien !
M. Robert Bret.
En effet, dans notre droit, le déclenchement des poursuites appartient
traditionnellement au ministère public, représentant l'intérêt de la société et
à ce titre juge de l'opportunité des poursuites. A côté de cette action
publique existe la constitution de partie civile, qui repose sur la
détermination du préjudice, la victime demandant réparation au travers de
l'action en justice.
Cette possibilité de se constituer partie civile existe déjà pour le maire
lorsque la commune est directement victime du préjudice. Or, en l'occurrence,
il ne s'agit évidemment pas de ce cas, puisque la commune n'est pas victime. Il
faut donc bien voir dans la possibilité prévue par l'amendement la volonté
d'ériger le maire en représentant de l'intérêt général, en concurrence avec le
procureur de la République, suspecté de quelque inaction, auquel le maire
aurait en quelque sorte vocation à se substituer. Je rappellerai que nous ne
sommes pas - du moins pas encore ! - dans le système anglo-saxon, qui oppose
défense et accusation. Nous ne pouvons admettre que l'intérêt général soit
ainsi symboliquement démembré.
La comparaison que l'on a pu évoquer avec la constitution de partie civile
n'est pas non plus convaincante, car elle n'est pas de même nature : ces
associations restent des personnes privées auxquelles on reconnaît une utilité
publique, ce qui, vous en conviendrez, change singulièrement les données.
Au-delà de ces remarques, je voudrais dire combien il me semble improductif de
vouloir ainsi isoler le maire. Cette démarche est aux antipodes de la vocation
fondamentalement partenariale des contrats locaux de sécurité, et de la
démarche de coproduction à laquelle nous adhérons totalement.
Plutôt que de « faire contre », mes chers collègues, il est beaucoup plus
utile de « faire ensemble ». C'est pourquoi pas plus cet amendement que les
autres que vous proposez à ce chapitre ne peuvent avoir notre agrément. En
conséquence, nous voterons contre.
(Applaudissements sur les travées du
groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur les travées
socialistes.)
M. Pierre Hérisson.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, un malaise
certain émerge de cette discussion.
Comme je suis sénateur et maire - je ne suis pas le seul dans cette enceinte -
et puisque j'exerce des responsabilités au sein de l'Association des maires de
France, j'affirme qu'il est impossible de continuer à dire que le pouvoir
appartient à l'Etat, que la police est nationale et, en même temps, de laisser
le maire seul sur le terrain, à découvert, face aux problèmes.
M. Jean-Claude Peyronnet.
Très bien !
M. Pierre Hérisson.
Je prendrai pour exemple ce qui se passe dans mon département depuis quelques
jours, à la suite de circonstances que vous connaissez, monsieur le ministre,
et sur lesquelles je ne reviendrai pas en l'instant puisque j'interviendrai
demain sur ce sujet lors de la séance de questions d'actualité.
Il y a une logique de renforcement de la relation entre le procureur de la
République et le maire de la commune, officier de police judiciaire. Il y a une
obligation de relation. Doit-elle passer par une information qui est visée par
la loi ? Il n'en demeure pas moins que, aujourd'hui, les 36 000 maires de
France se sentent totalement dépourvus de moyens...
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Vous parlez pour les vôtres !
M. Jacques Peyrat.
M. Hérisson a parfaitement raison !
M. Pierre Hérisson.
... et de relation avec le procureur de la République. En effet, pas assez de
temps est consacré...
M. Jacques Peyrat.
Ecoutez les maires quand ils vous le disent !
M. Pierre Hérisson.
... à cette relation et à l'information sur ce qui se passe.
Un sénateur socialiste.
On le sait bien !
M. Jacques Peyrat.
Il n'y a rien du tout !
M. Pierre Hérisson.
Dans notre société totalement médiatisée,...
M. Jacques Peyrat.
Société médiatique !
M. Pierre Hérisson.
... parler d'associer les élus locaux que nous sommes,...
M. Marcel Debarge.
Vous n'avez pas le monopole des élus locaux !
M. Jacques Peyrat.
Vous êtes prisonnier de votre idéologie !
