SEANCE DU 19 OCTOBRE 2000


M. le président. « Art. 84. - I et II. - Supprimés. »
« III. - L'article L. 321-1 du code de la construction et de l'habitation est ainsi rédigé :
« Art. L. 321-1 . - L'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat a pour mission, dans le respect des objectifs définis à l'article L. 301-1, de promouvoir et faciliter l'exécution de travaux de réparation, d'assainissement, d'amélioration et d'adaptation d'immeubles d'habitation ou de logements, ainsi que l'exécution de travaux de transformation en logements de locaux non affectés à usage d'habitation, dès lors que ces logements sont utilisés à titre de résidence principale. Un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'application du présent article. »
« IV. - Non modifié. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 250, MM. Plancade, Vézinhet, Bellanger, Mme Printz et les membres du groupe socialiste est apparentés, proposent de compléter le texte présenté par le III de cet article pour l'article L. 321-1 du code de la construction et de l'habitation par un alinéa ainsi rédigé :
« Elle participe également au financement des associations nationales de locataires représentatives qui siègent à la commission nationale de concertation pour leurs activités dans les secteurs locatifs mentionnés aux cinquième et sixième alinéas de l'article 41 ter de la loi n° 86-1290 du 23 décembre 1986 tendant à favoriser l'investissement locatif, l'accession à la propriété de logements sociaux et le développement de l'offre foncière. »
Par amendement n° 264, Mme Terrade et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de compléter le texte présenté par le III de l'article 84 pour l'article L. 321-1 du code de la construction et de l'habitation par un alinéa ainsi rédigé :
« Elle contribue également au financement des associations de locataires. »
La parole est à M. Plancade, pour défendre l'amendement n° 250.
M. Jean-Pierre Plancade. Cet amendement vise à permettre à l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat, l'ANAH, comme cela a été fait pour la CGLLS, de participer au financement des associations de locataires. Je n'ai guère de doute sur l'issue de cette démarche, mais ma ténacité sera aussi solide que mes convictions !
M. le président. La parole est à Mme Terrade, pour défendre l'amendement n° 264.
Mme Odette Terrade. Cet amendement n° 264 portant sur l'article 84 s'apparente évidemment à l'amendement que nous avons défendu à l'article 67, s'agissant de l'appui financier accordé par la Caisse de garantie du logement locatif social au fonctionnement des associations représentatives de locataires.
Quant au fond, cet amendement participe des mêmes objectifs que ceux que nous avions indiqués alors, et nous nous félicitons que nos collègues du groupe socialiste et apparentés soient animés sur cette question du même souci que nous.
La place des assocations représentatives de locataires présente, dans le domaine d'intervention qui nous préoccupe - celui de l'ANAH -, quelques caractéristiques sur lesquelles je souhaite ici revenir.
Dans le parc locatif privé, les rapports qu'entretiennent la plupart du temps les locataires et les bailleurs sont évidemment d'une autre nature que ceux qui sont entretenus dans le parc locatif social, ne serait-ce que par la nature diffuse de la propriété et la diversité des situations d'occupation que l'on peut rencontrer.
Pour autant, sur nombre de questions, telles que la fixation des loyers, la définition même des charges locatives imputables au locataire, les travaux d'entretien, d'amélioration ou de grosses réparations, l'information des locataires peut passer par le contact que ces derniers entretiennent avec les associations représentatives. Celles-ci constituent en effet, en l'absence de structure de dialogue et de concertation, un interlocuteur parfois décisif en matière de rapports locatifs et pas uniquement, d'ailleurs, en matière de contentieux.
C'est donc pour affirmer clairement la reconnaissance de l'action et de l'existence de ces associations que nous vous invitons à adopter cet amendement n° 264.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 250 et 264 ?
M. Louis Althapé, rapporteur. Sur l'amendement n° 250, je rappelle à M. Plancade que l'ANAH n'a pas à financer, sur des fonds historiquement versés par les propriétaires, les associations de locataires.
Désormais, c'est une ligne budgétaire qui finance directement l'ANAH. Je pense donc que le Gouvernement, plutôt que d'utiliser un tel détour, ferait mieux de renforcer la ligne budgétaire consacrée aux associations.
M. Patrick Lassourd. Bien sûr !
M. Louis Althapé, rapporteur. La commission émet également un avis défavorable sur l'amendement n° 264, et ce pour les mêmes raisons.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 250 et 264 ?
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement partage l'analyse exposée par les auteurs des amendements n°s 250 et 264 pour des raisons identiques à celles qu'il a développées, s'agissant du financement des associations de locataires du secteur locatif social HLM, lorsque nous avons évoqué la contribution de la CGLLS. Le Gouvernement émet donc un avis favorable sur ces deux amendements.
Mme Odette Terrade et M. Jean-Pierre Plancade. Très bien !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 250.
