Audition de Claude BOURMAUD |
Président de LA POSTE
accompagné de
monsieur Patrick ROMAGNI
Résumé : Le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication constitue autant une menace qu'une opportunité pour La Poste ; télécopie et e-mail se substituent pour partie à des envois physiques mais le commerce électronique peut accroître les besoins de livraisons et Internet favoriser le développement de nouveaux services. Les grands concurrents mondiaux de La Poste tirent ainsi déjà beaucoup de bénéfices de ces nouvelles technologies. La Poste, soucieuse de la couverture de ses charges fixes (réseau, personnel), veut faire des technologies de l'information un outil naturel de son développement. Déjà présente dans les domaines du courrier hybride et de l'échange de données informatisées, La Poste entend participer activement à la révolution de l'Internet.
1. La situation de La Poste aujourd'hui : l'ensemble du groupe La Poste, filiales comprises, réalise un chiffre d'affaires de 86 milliards de francs dans trois grands secteurs d'activités :
• le courrier, représentant 56 milliards de
francs de chiffre d'affaires ;
• l'activité colis, secteur très
concurrentiel, représentant 10 milliards de francs de chiffre
d'affaires ;
• les services financiers, représentant, en
termes de produit net bancaire, 20 milliards de francs de chiffre
d'affaires ;
En conséquence, 40 % de activités de La Poste sont dans le secteur concurrentiel.
Le réseau de La Poste représente 17.000 établissements : 14.000 bureaux de Poste et 3.000 agences postales. La majorité des implantations est toutefois située en zones rurales puisque 12.000 établissements y déservent 26 % de la population alors que 1.500 bureaux réalisent 80 % du chiffre d'affaires de La Poste.
2. La Poste et les nouvelles technologies de l'information :
Pour le courrier, les nouvelles technologies de communication offertes avec beaucoup d'imagination aux entreprises, provoquent une substitution certaine au papier. L'échange est plus rapide et souvent moins coûteux. Le seul développement de la télécopie représente un manque à gagner de 4 milliards de francs par an pour La Poste. Une partie de notre réponse réside dans l'accroissement continue de notre efficacité, tant en matière de qualité de service que de productivité. La lecture optique automatique du courrier en est l'illustration, puisque nous sommes aujourd'hui en mesure d'acheminer et de trier automatiquement le courrier jusqu'au niveau du point de remise - c'est-à-dire rue par rue et n° de voie par n° de voie. La généralisation de ces techniques ouvre des perspectives considérables puisqu'un facteur passe par exemple 30 % de son temps à préparer et à trier le courrier qu'il doit distribuer. La Poste peut donc espérer améliorer encore la qualité de ses services - c'est à dire essentiellement la proportion de courrier prioritaire livré le lendemain de son jour de remise - sans augmenter ses tarifs d'affran-chissement.
Nous utilisons par ailleurs ces nouvelles technologies pour développer notre offre de service, à travers le suivi d'objet ( tracing & tracking ), notamment pour des produits particuliers comme les recommandés ou les sacoches inter-sites des entreprises et des administrations.
Pour l'activité colis, le développement d'Internet bouleverse la donne : nos concurrents (DHL, Federal Express, United Parcel Service) proposent la préparation et le « tracing & tracking » des envois sur leurs sites Web. Les clients peuvent non seulement trouver la trace de leurs colis mais peuvent également, en périphérie de cette information, cheminer dans une galerie marchande de manière à nouer d'autres transactions ; la technologie est ici porteuse de choix et de valeur ajoutée. La dématérialisation des échanges n'est qu'apparente puisque le commerce électronique peut être un facteur de développement considérable de la vente par correspondance. Depuis longtemps déjà, CHRONOPOST, la filiale express de La Poste, fournissait un service de suivi d'objet par Minitel. Aujourd'hui La Poste en fait autant sur Internet avec son service DILIPACK pour les petits colis inter-entreprises.
Pour nos service financiers : l'informatique constitue aujourd'hui le moyen de production de l'activité bancaire. La Poste a 20 millions de clients, disposant soit d'un compte chèque postal d'un livret d'épargne ou de produits de la Caisse Nationale de Prévoyance. Cette activité en concurrence totale nous conduit, là aussi, à rechercher l'offre de service la plus complète au meilleur coût. La Poste offre ainsi depuis longtemps des services télématiques à ss clients et proposera ceux-ci bientôt aussi sur Internet. En interne, La Poste déploiera prochainement un Intranet pour ses conseillers financiers. Les services financiers de La Poste ne peuvent qu'utiliser les nouvelles technologies de l'information pour développer leur efficacité et leur productivité. A défaut, l'importance de notre réseau et les charges fixes qu'il représente - le « coût du guichet » - pourrait nous conduire à devoir envisager des mesures au coût économique et social extrêmement fort pour la collectivité.
Pour la gestion de son réseau, La Poste fait également appel aux technologies de l'information les plus évoluées ; Les établissements de La Poste sont en effet équipés d'une informatique de guichet performante et utilisent le plus grand réseau privé de télécommunication de France constitué à partir de liaisons louées. L'extension de ce réseau pourrait d'ailleurs permettre à La Poste de devenir prestataires de service de télécommunication, notamment pour couvrir des besoins similaires aux siens en matière de capillarité. Comme toute entreprise moderne, La Poste utilise ces moyens pour ses échanges internes et sa messagerie privative, « SUMER » qui accueille 4.000 boites aux lettres et irrigue l'ensemble de son réseau. Un tel réseau contribue à l'efficacité de notre gestion, puisqu'il permet par exemple de consolider plus rapidement nos comptes, qui auront été certifiés cette année dès le 15 avril.
3. Les dernières initiatives de La Poste :
L'évolution des technologies de l'information a pour première conséquence l `usage quasi-universel de l'informatique pour concevoir des documents. Les courriers ou publications physiques envoyés par les services postaux sont presque toujours d'abord conçus sous forme électronique avant d'être imprimés, mis sous enveloppe puis expédiés. DATAPOSTE, filiale majoritaire de La Poste, prend en charge chez ses clients leurs documents sous forme électronique pour assurer ensuite ces étapes physiques préalables à l'acheminement postal. La création de plusieurs sites de production en France permet même à DATAPOST de fabriquer ses envois au plus proche des sites de destination : le courrier est ainsi transporté sous sa frome électronique. Ce courrier « hybride » - d'abord électronique puis physique - répond aux besoins des grands émetteurs qui se concentrent sur la réalisation du contenu et sous traitent la fabrication et l'expédition du contenant.
La service TELEPOSTE constitue enfin une offre globale de courrier électronique. La même interface va en effet permettre des échanges de données informatiques (EDI) sécurisés, de la messagerie protégée ou non, par courrier électronique via Internet, Minitel, radiomessagerie ou courrier physique. L'abonné à TELEPOSTE bénéficie ainsi d'une plateforme de télécommunication transparente quant au mode d'accès à ses interlocuteurs. Un même message peut être envoyés sous des formes différentes à plusieurs interlocuteurs en fonction des modalités les plus appropriées pour le contacter. Une des particularités intéressantes du service TELEPOST réside dans la possibilité de transformer un e-mail en courrier physique lorsque son destinataire n'a pas de boite aux lettres sur le Web (ou ne la consulte pas !). Ce même service offre aux professionnels et aux particuliers la possibilité de faire produire et expédier leurs courriers par DATAPOST