Audition de Jean-Louis DELAFRAYE et Loïc LE GUISQUET |
respectivement Directeur général adjoint
et directeur Marketing et alliances d'ORACLE France
Résumé : Internet est un facteur de développement des entreprises, permettant de les faire communiquer entre elles, de créer de nouveaux marchés et produits ; l'objectif d'ORACLE est, dans ce cadre, d'aider à l'explosion du nombre de ses utilisateurs ; mais pour que cela se produise, il faut trouver des solutions aux temps d'attente trop longs lorsque l'on se connecte et agir tant sur l'infrastructure réseau que sur les fournisseurs d'accès ; cependant, la généralisation d'Internet prendra du temps, notamment celui que les opérateurs Télécoms utiliseront pour investir dans les hauts débits ; tout ceci à condition que les équipements soient peu chers à l'achat, simples à utiliser et fiables, à l'instar du Minitel. Celui-ci a une grande vertu, qui devrait être celle d'Internet : un accès pour tous ; à partir de quoi il faut réussir à convaincre les utilisateurs du premier de la meilleure économie du second dans tous les domaines ; se former sur Internet est le grand défi : les pouvoirs publics devraient mettre en place un plan d'informatisation des écoles tout en imaginant une architecture évitant le piège de l'obsolescence des équipements.
1. ORACLE est une société américaine, créée il y a 20 ans, et qui a réalisé un chiffre d'affaires de 4,2 milliards de $; elle regroupe 30.000 collaborateurs. L'année fiscale écoulée se solde par une croissance de 42 %.Nous sommes présents dans 90 pays ; notre chiffre d'affaires est à 50 % composé de ventes de logiciels, et à 50 % de ventes de services, cette dernière catégorie incluant trois domaines :
• le support et la maintenance des
logiciels ;
• la formation des clients auxquels nous vendons ces
logiciels ;
• le conseil que nous pouvons leur apporter lors de
la vente ;
En France , la société regroupe 1.000 personnes pour un chiffre d'affaires de 1,1 milliard de francs, en croissance de 23 % sur l'année fiscale écoulée ;
Nous sommes en mesure d'offrir à toute société l'ensemble des logiciels constituant son système d'informations ; nos logiciels fonctionnent dans tous les environnements informatiques. Nous sommes « leader » mondial au niveau des bases de données.
2. L'internet et le network computer : depuis qu'Internet est vraiment devenu un phénomène,, on peut dire que l'informatique et les NTIC sont un facteur de développement des entreprises : Internet permet de faire circuler l'information, de la mettre à disposition de tous les utilisateurs, de faire communiquer les entreprises entre elles, de faire tomber les frontières entre les entreprises partenaires en intégrant un même système d'informations, et donc de créer de nouveaux produits, de nouveaux marchés ;
Le network computer là-dedans représente la faculté de permettre à tous d'être branchés sur le réseau, d'accéder à ces nouveaux produits et services, à un coût d'achat mais surtout à un coût de gestion de l'ordinateur qui est extrêmement faible. L'objectif d'ORACLE n'est pas, dans ce cadre tant de fabriquer des network computer en quantité industrielle que de faire exploser le nombre des utilisateurs des systèmes d'informations.
Notre network computer pour l'entreprise ressemble à celui d'IBM : il va tout chercher sur le réseau, il se charge dynamiquement et il n'y a rien de résident : il a de la mémoire vide, mais il n'a pas de mémoire morte. Il fonctionne avec une carte à puce : elle contient l'identification de l'utilisateur et lui permet d'aller se connecter et d'utiliser un autre network computer que le sien, un peu comme pour les téléphones GSM.
Lorsque l'on se connecte aujourd'hui, les temps d'attente sont souvent trop longs ; ces temps d'attente proviennent soit de l'infrastructure réseau, soit des fournisseurs d'accès qui n'ont pas forcément bien dimensionné leurs matériels, soit pour les deux raisons à la fois. Mais les capacités de transmission d'informations sur les réseaux progressent considérablement. Une étude très approfondie du groupe TEST (leader des journaux informatiques) le montre : la qualité des fournisseurs d'accès est vraiment très...disparate ; en fait, ils sont véritablement un « goulot d'étranglement » ; la qualité du débit offert est très variable dans le temps ; le « goulot d'étranglement » est en fait plus là que dans le tuyau lui-même.
Nous pensons que les opérateurs Télécoms vont investir massivement dans l'augmentation du débit, ce qu'ils n'ont pas forcément fait dans lepassé parce qu'il n'y avait pas forcément de bonnes raisons de le faire ; nous pensons cependant qu'il n'est pas réaliste de penser que, dans les deux ans, on fera via Internet à domicile des applications comme celles qu'on a en multimedia sur un CD-ROM. D'une façon générale, la généralisation du phénomène Internet prendra du temps : ce sont les applications simples, de courrier électronique par exemple, qui vont permettre sont avènement, à condition toutefois que celui-ci soit peu cher à l'achat, simple à utiliser, et fiable tel que le Minitel a pu l'être.
3. Eléments de discussion :
L'expérience du Minitel doit servir : autant le network computer peut facilement toucher les 10/15 % de la population la plus aisée, autant cela n'est pas vrai pour la très grande majorité des foyers français, dont on sait que le revenu moyen est faible. La grande vertu du Minitel, et qui devrait être celle d'Internet, fut sa vaste couverture de la population, un accès pour tous. Si on réussit à démontrer qu'avec l'arrivée du network computer, distribué quasi-gratuitement, on peut consulter un service Minitel dans un temps cinq fois plus court, on va très vite amortir la machine ;
Les services disponibles sur Internet sont variés et de nature complètement différente :
• communiquer, c'est-à-dire s'envoyer des
messages : cette fonction devrait connaître un grand
succès ; une étude américaine fait d'ailleurs le lien
entre la baisse du chiffre d'affaires de La Poste américaine et
l'accroissement du nombre des communications via support
électronique ;
• jouer, c'est-à-dire les jeux
vidéos : nous ne pensons pas que les jeux, de plus en plus
sophistiqués, y seront rapidement accessibles ;
• s'informer : cette fonction devrait
connaître un grand succès ; c'est faisable avec le
débit actuel ; on n'a d'ailleurs pas besoin de débit
extraordinaire pour ce faire ; on le fait déjà avec le
Minitel : on s'informera juste mieux et avec une meilleure
économie sur un network computer;
• le commerce électronique
(acheter/vendre) : c'est parfaitement faisable sur Internet ; on
pourra acheter beaucoup de choses, faire ses courses, tout ceci aura une
incidence sur les réseaux de distribution ;
• le télé-travail : nous n'y
croyons pas vraiment en dehors d'un environnement professionnel, donc avec des
lignes un peu spécialisées ;
• se former : nous y croyons beaucoup ; les
pouvoirs publics pourraient mettre au point un plan d'informatisation des
écoles à un prix « faisable »
budgétairement : il s'agirait de mettre en place un serveur
local.dans les établissements avec un network computer connecté
(notion d'Intranet) ; mais, comme il faut se rééquiper tous
les quatre ans si l'on souhaite rester dans le coup, il faut
réfléchir à une architecture qui ne tombe pas rapidement
dans l'obsolescence ;