M. Pierre Hérisson.
... affirmer, devant nos concitoyens, que le maire est concerné par les
problèmes de délinquance et de sécurité et ne pas lui donner les moyens
correspondant et ne pas l'officialiser dans la loi, c'est une faute majeure
dans une démocratie comme la nôtre.
(Bravo ! et applaudissements sur les
travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Certes, nous pouvons recommencer la discussion de chaque amendement, comme
cela a déjà été fait à plusieurs reprises.
M. Jacques Peyrat.
Vous êtes en train de le faire !
M. Pierre Hérisson.
On aime ça !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
La campagne électorale est ouverte, et cela se sent.
M. Jean Chérioux.
La prime pour l'emploi, par exemple !
M. Alain Gournac.
Le directeur de cabinet du Premier ministre !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Nous voulons tout de même faire remarquer à nos collègues que, lorsqu'ils
prétendent s'exprimer au nom des 36 000 maires de France, nombre de maires,
parmi nous, mais aussi beaucoup d'autres maires ne se reconnaissent pas dans
leurs propositions.
Le congrès des maires de France va se tenir. Des élections vont avoir lieu.
Vous jouez cette carte. Mais croyez bien que nombre de maires comprennent
parfaitement que l'on ne peut pas demander au procureur de la République de
faire part de toutes les contraventions, délits et crimes qui sont intervenus
sur le territoire de la commune.
M. Alain Gournac.
Ce n'est pas ce que nous demandons !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
C'est évident ! Et lorsque vous demandez cela, vous apportez la preuve que
vous faites de la démagogie, et cela ne trompe personne !
(M. Gournac
s'exclame.)
Vous pouvez continuer toute la journée, demain également, mais
c'est totalement inutile !
M. Alain Gournac.
La gauche ne fait jamais de démagogie !
M. Jean Chérioux.
La prime pour l'emploi !
M. Jacques Peyrat.
C'est vous qui faites de la démagogie ! C'est évident !
M. Jean-Claude Peyronnet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet.
C'est un débat que nous avons effectivement déjà largement eu.
Je voudrais répondre brièvement à M. Vasselle, qui, en général, fait un long
discours fort ennuyeux et se sauve vite avant qu'on lui réponde !
(Vives
exclamations sur les travées du RPR.)
M. Jean Chérioux.
C'est une honte de dire cela ! Vous n'avez pas le droit de le mettre en cause.
C'est scandaleux !
M. Jacques Peyrat.
Quel mépris !
M. Jean-Claude Peyronnet.
C'est en tout cas ce qui s'est produit hier soir et encore aujourd'hui !
M. Jean Chérioux.
Il est en commission, car il est rapporteur d'un texte !
M. Alain Gournac.
Allez voir s'il est en commission !
M. Jean-Claude Peyronnet.
Bien qu'il soit absent, je souhaite lui répondre, car peut-être me
regarde-t-il à la télévision. Effectivement, il a vendu le morceau : il parle
de la majorité des Français et non de la majorité des maires. Il évoque la
campagne électorale, et nous sommes en pleine campagne.
Son discours est purement démagogique. On le sait- M. Badinter a donné les
chiffres -, 1 300 000 procès-verbaux doivent être réalisés. C'est parfaitement
irréaliste ! La constitution de partie civile est de même fort discutable. Je
ne crois pas que les maires soient demandeurs,...
M. Jacques Peyrat.
Si !
M. Jean-Claude Peyronnet.
... à part quelques shérifs ou cow-boys qui ont dans leur esprit la
territorialisation, c'est-à-dire des moyens renforcés pour la police municipale
!
M. Jean Chérioux.
Respectez les maires ! Ils ne sont ni des shérifs ni des cow-boys. C'est une
honte de parler comme cela !
Mme Nicole Borvo.
Vous n'êtes pas maire, monsieur Chérioux !
M. Jacques Peyrat.
La police municipale fait le travail de la police nationale !
M. le président.
Messieurs Peyrat et Chérioux, si vous souhaitez intervenir, demandez la parole
; mais, pour l'instant, laissez parler M. Peyronnet !
M. Jean Chérioux.
Il faut le rappeler à l'ordre, monsieur le président !
M. le président.
Seul M. Peyronnet a la parole !