M. Patrick Lassourd. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd. Je ne peux m'empêcher de revenir sur ce point, que nous avons déjà évoqué tout à l'heure à propos de la CGLLS. Il y a un amalgame. Les fonds de l'ANAH sont destinés à aider les propriétaires bailleurs à rénover leur logement. En échange, le loyer de ce dernier est réglementé et le public est ciblé. Distraire une partie de ces fonds vers un autre objectif serait donc, à mon avis, une erreur. Ce le serait d'autant plus que la subvention apportée par l'ANAH aux propriétaires bailleurs devient de moins en moins importante eu égard à l'augmentation considérable des coûts de construction.
C'est la raison pour laquelle je suis totalement opposé à l'amendement n° 250, comme d'ailleurs à l'amendement n° 264.
M. Jean-Pierre Plancade. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Plancade.
M. Jean-Pierre Plancade. Je tiens à remercier le Gouvernement pour son attitude favorable : cela prouve qu'il sait s'imposer à lui-même ce qu'il impose aux autres.
Par ailleurs, je dirai à mon éminent collègue Patrick Lassourd, qui connaît bien ces dossiers et que j'écoute donc toujours avec beaucoup d'attention, qu'il ne faut pas, comme il le fait en permanence, dire que l'on est défavorable à une disposition, sans rien proposer à côté ! Vous affirmez qu'il y a une autre solution, mais vous ne la développez pas, vous ne la proposez pas ! Jusqu'à présent vous vous êtes toujours opposé systématiquement aux amendements que nous avons déposés pour que les associations de locataires aient, comme nous le voulons tous, les moyens de fonctionner. Vous ne pouvez pas constamment dire que vous êtes d'accord avec le principe et, ensuite, voter systématiquement contre les propositions concrètes.
M. Patrick Lassourd. Il faut augmenter la ligne budgétaire du ministère !
M. Louis Althapé, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Althapé, rapporteur. A travers plusieurs amendements, on a bien senti que le Gouvernement tentait...
M. Patrick Lassourd. ... de se défausser !
M. Louis Althapé, rapporteur. ... de financer avec les organismes existants les associations de locataires. Cela a été le cas avec la caisse de garantie, c'est le cas maintenant avec l'ANAH.
Soyons cohérents, monsieur le secrétaire d'Etat : il existe une ligne budgétaire qu'il s'agit tout simplement de renforcer ! Si, dans le cadre de la loi de finances, le Gouvernement s'engage à ne pas demander l'application de l'article 40, nous n'aurons aucune difficulté pour trouver des financements pour les associations de locataires ! C'est aussi simple que cela, et cela aura au moins le mérite de la clarté.
M. Patrick Lassourd. Le Gouvernement se défausse !
MM. Nicolas About et Roland du Luart. Tout à fait !
M. Jean-Pierre Plancade. C'est vous qui vous défaussez !
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat. Je crois que, dans cette affaire, il faut savoir raison garder.
Tous les arguments peuvent se défendre, mais je rappelle à la Haute Assemblée que les associations de locataires ne sont pas seules à émarger sur ces types de financement. Tout le mouvement familial, l'ensemble des associations familiales sont financés par un prélèvement sur les prestations versées par les caisses d'allocations familiales. J'ai moi-même été à l'origine d'un amendement, voilà déjà un certain nombre d'années, qui avait été adopté - ce qui était assez rare à l'époque, puisque j'étais dans l'opposition - et qui avait renforcé cette disposition.
C'est une réalité que personne ne remet en cause ! L'étendre aux associations de locataires était donc, me semble-t-il, pertinent. Traditionnellement, c'est le cas pour financer les organismes bailleurs dans leurs fédérations et leurs structures diverses pour le secteur HLM.
La seule suggestion que la Haute Assemblée aurait peut-être pu faire pour assurer une parfaite symétrie entre le secteur HLM et le secteur privé, c'est que, de la même manière que l'on subventionne les fédérations et l'union des organismes d'HLM pour les bailleurs publics, on finance aussi, éventuellement, l'organisation professionnelle des bailleurs privés, étant entendu que, dans les deux cas, les associations de locataires sont légitimes à être elles-mêmes financées. Il y aurait eu là une cohérence, la symétrie aurait été totale.
Mais ce n'est pas là un précédent, il s'agit du système existant pour le financement de toute la représentation familiale.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 250, repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 264, repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 208, le Gouvernement propose de compléter l'article 84 par un V ainsi rédigé :
« V. - Les articles L. 322-1 à L. 322-3 du code de la construction et de l'habitation sont abrogés. »
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat. Il vous est proposé ici un toilettage, un dépoussiérage.
Vous savez que, depuis 1991, les logements de plus de quinze ans sont automatiquement éligibles à un certain nombre d'aides à l'habitat ancien, qui sont identiques à celles qui étaient spécifiques aux logements d'avant 1948. Il n'y a pas de légitimité à maintenir ces deux catégories d'aide, puisqu'elles ne sont pas cumulables.
Par cet allégement rédactionnel, nous revenons simplement à la consécration de la réalité d'aujourd'hui, sans qu'il soit besoin de garder le souvenir de textes qui n'ont plus lieu d'être.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Althapé, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 208, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 84, ainsi modifié.

(L'article 84 est adopté.)

Article 84 bis