N°
292
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 31 mars 1999
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1)
sur l'
avenir des espaces périurbains
,
Actes du colloque organisé au Sénat le 10 février 1999
Par M. Gérard LARCHER,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Bernard Murat, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Aménagement du territoire.
ALLOCUTION D'OUVERTURE
DE M. CHRISTIAN
PONCELET,
PRÉSIDENT DU SÉNAT
Monsieur
le Président, mes chers collègues,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Je suis pour ma part très heureux de vous accueillir au Sénat
pour le colloque organisé par la Commission des Affaires
économiques, intitulé " Ville et Campagne ensemble ",
commission qui est présidée par M. Jean François-Poncet
qui est à mes côtés à la tribune.
Je vous souhaite une très cordiale bienvenue et vous exprime toute ma
sympathie.
Ouvrir ce colloque constitue pour moi une véritable satisfaction, non
seulement en raison de l'intérêt du sujet qui va être
traité devant vous dans un instant par le Président Jean
François-Poncet et par le rapporteur Gérard Larcher. Mais aussi,
parce que ce colloque illustre parfaitement et d'une manière remarquable
la méthode de travail du Sénat. Je le dis souvent, le
Sénat réalise des travaux extrêmement intéressants.
Malheureusement, ils ne sont pas toujours suffisamment appréciés,
alors que lorsque je visite une université française ou
étrangère, les travaux réalisés par la Haute
Assemblée française sont pris comme référence sur
certains sujets.
En ces temps où certains jugent bon pour des motifs, essentiellement
politiciens, de caricaturer le Sénat il n'est pas inutile de souligner
la spécificité du travail des sénateurs. Le Sénat
sait en effet résister à la tentation, selon les périodes,
soit de dire toujours oui, soit de dire toujours non aux propositions qui lui
sont faites pour se consacrer alors avec sérieux et détermination
à la recherche de l'intérêt général. C'est ce
qui le conduit tout naturellement à amender les textes et non pas
simplement les recevoir, les enregistrer et les approuver. Le fait d'amender
n'est pas forcément une contestation. C'est la volonté, le souci
que nous avons de corriger dans le cadre de l'intérêt
général telle ou telle proposition pour la faire coller aux
réalités. A cet égard, le travail engagé par la
Commission des Affaires économiques dans le domaine des espaces
périurbains m'apparaît exemplaire. Je tiens à en
féliciter son Président ainsi que M. Gérard Larcher qui
est l'énergique auteur du rapport d'information consacré à
ce sujet.
Ce travail est exemplaire parce qu'il comporte tous les ingrédients
d'une véritable démarche du législateur qui veut
s'informer, appréhender d'une manière intelligente les
problèmes auxquels nos concitoyens sont confrontés avant de faire
des propositions législatives. Tout d'abord, un travail d'analyse et de
prospective qui débouche sur un rapport d'information qui a
été réalisé et publié en mai dernier. Ce
n'est pas un travail réalisé dans la précipitation.
Ensuite, adossé à l'impact médiatique de ce travail,
l'organisation d'un colloque permettant de débattre des orientations et
des propositions avec ceux qui sont directement concernés, ainsi que les
spécialistes du sujet que nous traitons.
Nous passons ensuite à l'acte législatif proprement dit, à
l'occasion de la discussion très prochaine du projet de loi
présenté par Mme Voynet concernant l'aménagement du
territoire. Je dirai, pour prendre une image inspirée par
l'actualité sportive, qu'il s'agit là, véritablement, d'un
travail qui consiste à transformer l'essai : étude, examen,
rapport, colloque pour trouver son prolongement concret dans la loi. Mettre en
évidence une véritable problématique fait naître un
débat, puis agir ensuite dans le domaine législatif, tel est une
des vocations du Sénat. Or, l'importance de ce sujet justifie pleinement
que le législateur s'en empare. En effet, malgré sa
sonorité rébarbative et son allure un peu technocratique, le
concept d'espace périurbain recouvre une réalité qui
concerne plus de neuf millions d'habitants et cela concerne directement dix
à douze mille collectivités territoriales qui sont
confrontées aux problèmes qui leur sont posés dans la
périphérie de grandes cités à forte densité
de population dont on maîtrise difficilement la gestion. Situé
à la croisée des chemins entre univers rural et univers urbain,
ces points de rencontre mouvants, appelés espaces périurbains,
apparaissent comme étant, je cite le rapport de M. Gérard Larcher
: «des zones frontières entre ville et campagne, zones qui
souffrent des effets mal maîtrisés du passage d'une
société rurale à une société urbaine».
Conséquence qu'à une certaine période, nous avons
assisté à un flux de population qui quitte le milieu rural parce
que cette population avait le sentiment de ne pas recevoir sa part
légitime de progrès pour aller vers les centres urbains où
elle trouvait des avantages dans les domaines social, culturel et sportif. Pour
appréhender dans leur globalité l'ensemble des problèmes
posés par ces espaces périurbains, force est de constater que les
approches et les instruments auxquels nous sommes habitués
s'avèrent inadaptés et, tout à l'heure, président
et rapporteur en feront la démonstration. Trouver des réponses
appropriées aux problèmes spécifiques de ces espaces dans
le domaine foncier, dans le domaine agricole, environnemental, dans le domaine
social ou industriel, implique de définir rapidement des instruments
nouveaux.
A cet égard les propositions de la Commission des Affaires
économiques du Sénat dont vous allez débattre aujourd'hui
apportent une contribution décisive.
Je ne doute pas que vos travaux seront fructueux et qu'ils permettront
d'avancer sur la voie d'un meilleur traitement des espaces
périurbains qui ont parfois pour conséquence de vider le coeur
des villes, ce qui entraîne contestation de la population du centre ville
qui dépérit et protestation de la périphérie qui
voit des gonflements de population alors que les structures d'accueil
nécessaires n'existent pas.
Je constate avec satisfaction que les différentes tables rondes de ce
colloque seront présidées par des sénateurs qui
appartiennent à chacun des groupes politiques représentés
au Sénat. L'aménagement du territoire relève d'une
concertation entre ceux qui ont vocation à légiférer sur
le meilleur moyen d'appréhender les difficultés et de les
résoudre. Cet oecuménisme sénatorial est de bonne augure
pour que le slogan « Ville et Campagne ensemble » devienne
une réalité pour le mieux-être de nos concitoyens.
Je vous remercie de votre attention.