RAPPORT D'INFORMATION N°354 - FRUITS ET LEGUMES : UNE VERITABLE AMBITION POUR LE SECTEUR
MM. Jean HUCHON, Jean-François LE GRAND et Louis MINETTI, Sénateurs
Commission des Affaires économiques Rapport 354 1996/1997
Table des matières
- I. LE SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES EN 1997 : UN CONSTAT PARADOXAL
-
II. L'IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ D'UN CADRE COMMUNAUTAIRE RÉNOVÉ
- A. DES DÉSÉQUILIBRES QUE L'OCM DE 1972 NE PARVENAIT PLUS À RÉGULER
-
B. LA NOUVELLE OCM : UNE RÉFORME INDISPENSABLE
- 1. Les objectifs visés
-
2. Les principes de la nouvelle OCM
- a) Une offre communautaire améliorée et mieux orientée vers le marché
- b) La réorganisation du dispositif de soutien aux Organisations de Producteurs (OP)
- c) Une fonction de classification des produits maintenue au sein de la Communauté
- d) La reconnaissance des interprofessions
- e) L'harmonisation et le renforcement des contrôles nationaux et communautaires
- 3. L'OCM fruits et légumes transformés
-
III. L'AVENIR DU SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES : UN DEFI À RELEVER
- A. LE RENFORCEMENT DE LA FILIÈRE DOIT ÊTRE EFFECTIF
- B. UNE NÉCESSAIRE GARANTIE DE TRANSPARENCE DANS LE SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES
- C. LE RÉTABLISSEMENT D'UNE POLITIQUE COMMERCIALE À L'ÉGARD DES PAYS TIERS CONFORME AUX ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX ET EUROPÉENS
- EXAMEN EN COMMISSION
-
ANNEXE 1 -
COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL
" FRUITS ET LÉGUMES " -
ANNEXE N° 2 -
LISTE DES PERSONNALITÉS ENTENDUES -
ANNEXE 3 -
AUDITIONS -
ANNEXE N° 4
-
DÉPLACEMENTS -
ANNEXE N° 5 -
DONNÉES DU NOUVEAU RÉGIME DES ÉCHANGES AVEC LES PAYS TIERS POUR LES FRUITS ET LÉGUMES -
ANNEXE N° 6 -
LISTE DES PROPOSITIONS FORMULÉES DANS LE CADRE DE LA MISSION SÉNATORIALE DE 1993 CHARGÉE D'ÉTUDIER LA FILIÈRE DES FRUITS ET LÉGUMES
N° 354
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1996-1997
Annexe au procès-verbal de la séance du 12 juin 1997.
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) par le groupe de travail (2) sur le bilan des propositions de la mission sénatoriale de 1993 chargée d'étudier la filière des fruits et légumes et sur la mise en oeuvre du règlement (CE) 2200/96 du Conseil du 28 octobre 1996 portant organisation commune des marchés dans le secteur des fruits et légumes ,
Par MM. Jean HUCHON, Jean-François LE GRAND
et Louis MINETTI,
Sénateurs.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel
Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Jacques
Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Marcel-Pierre Cleach, Roland
Courteau, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Fernand
Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Jacques Dominati, Michel
Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard Dussaut
,
Jean-Paul
Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert Garcia, François
Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis Grignon, Georges
Gruillot, Claude Haut, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Jean-François Le Grand, Kléber Malécot,
Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor,
Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard Piras, Alain
Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles
Revet, Roger Rigaudière, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques
Rocca Serra, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Jean-Pierre
Vial.
(2) Ce groupe de travail est composé de : MM.
Jean Huchon,
président
; Aubert Garcia, Mme Anne Heinis,
MM. Jean-François Le Grand, Louis Minetti, Raymond Soucaret,
vice-présidents
; Alphonse Arzel, Gérard César,
Roland Courteau, Michel Doublet, Francis Grignon, Edmond Lauret, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Moinard, Bernard Piras, Michel Souplet.
Fruits et légumes
. -
Rapports d'information.
Mesdames, Messieurs,
Porteurs de valeurs symboliques antiques et parés de vertus
diététiques modernes, les fruits et les légumes ont
conquis, au cours de ce siècle, une place de choix dans la nourriture
humaine des pays riches, en particulier en Europe de l'Ouest, en
Amérique du Nord et au Japon. Tout en apportant diversité et
plaisir dans l'alimentation, ils jouent un rôle nutritif de
complément puisqu'ils fournissent vitamines, sels minéraux et
fibres, tout en étant pauvres en calories.
Si ce secteur des fruits et légumes a pu, jusqu'au début des
années 1990, donner le sentiment d'être un secteur
relativement épargné par la crise générale que
connaissait l'agriculture française et européenne, la crise de
1992, par delà ses causes conjoncturelles, a servi de
révélateur à des déséquilibres plus
fondamentaux.
C'est donc dans un contexte d'effondrement des marchés et de vive
préoccupation
quant aux effets induits par la réforme de la
politique agricole commune que
le Sénat avait autorisé, lors
de sa séance du 16 décembre 1992, la création d'une
mission d'information
, constituée au sein de votre Commission des
Affaires économiques, chargée d'étudier le fonctionnement
des marchés des fruits, des légumes et de l'horticulture et
d'examiner leurs perspectives d'évolution, compte tenu de la
réforme de la politique agricole commune (PAC) et de formuler toutes
propositions de nature à remédier aux difficultés dont
souffrent ces secteurs.
Au terme de plus de 35 auditions et d'un grand nombre de déplacements
" sur le terrain ", cette mission avait présenté, au
mois de
mai 1993, son rapport
.
1(
*
)
Celui-ci présentait, après un constat de l'évolution et
des difficultés de la filière, une série de mesures de
nature à remédier aux insuffisances et aux dysfonctionnements de
ces secteurs.
Ces propositions s'articulaient
autour de trois axes
: la mise en
oeuvre de mesures nationales, la modification de la réglementation
communautaire applicable et une meilleure maîtrise des importations des
pays tiers.
Rappelons que la mission
, convaincue que les propositions susceptibles
d'être formulées ne recueillaient pas nécessairement
l'unanimité avait,
d'une part
, tenu compte de la
variété des situations particulières, en ne proposant pas
systématiquement de solution uniforme et,
d'autre part
, n'avait
pas souhaité se substituer aux opérateurs économiques et
aux professionnels concernés dans le choix des stratégies
à mettre en oeuvre.
Au sein de la
cinquantaine de propositions
, la
réforme du
fonctionnement de l'organisation commune du marché (OCM) des fruits et
légumes était considérée comme une
impérieuse nécessité.
Cette réforme de la réglementation communautaire est apparue
d'autant plus urgente que l'adoption depuis 1993 d'un certain nombre de mesures
préconisées par la mission sénatoriale au niveau national,
pour nécessaires qu'elles soient, n'ont néanmoins pas
été suffisantes pour régler l'ensemble des
difficultés de la filière.
Cette réforme finalement a été adoptée par le
Conseil des Ministres de l'Union européenne le
26 juillet 1996
, les derniers règlements d'application
ayant été publiés au début de
l'année 1997.
Ce nouvel environnement communautaire, sur fonds de poursuite d'une crise
à la fois conjoncturelle et structurelle, a conduit le groupe de travail
" fruits et légumes " de votre commission des Affaires
économiques à se pencher, à nouveau, sur cette
filière importante tant en termes économiques que d'emplois et
d'aménagement du territoire.
Outre des déplacements en région Provence-Alpes-Côte d'Azur
(PACA), en Maine-et-Loire et à Rungis, le groupe de travail (voir
annexes 1 et 2) a procédé à une
vingtaine
d'auditions
(annexe 3)
.
Il a souhaité,
tout en effectuant un bilan synthétique
des
différentes propositions du rapport de la mission sénatoriale,
examiner les mécanismes de cette nouvelle OCM
et
d'apprécier les perspectives d'avenir du secteur français des
fruits et légumes à l'aube de l'an 2000
.
Quatre années après la publication du rapport de la mission
sénatoriale,
le groupe de travail a pu constater que le secteur des
fruits et légumes demeurait en crise
.
Toutefois,
la mise en oeuvre d'un cadre communautaire rénové,
dans un secteur
dont les
atouts sont indéniables,
offre
l'opportunité, aujourd'hui, de
rompre avec le passé
et
d'envisager
de nouvelles perspectives
de développement.
I. LE SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES EN 1997 : UN CONSTAT PARADOXAL
Le constat effectué par une grande partie des personnes auditionnées converge : en effet, si la filière française des fruits et légumes connaît une crise à la fois conjoncturelle et structurelle évidente, elle n'en dispose pas moins d'atouts réels.
A. EN DÉPIT D'ATOUTS RÉELS ET DE LA MISE EN OEUVRE DE MESURES OPPORTUNES EN FAVEUR DE LA FILIÈRE...
1. De réels atouts
a) L'image " positive " des fruits et légumes
L'image des fruits et légumes est excellente dans
notre société contemporaine
: elle est portée
à la fois par une certaine mode (par exemple au travers des recettes des
grands chefs) et à la fois par des orientations de fond basées
sur des
valeurs de naturalité, de vitalité, de santé et
de plaisir sain et simple.
En effet, face à une société complexe, qui
s'accélère, perd ses repères,
l'image que
véhiculent les fruits et légumes rassure
, paraît
procurer l'équilibre et l'harmonie tout en permettant un retour à
l'essentiel, à la nature.
La seule histoire de la Nature Morte, des premières
représentations des " tables servies " sur les murs
d'Herculanum et de Pompéi jusqu'aux compositions des peintres
contemporains suffit à montrer la place qu'occupent les fruits et
légumes dans l'imaginaire.
Ainsi, derrière ces produits se cache une histoire
extraordinaire
: tous n'ont pas été connus en même
temps en Europe occidentale, les premières attestations
archéologiques remontant au 8ème millénaire avant
Jésus-Christ. Certains ont d'abord été couronnés
à titre de médicaments, d'autres sont nés de croisements
et d'hybridations. Depuis, le Paradis terrestre, jardins et vergers tiennent
une place primordiale dans l'art de vivre de chaque époque. Chaque
siècle, chaque pays, chaque province, a eu sa manière
particulière de consommer les fruits et légumes. " Le
Potager du Roy " à Versailles, dont la réalisation avait
été confiée à Jean de la Quintinie, a gardé,
après trois siècles, une réalité vivante, proche de
sa vocation d'origine, irremplaçable dans l'histoire des productions
fruitières et légumières.
b) Un secteur d'une grande importance économique et sociale
Un secteur qui génère une forte valeur
ajoutée en Europe
Selon les dernières statistiques publiées, la production
communautaire de fruits et légumes utilise
4,3 % de la
superficie agricole utile
(soit 5,5 millions d'hectares),
représente plus de 16 % de la production finale agricole
et
compte
1.800.000 exploitations
d'une dimension moyenne de
1,3 hectare. Les exploitations " professionnelles "
spécialisées dans la production de légumes sont environ
100.000 avec une superficie moyenne de 4,2 hectares. Pour les fruits, ces
chiffres sont respectivement de 350.000 exploitations et de
7 hectares.
Ce secteur
, qui
utilise peu de terres et génère une
plus forte valeur ajoutée
à l'hectare que les exploitations
moyennes, est également
le principal employeur de main d'oeuvre
agricole
. Il est en outre
localisé dans des régions
souvent éprouvées
par le chômage, où n'existent
pas de réelles possibilités de diversification de l'emploi et
joue par là-même un rôle important pour l'emploi
rural
.
