3. M. André BOISSEAU, président de la Fédération des associations de propriétaires et agriculteurs d'Ile-de-France
Merci
Monsieur le président. Arrivant dans les derniers, la situation n'est
pas très facile et devant défendre le point de vue des
propriétaires, je pense que c'est plus difficile.
Je présenterai donc la spécificité de l'organisation, ce
qu'elle peut réaliser et ce qu'elle a réalisé. Monsieur
Souplet a dit tout à l'heure que les propriétaires et
agriculteurs ont souvent des intérêts divergents. Nous avons
réussi à les réunir au sein d'associations car les
intérêts sont les mêmes pour le propriétaire comme
pour l'agriculteur. Nous agissons uniquement dans le cadre des expropriations
et de l'urbanisation. Nous n'avons aucun rapport entre les propriétaires
et les agriculteurs eux-mêmes, c'est le statut du fermage, c'est une
autre organisation.
Cette organisation est née lors de la création de
l'Aéroport de Roissy. Pour vous dire le résultat, Roissy à
l'époque représentait 3.000 hectares d'expropriation. La
négociation s'est réglée entre deux personnes : le
représentant des propriétaires et des agriculteurs et le
président d'Aéroports de Paris. Pour la petite histoire, voici ce
qu'a dit après les négociations le Président
d'Aéroports de Paris "je vous ai donné X millions de plus que ce
que l'on m'autorisait à vous donner. Grâce à la
négociation amiable qui s'est réglée très
rapidement, j'ai pu passer tous mes marchés en rentrant chez moi. J'ai
gagné 100 fois ce que je vous ai donné." C'est un des
résultats. Nous sommes peut-être un organisme de défense
mais aussi de réflexion et de proposition.
Son rôle dans l'aménagement : il a été dit qu'il
fallait des instruments nouveaux. Personnellement je pense qu'il y a
déjà suffisamment d'instruments pour régler le
problème du foncier. Je ne citerai pas tous les zonages. Utilisons les
instruments que nous avons d'une manière constructive. Nous avons
beaucoup parlé du schéma directeur de la région
Ile-de-France. Ayant beaucoup participé aux négociations entre
1990 et 1994, pour la préparation de ce document, comme l'a
également dit M. Thévenot : "tout au cours des
négociations, jamais je n'ai parlé de prélèvements
en surface car j'ai pensé que la profession n'avait pas un poids
suffisant pour minimiser les surfaces." Par contre toutes les interventions des
représentants du monde agricole pour la région Ile-de-France, ont
porté sur la localisation et la durée. Si l'on veut que
l'agriculture se maintienne dans les régions périurbaines,
l'agriculteur doit savoir ce qui lui reste et jusqu'à quand, sinon il
lui est difficile sinon impossible d'investir pour continuer à exploiter
normalement.
Quels sont les risques si ces conditions de durée et de surfaces, de
localisation ne sont pas faites ? Le gros risque est que les terres à
l'avenir incertain deviennent des zones fragiles. L'agriculture s'en
désintéressant plus ou moins, cela va se transformer en friches
et, je parle de la région parisienne que je connais plus, et cela va se
transformer en zone de non droit d'où je pense toute l'importance qu'il
faut accorder, en tant que propriétaire et agriculteur, aux documents
d'urbanisme. Tout le monde n'a peut-être par la même foi que moi
envers ces documents mais pour moi c'est la bouée de sauvetage. Je m'y
accroche et je souhaite qu'elle soit efficace.
Deux mots sur le devenir du foncier. Le foncier qui va changer de
propriétaire. Il a trois destinations pour moi : une destination
agricole, une destination d'espaces verts et une destination d'urbanisation.
Nous avons des instruments pour s'occuper de chaque nature. Le foncier agricole
: les SAFER sont là avec leur droit de préemption. Les espaces
verts : il y a l'Agence des espaces verts. Quant à l'urbanisation, je me
tourne vers Mme Bain mais c'est elle qui est à la base et qui sera
à la discussion pour ses emprises. Là, l'organisme existe aussi.
Je ne peux pas ne pas parler "des profits tombés du ciel", terme qui est
dans le rapport de M. Larcher. Je dirai, en parlant des propriétaires
qu'ils ont eu au moins un mérite, c'est de conserver ces terrains en
état cultivé et de permettre à l'urbanisation de se
développer. Mme Bain a fait allusion au coût du portage pour
l'AFTRP, pour la collectivité publique, je ferai simplement remarquer
que, en tant que propriétaire, je pense qu'il y a aussi un coût du
portage de ce côté et que l'on doit en tenir compte dans
l'évaluation des terrains.
Nous avons parlé des plus-values pour récupérer ces
profits. Elles existent déjà et je pense qu'il suffirait de les
réincorporer à l'origine. Aujourd'hui, toutes les plus-values
tombent dans le pot commun de l'Etat et les espaces périurbains qui sont
fournisseurs de cette taxe, n'en n'ont aucune retombée. Je pense qu'il
serait bon que les plus-values que l'on paye déjà soient
réintégrées dans les espaces périurbains. On a
objecté que les plus-values n'étaient pas payées parce
qu'il y avait une décote annuelle. Il est un fait qu'il faut attendre 22
ans pour ne plus payer de plus-value. Malheureusement, il existe les
successions et à chaque fois le compteur est remis à zéro,
c'est-à-dire que lorsqu'il y a une expropriation ou un changement de
destination, automatiquement les plus-values sont là puisque je dois
reconnaître qu'il y a une certaine valeur supérieure à la
valeur agricole pour les zones périurbaines. Le dernier point que je
voudrais évoquer est le problème de la concertation. Si l'on veut
supprimer les problèmes entre les collectivités et les
propriétaires, c'est d'avoir une concertation avant, parce qu'il existe
une concertation d'office qui consiste à venir vous concerter une fois
que tous les projets sont bien ficelés. Pour moi, ce n'est pas de la
concertation.
M. Michel SOUPLET :
Merci Monsieur Boisseau. Maintenant je vais demander
à M. Etienne Lapèze, Président de la FNSAFER qui pourrait
nous parler des compétences un peu accrues des SAFER en zones
périurbaines et de leur contribution à la lutte contre les
friches.