CONTRIBUTIONS

DE CERTAINS MEMBRES DE LA COMMISSION

Contribution de Paul Loridant, sénateur de l'Essonne

La régulation monétaire et financière internationale devient de l'aveu même des acteurs une absolue nécessité dès lors que des crises financières mettent régulièrement en péril l'équilibre mondial qui repose sur un partage inégal. Les analyses et les propositions du présent rapport se situent dans la perspective d'un aménagement du système financier actuel avec quelques timides orientations d'un rééquilibrage vers un monde multipolaire.

En ce sens, le rejet a priori d'un instrument de type " taxe Tobin " - dont les partisans eux-mêmes mesurent la complexité d'une mise en oeuvre - participe du principe d'aménagement et de non remise en cause du système financier international. L'auteur de la présente contribution regrette que l'étude des modalités de la mise en oeuvre d'une telle taxe n'ait pas été examinée.

Il tient par ailleurs à rappeler que le ratio Cooke, instrument de régulation dont aujourd'hui presque tout le monde s'accorde pour dire qu'il est dépassé parce que trop global et fruste, n'a jamais fait l'objet d'une approbation formelle par des instances démocratiques de type parlementaire, si ce n'est par le biais indirect de son introduction dans des " lois bancaires " y faisant référence.

Son remplacement annoncé et préparé à la BRI par un instrument multicritères plus affiné va, à n'en pas douter, complexifier encore plus le système de régulation et donc accentuer son caractère technocratique. Faut-il pour autant qu'une nouvelle fois les autorités monétaires et financières s'affranchissent d'un débat démocratique ?

Le rapport dresse pour la première fois une diversification intéressante des différents centres financiers offshore existant de par le monde. L'auteur de cette contribution préconise que dans le territoire de l'Union européenne soit totalement proscrite l'existence de tels centres pour être en état de prôner leur suppression dans le monde. Outre l'harmonisation intraeuropéenne devenue chaque jour plus indispensable pour des raisons de loyauté de concurrence, cette position du groupe de travail aurait eu le mérite de la clarté et de la vertu.

Enfin, l'élaboration de nouvelles normes de régulation a pour corollaire le renforcement du rôle des agences internationales de notation, au demeurant le plus souvent d'inspiration anglo-saxonne. Or ces agences ne sont pas elles-mêmes exemptes d'erreurs d'analyse ou de jugement. Leurs appréciations ont un rôle déterminant sur le comportement des acteurs des marchés. Il conviendrait donc de mettre sur pied une autorité, réellement multipolaire, apte à " noter des notateurs ".

Contribution de Marc Massion, sénateur de Seine-Maritime, et

Michel Charasse, sénateur du Puy-de-Dôme

1. Fonds monétaires régionaux

La coopération monétaire régionale doit être encouragée mais elle doit s'inscrire dans le système de Bretton-Woods et non le concurrencer.

C'est l'exemple européen avec une intégration monétaire poussée à son terme avec dans le même temps un fort soutien au FMI et à son rôle sur la scène financière internationale.

Il paraît donc souhaitable d'affirmer que " la coopération économique et monétaire au niveau régional permet d'assurer une entraide entre pays voisins ainsi qu'une meilleure surveillance à la fois régionale (interne) et nationale (par le FMI notamment) mais cette coopération doit s'intégrer harmonieusement dans le système de Bretton-Woods et non chercher à le concurrencer ".

2. Clarification des compétences du FMI et de la Banque mondiale

L'idée de laisser les pays pauvres dépendre uniquement de la Banque mondiale va à l'encontre de ce qui a été fait depuis des années en matière de renforcement de la stabilité macro-économique des pays pauvres. Les institutions, en vertu du principe d'universalité, ne doivent pas être spécialisées par pays, mais par outil et/ou par métier.

L'écueil de cette division du travail par pays (qui est celle qui sous-tend l'essentiel du rapport Meltzer) est que, en laissant les pays pauvres à la Banque mondiale qui n'a ni pour mission ni pour compétence de promouvoir la stabilité macro-économique (monétaire, budgétaire et de changes), on abandonne tout conditionnalité de ce type pour ces pays. Or, les pays les plus pauvres et ceux de la " tranche intermédiaire " (c'est-à-dire ceux qui ont un début d'accès coûteux, limité et instable aux financements privés), bénéficient actuellement via le FMI de deux facilités spécifiques (la facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance -FRCP- et la facilité de crédit élargie -EFF) qui permettent de promouvoir sur le moyen-long terme, justement grâce à un cadre macro-économique stable, les réformes essentielles.

Ces pays ont en effet en général des problèmes institutionnels profonds, liés au manque de capacités de l'Etat, à la corruption et à l'instabilité politique. Le rôle du FMI est donc ici central (les responsables de la Banque mondiale le reconnaissent d'ailleurs eux-mêmes).

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