Séance du 13 octobre 1999
M. le président. « Art. 38. _ Sans préjudice des dispositions du second alinéa de l'article 2 de la loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997 portant réforme du service national, les Français qui sont soumis aux obligations du livre II du code du service national peuvent souscrire un engagement à servir dans la réserve opérationnelle au titre de la présente loi dès sa promulgation.
« La souscription de cet engagement les dispense des obligations définies à la section 4 du chapitre Ier du titre III du livre II du code du service national. » - (Adopté.)
Article 38 bis
M. le président.
« Art. 38
bis
. _ Aucun établissement ou organisme de formation public
ou privé ne peut prendre de mesure préjudiciable à l'accomplissement normal du
cursus de formation entrepris par un étudiant ou un stagiaire qui exerce une
activité au titre d'un engagement à servir dans la réserve opérationnelle, à la
suite d'un appel ou d'un rappel des personnes soumises à l'obligation de
disponibilité en raison des absences qui résultent de cet engagement ou de
cette obligation. » -
(Adopté.)
Article 39
M. le président.
« Art. 39. _ I. _ Après la section 4-2 du chapitre II du titre II du livre Ier
du code du travail, sont insérées des sections 4-3 et 4-4 ainsi rédigées :
« Section 4-3
« Dispositions particulières aux personnes
exerçant une activité dans la réserve opérationnelle
«
Art. L. 122-24-5. _
Aucun employeur ne peut résilier le contrat de
travail d'un salarié ou d'un apprenti qui exerce une activité au titre d'un
engagement à servir dans la réserve opérationnelle ou à la suite d'un appel ou
d'un rappel des personnes soumises à l'obligation de disponibilité en raison
des absences qui résultent de cet engagement ou de cette obligation.
«
Art. L. 122-24-6. _
A l'issue d'une période d'activité au titre d'un
engagement à servir dans la réserve opérationnelle ou à la suite d'un appel ou
d'un rappel des personnes soumises à l'obligation de disponibilité, le salarié
retrouve son précédent emploi.
«
Art. L. 122-24-7. _
La résiliation du contrat de travail ne peut être
notifiée ou prendre effet pendant l'accomplissement d'une période d'activité au
titre d'un engagement à servir dans la réserve opérationnelle ou à la suite
d'un appel ou d'un rappel des personnes soumises à l'obligation de
disponibilité.
«
Art. L. 122-24-8. _
Les périodes d'activité au titre d'un engagement
à servir dans la réserve opérationnelle ou à la suite d'un appel ou d'un rappel
des personnes soumises à l'obligation de disponibilité sont considérées comme
des périodes de travail effectif pour les avantages légaux et conventionnels en
matière d'ancienneté, d'avancement, de congés payés et de droits aux
prestations sociales.
« Section 4-4
« Règles particulières aux personnes ayant souscrit
un engagement à servir dans la réserve opérationnelle
«
Art. L. 122-24-9. _
Tout salarié ayant souscrit un engagement à
servir dans la réserve opérationnelle bénéficie d'une autorisation d'absence de
cinq jours ouvrés par année civile au titre de ses activités dans la
réserve.
« Le réserviste salarié désirant bénéficier de cette absence doit présenter sa
demande par écrit à son employeur un mois au moins à l'avance, en indiquant la
date et la durée de l'absence envisagée.
« Au-delà de cette durée, le réserviste est tenu de requérir l'accord de son
employeur avec un préavis de deux mois en précisant la date de son départ et la
durée de la période qu'il souhaite accomplir, sous réserve de dispositions plus
favorables résultant notamment de conventions conclues entre l'employeur et le
ministre chargé des armées.
«
Art. L. 122-24-10. _
Le refus de l'employeur d'accorder à un salarié
l'autorisation de participer à une activité dans la réserve qui requiert son
accord préalable doit être motivé et notifié à l'intéressé et à l'autorité
militaire dans les quinze jours qui suivent la réception de sa demande. »
« II. _
Non modifié.
» -
(Adopté.)
Article 44
M. le président.
« Art. 44. _ Après le 3° de l'article 61 du code de justice militaire, il est
inséré un 4° ainsi rédigé :
« 4° Les militaires de la réserve accomplissant un engagement à servir dans la
réserve opérationnelle, ou qui font partie des personnes soumises à
l'obligation de disponibilité appelées ou rappelées au service. » -
(Adopté.)
Article 45
M. le président. « Art. 45. _ Le 3° de l'article L. 2 du code des pensions civiles et militaires de retraite est complété par les mots : " et les militaires servant au titre d'un engagement à servir dans la réserve opérationnelle ou au titre de la disponibilité. » - (Adopté.)
Article 46
M. le président.
« Art. 46. _ Le code du service national est ainsi modifié :
« 1° A, 1° et 2°
Non modifié
s ;
« 3° Il est inséré, après le chapitre IV du titre Ier du livre 1er, un
chapitre V ainsi rédigé :
« Chapitre V
« La préparation militaire
«
Art. L. 115-1. _
La préparation militaire et la préparation militaire
supérieure sont accessibles aux Français libérés des obligations du service
national âgés de moins de trente ans et ayant l'aptitude reconnue par le
service de santé des armées pour suivre le cycle de formation correspondant.