Le commerce intra-communautaire est très actif
, puisqu'il
dépasse 6,5 millions de tonnes (8,7 millions de tonnes avec
les agrumes), soit environ 70 % des volumes de fruits et légumes
qui circulent en Europe. Les principaux expéditeurs sont l'Espagne et
l'Italie, tandis que l'Allemagne est le principal client.
PRODUCTION EUROPÉENNE DE LÉGUMES FRAIS
|
1980 |
1990 |
1992 |
1993 |
1994 |
Millions de tonnes |
|||||
EUR 12 |
38,0 |
46,0 |
46,5 |
45,8 |
|
Italie |
11,5 |
12,2 |
12,6 |
12,1 |
|
Espagne |
8,4 |
11,5 |
10,5 |
10,2 |
10,6 |
France |
4,6 |
5,5 |
5,6 |
5,7 |
5,8 |
Grèce |
4,2 |
3,9 |
4,2 |
4 |
4,2 |
Autres pays |
9,3 |
12,9 |
13,6 |
13,7 |
|
|
|
|
|
|
|
EUR 12 |
38,0 |
46,0 |
46,5 |
45,8 |
|
Tomate |
11,1 |
13,5 |
12,7 |
16,2 |
13,3 |
Melon, pastèque |
3,3 |
3,9 |
3,8 |
3,8 |
3,7 |
Chou |
3,1 |
3,3 |
3,4 |
3,4 |
3,3 |
Oignon |
2,6 |
3,1 |
3,2 |
3,1 |
3,1 |
Salade |
2,3 |
3,0 |
3,0 |
3 |
3 |
Carotte |
2,0 |
2,9 |
3,2 |
3,2 |
3 |
Chou-fleur |
1,9 |
2,0 |
2,3 |
2,3 |
2,2 |
Aubergine-courge |
1,2 |
1,4 |
1,4 |
1,4 |
1,4 |
Poivron, piment |
1,2 |
1,5 |
1,5 |
1,5 |
1,5 |
Autres |
9,4 |
11,4 |
12,1 |
11,9 |
|
PRODUCTION EUROPÉENNE DE FRUITS
|
1980 |
1990 |
1993 |
1994 |
Millions de tonnes |
||||
EUR 12 |
28,8 |
31,0 |
32,2 |
|
Italie |
10,0 |
10,1 |
10,8 |
|
Espagne |
6,7 |
8,7 |
9,7 |
9,3 |
Grèce |
3,1 |
3,5 |
3,3 |
3,4 |
France |
3,4 |
3,5 |
3,4 |
3,8 |
Allemagne (1) |
3,3 |
3,0 |
2,7 |
|
|
|
|
|
|
EUR 12 |
|
|
|
|
Dont : pomme |
8,2 |
8,0 |
8,8 |
9,1 |
Poire |
3,0 |
2,5 |
2,5 |
2,7 |
Pêche (2) |
2,7 |
3,8 |
4,1 |
4,5 |
1 : Y compris ex-RDA
2 : Y compris nectarines
Source : EUROTAST
Une place considérable dans l'économie nationale
La
production française moyenne de fruits et légumes
s'établit à environ
10 millions de tonnes
, dont
6 millions de tonnes de légumes, hors pommes de terre et
4 millions de tonnes de fruits, pour une
valeur
estimée
à environ
32 milliards de francs
. Le secteur des produits
frais emploie directement et indirectement plus de 500.000 personnes.
En ce qui concerne les fruits
, le verger français occupe
actuellement 238.500 hectares. Le pommier, avec 64.000 hectares,
reste le verger le plus important malgré une perte de
6.000 hectares. Le pêcher et le nectarinier viennent en seconde
position. L'abricotier a considérablement crû depuis 1980 et le
verger de noyers fait preuve de dynamisme avec une progression de 30 %
depuis 1990.
LA PRODUCTION FRANCAISE DE FRUITS EN 1995
La France joue également un rôle important dans la production de légumes et notamment de tomates, de carottes, de choux-fleurs, de salades, de melons. Avec 6 millions de tonnes de produits (qui représentent plus de cinquante variétés différentes), le secteur des légumes représente, en valeur, 26 milliards de francs.
PRINCIPAUX LÉGUMES FRAIS RÉCOLTÉS EN FRANCE EN 1995
Le circuit de distribution, constitué par un réseau regroupant
environ 800 expéditeurs, 200 coopératives,
100 associations et syndicats de mise en marché,
2.000 grossistes et 80.000 points de vente,
emploie
également 250.000 personnes.
c) Le rayon fruits et légumes : un rayon " stratégique " en plein développement
Les fruits et légumes constituent un rayon
stratégique
. Il est en effet un des deux ou trois rayons du magasin
les plus rentables financièrement au m² puisque l'évolution
des marchés (surproduction, atomicité de l'offre, ...) met
à disposition des détaillants des produits abondants, de
qualité, peu coûteux et sans image de marque.
En outre, il est le plus porteur d'image pour le magasin
:
fraîcheur, agrément, propreté, ... : cette image
rejaillit sur tous les rayons alimentaires frais.
Par ailleurs, le distributeur est conduit à rechercher des axes de
différenciation pour se dégager de la pression concurrentielle et
augmenter ses marges : les innovations étant peu nombreuses dans la
filière, tout travail allant dans ce sens les intéresse.
Aussi, afin de rendre plus attrayants leurs rayons et développer
leurs ventes, les distributeurs proposent
:
- l'aménagement de " bergeries " de présentation
à la manière des marchés forains ;
- le retour à des " pesées
assistées " ;
- l'offre particulière de préemballé pour les clients
" pressés " ;
- la mise en place progressive d'un marketing spécifique alliant
marque de distributeur et marques de groupements ;
- l'élargissement de la gamme des produits ;
- la mise en place de systèmes tendant à optimiser la
rotation des produits et la rentabilité des linéaires.
Ces caractéristiques commerciales doivent être
considérées comme des atouts
pour l'avenir de la
filière des fruits et légumes,
même si, aujourd'hui,
les producteurs les perçoivent comme des contraintes.
La production pourrait, en effet, dans le futur, tirer profit de cette valeur
stratégique du rayon fruits et légumes en exigeant de la part des
GMS une association aux bénéfices réalisés
grâce à la qualité des produits mis sur le marché.
2. La mise en oeuvre de mesures opportunes au sein de la filière
Le groupe de travail a souhaité effectuer un bilan synthétique des propositions de la mission sénatoriale de 1993, au niveau tant national qu'international. Il a pu constater ainsi que certaines mesures avaient fait l'objet d'une traduction législative ou réglementaire .
a) Au niveau national
L'amélioration du statut fiscal et social
La mission sénatoriale, constatant l'inadaptation du statut social et
fiscal des entreprises de ce secteur à la nature de l'activité
exercée, avait proposé des mesures générales.
Plusieurs dispositions mises en oeuvre depuis 1993 répondent au souci
exprimé par la mission sénatoriale.
Il s'agit, en premier lieu, de mesures sociales
.
Outre un dispositif
conjoncturel d'échéanciers de cotisations sur salaires
(part
salariale) en faveur des producteurs touchés par la crise de 1996
, un
effort important a été accompli pour alléger le coût
du travail salarié
.
La loi du 4 août 1995,
relative aux mesures d'urgence
pour l'emploi et la sécurité sociale, a prévu une
réduction dégressive des charges patronales de
sécurité sociale qui s'applique aux producteurs de fruits et
légumes. Les exploitants agricoles bénéficient par
ailleurs de taux de cotisations de prestations familiales favorables
résultant d'une anticipation sur l'échéancier de la loi
quinquennale pour l'emploi du 20 décembre 1993. Il est
à souligner que, dans un souci de simplification, la loi de finances
pour 1996 a prévu de fusionner les deux mesures ci-dessus
indiquées, à titre expérimental du
1er octobre 1996 au 31 décembre 1997. La fusion
s'opère sur la base du mécanisme de réduction mis en place
par la loi du 4 août 1995, mais en élevant le plafond
des salaires ouvrant droit à cette réduction de 1,2 à
1,33 SMIC.
Par ailleurs,
l'amélioration du dispositif d'exonération
partielle de la part patronale des cotisations sociales
sur les
travailleurs occasionnels bénéficie tout particulièrement
au secteur des fruits et légumes.
En second lieu, au niveau fiscal
, outre le maintien en 1996 du
dispositif d'aménagement de la dette
, ont été
décidés, dans le cadre de la conférence annuelle agricole
du 8 février 1996, des
aménagements au régime
d'imposition des agriculteurs
. Ainsi, le régime de la
déduction pour investissements (DPI) a été modifié,
avec un dispositif consistant à augmenter de 60 % sur trois ans,
dès les revenus 1997, le montant maximal déductible correspondant
aux investissements pour risques climatiques ou économiques
exceptionnels.
L'embauche a, en outre, été simplifiée
récemment
. La création, au mois d'avril 1997, du titre
" emploi saisonnier agricole (TESA) " est inspirée du
" chèque emploi-service " mis au point pour les
particuliers.
Il s'agit d'un carnet à souches qui permettra aux employeurs, notamment
ceux du secteur des fruits et légumes, d'accomplir une dizaine de
formalités en un minimum de temps. Cette disposition, au même
titre que celle relative à l'abattement de cotisations sociales, vise
à favoriser l'embauche comme saisonniers de la main d'oeuvre locale de
proximité. En 1995, 8.988 non ressortissants de l'Union
européenne ont été embauchés en France comme
saisonniers en agriculture.
Le renforcement de l'interprofession
La mission sénatoriale avait considéré comme
fondamental le renforcement de l'interprofession
.
Une Charte de l'interprofession des fruits et légumes a
été récemment établie par l'association nationale
interprofessionnelle des fruits et légumes frais (INTERFEL), association
reconnue par la loi du 10 juillet 1975, qui rassemble et
représente paritairement les collèges des organisations
professionnelles de la production et de la distribution des fruits et
légumes.
La volonté qui s'exprime dans cette charte est de privilégier
le dialogue interprofessionnel
. Les objectifs sont le développement
du marché des fruits et légumes, la croissance et la
rentabilité des entreprises de la filière à chaque stade
(production, expédition, commerce de gros, commerce de détail) et
la défense des intérêts communs de la filière
auprès des relais d'opinion et des autorités françaises et
communautaires.
D'après ce texte, le développement de la filière est
assuré par la promotion de la consommation nationale à travers
des programmes de communication ambitieux, l'accroissement des parts de
marché à l'exportation, la mise en place et le respect des
accords interprofessionnels garants de la qualité des produits et
services.
L'ambition commune affichée par cette Charte est d'assurer au
consommateur santé, forme et plaisir par un approvisionnement en fruits
et légumes sains et bons. En outre, elle doit permettre de
fédérer les initiatives et de moderniser la filière par un
développement harmonieux des relations entre les différents
stades de la filière.
Le développement de la promotion
Afin de pallier les carences de la filière en matière de
marketing, une campagne de promotion a été lancée avec un
budget de 30 millions de francs pour l'année 1997. Son
objectif est d'accroître la fréquence de la consommation, qui est
en net recul depuis plusieurs années.
