M. le président. La parole est à M. Carrère.
M. Jean-Louis Carrère. Ma question s'adresse à M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
M. Josselin de Rohan. Voilà le mammouth !
M. Jean-Louis Carrère. Je me félicite que les promesses faites, lors de la campagne des élections législatives, au printemps dernier, de créer 700 000 emplois-jeunes se concrétisent aussi rapidement en actes et que vous ayez été, monsieur le ministre, le premier à reprendre la balle au bond en annonçant la création de 70 000 emplois-jeunes dans l'éducation nationale, dont 40 000 seront effectifs dès la fin de l'année 1997. (Applaudissements sur les travées socialistes. - Exclamations sur les travées du RPR.)
M. Jean Chérioux. Des fonctionnaires en plus !
M. Jean-Louis Carrère. Cela vous dérange, mais c'est très bien !
Cette opération a connu un énorme succès dès le départ puisque, quelques jours après l'ouverture de la procédure de recrutement auprès des rectorats, près de 150 000 jeunes s'étaient déjà portés candidats.
Vous aviez indiqué, lors du lancement des emplois-jeunes dans l'éducation nationale, que les premières signatures de contrats pourraient intervenir au mois d'octobre. Je souhaiterais donc aujourd'hui que vous me donniez des indications sur l'état d'avancement du recrutement et sur ses modalités. Je souhaiterais également savoir si certains de ces jeunes ont déjà pris leurs fonctions dans les établissements scolaires et comment se passent leurs premières expériences ?
M. Jean-Pierre Schosteck. Et comment ces emplois seront-ils financés, aussi !
M. Jean-Louis Carrère. Pour le reste, monsieur le ministre, je vous réitère mon entier soutien à votre projet et vous remercie des précisions que vous voudrez bien m'apporter à ce sujet. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Philippe François. Il en a bien besoin de votre soutien !
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur le sénateur, le plan emplois-jeunes qui concerne l'éducation nationale est axé, dans sa première phase, de manière à répondre non seulement à des problèmes d'emplois, mais aussi à des besoins de l'éducation nationale.
A ce sujet, permettez-moi de citer quelques chiffres. On dit parfois qu'il y a trop de fonctionnaires. Or, je tiens à le préciser, nous ne sommes pas un pays qui compte trop d'enseignants. Aux Etats-Unis d'Amérique du Nord, pour prendre l'exemple d'un pays qui n'est pas particulièrement socialiste, 7,2 % de la population active travaillent comme enseignants alors qu'en France ce taux est de 5,9 %. De plus, dans les pays scandinaves, qui sont peut-être un peu plus avancés que nous, ce taux est de 8 %.
Je ferai tout d'abord remarquer qu'il n'y a pas trop de personnel dans l'éducation nationale. La preuve en est d'ailleurs que les entreprises de notre pays créent des systèmes de formations parallèles à l'éducation nationale.
Les emplois-jeunes permettront de répondre à la satisfaction d'un besoin, à savoir changer les rythmes d'éducation des enfants. Nous les avons concentrés, d'abord, sur le primaire, qui bénéficiera, dans une première phase, de 30 000 postes.
L'embauche de ces jeunes se fera - je vous rassure tout de suite, monsieur le sénateur - seulement après le vote de la loi. (Exclamations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.) Par conséquent, les premières signatures interviendront dès que la loi sera votée (Ah ! sur les mêmes travées) car l'éducation nationale, soucieuse d'enseigner la morale civique, est la première à respecter les droits du Parlement. (Nouvelles exclamations sur ces mêmes travées.)
M. Josselin de Rohan. C'est ce que l'on appelle la carte forcée !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Si nous voulons signer des accords, comme je ne doute pas que la représentation nationale, soucieuse d'améliorer le fonctionnement de l'éducation nationale et la situation de l'emploi, finisse par voter le texte relatif aux emplois-jeunes, nous avons pris les dispositions pour être en mesure de recruter.
Actuellement, 150 000 demandes ont été déposées. On peut cependant noter une répartition quelque peu étrange puisque la région parisienne a répondu beaucoup moins bien que la province...
M. Jean-Louis Carrère. C'est à cause de leur ami Tiberi !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Je me suis expliqué avec le maire de Paris à ce propos. Il reconnaît lui-même que c'est une péripétie et non une marque de mauvaise volonté, monsieur le sénateur.
Il existe un problème concernant la région parisienne, qui, selon moi, est surtout lié au fait que les rectorats sont assez éloignés des endroits où se trouvent les jeunes, qui ont donc beaucoup de mal à se manifester.
Globalement, la campagne se déroule dans des conditions favorables. Par ailleurs, un sondage a montré que les enseignants y étaient favorables. Par conséquent, je crois que nous allons pouvoir avancer dans le sens d'une amélioration du travail et des tâches dans l'éducation nationale.
Je m'adresse maintenant tout particulièrement à certains élus de l'opposition qui ont voté d'autres dispositions, qui ont contribué à lancer d'autres expériences, en vue d'améliorer les rythmes scolaires, notamment. En l'occurrence - c'est une grande différence - d'une part, cela coûtera moins cher et, d'autre part, ce sera intégré dans l'école. En effet, toutes les expériences précédentes consistaient à faire payer les collectivités territoriales. Un peu partout, à Epinal ou ailleurs, la modification des rythmes scolaires a coûté très cher.
M. Jean Chérioux. Pourquoi Epinal ?
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Parce que je parle de faits !
Monsieur Carrère, jusqu'à maintenant le programme en faveur des emplois-jeunes, qui correspond à des besoins, se déroule dans de bonnes conditions. Naturellement, je tiendrai au courant la représentation nationale au fur et à mesure.
M. le président. Pouvez-vous conclure, monsieur le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Mais je veux vous dire que nous avons décidé que, pour le suivi des emplois-jeunes, nous mettrions sur pied des commissions dans lesquelles les élus seraient associés. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
MISE SOUS CONDITIONS DE RESSOURCES
DES ALLOCATIONS FAMILIALES