C. LE PHÉNOMÈNE DE SURENDETTEMENT S'INSCRIT DANS UNE LOGIQUE ÉCONOMIQUE FAVORISANT LES CRÉDITS AUX PARTICULIERS
Si les ménages français sont peu endettés par rapport à leurs homologues anglo-saxons, depuis le milieu des années quatre-vingt les crédits aux particuliers se développent fortement.
1. Un faible taux d'endettement des ménages
Traditionnellement, la France se caractérise par un faible recours des ménages à l'endettement. On retrouve ici une manifestation du clivage culturel entre pays historiquement ouverts au crédit, au premier rang desquels les pays anglo-saxons, et pays historiquement fermés, parmi lesquels la France et l'Italie.
Comparaison internationales
sur le recours des
ménages à l'endettement
et le développement du
surendettement
(endettement/revenu disponible)
Royaume-Uni
|
97,9 %
|
Source
: Service des économies
étrangères
statistique pour l'année 1995
(sauf Pays-Bas, 1994, France, 1996 et Belgique, 1993)
De même, l'encours total des diverses formes de crédits à
la consommation des ménages s'avère modeste, en France, par
rapport à certains pays industrialisés.
En outre, l'analyse descriptive de la situation des
ménages endettés révèle une diversité des
itinéraires et des profils d'endettement. 63,9 % des ménages
endettés détiennent au moins un crédit immobilier et
41,8 % des ménages endettés le sont au titre de l'immobilier
seulement. 36,1 % des ménages ne le sont qu'à raison de
crédits de trésorerie, alors que 22,1 % des ménages
endettés détiennent au moins un crédit immobilier et des
crédits de trésorerie. Le rapport 1997 de l'Observatoire de
l'endettement des ménages fait état de quatre grands
modèles d'endettement :
-
le modèle de l'endettement immobilier "projet"
que
suivent
les couples mariés avec ou sans enfant(s), aux revenus
élevés et ceux des accédants qui ont préparé
leur opération (notamment par une épargne-logement
préalable) ;
-
le modèle de l'endettement à la consommation "mode de
vie"
que choisissent les jeunes couples sans enfant ou les
célibataires, locataires en milieu urbain ;
-
le modèle de l'endettement immobilier "tendu"
qui
s'impose
aux ménages à faibles ressources ayant parfois de nombreux
enfants et ne disposant pas d'une capacité suffisante d'épargne
préalable ou aux accédants qui vont devoir supporter des charges
de remboursement élevées ;
-
le modèle de l'endettement à la consommation "fin de
mois"
des locataires qui, en raison de l'insuffisance de leurs
revenus, de
la taille de leur famille, du niveau de leur loyer..., vont ainsi pallier
temporairement leurs difficultés de trésorerie. On retrouve
également dans cette catégorie des jeunes célibataires qui
vivent à la limite de leurs capacités financières.
Par ailleurs, l'endettement des ménages a fortement
évolué depuis vingt ans.
La seconde moitié des
années quatre-vingt avait connu un développement rapide de
l'endettement des ménages. La transformation du système de
financement de l'économie y a largement contribué, ainsi
d'ailleurs que la conjonction de la phase ascendante des cycles réels et
de celui de l'immobilier. Au point haut de l'endettement des particuliers, en
1989-1990, l'encours total des crédits immobiliers et de
trésorerie détenus par les ménages représentait
alors 42,9 % de leur revenu disponible.
La première moitié des années quatre-vingt-dix a en
revanche enregistré un mouvement de désendettement relativement
rapide. Ainsi, entre 1990 et 1995, l'encours total des crédits
détenus par les ménages s'est contracté de 4,1 points
de revenu disponible. Le recul de l'encours des crédits à court
terme a été plus rapide que celui des crédits immobiliers,
par nature plus inertes. Dans le même temps, la part des ménages
endettés a baissé de 3 points, passant de 52,8 %
à 49,8 %.
L'endettement des ménages (hors endettement professionnel) |
||||
Endettement en cours en fin d'année en % du revenu disponible |
Ensemble des crédits à l'habitat |
Crédits de trésorerie aux particuliers |
Ensemble de l'endettement |
Proportion des ménages endettés |
1989 |
34,0 |
8,9 |
42,9 |
52,8 |
1990 |
34,0 |
8,9 |
42,9 |
51,9 |
1991 |
33,6 |
8,2 |
41,8 |
51,6 |
1992 |
32,9 |
7,8 |
40,7 |
50,9 |
1993 |
32,4 |
7,7 |
40,1 |
50,3 |
1994 |
32,1 |
7,7 |
39,8 |
50,0 |
1995 |
31,0 |
7,8 |
38,8 |
49,1 |
1996 (provisoire) |
30,8 |
8,0 |
38,8 |
49,8 |
Toutefois, l'enquête réalisée en novembre 1996 par l'Observatoire de l'endettement des ménages semble indiquer que la tendance au désendettement est parvenue à son terme : globalement, le taux de détention ne fléchit plus que très modérément en comparaison de ce qui était observé jusqu'alors ; la diffusion des crédits immobiliers et du multi-endettement s'est même redressée, les ménages faisant plus largement appel au découvert bancaire.