Ainsi, la campagne de communication programmée à la
télévision cherche à compenser le manque de savoir-faire
culinaire des consommateurs en apportant des recettes faciles et rapides. Elle
sera complétée par une communication auprès des
médecins généralistes sur les effets pour la santé
des fruits et légumes. L'action auprès des enfants, entreprise en
1996, a été prolongée cette année à travers
la presse pour enfants. Enfin, un service " consommateurs "
sera
prochainement ouvert par l'interprofession.
Les relations entre l'aval et l'amont de la filière
La mission sénatoriale
avait souligné en 1993
" le
poids écrasant de la grande distribution ". Les grandes et moyennes
surfaces (GMS) ont souvent cherché à faire du
" chiffre ", aux dépens des producteurs, sur un rayon
très rentable.
Pourtant, alors que la récession économique a atteint ces
dernières années la grande distribution elle-même,
un
dialogue semble s'amorcer. Deux exemples illustrent cette tendance.
En premier lieu
, la réforme de l'ordonnance de 1986 par la
loi n° 96-588 du 1er juillet 1996 sur la loyauté et
l'équilibre des relations commerciales tente de
rééquilibrer, à terme, les relations entre distributeurs
et producteurs.
Deux raisons majeures justifiaient une telle réforme :
-
d'une part
, la modification du contexte économique.
L'ordonnance de 1986 a été prise à une époque
où la lutte contre l'inflation constituait toujours une priorité
gouvernementale et où le commerce était encore
dispersé ;
-
d'autre part
, l'évolution du rapport de force entre
distributeurs et fournisseurs. La forte concentration de la grande distribution
s'impose aux entreprises, qui n'ont souvent pas d'autre alternative que
d'accepter des conditions commerciales toujours plus dures, sans contrepartie
réelle.
De façon générale, la loi porte sur la clarification de la
facturation et le renforcement de l'interdiction de revente à perte, la
suppression de l'interdiction du refus de vente et la condamnation des
pratiques abusives telles que le chantage au
déréférencement et la fausse coopération
commerciale
2(
*
)
.
Les produits agricoles et alimentaires font l'objet de dispositions
spécifiques
comme l'encadrement des promotions, la suppression de
l'exception d'alignement dans les magasins de plus de 300 m² et la
reconnaissance de la possibilité de s'organiser de façon
particulière.
En outre, la notion de prix abusivement bas est
introduite
.
Par ailleurs,
deux décrets publiés le 11 juin 1996
au Journal officiel
, autorisent les ententes entre producteurs
bénéficiant de " signes de qualité " ou victimes
de " situations de crise ".
Par le premier décret
, les ententes entre producteurs agricoles
et entre producteurs et entreprises bénéficiant d'un label, d'une
appellation d'origine contrôlée (AOC) ou portant la mention
agriculture biologique sont autorisées pour une durée maximale de
trois ans (sont exclues les entreprises qui détiennent une position
dominante sur le marché).
Ces ententes peuvent permettre une régulation de la production (volume,
capacité des outils), une restriction temporaire à l'accès
de nouveaux opérateurs et la fixation de prix de cession ou de prix de
reprise des matières premières, mais d'aucun autre prix.
Pour ce qui est des
crises agricoles
,
le second décret
les définit
comme une " inadaptation de l'offre à la
demande révélant une perturbation grave du marché ",
caractérisée par trois au moins des conditions
suivantes
: " l'augmentation du volume d'offre ",
" la
baisse de la consommation ", " la baisse de la moyenne des
cours " ou " l'augmentation des stocks ou
invendus ", dans les
quatre cas " pendant deux campagnes ou années successives ou par
rapport à la moyenne des trois campagnes ou années
précédentes ".
Les accords visés ne peuvent concerner que " la réduction
durable des outils de production " et " le renforcement des
exigences
de qualité, ayant pour conséquence une limitation du volume de la
production ". Conclus au plus pour un an et reconductibles, il devront
être notifiés au ministre de l'économie et à celui
de l'agriculture.
Il semblerait que si la nouvelle loi sur la concurrence a, parfois, un effet
positif sur les prix, notamment dans le secteur des fruits et légumes,
en déplaçant la bataille des distributeurs sur le terrain de la
qualité,
les pratiques de prix abusivement bas soient encore souvent
la règle
.
Une telle réforme était nécessaire à un meilleur
équilibre des relations entre producteurs et distributeurs.
Cependant, le groupe de travail tient à souligner l'importance du
suivi de la mise en oeuvre de cette réforme afin que celle-ci
ne se
retourne pas contre les producteurs. Les pratiques qui ont resurgi lors de la
période de froid de l'hiver dernier, les événements
survenus encore récemment et certaines informations statistiques,
accréditent la thèse selon laquelle le
rééquilibrage des relations entre grandes et moyennes surfaces et
producteurs est une longue bataille dont l'issue est souvent loin d'être
favorable au secteur de la production.
En second lieu
, deux organisations professionnelles, l'une
représentative des producteurs de fruits et légumes, l'autre
regroupant des grandes enseignes de la distribution ont récemment
créé une " cellule d'observation des fruits et
légumes saisonniers ", afin d'anticiper " autant que faire
se
peut " les éventuelles crises conjoncturelles, dans le cadre de
l'application des accords signés en 1995.
Cette cellule d'observation concernerait des produits aussi
" sensibles " que la pêche, la nectarine, le raisin, le
melon,
la tomate et le concombre. Ce travail doit s'effectuer en concertation avec
l'ONIFLHOR. Selon les termes de cet accord, en cas de crise, pourront
être décidées des opérations de dégagement du
marché.
b) Au niveau international
La mission sénatoriale de 1993 était convaincue
que l'amélioration du fonctionnement des règles communautaires ne
pourrait avoir un rôle positif qu'à la
condition qu'un
système efficace de contrôle et de gestion des importations en
provenance des pays tiers soit mis en place.
Ainsi, la mission avait
proposé à la fois d'améliorer le contrôle de
l'application des accords préférentiels et d'assurer la
complémentarité des importations, la question centrale
étant le niveau des droits d'importation afin que ceux-ci soient
à un niveau dissuasif sans constituer pour autant une concurrence
déloyale.
Tout en reconnaissant que la situation actuelle est loin d'être
satisfaisante en la matière
, le groupe de travail a
considéré que la mise en place, pour certains produits, des
certificats d'importation et des clauses de sauvegarde constituait une
première démarche positive,
pour autant qu'elle ne soit pas
remise en cause chaque année
.
Avant d'examiner les instruments de protection existant au niveau
communautaire, il convient de rappeler en quoi consiste le régime de la
protection extérieure instauré par les accords du GATT dans le
secteur des fruits et légumes.
Le régime actuel de la protection extérieure
Les accords du GATT concernent le secteur des fruits et légumes sous
trois aspects : la réduction des exportations subventionnées,
celle du soutien interne, et la conciliation entre les importations en
provenance des États tiers et l'affirmation de la
préférence communautaire.
Jusqu'en 1994
, les marchés communautaires des fruits et
légumes étaient protégés par deux types
d'instruments tarifaires :
- l'ensemble des fruits et légumes était couvert par des
droits de douane ad valorem ;
- dix-sept produits bénéficiaient d'un système
basé sur des prix de référence. Lorsque le prix
déclaré par l'importateur communautaire -souvent difficile
à évaluer- était inférieur au prix de
référence, le droit de douane ad valorem s'alourdissait d'une
taxe compensatoire variable.
Le régime mis en place en 1995
apporte de nombreuses
modifications :
- les droits de douane ad valorem doivent être réduits de
20 % d'ici l'an 2000 ;
- Le système de prix de référence a disparu pour
laisser la place à un mécanisme basé sur des prix
d'entrée minimum (uniquement pour quatorze produits). Lorsque le prix
déclaré par l'importateur est inférieur au prix
d'entrée minimum, la taxation normale est augmentée d'un
équivalent tarifaire.
Rappelons pour mémoire que le prix d'entrée est une
reconstitution du prix CAF. En ce qui concerne le prix d'entrée minimum,
il est égal au niveau des prix de référence sur la
période 86-88 (voir annexe n° 5). L'équivalent
tarifaire est fixe et égal à la différence entre le plus
haut niveau de prix d'entrée minimum dans le calendrier et le prix de
marché intérieur.
FONCTIONNEMENT DU MÉCANISME DE PRIX D'ENTRÉE
MINIMUM
ET D'ÉQUIVALENT TARIFAIRE
Ainsi, on peut
analyser
ce graphique de la
manière suivante
:
Si le prix d'entrée d'un produit est supérieur au prix
d'entrée minimum (PEM), ce produit n'est soumis qu'au droit de douane.
Si le prix d'entrée d'un produit est inférieur au PEM, il
est prélevé, en sus des droits de douane, un équivalent
tarifaire (ET) dont le montant varie en fonction de la différence entre
le prix d'entrée calculé et le PEM.
- Lorsque le prix d'entrée est compris entre 100 % et
98 % du PEM, l'ET est égal à 2 % du prix
d'entrée, et ainsi de suite, par tranches de 2 % jusqu'à
92 % du PEM.
- Lorsque le prix d'entrée est en dessous de 92 % de la valeur
limite du PEM, l'équivalent tarifaire maximum est prélevé.
Les licences d'importation
Cette mesure permet de remédier à la méconnaissance, tout
à fait anormale, des flux d'entrée réels, en disposant
enfin de statistiques douanières fiables sur les volumes de marchandises
entrant dans la Communauté.
Le régime de certification est généralement identique pour
l'ensemble des secteurs :
- le certificat est délivré par les États membres
à tout intéressé établi dans la
Communauté ;
- le certificat est valable dans toute la Communauté ;
- la délivrance du certificat est subordonnée au
dépôt d'une garantie qui n'est pas remboursée
intégralement si l'opération (importation ou exportation), sauf
cas de force majeure, n'est pas entièrement réalisée ;
- les modalités d'application, y compris la période de
validité et la liste des produits (lorsque le certificat n'est pas rendu
obligatoire par l'OCM), sont définies par la Commission en comité
de gestion.
Cependant, le régime d'importation des fruits et légumes reste
très particulier.
Comme le montant des droits à l'importation inscrit dans le tarif
douanier commun (TDC) dépend, pour certains produits, du prix
d'entrée, la réalité du prix d'entrée sera
vérifiée sur la base d'une valeur forfaitaire à
l'importation, elle-même calculée par la Commission par origine et
par produit sur la base de la moyenne pondérée des cours des
produits concernés sur les marchés représentatifs
d'importation.
Depuis le 1er septembre 1996, un système de licences
à l'importation a été mis en place
pour les
importations de tomates, oranges, clémentines, mandarines, citrons,
pommes, poires et concombres.
Malgré certaines réserves justifiées à
l'encontre des modalités de ce système
, le groupe de travail
considère ce mécanisme comme une première étape
concrète. N'étant en aucun cas une entrave aux échanges,
il est le seul
moyen fiable et rapide
de suivre les importations en
provenance des pays tiers.
En effet, la mise en place de ces certificats permet de s'assurer que les
importations dont les droits de douane ont été réduits
rentrent bien sur le sol communautaire en dehors des périodes de
commercialisation des produits européens.
Le déclenchement de la clause spéciale de sauvegarde
La clause traditionnelle de sauvegarde est utilisable si, du fait
d'importations (ou d'exportations), le marché d'un produit subit des
perturbations graves susceptibles de mettre en péril l'un des objectifs
que le Traité de Rome assigne à la Politique Agricole Commune
(PAC).
