B. DES ESPACES EN DÉSHÉRENCE ?
Introduction par M. Daniel PERCHERON, Sénateur du Pas-de-Calais
Nous
allons avoir des témoignages sur les conflits d'usage :
- M. Jean-Pierre Radet, président de la Chambre d'agriculture
interdépartementale d'Ile-de-France.
- M. Jean Pomès, arboriculteur à Perpignan.
- M. Michel-Edouard Leclerc, co-président de l'association des centres
Leclerc.
- M. Bertrand Favereul, président de l'Union de la publicité
extérieure.
Je vais animer partiellement cette table ronde consacrée au constat.
Témoignages sur les conflits d'usage, relations et tensions sociales
seront les deux aspects de ce constat.
1. Témoignages sur les conflits d'usage
Nous évoquerons la concurrence entre agriculture et urbanisation, le développement des grandes surfaces à la périphérie des villes, la publicité et le respect de l'environnement.
a) M. Jean-Pierre RADET, président de la Chambre d'agriculture interdépartementale d'Ile-de-France
Messieurs les sénateurs, Mesdames, Messieurs, Monsieur
le
Président. Vous avez eu raison de dire que le territoire
périurbain ne consistait pas uniquement à parler de la
région Ile-de-France et dans ce domaine nous sommes la région
pilote et les problèmes rencontrés chez nous sont les mêmes
que dans d'autres régions.
Le monde agricole a fortement diminué dans cette région
particulièrement entre 1988 et 1997 et le périurbain concerne
particulièrement les spécialisés c'est-à-dire les
maraîchers, les arboriculteurs, les pépiniéristes etc. qui
sont passés de 1900 à 800. Si cette courbe continue dans cinq
ans, il n'y aura plus d'agriculteurs en région Ile-de-France.
M. Cohen a parlé des atouts de l'agriculture périurbaine. Pour le
néophyte, il peut sembler qu'une région comme l'Ile-de-France
avec onze millions de consommateurs peut mener à un large
débouché. Ce débouché n'existe plus parce qu'il y a
les grandes surfaces, Rungis, le problème de la mondialisation. Tous ces
gens préfèrent s'approvisionner en dehors de l'Ile-de-France et
la proximité de la production n'est plus un atout.
Les conflits d'usages : les exploitations sont en général
implantées en centre bourg ou en centre ville et, de ce fait, ont des
problèmes, créent des nuisances : problèmes de
circulation, de salissement de routes, de bruits. Les agriculteurs souhaitent
s'installer hors de ces bourgs mais ils finissent par être isolés.
Ces installations qui sont isolées ne sont peut-être pas
très esthétiques mais la précarité étant le
fait dominant, il s'avère que l'isolation fait qu'il y a un vandalisme
important d'où un très grand désagrément pour ces
agriculteurs.
Conflit vis-à-vis de l'eau : ces agriculteurs
spécialisés sont obligés d'avoir une alimentation assez
importante. Ils sont obligés de s'alimenter sur les adductions de ville
d'où un prix de l'eau élevé par rapport aux autres
régions qui ont une eau meilleure marché par captage.
Conflit vis-à-vis de l'environnement : l'agriculture est
confrontée à des zonages de toutes sortes : ZAC, ZPIU,
classement de sites etc. Ces zonages sont faits pour préserver
l'agriculture mais c'est l'agriculture qui en pâtit notamment pour les
bâtiments et les changements de productions.
Problèmes vis-à-vis des infrastructures routières :
elles sont faites au détriment des terres agricoles et créent des
morcellements qui apportent des contraintes aux agriculteurs par rapport au
parcellaire qui pourrait être mieux adapté à leurs
productions.
Contraintes vis-à-vis de la commercialisation : la proximité
d'un certain nombre de consommateurs devrait être un atout.
Malheureusement la population se détourne des marchés forains et
les producteurs sont obligés de s'orienter vers une commercialisation
sur Rungis ou de passer une convention avec les grandes surfaces. Leur
isolement ne leur permet pas d'adhérer à des organismes de
producteurs et ceux-ci ne peuvent pas toujours donner satisfaction aux grandes
surfaces. Dans notre région c'est donc le problème de la
précarité qui est le plus important, il y a aussi un manque de
reconnaissance pour l'entretien du paysage qu'ils effectuent.
M. Gérard LARCHER
: Merci. La parole est à Monsieur
Pomès, arboriculteur, il est bachelier, titulaire d'un diplôme
universitaire de technologie en biologie appliquée et produit des
abricots et des nectarines.