CONCLUSION

Les perspectives de développement à moyen terme du secteur agro-alimentaire français dépendent de sa capacité à répondre aux enjeux du nouvel ordre alimentaire qui a commencé à se mettre en place, mais dont les effets sont encore largement à venir.

Les industries agro-alimentaires devront parvenir à s'insérer parfaitement dans l'internationalisation des échanges, ainsi qu'à remplir les exigences de la trilogie sécurité-qualité-environnement.

Au-delà des propositions qu'il a formulé dans la dernière partie de ce rapport, votre groupe de travail souhaite :

- favoriser en étroite concertation avec les professionnels concernés, les organisations de consommateurs, les scientifiques et les ministères de l'agriculture, de la santé et de la consommation, la mise en place de chartes sur des produits " sensibles " -au premier rang desquels le fromage au lait cru- afin d'en améliorer la sécurité et de préserver, lors des différentes négociations européennes et internationales, notre modèle alimentaire ;

- présenter dans les plus brefs délais une proposition de résolution dans les secteurs agricole et agro-alimentaire dans la perspective des négociations de Seattle ;

- proposer dans le rapport pour avis sur les crédits du ministère de l'agriculture pour le projet de loi de finances pour 2000 consacrés au secteur agro-alimentaire plusieurs mesures budgétaires, afin de consolider et de développer nos industries agro-alimentaires ;

- et enfin, déposer une proposition de loi permettant de transcrire en droit interne la Convention de l'Union pour la production des obtentions végétales.

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Réunie le mardi 2 novembre 1999, la Commission des Affaires économiques a adopté les conclusions du rapport, le groupe communiste républicain et citoyen s'abstenant et demandant à ce que sa contribution soit jointe au rapport.

CONTRIBUTION DU GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN

Les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen tiennent tout d'abord à se féliciter de la qualité des auditions auxquelles le groupe de travail sur l'avenir du secteur agro-alimentaire a procédé.

Ils regrettent cependant que les conclusions du rapport d'information et les propositions avancées à l'issue de cette enquête approfondie ne soient pas à la mesure des éléments et des analyses fournis par le présent rapport.

Concernant tout d'abord l'approche générale adoptée par le rapport sur le secteur de l'agro-alimentaire et les relations entre ses différents acteurs, il est évoqué l'opportunité d'un meilleur dialogue entre le monde agricole, les intermédiaires et celui de la grande distribution, semblant ignorer par là-même les déséquilibres existants, les rapports de force et donc la nécessité d'une intervention structurelle à même d'assurer les conditions d'un dialogue d'égal à égal qu'appelle de ses voeux le groupe de travail. Peut-on, en effet, se contenter d'invoquer un " partenariat " en amont entre producteurs et industriels lorsque l'on connaît les difficultés de ces premiers pour s'organiser et coordonner leurs revendications en vue de la défense de leurs intérêts ?

Lorsque la question de la modernisation de l'outil industriel est abordée, le rapport avance de prime abord l'idée d'une privatisation rampante des centres techniques de l'agro-alimentaire accompagnée de mesures fiscales avantageuses pour les entreprises du secteur privé. Il est notamment préconisé une exonération fiscale conséquente pour les entreprises innovantes sans évoquer les contreparties en terme d'emplois ; la création d'un plan d'épargne entreprise agricole (PEEA) susceptible, selon nous, d'augmenter la mainmise des industries de l'agro-alimentaire sur les exploitations agricoles ; enfin, l'introduction en bourse des IAA, ce qui ne peut que contribuer à aggraver les déséquilibres entre les acteurs de la filière et attiser les conditions de la concurrence, tant au niveau national qu'international.

Le rapport semble, en outre, écarter parmi les corollaires du principe de précaution, celui de l'inversion de la charge de la preuve pour les produits présentant un risque potentiel pour la santé des consommateurs.

Ensuite, le rapport reste muet sur le nécessaire contrôle sanitaire et alimentaire des produits importés, de même les méthodes utilisées par les industriels de l'agro-alimentaire pour mettre en compétition producteurs nationaux et producteurs étrangers sont éludées.

A cet égard, nous nous prononçons en faveur de l'instauration d'un coefficient multiplicateur permettant un juste partage de la plus-value du secteur.

Enfin, le rapporteur semble prendre parti en faveur de la légalisation de la production des OGM alors qu'aucune garantie scientifique n'existe à ce jour.

En conclusion, malgré la pertinence des observations, le groupe CRC a décidé de s'abstenir, jugeant que le rapport ne traite pas au fond le problème de la responsabilité des industries agro-alimentaires pour améliorer la sécurité des consommateurs et assurer un revenu suffisant aux producteurs agricoles. Le groupe de travail aborde exclusivement le secteur agro-alimentaire sous l'angle entrepreneurial et financier en vue de l'adapter à la mondialisation capitaliste. Les propositions apparaissent, quant à elles, insuffisantes et inadaptées pour rééquilibrer la filière alimentaire et répondre aux nouveaux enjeux de santé publique, de qualité des produits, et de transparence des données scientifiques.

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