M. Jean-Claude Peyronnet.
Les amendements proposés n'octroient aucun moyen supplémentaire aux maires. Ce
n'est pas parce que les maires seront informés ou parce qu'ils pourront se
porter partie civile qu'ils pourront obtenir des moyens supplémentaires.
En revanche, ils vont subir une concurrence entre communes, une pression de
leurs concitoyens, qui considéreront que leur maire a des pouvoirs puisqu'il
peut se porter partie civile. Les maires vont donc être amenés à renforcer
leurs pouvoirs et à renforcer les polices municipales. C'est ce que veulent
certains, nous l'avons bien compris. Et comme c'est irréaliste et que ce sera
rejeté par les députés, l'opposition nationale pourra alors dire, lors de la
campagne électorale qui s'ouvre : « Vous voyez, s'il y a de l'insécurité, c'est
la faute de la majorité plurielle qui n'a pas voulu nous suivre ! »
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Jacques Peyrat.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Peyrat.
M. Jacques Peyrat.
Je voudrais simplement ne pas laisser dire, mon cher collègue, que les maires
demandent un accroissement de leurs pouvoirs en vue d'augmenter les pouvoirs de
leur police municipale.
M. Alain Gournac.
Pas du tout !
M. Jacques Peyrat.
Pas du tout ! Et les maires qui siègent parmi nous savent bien que la police
municipale coûte cher. Elle est financée par les impôts locaux et, somme toute,
les maires préféreraient que la police nationale et les impôts nationaux
fournissent la sécurité que les uns et les autres attendent.
Ce n'est en général que dans les municipalités où l'on observe à la fois une
augmentation de la délinquance et une insuffisance des effectifs de la police
nationale que les maires - et je ne suis pas celui qui, à Nice, a créé la
police municipale ; je l'ai prise dans la besace de ceux qui m'ont précédé ! -
ont souhaité, depuis trente ans, c'est-à-dire bien avant l'arrivée des
socialistes au pouvoir, la création de polices municipales. Les maires n'ont
pas du tout pour objectif d'augmenter les pouvoirs de la police municipale.
Si, comme je le demandais à M. le ministre hier soir - mais vous n'étiez pas
en séance à ce moment-là, monsieur Peyronnet, puisque nous n'étions que sept au
moment où je m'exprimais - une augmentation des effectifs de police
intervenait, je serais tout prêt et ravi de supprimer ma police municipale.
M. Alain Gournac.
Moi aussi !
M. Jacques Peyrat.
Elle coûte 45 millions de francs à ma ville. C'est le coût de deux écoles, et
il est bien évident que, si je pouvais en faire l'économie, c'est très
volontiers que je le ferais.
Je fais confiance à la police nationale et aux forces de gendarmerie. Elles
sont simplement insuffisantes, et c'est pour cette raison que nous avons
recours aux polices municipales. Ce n'est donc pas pour augmenter les pouvoirs
de ces dernières que nous demandons une augmentation des pouvoirs des maires !
Donnez-nous les effectifs de police nationale suffisants, et nous supprimerons
les polices municipales !
(Très bien ! et applaudissements sur les travées
du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Permettez-moi, monsieur le président, d'évoquer les amendements n°s 15 et 16.
Ainsi, l'affaire sera réglée en ce qui me concerne.
S'agissant de l'amendement n° 15, le débat qui vient de s'engager entre les
diverses travées me semble sinon violent, du moins un peu tumultueux. Mes chers
collègues, je suis également l'un des responsables de l'Association des maires
de France. Notre ami M. Pierre Hérisson le sait, car je siège comme lui au
bureau.
M. Pierre Hérisson.
Un grand responsable !
M. Michel Charasse.
Un responsable parmi d'autres !
En tant que président de l'association départementale, je tenais une assemblée
générale des maires samedi dernier. Les maires sont certes très préoccupés,
mais non affolés. Il ne faudrait en effet pas déduire de ce débat l'idée d'un
affolement épouvantable des maires. Mais ces derniers sont effectivement
préoccupés.
M. Alain Gournac.
Oui !