L'accord agricole du cycle d'Uruguay prévoit, dans son
article 5
, la création d'un nouvel instrument de protection aux
frontières pour certains produits agricoles (ceux qui ont
été " tarifés "), la clause spéciale de
sauvegarde.
Le régime général de la clause spéciale de
sauvegarde
Cette clause de sauvegarde n'entre pas en vigueur lorsque les importations
concernées ne risquent pas de perturber le marché communautaire
ou si les effets de protection sont disproportionnés par rapport
à l'objectif recherché par la clause spéciale de
sauvegarde.
Les OCM décrivent succinctement le régime de la clause de
sauvegarde en précisant les prix et les volumes de déclenchement.
Deux conditions peuvent déclencher l'application de la clause de
sauvegarde et les droits additionnels :
- lorsque le prix mondial du jour se situe au-dessous d'un prix de
référence mondial, une clause de sauvegarde " prix "
peut être déclenchée ;
- lorsque les importations annuelles dépassent un certain volume,
une clause de sauvegarde " volume " peut être mise en
place. Le
niveau de déclenchement de la clause de sauvegarde est fonction du
niveau des importations déjà réalisées par le pays
exportateur.
Les modalités d'application, y compris la liste des produits soumis
à perception de droits additionnels de la clause de sauvegarde, sont
définies par la Commission en comité de gestion.
Votre groupe de travail considère
que la lenteur, souvent
observée, dans le déclenchement de la clause spéciale de
sauvegarde est particulièrement regrettable lorsque cette
réglementation a pour but de protéger la production communautaire
contre les importations abusives.
La nécessité d'une clause de sauvegarde volume
Concernant les importations de pommes et de poires, l'instauration d'une clause
spéciale de sauvegarde " prix " n'est techniquement pas
appropriée : en effet, la clause de sauvegarde prix est soumise
à un prix de déclenchement qui, en l'espèce, est souvent
inférieur au prix de déclenchement de l'équivalent
tarifaire (c'est-à-dire au prix d'entrée).
Par contre, la clause spéciale de sauvegarde " volume "
est
l'instrument idoine
. Si les importations à un moment donné se
révèlent trop importantes et risquent de
déséquilibrer gravement le marché national et
communautaire, cette clause spéciale de sauvegarde
" volume "
peut s'appliquer. C'est
le cas depuis la fin de l'année 1996
notamment dans le secteur des
pommes et des poires.
Le
groupe de travail souhaite
, toutefois,
une application
effective de cette clause de sauvegarde
. Ainsi, la procédure
décisionnelle communautaire relative à cette clause de sauvegarde
prévoit une certaine automaticité dans la mise en oeuvre de cette
clause, dès lors que les conditions de déclenchement sont
réunies. Or,
le mode de calcul des seuils de déclenchement de
la clause
pour la pomme
est vivement contesté
par les
professionnels. Il est en effet basé sur le principe que la consommation
varie presque autant que la production, ce qui est rarement le cas.
B. LA CRISE CONTINUE D'AFFECTER LE SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES
Lors des premières auditions, les membres du groupe de
travail ont été confrontés
à un constat
préoccupant
:
malgré
le fait que les pouvoirs
publics et les professionnels ont pris un certain nombre de mesures
importantes,
la situation du secteur des fruits et légumes n'a que
peu évolué au cours de ces dernières années
.
L'analyse de la crise qu'avait connue le secteur des fruits et des
légumes au cours de l'année 1992 avait conduit la mission
sénatoriale à s'interroger sur les causes de cette crise
généralisée et sur ses conséquences sur l'ensemble
de la filière.
Elle avait, préalablement, replacé cette crise dans la
perspective de l'évolution de ce secteur au cours des vingt
dernières années en matière de consommation, de
production, de prix et d'échanges.
Le groupe de travail n'a pas
jugé utile de procéder à nouveau à ces
travaux
, moins de quatre années seulement après la
publication du rapport de la mission sénatoriale.
Il lui est cependant paru indispensable de rappeler le contexte de crise que
certaines productions ont connu ces trois dernières années
avant d'auditionner les différents handicaps de la filière
française " fruits et légumes ", qu'il s'agisse des
faiblesses " structurelles " de ce secteur ou de ses
perspectives
d'évolution qu'il juge préoccupantes.
1. Une situation qui reste préoccupante
Depuis 1992 , considérée comme " l'année terrible " dans la filière, le secteur des fruits et légumes n'a guère connu de périodes fastes . En effet, si le revenu des exploitations s'est globalement stabilisé, il n'a, à aucun moment, retrouvé le niveau des années 1980.
a) dans le secteur des légumes...
La production pour la campagne
1993-1994
a
été en légère progression par rapport à la
campagne difficile de 1992 : melons, carottes et choux-fleurs ont
retrouvé un niveau élevé de récolte. Malgré
les difficultés de commercialisation rencontrées sur certains
légumes, l'indice des prix à la production pour l'ensemble des
légumes frais s'est redressé de 7 % en 1992 et 1993.
Ce mouvement de légère hausse a été
confirmé en 1994
puisque la chaleur de l'été et la
douceur de l'automne ont favorisé la production de melons, salades,
tomates et choux-fleurs. Cependant, les apports importants de fin
d'année et la qualité hétérogène des
produits ont de nouveau entraîné les cours à la baisse.
En 1995
, à l'exception des haricots verts et des salades,
la
plupart des principaux légumes frais
ont enregistré une
chute plus ou moins prononcée
du volume de leurs livraisons. Les
quantités d'asperges ont été très faibles et celles
de tomates moyennes. En outre, le volume des livraisons des pommes de terre a
diminué de 3 %.
On estime ainsi que, pour 1995,
l'évolution est négative pour les exploitations
spécialisées dans la culture légumière (de - 4
à - 9%).
Au sein même des exploitations produisant des
légumes, la situation selon les produits a dû également
être nuancée, les producteurs de tomates ayant connu une baisse de
prix importante.
En 1996
, d'après les informations obtenues par le groupe de
travail, quelques perturbations ont affecté, en début
d'année, le melon et plus fortement la pomme de terre primeur. Par
ailleurs, si le marché de la tomate s'est redressé, la situation
du chou-fleur a été difficile en octobre à cause d'un
déséquilibre de l'offre et de la demande. Le marché de
l'endive s'est relativement bien comporté.
L'année 1997
a débuté dans des conditions
difficiles. L'arrivage massif de produits importés à des prix
dérisoires a déséquilibré notamment le
marché de la tomate. Entre le 9 et le 14 mai, de l'ordre de
10.000 tonnes de tomates en provenance d'Espagne ont été
importées en France selon les professionnels, alors qu'au cours de tout
le mois de mai 1996, 16.500 tonnes avaient été
importées et 14.500 tonnes en 1995. Ainsi on a pu relever sur le
marché de Saint-Charles un prix du kilogramme de tomates entre
1,30 francs et 1,40 francs.
Globalement, le revenu brut d'exploitation moyen des horticulteurs est
inférieur de près de 40 % à son niveau de 1980,
attestant d'une réelle dégradation.
b) ... comme celui des fruits
La production française de fruits a retrouvé
en 1993
, après le gel de 1991 et le record de 1992, un niveau
globalement moyen, excepté en ce qui concerne la pêche et
l'abricot.
Cette légère hausse de la production
a été
confirmée
en 1994 et 1995
, permettant à l'indice des prix
des fruits, en baisse depuis 1991, de progresser respectivement de 4 et
6 %. De nombreux fruits comme l'abricot, la cerise, la clémentine,
la pêche et le kiwi ont bénéficié de ce mouvement.
Les cours de la pomme sont cependant restés à un niveau
inférieur à ceux de 1994 (-5 %).
Si on constatait en 1995
une amélioration globale du revenu en
exploitation fruitière (+ 7,2 % en termes réels),
à moyen terme, l'évolution du revenu des producteurs de fruits
est demeurée très négative.
L'évolution
tendancielle depuis 1990 atteint -15,8 %
en moyenne annuelle et le
niveau de revenu de 1995 demeure inférieur de 38% à celui de
1991
.
Si le bilan de la campagne 1996 a été
, dans l'ensemble,
satisfaisant
,
la pomme, la pêche, l'abricot et la prune ont
connu une situation difficile
. Alors que la campagne s'annonçait
relativement bonne, on a assisté à une concentration
imprévue des arrivées à maturité. Par ailleurs, les
surplus non exportés, les produits italiens étant plus
compétitifs, se sont retrouvés sur le marché
intérieur. Les stocks sont devenus importants et les cours ont
chuté durant l'été. Les prix en sont arrivés
à ne plus couvrir les coûts de production, chaque kilogramme
commercialisé (pêche, abricot...) se traduisant par une perte
nette importante.
L'année 1997
a mal débuté dans le secteur des
fruits. Après un gel qui a endommagé des milliers d'hectares dans
l'arboriculture, le marché de la fraise connaît une situation
très difficile, à tel point que
les responsables de ce secteur
dans le Lot-et-Garonne
ne se sentent pas " moralement le droit de
conseiller à leurs collègues de replanter l'année
prochaine, ne voulant pas les envoyer à la catastrophe ". En effet,
alors que la fraise est actuellement en pleine production, ce secteur est
confronté à la vive concurrence des fraises d'Espagne et du Maroc
sur le marché français et des fraises italiennes et espagnoles
sur le marché allemand, principal débouché à
l'exportation... Selon les données du service des nouvelles des
marchés, les cours à Rungis pour les fraises françaises
rondes variaient entre 12 et 15 francs -jusqu'à 18 francs pour
la garriguette-, les fraises espagnoles ne dépassant pas 9 francs.
Cette situation de crise " quasi permanente " est
révélatrice non seulement d'un environnement international et
communautaire en pleine mutation, mais aussi d'un certain nombre de handicaps
que connaît la filière.
2. Des handicaps certains
De nombreux intervenants ont, lors des auditions, rappelé la persistance de difficultés inhérentes à la filière " fruits et légumes ", et ce malgré les différentes dispositions prises de 1992 à 1997. Ces problèmes sont souvent identiques à ceux relevés par la mission sénatoriale de 1993.
a) Les problèmes de production
Une offre toujours trop atomisée
L'offre
en matière de fruits et légumes est
très
atomisée
: ce constat, effectué par l'ensemble des
professionnels de la filière, s'avère exact à la fois
entre les différentes espèces de fruits et légumes ainsi
qu'au sein d'une même espèce, comme par exemple la poire.
On compte ainsi
56.000 exploitants qui cultivent 276.000 hectares
de
légumes
(hors pommes de terre de grande culture) dont
5.000 sous serre. Si le nombre de producteurs a diminué de 35% depuis
1988, il reste encore très important au regard du nombre d'hectares
cultivés, la moyenne d'hectares cultivés par producteur de
légumes frais étant d'environ 4,9 hectares.
STRUCTURE DES EXPLOITATIONS DE LÉGUMES FRAIS (PLEIN
AIR ET SERRES)
Producteurs (en milliers) |
Superficies
|
Superficie
moyenne
|
|||||||||
1988 |
1990 |
1993 |
1995 |
1988 |
1990 |
1993 |
1995 |
1988 |
1990 |
1993 |
1995 |
86 |
79 |
64 |
56 |
254 |
271 |
260 |
276 |
3 |
3,5 |
4,1 |
4,9 |
Pour les fruits (vergers six espèces), l'enquête recense 37.000 exploitants pour 170.000 hectares.
