II. DES PROPOSITIONS MULTIPLES ET SOUVENT INCONCILIABLES
A la suite de la communication " Agenda 2000 ", les propositions ont surgi (ou resurgi) dans la perspective des négociations relatives au cadre financier de l'Europe de demain : Commission, Parlement européen, Etats membres, Cour des comptes européenne ont chacun formulé des voeux ou émis des suggestions portant sur l'ensemble des questions auxquelles se heurte l'élaboration de ce cadre financier : quelles recettes pour l'Union européenne ? Comment définir un régime de dépenses permettant la meilleure utilisation des crédits ? Comment répondre à la question incontournable des déséquilibres budgétaires ?
A. LES PROPOSITIONS CONCERNANT LES RECETTES DE L'UNION EUROPEENNE
Les propositions concernant les recettes se rangent en deux catégories les unes visent à aménager les ressources existantes ; les autres visent à créer de nouvelles ressources propres. Toutes ces propositions ne sont d'ailleurs pas exclusives les unes des autres.
1. L'aménagement des ressources existantes
a) La progressivité de la ressource PNB
Le
1
er
juillet 1998, l'Espagne a présenté une
proposition, soutenue par la Grèce et le Portugal, qui tend à
pondérer la base de la ressource PNB par des coefficients
reflétant la prospérité relative de chaque Etat membre.
Les modalités de cette pondération resteraient à
déterminer.
Le rapport de la Commission sur les ressources propres contient une
annexe 7 intégralement consacrée à cette proposition
qui est présentée en ces termes :
La proposition espagnole d'une progressivité de la ressource PNB
Afin
d'atteindre la progressivité, la proposition prévoit
l'application d'une correction fondamentale selon l'une des méthodes
suivantes :
|
Ainsi,
à propos de la ressource PNB,
l'Espagne souhaite passer de la
proportionnalité à la progressivité
.
Selon la Commission,
" quelle que soit l'option choisie, la Belgique,
le Danemark, l'Allemagne, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Autriche et
la Suède devraient verser une contribution nettement supérieure
à ce qu'ils paient dans le régime actuel "
. C'est ce que
démontre le tableau suivant, établi d'après les
données figurant dans le rapport sur les ressources propres.
Evaluation des conséquences financières de la
proposition espagnole
(sur la base de l'année 1997, en
millions d'écus et
en pourcentage des contributions
nationales)
|
Modifications des contributions nationales avant suppression de la ressource TVA |
Modifications des contributions nationales après suppression de la ressource TVA |
||
|
millions d'écus |
% |
millions d'écus |
% |
Belgique |
70,0 |
2,3 |
303,0 |
9,8 |
Danemark |
178,6 |
11,6 |
493,7 |
32,1 |
Allemagne |
1 043,4 |
4,8 |
1 396,0 |
6,5 |
Grèce |
-204,1 |
-17,1 |
-471,3 |
-39,4 |
Espagne |
-803,9 |
-14,8 |
-1 758,9 |
-32,4 |
France |
259,1 |
1,9 |
504,3 |
3,8 |
Irlande |
-45,4 |
-6,4 |
-117,6 |
-16,5 |
Italie |
-466,4 |
-5,3 |
11,8 |
0,1 |
Luxembourg |
47,9 |
27,7 |
98,6 |
56,9 |
Pays-Bas |
44,5 |
0,9 |
115,3 |
2,3 |
Autriche |
102,0 |
4,8 |
184,9 |
8,6 |
Portugal |
-199,3 |
-18,2 |
-475,5 |
-43,4 |
Finlande |
1,3 |
0,1 |
39,5 |
3,7 |
Suède |
71,1 |
3,0 |
259,8 |
11 |
Royaume-Uni |
-98,9 |
-1,1 |
-583,8 |
-6,3 |
Total |
0,0 |
|
0,0 |
|
La
Commission précise que l'option B déboucherait sur les
mêmes résultats, mais proportionnellement à la partie de
l'assiette PNB à laquelle les
" coefficients
modulateurs "
seraient appliqués.
" Quant à la
troisième option, il est impossible d'en faire une simulation
étant donné qu'il faudrait déterminer les
" coefficients de modulation " pour chaque groupe d'Etats membres.
Néanmoins, il est clair qu'en utilisant des valeurs plausibles, la
simulation donnerait des résultats quantitatifs ne différant
guère de ceux figurant dans le tableau ci-dessus "
.
Ainsi, quelles que soient les options retenues,
la proposition de l'Espagne
est en totale opposition avec le souhait de certains Etats d'obtenir une
réduction de leur contribution au budget communautaire
. Cette
opposition entre ceux que d'aucuns appellent le
" syndicat de la
cohésion "
et certains contributeurs nets est le noeud gordien
des négociations de l'Agenda 2000.