B. UNE CROISSANCE EN VOLUME SUPÉRIEURE À 1 % EN 1999

1. Un dérapage des dépenses redouté par votre commission

L'objectif du gouvernement pour la loi de finances de 1999 consistait à afficher une progression des dépenses de 1 point en volume.

Or, cet engagement n'a pas été tenu. En effet, dans son rapport préliminaire sur l'exécution des lois de finances pour 1999, la Cour des comptes note que " les dépenses de l'Etat ont progressé sensiblement en 1999 " , les charges nettes du budget général augmentant de 3,3 % en valeur et de 2,8 % en volume. Elle conclut à ce titre que : " c'est beaucoup plus que ce qui était prévu (+ 1 % en volume) ".



Le dérapage des dépenses en 1999 ne constitue malheureusement pas une surprise pour votre commission qui avait insisté sur la quasi-impossibilité, pour le gouvernement, de respecter son engagement.

A cet égard, il convient de rappeler l'analyse développée par votre rapporteur général dans son rapport 14( * ) sur la loi de finances rectificative pour 1999. En effet, " eu égard à ce surcroît de dépenses par rapport aux prévisions initiales fort opportunément optimistes du gouvernement, un effort drastique de réduction de la dépense sera nécessaire de sa part. En l'absence de mesures, à ce jour, cela rend dès lors plus incertain le respect par le gouvernement de la norme de progression en volume qu'il avait affichée " .

2. Une analyse confortée par celle de la Cour des comptes

La Cour des comptes a confirmé l'analyse de votre commission.

Elle valide le jugement qu'elle avait porté sur les conséquences d'une inflation moindre que prévu. Le rapport précité indique en effet : " une inflation sensiblement inférieure aux prévisions ( + 0,5 % au lieu de + 1,3 %) explique partiellement cet écart ".

Surtout, elle insiste sur " la progression de plusieurs catégories de dépenses " , qu'il s'agisse des garanties, des dépenses de personnel ou des interventions, en particulier, les crédits destinés aux 35 heures ou aux emplois-jeunes.

Elle tient aussi et surtout à critiquer les méthodes comptables retenues par le gouvernement qui tente de dissimuler cette progression des dépenses, en rendant opaque la présentation des informations budgétaires, dont le Parlement est le premier destinataire, et cela de façon à respecter, en affichage, l'objectif qu'il s'était assigné.

Ainsi, au mépris du principe d'universalité budgétaire, a-t-il notamment exclu du calcul de la norme de progression de 1 % les dépenses qu'il qualifie d' " exceptionnelles ", celles-ci représentant 13 milliards de francs, soit 10 milliards de francs au titre de la mise en jeu de la garantie de l'Etat au bénéfice de l'UNEDIC, et 3 milliards de francs au titre de la réparation des dégâts occasionnés par les tempêtes.

Or, toute dépense, même si elle ne peut être prévue en loi de finances initiale, est bien une dépense que le budget de l'Etat doit assurer. Dans son rapport précité, la Cour des comptes estime d'ailleurs que " les charges dites exceptionnelles et les modifications de périmètre de l'action de l'Etat traduisent bien pour ce dernier des dépenses supplémentaires qu'il n'y a pas lieu de retrancher " . En effet, une norme de progression des dépenses doit concerner toutes celles qui influent sur le solde. A défaut, celle-ci perd toute signification et donc tout intérêt ce qui nuit inévitablement à la crédibilité des informations transmises à Bruxelles au titre du programme de stabilité.

Surtout, la Cour des comptes estime qu'il s'agit, en procédant à des changements de présentation de " caractère artificiel " , de " confirmer une prévision ou un engagement antérieur , en recourant à des méthodes qui varient chaque année, selon les besoins de la démonstration " .

L'engagement antérieur qu'il s'agit de confirmer est la norme de progression des dépenses de l'Etat de 1 %.

Le gouvernement, dont la crédibilité de la politique budgétaire, notamment au niveau communautaire, repose sur le respect de cette norme, a néanmoins réfuté les analyses de la Cour des comptes. Ainsi, dans une lettre en date du 9 mai 2000, adressée au Premier président de la Cour des comptes, le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie et la secrétaire d'Etat au budget soulignent l'existence de " points de désaccords méthodologiques " . Ce courrier cite notamment le cas des dépenses " considérées comme exceptionnelles par le gouvernement " 15( * ) .

C'est en effet ainsi que le gouvernement parvient à confirmer ses engagements en matière de dépenses : sont exceptionnelles les dépenses qu'il considère comme telles et qui, de ce fait, sont sans impact sur le calcul de leur progression. La démonstration, dès lors, devient nécessairement imparable !

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