EVOLUTION DES STRUCTURES DES EXPLOITATIONS DE VERGERS
(6 espèces)
Producteurs (en milliers) |
Superficies
|
Superficie
moyenne
|
|||||||||
1988 |
1990 |
1993 |
1995 |
1988 |
1990 |
1993 |
1995 |
1988 |
1990 |
1993 |
1995 |
50 |
46 |
40 |
37 |
162 |
168 |
177 |
170 |
3,3 |
3,7 |
4,4 |
4,6 |
Les groupements de producteurs
, institués dans
le cadre de la loi d'orientation agricole de 1962
sont encore
très
nombreux
puisqu'on en compte près de
320
.
Ces groupements
, dont le statut juridique est celui de
coopérative (127), de syndicat (87) et de SICA (35)
représentent plus de 50 % de la production organisée,
mais jouent un rôle très ambigu
.
Constitués pour renforcer le pouvoir de négociation des
producteurs vis-à-vis des partenaires " aval " de la
filière, ils constituent parfois un obstacle à une concentration
plus poussée.
Ainsi, à côté d'organisations
ayant une véritable démarche commerciale, il existe certaines
structures " boîtes aux lettres " dont la fonction est de
permettre de bénéficier des aides et du retrait : ces
groupements totalement sclérosés ou dépassés ont
souvent une logique de production sans vocation commerciale affirmée et
sont source d'affrontements permanents avec la majorité des producteurs.
Le problème de la surproduction
On peut, en effet, s'interroger sur une éventuelle surproduction
structurelle. La mission sénatoriale sur les fruits et légumes
avait déjà conclu, en 1993, à une stagnation, sur le long
terme, de la demande intérieure de fruits et légumes en valeur
absolue, en dépit de l'accroissement de la population et de
l'augmentation des prix.
Outre cette inadéquation entre la production et la consommation
,
l'une étant caractérisée par d'amples variations, l'autre
variant faiblement, la
hausse des rendements pourrait davantage expliquer
les périodes de surproduction que l'extension des superficies.
La récente proposition présentée par la Commission
européenne prévoit d'ailleurs de réduire le verger
communautaire de pommiers, poiriers, pêchers et nectariniers d'environ
20.000 hectares.
Ainsi, en 1995, le pommier avait perdu 6.000 hectares en un an, le verger
pêcher et nectarinier poursuivait une tendance à la baisse avec
une perte de 5 % depuis 1990, l'abricotier se stabilisant.
On constate notamment pour les fruits une diminution des superficies qui est
compensée par la hausse des rendements, même si celle-ci finit par
atteindre peu à peu un niveau plafond.
LE VERGER FRANÇAIS EN 1995
b) Une mise en marché lacunaire
Le rapport de la mission sénatoriale ayant longuement
abordé l'organisation des marchés des fruits et légumes en
France, le
groupe de travail s'est donc limité au fonctionnement de
cette mise en marché.
L'analyse de la mise en marché des fruits et légumes permet de
découvrir un grand nombre de dysfonctionnements au sein de la
filière.
Tout d'abord
, les intermédiaires de la filière restent
dans une situation largement inégale. Comme le soulignait la mission
sénatoriale, "
il apparaît que les relations entre la
production, sans doute en raison de sa position de faiblesse due à son
inorganisation, et l'expédition sont parfois difficiles. Elles sont
particulièrement tendues avec l'importation, alors même que
celle-ci reste indispensable pour assurer l'approvisionnement du marché
européen, comme avec les grossistes, qui restent un partenaire
indispensable de la grande distribution, même si cette dernière a
recours, grâce à ses centrales d'achat, à d'autres modes
d'approvisionnement plus directs. "
Plusieurs intervenants ont souligné, par ailleurs, le manque de
structures commerciales d'envergure nationale par produit et
multi-produit
: en effet, les organisations respectivement premier et
second sur le marché pour les fruits et légumes,
représentent seulement 5 et 10 % du marché national. On
constate ainsi une quasi-absence de marques fortes et une concurrence
exacerbée des produits industriels de remplacement fortement
" marketés " qui mettent en valeur de manière
croissante la naturalité des fruits et légumes.
De plus,
outre un manque de stratégie de l'offre française,
en termes d'image, d'innovation et de promotion,
l'insuffisance de la
synergie commerciale
, à tous les niveaux de la commercialisation, de
l'offre française avec l'offre des pays tiers a été
à maintes reprises regretté.
Ainsi, le parent pauvre du secteur est la commercialisation
.
On y
constate une faiblesse de l'investissement
" marketing ",
évalué à 30 fois moindre que pour les produits
laitiers. Les raisons sont nombreuses : dispersion commerciale de l'amont,
gestion traditionnelle " à court terme " du secteur, manque
de
prise de conscience des leaders de la filière des mécanismes
commerciaux de la distribution de masse et absence de réactivité
des producteurs à la défiance des consommateurs face aux
méthodes de production perçues comme non respectueuses de la
nature intrinsèque de ces produits.
La filière des fruits et légumes paraît, en outre,
avoir un fonctionnement très complexe
: en plus d'un
approvisionnement inégalement réparti entre la production
française et les importations, la filière commerciale des
producteurs en circuit court (c'est-à-dire régional) se maintient
aux environs de 30 % ; enfin, la part des centrales d'achat
s'accroît fortement. Au stade de gros, la part de marché des
grossistes reste majoritaire malgré une baisse de 11 points en
5 ans. Simultanément, le poids des centrales est en forte
croissance, y compris dans le secteur de la restauration hors foyer.
En ce qui concerne les marchés d'intérêt national
,
le groupe de travail n'a pu que constater le phénomène
déjà relevé par la mission sénatoriale en 1993,
c'est-à-dire
la limitation de leur rôle
. Si ceux-ci jouent
encore une fonction relativement importante dans les marchés de
proximité, ils connaissent globalement une inadaptation aux besoins
actuels et nécessitent donc une sérieuse réforme.
c) La pression exercée par les grandes et moyennes surfaces
Le marché des fruits et légumes constitue
pour les GMS un secteur des plus rentables et en pleine croissance
.
Au cours des sept dernières années, les grandes et moyennes
surfaces ont vu, en effet, vu leur volume de vente en matière de fruits
et légumes progresser de 700.000 tonnes, soit plus de
100.000 tonnes par an en moyenne. Leur part de marché moyenne est
environ de 54 % (de 46 % pour l'artichaut à 68 % pour le
concombre).
D'après certaines estimations,
la marge de progression pour les
dix ans à venir est de 15 % de part de marché
,
soit un million de tonnes,
100.000 tonnes par an. En termes
financiers, une telle progression représente un gain potentiel, en 2005,
de
10 milliards de francs de chiffre d'affaires annuel
, soit plus
d'un milliard de francs de profit potentiel.
C'est dans un tel contexte que les grandes et moyennes surfaces sont souvent
accusées de forcer " l'amont " en effectuant des pressions
sur
les fournisseurs, notamment par la non répercussion des baisses de prix
à la production.
S'ajoute à cela la pratique des prix anormalement bas entraînant
ainsi des perturbations des marchés, notamment en raison de la
" masse commerciale " des grandes et moyennes surfaces. La
négligence quant à la qualité du produit est, par
ailleurs, souvent évoquée en raison de l'absence de personnel
qualifié et de la mauvaise présentation des fruits et
légumes.
Le développement du
système EDI
(échanges de
données informatisées), dont le fax est l'exemple le plus
rudimentaire, conduit, en outre, à traiter les fruits et légumes
comme des produits manufacturés standard en transmettant l'information
le plus rapidement possible. Si ce mouvement peut se concevoir pour la pomme ou
la pomme de terre, produits stockables, il ne peut fonctionner efficacement que
si l'offre est supérieure à la demande : en effet, en cas
inverse, le téléphone et le gré à gré
reprennent leurs droits.
Par ailleurs, la généralisation de
l'EDI ne doit pas se faire au détriment de la qualité
.
Par ailleurs, votre
commission s'interroge sur l'opportunité,
comme le préconise M. Jean-Marie Ferrand dans son rapport,
d'instaurer un mécanisme de " coefficient multiplicateur "
qui
permettrait de garantir un prix minimum à la production. La profession
paraissant partagée sur l'utilité d'un tel instrument, le groupe
de travail souhaite que le ministère de l'agriculture puisse effectuer
des projections permettant d'analyser dans le détail les
conséquences de la mise en place de ce système.
d) Une consommation " en panne "
La consommation mondiale moyenne de fruits et légumes
est d'environ 50 kilogrammes par an et par personne, mais un quart de la
population mondiale consomme plus de 100 kilogrammes par an
3(
*
)
.
En France, après une croissance de la consommation de l'ordre de
1 % par an jusqu'au début des années 1990, le groupe de
travail a constaté une baisse de la consommation des fruits et
légumes depuis 4 à 5 ans, les légumes ayant une
meilleure résistance au déclin que les fruits.
Pour 1995
, avec
2,065 millions de tonnes consommées
par les ménages à domicile,
les fruits
ont atteint leur
plus bas niveau de la décennie et déclinent de 3,3 % par
rapport à la moyenne 1990/1994, soit une baisse de 3,7 % en valeur.
Pour les légumes
, on assiste à une augmentation en valeur
de 1,9 % par rapport à la moyenne 1990/1994.
CONSOMMATION MOYENNE DE FRUITS ET LÉGUMES
(EN
KILOGRAMME PAR AN ET PAR PERSONNE)
|
LÉGUMES |
FRUITS |
En France |
99 kg |
73 kg |
En Europe |
125 kg |
83 kg |
Source : Food for Thought 1995
La consommation progresse peu et se déplace surtout vers des produits
exotiques ou transformés.
De nombreux facteurs peuvent expliquer cette stagnation de la consommation
à environ 170 kg par habitant et par an, notamment chez les enfants
et les jeunes ménages :
- le manque de maîtrise de la qualité et la déception
gustative qui en résulte ;
- la déstructuration des repas traditionnels ;
- l'évolution des comportements des consommateurs vers des produits
plus facilement consommables ;
- le déficit de créativité et d'innovation des
produits ;
- la défiance des consommateurs vis-à-vis de certains
produits agricoles ;
- le manque de disponibilité de ces produits dans certains lieux de
consommation.
Ces problèmes structurels du secteur des fruits et légumes,
qui intéressent à la fois la production, la commercialisation
et la consommation,
semblent obéir à des tendances de fond que
les mécanismes régulateurs des marchés tels qu'ils sont
aujourd'hui organisés, ne parviennent pas à compenser.
En effet, l'évolution structurelle de la filière des fruits et
légumes est soumise à une tension permanente entre des logiques
antagonistes
: marché et organisation, spécialisation et
polyvalence des opérateurs professionnels, centralisation et
décentralisation des échanges et des circuits commerciaux.
Ces antagonismes sont probablement l'essence de l'économie
fruitière et légumière
, une économie mixte de
marché, qui peut être un modèle d'avenir pour de nombreuses
filières.
Le cadre communautaire rénové mis en place récemment
devrait
accélérer la modernisation de ce secteur
en lui
ouvrant de nouvelles perspectives.
II. L'IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ D'UN CADRE COMMUNAUTAIRE RÉNOVÉ
La plupart des personnes rencontrées par la mission
sénatoriale à l'occasion des auditions ou des déplacements
qu'elle avait effectués avaient souligné le caractère peu
satisfaisant du fonctionnement des organisations communes de marché
(OCM) dans le secteur des fruits et légumes. Or les
désajustements entre l'offre et la demande sont, pour ces produits,
fréquents, compte tenu de leur très grande sensibilité aux
circonstances climatiques.