« Cette préparation militaire consiste en une formation militaire dont la
durée est fixée par l'autorité militaire en fonction des besoins de chaque
force armée, arme et spécialité.
«
Art. L. 115-2. _
Tout Français victime de dommages subis pendant une
période d'instruction ou à l'occasion d'une période d'instruction accomplie au
titre d'un cycle de formation de la préparation militaire, et, en cas de décès,
ses ayants droit, obtiennent de l'Etat, lorsque la responsabilité de ce dernier
est engagée, la réparation intégrale du dommage subi, suivant les règles du
droit commun. » -
(Adopté.)
Article 47
M. le président.
« Art. 47. _ La loi n° 72-662 du 13 juillet 1972 portant statut général des
militaires est ainsi modifiée :
« 1°, 2°, 2°
bis
et 3°
Non modifiés
;
« 4° Après l'article 104, il est inséré un article 104-1 ainsi rédigé :
«
Art. 104-1
. _ Les articles 4 à 8, 10 à 13, 15 à 22, 24, 25 (premier
alinéa), 27 (premier et troisième alinéas), 50, 51, 53 (premier alinéa), 79, 91
et 93 sont applicables aux réservistes qui exercent une activité au titre d'un
engagement à servir dans la réserve opérationnelle ou au titre de la
disponibilité. " ;
« 5° et 6°
Non modifiés.
» -
(Adopté.)
Les autres dispositions du projet de loi ne font pas l'objet de la deuxième
lecture.
M. Alain Richard,
ministre de la défense.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard,
ministre de la défense.
Je ne voudrais pas retarder les explications de
vote, d'autant plus que j'aurais pu prendre la parole plus tard pour remercier
le Sénat du vote favorable qu'il ne va pas manquer d'émettre. Il me paraît
cependant plus courtois et plus cohérent de répondre à ce stade de la procédure
aux observations qu'a faites M. le rapporteur ainsi que de commenter ses
recommandations. Je tiens d'ailleurs une nouvelle fois à remercier M. Serge
Vinçon de son engagement personnel sur un dossier auquel il croit beaucoup.
Indéniablement, son apport, suivi, bien entendu, de celui de la commission dans
son ensemble, a permis à ce projet de loi de progresser en réflexion et de
gagner en soutien.
M. le rapporteur a suggéré, d'une part, que l'on définisse une politique de
communication pour pallier l'affaiblissement de la « culture » militaire, sous
l'effet de la disparition des obligations du service national et, d'autre part,
que l'on entreprenne une véritable stratégie de négociation d'accords avec les
entreprises employeurs de la majorité des réservistes potentiels. Je serais
tenté de dire que ces deux suggestions me paraissent relever d'une complicité
inconsciente avec M. Jean-Pierre Masseret.
(Sourires.)
Lorsque nous
travaillons sur les différents projets nécessaires à l'application du projet de
loi, mon collègue et ami, qui s'investit beaucoup, insiste toujours sur ces
mêmes deux points, et je l'approuve pleinement. Il nous faut en effet surmonter
la méconnaissance de la population, en particulier des jeunes, qui sont peu
familiarisés avec le mécanisme des nouvelles réserves. A nous de l'expliquer et
de l'illustrer.
Par ailleurs, nous devrons établir un climat de confiance avec les employeurs
afin que les droits ouverts par ce texte aux salariés réservistes ne soient pas
perçus par le monde patronal comme un obstacle à la vie des entreprises.
L'intention du Gouvernement, je peux en témoigner, est de donner la priorité à
ces deux aspects.
En ce qui concerne la politique de communication, nous avons deux vecteurs
principaux : l'un, heureusement, est volontaire ; l'autre s'impose à nous dans
certaines circonstances.
Le premier, c'est l'appel de préparation à la défense. Le système mûrit. Nous
complétons notre expérience. Nous venons de marquer, pour la première année,
l'accueil de 550 000 jeunes. Il va nous falloir mettre en place un dispositif,
et nous nous y travaillons avec M. Jean-Pierre Masseret, pour donner
satisfaction aux jeunes qui, au terme de la journée d'appel de préparation à la
défense, sont intéressés par un nouveau contact, de nature non professionnelle,
avec la défense.
Nous avions assez longuement discuté, lors de l'examen de la loi d'octobre
1997, sur le fait de savoir si l'appel de préparation à la défense devait se
dérouler sur une ou sur plusieurs journées. Nous nous orientons vers une
deuxième journée pour ceux qui sont intéressés. Ce sera également motivant pour
les cadres d'active et de réserve chargés d'encadrer les journées « tout public
» d'appel de préparation à la défense, qui pourront se consacrer un certain
nombre de fois dans l'année à des jeunes motivés. Donc, l'appel de préparation
à la défense et son extension progressive devront être perçus en partie comme
une passerelle pour soutenir la motivation des jeunes susceptibles d'entrer
dans la réserve.
