SEANCE DU 28 NOVEMBRE 2000


M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-138 rectifié bis, Mme Beaudeau, MM. Foucaud et Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article 26 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans la dernière phrase du II de l'article 1641 du code général des impôts, le taux : "4,4 %" est remplacé par le taux : "4 %".
« II. - Les taux fixés au III bis de l'article 125 A du code général des impôts sont relevés à due concurrence. »
Par amendement n° I-157 rectifié, MM. Ostermann, Besse, Braun, Cazalet, Chaumont, Gaillard, Joyandet, Trégouët, Cornu, Martin, Vasselle, Murat, Rispat, Neuwirth, Darcos, Fournier, de Broissia, Vial, Leclerc, Schosteck, Lanier et Mme Olin proposent d'insérer, après l'article 5, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans la dernière phrase du II de l'article 1641 du code général des impôts, le taux : "4,4 %" est remplacé par le taux : "4 %".
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'application du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Foucaud, pour défendre l'amendement n° I-138 rectifié bis.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement vise à tirer les conséquences de la non-application de la révision des valeurs locatives en prévoyant de mettre un terme au prélèvement de 0,4 % institué pour couvrir la charge générée par la mise en oeuvre de cette réforme.
Je ne reviendrai pas sur les raisons qui motivent cet amendement, ayant déjà eu l'occasion de les détailler.
M. le président. La parole est à M. Ostermann, pour présenter l'amendement n° I-157 rectifié.
M. Joseph Ostermann. Cet amendement, qui concerne également le financement de la révision des bases locatives, tend à supprimer le prélèvement opéré par l'Etat sur le produit des impôts locaux pour financer cette révision.
Les frais engagés par l'Etat à cette fin doivent maintenant être amortis étant donné le temps écoulé depuis les premières études. Si d'autres études ou d'autres travaux doivent être élaborés, le financement pourra être opéré par le budget de l'Etat sans qu'il y ait lieu de ponctionner à nouveau les collectivités locales et les contribuables.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s I-138 rectifié bis et I-157 rectifié ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission pense beaucoup de bien de ces amendements, car le maintien de ce prélèvement sans objet est un véritable scandale. Elle est donc favorable au dispositif prévu dans ces deux amendements, avec une préférence toutefois pour l'amendement n° I-157 rectifié, dont le gage lui convient mieux.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Cette majoration de 0,4 point des taux de prélèvement au profit de l'Etat pour frais d'assiette et de recouvrement des impôts directs locaux a été instituée en 1990 par la loi relative à la révision générale des évaluations des immeubles retenus pour la détermination des bases des impôts directs locaux. Les opérations administratives de cette révision sont, comme vous le savez, ce point ne vous a pas échappé, achevées.
Mais, pour tenir compte de la part croissante prise par l'Etat dans le financement de la fiscalité directe locale au cours de ces dernières années, la majorité parlementaire d'alors, à laquelle vous apparteniez, a pérennisé, monsieur le rapporteur général, cette majoration de 0,4 point dans la loi de finances pour 1996.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Errare humanum est, perseverare diabolicum !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je vous rappelle que les dégrèvements et admissions en non-valeurs à la charge de l'Etat ont doublé entre 1992 et 1999, passant de 32 milliards de francs à 63 milliards de francs.
En revanche, sur la même période, les recettes perçues par l'Etat en contrepartie sont en augmentation d'environ 70 %.
La suppression de la majoration de 0,4 % serait de surcroît très peu visible pour les contribuables puisque l'allégement moyen qui en résulterait serait de 12 francs.
Or le Gouvernement a préféré conduire une politique volontariste de réduction de la fiscalité directe locale en supprimant la part régionale de la taxe d'habitation, en réaménageant les dispositifs de dégrèvements et en retenant plusieurs dispositifs ciblés sur les personnes les plus défavorisées.
De la même manière, la réforme du barème de l'impôt sur le revenu, la suppression de la redevance de l'audiovisuel pour les personnes âgées ayant des revenus modestes et le dégrèvement de 500 francs de taxe foncière pour les mêmes redevables sont des mesures qui se traduisent directement par un allégement substantiel des prélèvements supportés par ces catégories de personnes aux revenus modestes.
Pour ces motifs, je souhaite, messieurs les sénateurs, que vous retiriez vos amendements.
M. le président. Monsieur Foucaud, l'amendement est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud. Oui, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-138 rectifié bis, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-157 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 5.

Article additionnel après l'article 12