Le groupe de travail souhaite s'en tenir aux principaux dysfonctionnements
de l'ancienne OCM
, le rapport d'information de la mission
sénatoriale analysant dans le détail cette OCM.
La mission sénatoriale avait d'ailleurs proposé de
réformer le fonctionnement de cette réglementation communautaire
constatant que le règlement CEE 1035/72 du 18 mai 1972 ne permettait
pas, dans son état actuel, de régler le cas de crises profondes
et généralisées.
Cette réforme, initiée au niveau communautaire depuis 1994, a
pu aboutir en 1996
avec le
Règlement CEE n° 2200/96
du Conseil en date du
28 octobre 1996
instaurant un nouveau
régime communautaire dans le secteur des fruits et légumes frais.
A. DES DÉSÉQUILIBRES QUE L'OCM DE 1972 NE PARVENAIT PLUS À RÉGULER
A l'évidence, comme en témoignent la crise de
1992, puis celles de 1995 et 1996, la réglementation communautaire et
l'application qui en était faite ne permettaient ni d'intervenir
efficacement sur le marché communautaire pour enrayer un effondrement
généralisé, ni de réguler de façon
satisfaisante les importations des pays tiers.
L'analyse approfondie des mécanismes
de l'OCM de 1972 permettait
de déceler un certain nombre de faiblesses qui se manifestaient
notamment par :
- le fonctionnement encore peu satisfaisant de certaines organisations de
producteurs ;
- l'importance atteinte par les retraits subventionnés pour
certaines productions et dans certaines régions de l'Union ;
- les critiques auxquelles est parfois confrontée la normalisation
à l'échelle communautaire ;
- les statistiques et les contrôles trop lacunaires.
1. Une organisation économique insuffisamment structurée
Les organisations de producteurs ont constitué un des
éléments clés de l'OCM en assurant le fonctionnement
décentralisé de ses mécanismes. Excepté en cas de
" crises graves ", relativement limités jusqu'au début
des années 1990, les retraits subventionnés ont
été réservés aux organisations de producteurs qui
les ont effectués selon les règles communautaires.
Au demeurant, le rôle des organisations de producteurs doit aller bien
au-delà de la gestion décentralisée du retrait. Face
à une demande toujours plus concentrée (centrales d'achat et
grande distribution),
le regroupement de l'offre par le biais des
organisations de producteurs apparaît comme une nécessité
économique en vue de renforcer la position des producteurs sur le
marché.
Or, la Commission européenne a constaté que
" des
organisations de producteurs sans grandes ambitions commerciales ne justifient
leur existence que par le retrait qu'elles gèrent ou les subventions
structurelles qu'elles reçoivent, et que des régions, où
les organisations de producteurs sont minoritaires et où l'on trouve
d'autres opérateurs commerciaux, semblent jouer leur rôle d'une
manière jugée plutôt satisfaisante par un grand nombre de
producteurs locaux ".
2. Des retraits subventionnés détournés de leur finalité
Le système des retraits subventionnés avait
été conçu pour faire face à des excédents
conjoncturels de produits frais et périssables, excédents
liés aux aléas climatiques.
De 1989 à 1993, les dépenses budgétaires pour les
retraits ont été, en moyenne, de l'ordre de 310 millions
d'écus par an.
Plus de 90 % ont été
dépensés pour les fruits et ce, presqu'exclusivement pour les
pêches, les nectarines, les pommes et les agrumes. Dans le cas des
légumes, le système n'a été appliqué en
pratique que pour les tomates d'été et pour les choux-fleurs,
plus quelques faibles quantités d'aubergines.
Quant à l'évolution des retraits, la tendance a
été plutôt à la hausse, tant en volumes qu'en
dépenses, en dépit de l'existence d'un régime de seuils
d'intervention.
Dans certains cas lorsque les coûts de production sont bas,
le retrait
semble être, au fil des années, devenu progressivement un
véritable débouché
. Parfois, on a l'impression qu'une
partie des producteurs se sont engagés dans un cercle vicieux : on
produit pour le retrait ; on essaie donc de minimiser les coûts
d'entretien et de pousser la quantité et non la qualité ; on
s'est éloigné ainsi de plus en plus des exigences du
marché et on a abouti finalement à une production qui ne peut
aller qu'au retrait.
3. Des normes de qualité mal comprises des consommateurs
Les normes de qualité constituent un langage
spécifique en vue de faciliter le commerce. C'est un système de
classification qui contribue à la transparence du marché en
permettant de connaître certaines caractéristiques d'un produit
commercialisé.
La normalisation a aussi été utilisée comme instrument de
gestion du marché.
A titre d'exemple, elle a ainsi conduit à
deux mesures qui ont fait l'objet de certaines critiques :
- l'interdiction de principe de la commercialisation sur le marché
du frais des produits de la catégorie III ;
- la fixation du calibre minimum des pommes communautaires des
variétés à gros fruits à 65 mm au lieu des 60 mm
initiaux.
Ces normes ont été parfois mal perçues par les
consommateurs qui ne peuvent pas disposer d'une marchandise apte à la
consommation et parfois traditionnellement consommée dans leur
région.
4. Des insuffisances statistiques évidentes
Lors de ses travaux préparatoires, la Commission a
constaté des lacunes importantes en ce qui concerne l'information
statistique disponible.
Ainsi, personne n'est capable de dire
précisément le volume des importations de fruits et
légumes qui entre dans l'Union européenne.
Par ailleurs, au cours de son enquête, qui porte sur les
campagnes 1990/1991 et 1992/1993,
la Cour des comptes européenne
a relevé
" des insuffisances dans les contrôles et la
gestion des opérations de retrait en France, en Italie et en
Grèce entraînant des paiements injustifiés ".
Selon elle, la plupart des groupements de producteurs sont loin de remplir le
rôle qui leur a été assigné par Bruxelles.
" Le système d'inspection et d'approbation par les
autorités nationales devrait être fortement
renforcé "
, a souligné la Cour.
" Il est
nécessaire d'assurer un suivi régulier et substantiel des
opérations des groupements afin que ceux-ci puissent s'acquitter
correctement de la gestion des marchés qui leur incombe "
.
En France, la Cour a mis en avant le fait que les organisations de producteurs
ne disposaient pas d'un fonds d'intervention propre pour assurer le financement
des opérations de retrait.
" Les organisations de producteurs ne
procèdent pas au dédommagement de leurs adhérents avant
d'avoir été payées par l'Office National
Interprofessionnel des Fruits et Légumes et de l'Horticulture"
, a
constaté la Cour.
B. LA NOUVELLE OCM : UNE RÉFORME INDISPENSABLE
Les autorités communautaires pouvaient s'appuyer sur
plusieurs logiques
pour réformer cette réglementation
communautaire.
La plus radicale
aurait été d'envisager une
réforme profonde dans le sens d'une mise en place de droits à
produire ou de quotas, à l'instar des autres productions. A l'examen,
cette voie a été écartée
en raison des
difficultés de mise en oeuvre, de l'incertitude sur l'application
effective de cette maîtrise de la production dans différents
États, de la difficulté d'attribution initiale de ces droits
à produire, puis de leur transmission. Une telle politique aurait
d'ailleurs risqué d'entraver la dynamique indispensable pour
" suivre " le marché, surtout à un moment où la
concurrence de l'extérieur se renforce.
Un système de libéralisme encadré a été
préféré
, fondé sur un marché fixant le
prix payé au producteur et déterminant ses revenus, mais
tempéré par une réglementation garantissant sa
transparence et empêchant des déséquilibres excessifs.
Votre Haute Assemblée avait adopté sur la proposition de votre
commission
, au mois d'avril 1996, une résolution sur la
proposition de règlement du Conseil portant Organisation Commune des
Marchés dans le secteur des fruits et légumes
4(
*
)
. Cette résolution, tout en considérant
comme pertinente dans ses principes la réforme de l'OCM, demandait au
Gouvernement d'intervenir lors des négociations européennes pour
que les modalités de cette réforme soient aménagées.
Le groupe de travail a pu constater que certaines de ces propositions ont
été retenues dans la négociation finale sur l'OCM.
1. Les objectifs visés
Le Commissaire européen à l'agriculture, M.
Franz Fischler, a résumé ainsi
les quatre objectifs essentiels
de la proposition de réforme
:
- améliorer l'efficacité et la qualité de la
production, à l'avantage aussi bien des producteurs que des
consommateurs ;
- amener les producteurs à faire mieux correspondre leur offre
à la demande et réduire progressivement les quantités de
produits retirés et détruits en rendant aux mécanismes
d'intervention leur caractère de "
filet de
sécurité
" et non pas de débouché ;
- stopper l'augmentation des coûts et mieux utiliser les
crédits disponibles.
Le coût de l'OCM resterait à peu
près inchangé et se situerait autour d'1,6 milliard
d'écus
par an, mais les crédits seraient destinés
davantage à l'amélioration des structures et à la
promotion de la qualité des produits qu'au retrait des
excédents ;
- appliquer correctement les accords du cycle d'Uruguay concernant la
diminution progressive des droits de douane à l'importation.
C'est sur la base de ces objectifs que la nouvelle OCM a été
réformée.
2. Les principes de la nouvelle OCM
Il s'agit dans ce secteur d'un prolongement de la
réforme de la politique agricole commune décidée en 1992.
Cette nouvelle réglementation européenne dans le secteur des
fruits et légumes comporte cependant quelques différences avec
les réformes engagées jusqu'à présent. En effet,
les producteurs doivent assurer la gestion des marchés, la
Communauté cofinançant leurs actions.
Autre nouveauté, la réforme a été
réalisée à budget constant et les dépenses
engagées par la Commission sont également plafonnées par
État membre
.
Le groupe de travail
tient à souligner ces différences,
car elles sont révélatrices du
contexte difficile
dans
lequel les producteurs de fruits et légumes doivent poursuivre leur
activité.
Afin d'atteindre ces objectifs, la réglementation européenne
propose de combiner différents types de mesures.
a) Une offre communautaire améliorée et mieux orientée vers le marché
Le renforcement des organisations de producteurs et de
leur moyens techniques
Ce renforcement passe par l'introduction de nouvelles exigences quant à
la composition des organisations et aux moyens techniques dont elles
disposeront pour agir sur le marché.
La reconnaissance des OP
Les organisations de producteurs (OP) sont la clef de voûte de la
nouvelle OCM
. Ces OP
5(
*
)
peuvent être
universelles (tous produits) ou spécialisées (fruits ou
légumes).
Les organisations existantes
ont jusqu'à la
fin 1998 pour se mettre en conformité avec les nouvelles
règles. Les groupements de producteurs antérieurs reconnus avant
le 21 novembre 1996 peuvent devenir des OP s'ils ne modifient pas la
liste des productions pour lesquelles ils étaient reconnus.
Quant aux nouvelles OP
, elles doivent déposer une demande
d'agrément.
Seules sept catégories de produits
font
l'objet d'une reconnaissance : fruits et légumes, fruits,
légumes, produits destinés à la transformation, agrumes,
fruits à coques et champignons.
Pour être reconnues, les organisations de producteurs devront regrouper
un nombre de producteurs et une production commercialisable minimaux.