M. Michel Charasse.
C'est d'ailleurs normal dans les circonstances actuelles, ne serait-ce qu'en
raison des affaires terroristes à propos desquelles ils ont reçu des
instructions des préfets pour la mise en oeuvre du plan Vigipirate. Les maires
sont, dans ces circonstances, officiers de police judiciaire et agents de
l'Etat, et, par conséquent, ils se sentent investis d'une certaine
responsabilité. Voilà qui n'a rien d'étonnant. C'est ce que nous ressentons
sans excès dans tous les départements.
S'agissant de l'amendement n° 15, outre les observations formulées sur le
caractère très lourd et systématique des formalités et des très nombreuses
procédures en cours dans les petites et moyennes communes, je voudrais dire
que, dans ma commune - je ne sais pas comment cela se passe dans les vôtres,
mes chers collègues - la gendarmerie m'informe verbalement et régulièrement de
toutes les procédures importantes en cours. Je n'en parle pas parce que, en
tant qu'officier de police judiciaire, j'estime être tenu au secret de la
procédure, mais je suis informé.
A cet égard, il y aurait peut-être un message à faire passer aux maires.
Lorsque l'affaire est soumise au tribunal, le maire est associé à l'enquête
d'environnement ou de moralité puisqu'il reçoit un formulaire du parquet qui
comporte un certain nombre de questions : « Connaissez-vous le dénommé Untel ?
A-t-il été déjà condamné ? Que fait-il ? » Je puis affirmer qu'une grande
partie des maires remplit ce document avec beaucoup de sérieux, étant entendu
que, pour ma part, je conteste toujours la présence, sur l'imprimé
réglementaire de la Chancellerie, de la mention : « A-t-il subi des
condamnations antérieures ? », parce que j'ignore si l'intéressé a été
amnistié. Or, si j'indique qu'il a subi une condamnation antérieure alors qu'il
a bénéficié d'une amnistie, je peux être poursuivi. Je ne vois donc pas très
bien l'intérêt de l'amendement n° 15.
Je vois encore moins l'intérêt de l'amendement n° 16.
S'agissant en effet de la partie civile, ou bien la commune est concernée, et
elle se porte partie civile : c'est normal,...
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
L'amendement n° 16 n'a pas été exposé !
M. Michel Charasse.
... et nous n'avons pas attendu ce débat devant le Sénat pour le faire. Je le
fais, pour ma part, régulièrement et systématiquement.
Ou bien la commune n'est pas concernée et, dans ce cas, elle ne se porte pas
partie civile. S'il faut déduire de l'amendement n° 16 qu'elle pourrait se
porter partie civile sans être concernée,...
Mme Nicole Borvo.
Ah oui ! Ce serait bien !
M. Michel Charasse.
... le tribunal, lorsqu'il sera saisi, pourra toujours considérer que la
commune qui se porte partie civile n'a aucun intérêt pour agir, et cela n'ira
pas plus loin. Par conséquent, je comprends bien l'objet de l'amendement n°
16,...
Plusieurs sénateurs sur les travées socialistes.
Il n'a pas encore été présenté !
M. Michel Charasse.
Il paraît qu'on en a parlé !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Oui, M. Bret en a parlé tout à l'heure !
M. Michel Charasse.
Je termine donc mon explication de vote !
Sur l'information du maire par le procureur, j'ai dit ce que j'avais à
dire.
Sur la partie civile, je dirai que l'amendement n° 16 est inopportun : ou la
commune est concernée, et les maires peuvent déjà se porter partie civile ; par
conséquent, ils ont tort. Ou la commune n'est pas concernée : les maires
peuvent alors se porter partie civile autant qu'ils voudront, mais, à l'heure
du jugement, le tribunal dira qu'il n'y a pas lieu d'indemniser cette commune
qui n'a subi aucun préjudice et qui n'avait pas d'intérêt à agir.
Par conséquent, monsieur le président, si nous ne voulons pas nous coucher
trop tard, nous avons intérêt à aller plus vite sur ce genre de questions !
(Sourires.)
M. Alain Gournac.
Ce débat ne sert alors plus à rien !
M. Jean-Pierre Schosteck,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Pierre Schosteck,
rapporteur.
Mes chers collègues, comme en première lecture, nous avons un
débat tout à fait fondamental, qui est en permanence détourné de son objet.
M. Alain Gournac.
Absolument !
M. Robert Bret.
Pas du tout !
