Audition d'Alain ROSSET |
Ex Président d'Archipel
Directeur Général d'Alex Informatique
1. Le Minitel a eu et a encore l'énorme succès que l'on connaît en France. Il fait du français le plus grand utilisateur de télématique au monde. Par contre le Minitel n'a pu être exporté à cause de réglementations protectionnistes, notamment aux USA. Avec l'apparition d'Internet, porteur de nouveaux modèles économiques et d'une mondialisation des communications, le Minitel aurait dû être adapté techniquement ainsi que à de nouveaux modèles sociaux économiques : initier le grand public à l'emploi des ordinateurs tout en s'adaptant aux nouveaux fonctionnements tarifaires.
2. Le fameux retard en Internet n'est pas aujourd'hui un problème en soit au niveau du grand public. Ce qui est grave est le fait qu'en France (et en Europe) les dirigeants considèrent encore très peu l'informatique comme une partie intégrante de leur stratégie industrielle. Il s'agit d'un problème de formation en management et des jeunes. Surtout si l'on admet que la généralisation d'Internet au grand public passe par son utilisation en entreprise.
3. L'évolution du Minitel aurait dû prendre en considération les technologies émergeantes que des PME/PMI Françaises possèdent ou possédaient puisque la plupart d'entre elles ont été soit rachetées soit expatriées aux USA.
4. Internet met en avant les sociétés innovantes mais aussi et surtout sur le plan du revenu généré, les entrepreneurs créatifs. Les premiers sont généralement éduqués pour cela, les seconds ont surtout le désir d'entreprendre. Les premiers doivent pénétrer ou créer le marché, les seconds vendent des produits finals basés sur les produits innovants des premiers. Or, les aides s'arrêtent essentiellement au développement des innovants, ce qui fait que la France manque cruellement de succès marketing et surtout de créatifs qui en sont un vecteur fondamental. Or, ce sont les créateurs qui créeront des richesses sur Internet et dynamiseront les sociétés innovantes. Sans eux, ces dernières (et donc nos investissements) partent vers d'autres cieux.
5. La France a une culture de grande entreprise au point où la quasi totalité des aides leur sont données. Or, Internet est loin d'être leur apanage : si il y a des aspects réservés aux grands acteurs (les infrastructures pour le commerce électronique par exemple), ce médium permet à une multitude d'entrepreneurs créatifs de créer des nouvelles richesses, de nouveaux métiers ou encore d'adapter les métiers à la société de l'information. Ils sont jeunes pour la plupart, donc n'ont accès à rien sur le plan tant financier que connaissances pratiques. Et ils ne sont pas aidés. Une nouvelle stratégie pour les aides gouvernementales, réservées aujourd'hui aux seuls grands comptes ou innovateurs, vers ces créateurs d'entreprise serait à mon sens la meilleure façon de sortir de notre immobilisme en la matière, d'intéresser et de motiver, donc d'accéder au grand public.
6. Quant à la généralisation d'Internet aux foyers, cela passe aujourd'hui par l'achat d'ordinateurs. Ceux-ci changent sans cesse et l'esprit français n'aime pas cela et c'est son droit. Dans ce contexte, un système basé sur la location (et/ou subventionné par les opérateurs) devrait être plus motivant. Après tout, le Minitel, les Mobiles, GSM ne se sont-ils pas imposés de cette manière ? Une collaboration loyale entre les PME innovantes et les grands industriels seraient à ce niveau profitable pour le retour sur les investissements nationaux en faveur de l'innovation.
7. Enfin, Internet va devenir payant ! En Californie, les plus grands revenus générés par Internet résultent aujourd'hui des services de proximité (accompagnés de pubs), comme le Minitel ! Les standards et les opérateurs peuvent changer d'un jour à l'autre ou mieux inter-opérer ! Comment va donc se comporter ce marché encore naissant ? Tous ces éléments parmi d'autres doivent être mis à profit pour rattraper le retard : former les jeunes et très jeunes, aider les entrepreneurs créatifs (tarification spéciale pour leur développement) quelque soit leur niveau technologique et leur activité), sensibiliser les dirigeants d'entreprises...