Dans
le cas
des OP reconnues " groupement de
producteurs " avant le
21 novembre 1996 et des organisations de producteurs demandant la
reconnaissance pour les champignons
et les fruits à coques, le
nombre minimal de producteurs est d'au moins cinq, la valeur minimale de la
production commercialisable étant de cinq millions de francs (MF).
Pour les organisations de producteurs
non reconnues
" groupement de
producteurs " avant le 21 novembre 1996 et demandant la
reconnaissance en tant qu'OP pour les catégories de produits fruits et
légumes, fruits, légumes, produits destinés à la
transformation,
le nombre de producteurs ne peut être inférieur
à cinq
. La valeur minimale de la production commercialisable est
ensuite fonction du nombre de producteurs : entre 5 et
14 producteurs, elle doit être de 20 millions de francs ;
17 millions de francs au moins entre 15 et 39 producteurs ;
10 millions de francs au-delà de 39 producteurs. Le cas des
agrumes est particulier puisque ces OP doivent recueillir au moins
20 producteurs regroupant au minimum 2.000 tonnes de produit.
Deux types d'organisations de producteurs peuvent être reconnus
(Règlement 11/97 du 3 mars 1997).
D'une part
, les
organisations de producteurs de commercialisation (OPC) qui assurent
elles-mêmes la commercialisation effective des produits de leurs
adhérents.
D'autre part
, les organisations de producteurs de mise
en marché (OPM) qui, pour être reconnues, doivent centraliser
l'émission des factures, les paiements et prévoir un cadre
conventionnel entre ses adhérents et l'aval.
Les OP doivent, en premier lieu, mettre à la disposition de leurs
membres les moyens nécessaires à l'appui technique
pour la
mise en oeuvre de pratiques culturales respectueuses de
l'environnement,
le stockage et le conditionnement. En
second lieu
, des contraintes ayant
trait à la connaissance de la production ou encore des obligations sur
le plan des statuts doivent être prévues par les OP.
Votre groupe de travail note, toutefois, qu'une certaine souplesse a
prévalu en ce qui concerne les ventes directes puisque les producteurs
membres de l'OP " universelles " et spécialisées
peuvent vendre respectivement jusqu'à 25 % et 20 % de leur
production en dehors de ces structures, le principe étant toutefois
celui de l'apport total de la production.
Cette réglementation devrait conduire à la création de
nouvelles OP, mais aussi à la fusion de nombreuses OP existantes.
Les programmes d'action des OP
Une OP doit notamment avoir pour but
:
- de développer la concentration de l'offre et la mise en
marché de la production de ses membres ;
- de réduire les coûts de production ;
- de régulariser les prix à la production ;
- de promouvoir des pratiques culturales et des techniques de production
et de gestion des déchets respectueuses de l'environnement ;
- d'améliorer la mise en valeur commerciale des productions pour
lesquelles elle a été reconnue ;
- d'assurer la programmation de la production et son adaptation à
la demande ;
- d'orienter les choix de ses adhérents vers une démarche de
qualité ;
- la mise en place de programmes opérationnels ou de plans d'action.
Ces différentes actions doivent viser à mieux adapter les
produits des OP au marché.
Ainsi, l'objectif d'inscrire la production dans un processus d'adaptation
permanente aux attentes des consommateurs se concrétise par la
mise
en place de programmes opérationnels
.
Ces programmes ont pour but :
- d'assurer la programmation de la production et son adaptation à
la demande, notamment en quantité et en qualité ;
- de développer la concentration de l'offre et la mise en
marché de la production des membres ;
- de promouvoir les produits auprès des consommateurs .
- de réduire les retraits.
Le programme opérationnel comprend obligatoirement :
- des dispositions visant à assurer le contrôle du respect
des normes, des dispositions phytosanitaires et des teneurs maximales
autorisées de résidus, assorties de moyens financiers, techniques
et humains nécessaires ;
- des mesures destinées à développer l'utilisation
des techniques respectueuses de l'environnement par les producteurs
associés.
La durée du programme opérationnel est pluriannuelle
, avec
une limite minimum de trois années et maximum de cinq années.
Dès cette année, les organisations de producteurs peuvent
présenter un programme opérationnel (avant le
30 juin 1997) à partir du moment où elles ont
déposé une demande de reconnaissance qui a été
jugée recevable.
La liste des actions éligibles au programme opérationnel
est assez importante.
Un premier volet
concerne la participation au
programme national ou à celui du bassin de production (promotion
collective, recherche, expérimentation...).
Un deuxième
volet
vise les actions liées à l'optimisation des conditions
de production et celles ayant trait à la qualité des produits et
les actions relatives à l'environnement (volet obligatoire). Les actions
de commercialisation ne concernent que les OPC. D'une manière
générale, les actions doivent être " autorisées
par la réglementation communautaire ", " techniquement
valides " et " cohérentes avec les orientations
économiques du secteur et de chacun de ses produits ". Les actions
ne sont pas autorisées par la réglementation communautaire si
elles portent :
- sur des dépenses administratives et des dépenses de
gestion, à l'exception de celles liées à la
réalisation du programme opérationnel ;
- sur des quantités produites par les membres de l'organisation
hors Communauté ;
- sur des niveaux de revenus ou de prix ;
- sur des campagnes publicitaires de marques commerciales
individuelles ;
- sur des actions pouvant créer des conditions de distorsion de
concurrence dans les autres activités économiques de l'OP qui ne
concerneraient pas uniquement la valorisation de la production de ses membres.
Les groupements de producteurs qui ne sont pas reconnus comme organisations de
producteurs au titre de la nouvelle OCM, mais qui ont été
reconnues avant le 21 novembre 1996 et remplissent toujours les
critères de reconnaissance, peuvent présenter un plan d'action.
Un tel plan d'action doit avoir pour objectif de permettre au groupement de
producteurs concerné, d'obtenir sa reconnaissance comme organisation de
producteurs au titre de la nouvelle OCM. Les actions devront être
limitées :
- à l'acquisition des équipements ou au recrutement du
personnel permettant d'accéder à la reconnaissance d'organisation
de producteurs ;
- aux actions liées à l'environnement et au contrôle
du respect des normes et des dispositions sanitaires ;
- à la participation aux actions collectives des programmes
nationaux ou de bassin de production.
Pour cette année, les plans d'action doivent être
déposés avant le 30 juin 1997.
b) La réorganisation du dispositif de soutien aux Organisations de Producteurs (OP)
L'agrément du programme opérationnel donne droit
à l'aide communautaire et permet également de
bénéficier du soutien apporté à des actions de
retrait.
La mise en place des fonds opérationnels
Le fonds opérationnel est destiné à financer les actions
prévues dans le cadre du programme opérationnel et du plan
d'action de retrait pour l'année civile suivant sa demande. La demande
de fonds doit être déposée avant le 15 septembre de
l'année qui précède la mise en oeuvre du plan. Pour 1997,
elle doit être remise avant le 30 juin. D'une manière
générale,
la part de l'aide publique
(Union
européenne et État membre)
dans le fonds opérationnel
est de 50 %
,
la contribution professionnelle
(apportée
par les producteurs)
représentant l'autre moitié
. Cette
participation publique aux fonds opérationnels est limitée
à 4 % de la valeur de la production commercialisée
(4,5 % à partir de 1999), à condition que le montant global
de ces aides représente moins de 2 % du chiffre d'affaires de
l'ensemble des OP (2,5 % à partir de 1999).
Renouvelé chaque année pendant toute la durée du programme
opérationnel, le montant prévisionnel de l'aide communautaire est
indiqué aux OP avant le 15 décembre, soit en même
temps que la décision d'appréciation pour les programmes
opérationnels. Cette aide est versée sous forme de trois avances,
aux mois de janvier, avril, juillet ou octobre.
Ce fonds financera les opérations de retrait communautaire, les
compléments aux indemnités communautaires de retrait et les
actions d'amélioration de la qualité et de mise en valeur
commerciale.
Il est à noter qu'il est proposé un régime plus favorable
pour les OP opérant dans plusieurs États membres : la part
des subventions publiques dans les opérations financées par leur
fonds opérationnel passerait de 50 à 60 % des
dépenses pour les opérations autres que celles relatives au
retrait.
Les OP de mise en marché et les OP de commercialisation peuvent
bénéficier des fonds opérationnels.
Ces fonds devraient pouvoir représenter pour la France une enveloppe de
800 millions de francs.
La nouvelle OCM considère, par ailleurs, que, si le maintien du
système de retrait se révèle nécessaire, ce dernier
doit cependant constituer un filet de sécurité et non un
débouché en lui-même.
Les modalités prévues pour le mécanisme du retrait, tant
en ce qui concerne les limitations en volume que les réductions de prix
pour les compléments apportés par le fonds opérationnels,
ont été assouplies durant les négociations sur l'OCM.
Les produits pouvant bénéficier de l'indemnité
compensatrice de retrait sont les choux-fleurs, les tomates, les aubergines,
les abricots, les pêches, les nectarines, les citrons, les poires, les
raisins de table, les pommes, les melons, les pastèques, les ananas, les
mandarines, les clémentines et les oranges.
Si la commission prévoyait, initialement, des prix de retrait
communautaires très fortement diminués pour certains produits
(jusqu'à 66 % pour les pommes), ces réductions ont
été atténuées dans le règlement de l'OCM.
La part des fonds opérationnels consacrée au financement des
retraits est de 60 % des FO la première année, 55 % la
deuxième, 50 % la troisième, 45 % la quatrième,
40 % la cinquième et 30 % à partir de la sixième.
Ainsi, par rapport au prix moyen estimé des retraits en 1995/1996, la
diminution de l'ICR est de 20 % la première année, le niveau
final de réduction à l'issue de la période transitoire
étant de 40 %. Pour les pommes et les poires, la diminution est de
15 % la première année, jusqu'à 30 % la
dernière, les retraits devant être limités à
8,5 % de la production commercialisée.
Il est ainsi possible de retirer du marché jusqu'à 50 % de
la production commercialisée (moyenne triennale) la première
campagne, 45 % la deuxième, 40 % la troisième,
30 % la quatrième, 20 % la cinquième et 10 % la
sixième, avec une marge annuelle de dépassement de 3 % (pour
les agrumes, respectivement 35, 30, 25, 20, 15 et 10 %).
Le retrait reste ainsi un réel instrument de gestion du
marché
garantissant aux organisations de producteurs la marge de
manoeuvre nécessaire pour une gestion efficace.
La réduction des dépenses liées au retrait et à la
réorientation des crédits communautaires vers
l'amélioration des conditions de production et de commercialisation
devrait, selon la Commission, permettre de stabiliser durablement le coût
de l'OCM autour de 1,6 milliard d'écus par an.
c) Une fonction de classification des produits maintenue au sein de la Communauté
La nouvelle réglementation réaffirme, en mettant
en avant un objectif de simplification,
la compétence de la
Commission dans l'élaboration des normes de qualité.
Certaines mesures ayant un impact direct sur la qualité des produits,
prises en compte par la Commission, étaient préconisées
par le rapport de M. Jean-Michel Ferrand, Député du
Vaucluse
6(
*
)
: il s'agit du respect des mesures
de commercialisation, du développement de l'information des
consommateurs...
Ainsi, les normes CEE/ONU ne serviront qu'à titre indicatif pour
définir des normes communautaires, en comité de gestion.