M. Jean-Pierre Schosteck,
rapporteur.
De quoi s'agit-il ? De permettre au maire d'être informé de
ce qui se passe dans sa commune.
M. Marcel Debarge.
Cela se fait !
M. Jean-Pierre Schosteck,
rapporteur.
Eh bien, c'est formidable ! En tout cas, chez moi, ce n'est
pas le cas !
M. Alain Gournac.
Cela ne se fait pas chez moi non plus !
M. Jean Chérioux.
Il y a deux poids et deux mesures, peut-être !
M. Jacques Peyrat.
En fonction de la taille de la commune !
M. le président.
Mes chers collègues, laissez poursuivre M. le rapporteur, qui a seul la
parole.
M. Jean-Pierre Schosteck,
rapporteur.
Je veux bien croire que M. le maire de Puy-Guillaume soit
parfaitement informé de tout ce qui se passe dans sa commune ; cela ne m'étonne
pas, et, en effet, c'est plus commode.
Mais, dans la grande ville de la couronne parisienne que j'ai l'honneur
d'administrer, j'en suis réduit, pour apprendre ce qui s'est passé dans ma
commune, à lire la page régionale du quotidien
Le Parisien
,...
M. Alain Gournac.
Voilà comment je m'informe aussi !
(M. Gournac brandit le journal
Le Parisien)
Mme Nicole Borvo.
Pas de publicité !
M. René Garrec,
président de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du
suffrage universel, du règlement et d'administration générale.
Elle n'est
pas mensongère !
(Sourires.)
M. Jean-Pierre Schosteck,
rapporteur.
... page qui est extrêmement réduite. Cela, nous ne pouvons
pas l'accepter !
Monsieur le ministre, j'ai critiqué dans mon rapport écrit de première lecture
le recours à la procédure d'urgence. En effet, si nous avions eu le temps de
discuter, nous aurions pu entendre les arguments des uns et des autres.
Je concède volontiers que, dans certains départements - et M. Badinter a
raison -, si le seul procureur a toutes les informations à transmettre, des
embouteillages se produiront. Cela étant dit, les techniques ont un peu évolué,
et il suffit désormais d'appuyer sur un bouton d'ordinateur pour que les
données soient transmises automatiquement, ce qui est plus commode et prend
moins de temps. Mais j'admets volontiers que le niveau proposé ne soit pas le
bon.
Si l'urgence n'avait pas été déclarée sur ce texte, nous aurions eu le temps
d'en discuter. Pour les communes ayant passé une convention entre la police
nationale et la police municipale, par exemple, cette procédure aurait
parfaitement pu être organisée. D'ailleurs, il y a une espèce de preuve par
neuf : il est tout de même singulier, monsieur le ministre, que vous repoussiez
notre proposition et que, dans le même temps, vous ayez - et fort heureusement
- adressé une circulaire aux préfets pour leur demander d'organiser précisément
ce que vous nous refusez aujourd'hui.
(Sourires sur les travées du RPR.)
Alors, vérité en deçà des Pyrénées, mensonge au-delà ? Je ne sais pas, mais, si
vous avez - et à juste titre, je le répète - exprimé le besoin de le demander
aux préfets, c'est bien que la nécessité existe.
Je crois d'ailleurs savoir que votre collègue ministre de la justice a fait
la même chose avec les procureurs, et, comme j'ai eu l'honneur de vous le dire
en privé récemment, les choses sont allées moins vite. Il y a peut-être un
progrès à faire à cet égard.
Je ne crois pas que notre proposition soit fondamentalement révolutionnaire.
Je suis pour ma part tout prêt à discuter d'une modification de ce système : si
d'autres échelons sont préférables, si des procédures sont plus souples,
pourquoi pas ? Mais, encore une fois, si l'urgence n'était pas déclarée à
chaque fois, nous aurions le temps d'élaborer de bons textes, comme c'est bien
le rôle du Parlement.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du
RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 5 :
Nombre de votants | 311 |
Nombre de suffrages exprimés | 311 |
Majorité absolue des suffrages | 156 |
Pour l'adoption | 200 |
Contre | 111 |
En conséquence, l'article 1er A est rétabli dans cette rédaction.
Article 1er B