SEANCE DU 28 NOVEMBRE 2000


M. le président. Par amendement n° I-87, M. Carle et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les deux premiers alinéas de l'article L. 2123-23 du code général des collectivités territoriales sont ainsi rédigés :
« Les indemnités maximales votées par les conseillers municipaux pour l'exercice effectif des fonctions de maire des communes et de président de délégations spéciales sont déterminées en appliquant au terme de référence mentionné à l'article L. 2123-20 le barème suivant :



POPULATION (HABITANTS)

TAUX MAXIMAL

de l'indice 1015


Moins de 500 17 500 à 999 31 1 000 à 3 499 43 3 500 à 9 999 55 10 000 à 19 999 65 20 000 à 49 999 90 50 000 à 99 999110 100 000 et plus145


»


« II. - L'article 2123-23-1 du même code est supprimé.
« III. - La perte de recettes résultant pour l'Etat des I et II ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Carle.
M. Jean-Claude Carle. Les communes sont le creuset de notre démocratie. Les maires, leurs adjoints et les conseillers municipaux en sont les premiers acteurs. Or on assiste à une certaine crise des vocations, dont les origines sont multiples. Elle résulte, notamment, de l'inconfort, voire de l'insécurité matérielle ou morale dans lesquels les élus locaux exercent leur mission.
Le Sénat s'est préoccupé de leur insécurité juridique et morale en adoptant la proposition de loi de notre collègue M. Pierre Fauchon sur les délits non intentionnels, devenue aujourd'hui loi de la République.
Mais à cette insécurité s'ajoute un certain inconfort matériel. Le niveau des indemnités des adjoints au maire est ridicule si on le compare à la charge de leur mandat.
La loi sur le cumul des mandats a revalorisé les indemnités perçues par les maires - et ce n'était que justice - mais pas celles des adjoints au maire. Leurs indemnités de fonctions et celles des conseillers municipaux, des présidents et vice-présidents d'un établissement public de coopération intercommunal n'ont pas été modifiés ; c'est anormal.
En effet, le vrai problème de notre démocratie - tout autant que celui de la parité - tient à l'égal accès à la vie publique des femmes et des hommes quelle que soit leur origine sociale ou professionnelle. Je me réjouis d'ailleurs que M. le Premier ministre l'ait recemment rappelé.
Notre amendement vise à modifier le code général des collectivités territoriales afin que la revalorisation des indemnités ne se limite pas aux maires mais bénéficie également à leurs adjoints, aux conseillers municipaux, aux présidents et vice-présidents d'EPCI.
Il s'agit d'une mesure d'équité, et il serait, me semble-t-il, inconvenant de se retrancher derrière l'éternel serpent de mer du statut de l'élu local pour ne rien faire dès aujourd'hui envers celles et ceux qui font vivre notre démocratie.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Notre assemblée a déjà voté un tel amendement lors du débat sur le collectif du printemps 2000. La différence de traitement entre les maires et leurs adjoints n'est pas normale. C'est un vrai problème de la démocratie locale que notre collègue Jean-Claude Carle a eu raison de souligner.
Tout cela doit, bien entendu, être intégré dans une démarche globale visant à la définition d'un statut de l'élu, sujet récemment abordé par le président du Sénat.
La commission est favorable à l'amendement n° I-87.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. La loi du 5 avril 2000 a revalorisé de façon significative les indemnités de fonctions des maires. Cela a fait l'objet d'un long débat sur lequel il n'y a pas lieu de revenir.
Est proposée dans cet amendement une revalorisation générale des indemnités des adjoints, qui représenterait pour les communes une charge financière estimée à au moins 1,7 milliard de francs, à quoi il faudrait ajouter le coût des indemnités de président et vice-président des établissements publics de coopération intercommunale, ainsi que diverses charges dérivées.
Il va de soi qu'un tel alourdissement des charges des collectivités locales limiterait considérablement la possibilité d'envisager pour l'avenir de nouvelles mesures en faveur des élus locaux, notamment dans le cadre du statut de l'élu local, et que diverses questions telles celles de la formation des maires des petites collectivités, des charges sociales ou des retraites devraient être réexaminées.
Ce problème doit s'intégrer dans une réflexion d'ensemble sur l'amélioration des conditions d'exercice des mandats locaux, qui pourra être engagée à la suite de la remise des conclusions de la commission présidée par M. Pierre Mauroy et qui devrait aboutir, comme l'a indiqué M. le Premier ministre, au cours de l'année 2001.
C'est pourquoi je souhaite le retrait de l'amendement n° I-87.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-87, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 15.

Article additionnel avant l'article 26