Le deuxième support de communication dont nous nous servirons, ce sont, bien
sûr, les opérations extérieures. Lorsque des missions parlementaires ou des
journalistes se déplacent auprès de nos unités en opérations extérieures il est
de notre devoir - ce sera un travail à mener en commun avec les services
d'information associés aux unités en opération - de montrer que les réservistes
sont d'ores et déjà nécessaires et font la preuve de leur efficacité aux côtés
des troupes professionnelles dans nos engagements extérieurs.
J'en viens aux entreprises. M. Jean-Pierre Masseret me disait à plusieurs
occasions, lors de déplacements récents, sa satisfaction : tout de même, alors
que nous n'en sommes qu'au début du processus, le monde patronal comprend
l'intérêt de la réserve, un intérêt collectif, bien sûr, mais aussi un intérêt
indirect pour les employeurs du fait de l'expérience acquise. Nous espérons
pouvoir lancer une campagne de propositions d'avenants à des conventions
collectives de branches ou de métiers qui enregistreraient l'acceptation par
les entreprises des quelques obligations et contraintes que représente pour
elles la loi.
M. le rapporteur s'est aussi interrogé sur la manière aussi efficace de
concilier que possible le besoin de formation ou de reformation périodique des
réservistes et leur engagement opérationnel.
Cela pose en particulier la question des durées annuelles de disponibilité des
réservistes : elles ne seront pas toujours faciles à diviser, notamment pour ce
qui est de la période de reformation et de remise en condition avant un départ
en engagement opérationnel. C'est, en effet, l'une des questions clés. Comme je
l'indiquais récemment à M. le rapporteur, nous espérons que la durée de cent
vingt jours dans le cas général permettra à un réserviste utile pour une
opération extérieure à la fois de se reformer et de mettre en condition avant
de partir rejoindre une opération extérieure pour un délai suffisant. Mais
c'est là une question que nous aurons à revoir dans le temps, lors d'un
rendez-vous que je ne peux pas fixer aujourd'hui mais que l'on peut imaginer
dans deux ou trois ans.
Comme vous le savez, des parlementaires siégeront au sein du Conseil supérieur
de la réserve militaire. Un rapport annuel sera établi. Nous disposerons ainsi
de toute une série d'outils d'évaluation progressive. Au terme d'une période de
deux ou trois ans d'expérience, nous serons peut-être amenés à réviser ce
découpage dans le temps des cent vingt jours.
Enfin, je dirai à M. le rapporteur, qui se préoccupait d'assurer un
financement suffisant de la réserve pour que sa montée en puissance soit
efficace pratiquement et convaincante pour la motivation des réservistes, que
c'est - pourquoi ne pas le dire ? - une préoccupation. Sachez que la
professionnalisation des armées et la conduite des missions de la réserve
mobilisent des moyens importants. Nous réalisons en même temps des gains
d'efficacité qui, heureusement, nous libèrent des marges. Je pourrai expliquer
au Sénat dans quelques semaines, à l'occasion de la discussion du projet de loi
de finances pour 2000, que les moyens de fonctionnement de l'ensemble des
armées, au titre de la quatrième année de la programmation militaire, sont bien
en ligne avec les objectifs et permettent de maintenir toute la disponibilité
et toute l'efficacité souhaitables.
Cela étant, nous devrons à chaque fois relever un véritable défi et trouver
les 200 à 250 millions de francs supplémentaires nécessaires, en fin de
parcours, pour financer concrètement la réserve.
Je suis convaincu que l'utilité reconnue de la nouvelle réserve et la
motivation de nombreux parlementaires, notamment ceux des deux commissions
chargées de la défense, nous aideront à convaincre que ces moyens sont
nécessaires. Soyez en tout cas assurés que, pour M. Jean-Pierre Masseret et
moi-même, c'est une priorité budgétaire, pour les deux années à venir, puisque
c'est sur 2001 et 2002 qu'il nous faudra franchir des étapes significatives.
Je voudrais, en conclusion de ce bref propos, remercier la commission des
affaires étrangères de la défense et des forces armées de la compréhension dont
elle fait preuve devant l'évolution du projet de loi, les apports de
l'Assemblée nationale et les préoccupations des uns et des autres, ce qui nous
permet, sur la proposition du rapporteur, d'obtenir un vote conforme et donc de
pouvoir, dès l'automne 1999, conclure le dernier chapitre législatif de la
professionnalisation des armées et en amorcer la mise en oeuvre.
Ce débat, d'une particulière qualité et véritablement tourné vers l'avenir, a
été animé d'une volonté de renouvellement du lien nation-armée qui fait honneur
au Parlement et qui nous permet de conclure dans des conditions
particulièrement positives ce grand train de réformes qui marquera l'histoire
de notre pays.
(Applaudissements.)
Vote sur l'ensemble