Là aussi,
le souhait exprimé dans la résolution du
Sénat a été satisfait
.
d) La reconnaissance des interprofessions
L'OCM reconnaît officiellement les organisations
interprofessionnelles
dans leur rôle d'équilibre du
marché, d'amélioration de la qualité, et d'actualisation
des informations concernant le marché pour les producteurs. En outre,
une incitation financière à leur mise en place est
instituée.
Le principe de l'extension des règles
qui peuvent
désormais être rendues obligatoires pour l'ensemble des
professionnels
est définitivement légalisé
. Cette
extension peut être demandée pour des actions portant sur la
connaissance de la production et du marché, l'application de
règles de production plus strictes, de discipline en matière de
commercialisation et de protection de l'environnement, des mesures de
protection de l'agriculture biologique et des appellations d'origine, labels de
qualité et indications géographiques.
Le nouveau règlement précise qu'un État membre peut
décider que "
les opérateurs individuels ou les
groupements non membres de l'organisation qui bénéficient de ces
actions sont redevables auprès de l'organisation de tout ou partie des
contributions financières versées par les membres
(...)
". Selon les professionnels, cet acquis sur
l'interprofession,
obtenu après de longues négociations, doit permettre
d'éviter des interprétations trop restrictives de la
réglementation telles que celles exprimées par la Commission sur
le régime d'aide à la promotion et à l'amélioration
de la qualité des fruits et légumes frais mis en place en France
dans le secteur des fruits et légumes, en 1994, par l'interprofession.
e) L'harmonisation et le renforcement des contrôles nationaux et communautaires
Le renforcement et l'harmonisation des contrôles sont
des exigences maintes fois exprimées. Une mise en oeuvre efficace des
accords du GATT et des orientations proposées n'est possible que s'il
existe des dispositifs de contrôle adéquats au niveau tant
national qu'européen
.
Plus généralement, les orientations proposées vont dans le
sens d'une simplification de la réglementation communautaire et d'une
responsabilité accrue des producteurs et de leurs organisations. Leur
mise en oeuvre nécessiterait donc, de la part des différentes
administrations, des efforts de contrôle plus importants qu'aujourd'hui.
Ce renforcement des contrôles toucherait plus particulièrement la
gestion des fonds de roulement par les organisations de producteurs, le respect
des normes de qualité commerciales et sanitaires et le fonctionnement
correct du régime des prix d'entrée.
L'existence d'un noyau,
réduit mais opérationnel, d'inspecteurs communautaires
,
contribuerait à garantir aux producteurs communautaires et des pays
tiers, aux consommateurs et aux opérateurs de la filière,
l'application uniforme et non discriminatoire des contrôles
.
3. L'OCM fruits et légumes transformés
Le groupe de travail n'a pas souhaité examiner la
présentation de l'OCM fruits et légumes
transformés
7(
*
)
qui a fait l'objet d'une
réforme simultanée à celle des produits frais.
Rappelons toutefois que l'organisation commune des marchés dans le
secteur des produits transformés à base de fruits et
légumes était définie par le règlement de base
n° 426-86 du 24 février 1986.
Le Règlement (CE) n° 2201/96 du Conseil, du 28 octobre 1996
maintient les principes de cette OCM
fondée sur un régime
d'aides versées aux transformateurs, sous réserve qu'ils aient
payé aux producteurs un prix minimal qui détermine le revenu de
ces derniers. Toutefois, les nouvelles dispositions relatives aux OP ainsi que
la reconnaissance des organisations interprofessionnelles s'appliquent à
ces produits.
Par ailleurs, s'agissant des tomates d'industrie, le principe des quotas
nationaux soutenu par la France a été maintenu afin de garantir
nos capacités de production et de transformation.
En tout état de cause, la Commission a cherché à
établir une relation équilibrée entre produits frais et
transformés.
III. L'AVENIR DU SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES : UN DEFI À RELEVER
Le
groupe de travail est convaincu
non seulement que
la
réforme
OCM
était nécessaire pour le secteur des
fruits et légumes frais,
mais
encore
qu'elle lui ouvre des
perspectives d'avenir
. Contestée par certains, elle n'en
constitue pas moins un cadre rénové qui apparaît comme une
opportunité
à saisir dans un environnement conjoncturel et
structurel difficile.
Si le groupe de travail
reconnaît certaines insuffisances
dans les
modalités de mise en oeuvre de cette réglementation, il souhaite
toutefois insister sur le fait qu'aujourd'hui
l'avenir du secteur des fruits
et légumes est plus que jamais entre les mains des professionnels et des
autorités gouvernementales..
. Selon l'attitude que chaque partenaire
adoptera dans la mise en oeuvre de cette OCM,
elle pourra être soit le
point de départ d'un nouvel essor du secteur, soit une réforme
inutile à l'instar de ce que sont certains groupements
" fantômes " dont le seul objectif dans la filière est
la survie.
Cet objectif ne pourra être atteint toutefois que si certaines conditions
sont réunies.
A. LE RENFORCEMENT DE LA FILIÈRE DOIT ÊTRE EFFECTIF
Le renforcement de la filière " fruits et légumes " est amorcé, notamment par la reconnaissance du rôle essentiel attribué aux OP et de l'interprofession. Cependant, cette réforme nécessite une mise en oeuvre à la hauteur des enjeux de la filière , le niveau actuel de l'organisation montrant que les groupements de producteurs n'ont pas pu, ou pas su, convaincre une grande partie des producteurs à adhérer.
1. Une profession mieux organisée ...
Au niveau local
Il existe en France, outre 265 groupements de producteurs de fruits et
légumes, une multitude de producteurs non organisés. Si le groupe
de travail
admet
que ces groupements répondent déjà
à un certain nombre d'exigences n'existant pas dans tous les
États membres,
il n'en constate pas moins
qu'une telle
atomisation de l'offre nuit profondément au développement du
secteur.
La
préoccupation
d'obtenir l'ensemble des fonds communautaires,
auxquels la France peut prétendre à juste titre,
est
légitime
dans ce secteur qui connaît de grandes
difficultés. Ainsi, l'Oniflhor estime qu'environ 450 OP devraient
être reconnues dans les mois à venir.
Le groupe de travail
s'interroge
toutefois sur le bien fondé de fixer des règles
de reconnaissance et de fonctionnement des OP qui peuvent conduire, à
moyen terme, à accroître le nombre de groupements de producteurs.
Ne risque-t-on pas d'institutionnaliser à nouveau des organisations pour
lesquelles le marché demeure un paramètre secondaire ?
Par ailleurs,
la distinction entre deux types d'OP
(celles qui
commercialisent et celles qui assurent la mise en marché) peut permettre
à des groupements, en quelques années, de se restructurer et de
mettre en place des programmes stratégiques à vocation
commerciale.
Cependant, les OP qui assurent la commercialisation doivent
être à l'évidence le noyau dur du dispositif. Il serait
totalement absurde de poursuivre sciemment aujourd'hui une logique
institutionnelle qui a profondément déstructuré ce
secteur
.
Le nouveau cadre communautaire
doit être l'occasion
d'un
développement de groupements-entreprises et de réseaux
d'alliances interentreprises au niveau national, voire interrégional, au
sein de l'Union européenne. La reconnaissance de producteurs
motivés, porteurs d'un projet d'entreprise et qui ont su investir en
groupe doit être consacrée. L'incertitude des marchés
mondiaux doit inciter les producteurs à renforcer leur position sur le
marché par la mise en place de solides organisations, tournées
vers la commercialisation, recherchant des collaborations transnationales,
assurant un service meilleur et plus rapide à leurs clients.
Ainsi, il ne serait pas logique par exemple de reconnaître comme OP une
association alors que la filière a besoin de groupements de producteurs
à vocation commerciale, dont la démarche doit être celle
d'une entreprise.
Le groupe de travail estime que
figer la situation actuelle dans le but de
rassurer les producteurs serait un leurre qui conduirait rapidement à
condamner le secteur français des fruits et légumes.
Les pouvoirs publics ont une responsabilité directe dans cette
tâche.
S'il est nécessaire que le regroupement des
organisations de producteurs s'effectue progressivement vers des organismes qui
tiendront mieux compte des réalités de la production,
le
groupe de travail considère comme essentielle la prise en compte des
réalités de la commercialisation.
Il n'est plus possible
aujourd'hui de produire sans penser à tout moment à la
commercialisation.
La priorité dans l'affectation des aides publiques
aux groupements de producteurs pourrait ainsi dépendre du degré
d'organisation de ceux-ci
.
Le regroupement de l'offre dans un cadre organisé est
impératif afin d'éviter la division et l'auto-concurrence
néfastes à la bonne mise en marché et à la
commercialisation des fruits et légumes.
Au niveau régional
L'organisation économique des producteurs a été mise au
point par les lois d'orientation de 1960 et 1962. Si le secteur des fruits et
légumes est organisé au niveau local en groupements de
producteurs, celui-ci est fédéré au niveau régional
par des comités économiques, qui reposent, dans la plupart des
cas, sur un découpage lié à l'organisation administrative.
Or, comme le souligne le rapport de la mission nationale et le rapport
Haro
8(
*
)
, il semblerait judicieux d'adopter une
autre notion de gestion économique " compte tenu des
restructurations de la distribution, ainsi que d'une indispensable approche
globale du marché pour les produits d'un même bassin de
production ".
Votre commission propose
ainsi que
des comités de bassin
fédèrent les nouvelles organisations de producteurs, la gestion
dynamique du marché des fruits et légumes impliquant une
dimension suffisante de nature à y faire participer efficacement les
acteurs essentiels de la mise en marché et de la commercialisation.
La prise en compte de la frontière régionale ou
départementale doit donc, comme l'avait souhaité votre mission
sénatoriale, faire place à une plus grande cohérence de
l'organisation inter-régionale dans le cadre des grands bassins de
production.
2. ... Autour de véritables programmes opérationnels et dans un cadre financier rénové
Ces programmes, financés par les fonds
opérationnels, doivent désormais avoir une
logique plus
structurelle que conjoncturelle
. Le groupe de travail souhaite qu'ils
permettent de répondre aux évolutions des attentes des
consommateurs. Les programmes opérationnels doivent
être issus
de véritables raisonnements stratégiques
axés à
la fois sur la qualité des produits, que ce soit pour l'adaptation des
nouvelles variétés, les certifications, l'expérimentation
ou la traçabilité ou en matière d'environnement. En outre,
la promotion collective des produits peut faire partie de ces programmes
opérationnels.
Cette
promotion collective des fruits et légumes
, qui
s'avère nettement plus complexe que pour un produit industriel,
doit,
à l'avenir, tenir compte des grands axes de la communication dans le
domaine alimentaire
. Il s'agit tout d'abord de la tendance consistant
à acheter des produits jetables et rapides, en raison de la contrainte
de temps (ce que les anglo-saxons appellent
" convenience "). Les
fruits et légumes n'ignorent pas cette évolution, d'où une
partie de l'assortiment présentée en conditionnements unitaires.
Par ailleurs, la santé est un axe prédominant qu'il convient de
suivre attentivement, car le discours se modifie très rapidement. On
assiste, en outre, à une montée en puissance de
" l'authenticité " qui se traduit par un retour au
traditionnel à travers des recettes à l'ancienne, et par un
désir d'acheter des produits sur lesquels figure la mention du lieu de
production. Enfin, la " mondialisation " des fruits et
légumes, en raison du développement des repas pris hors foyer,
constitue une autre tendance lourde, cette consommation permettant de manger
des produits venus d'ailleurs.
Deux nouvelles évolutions sont venues récemment s'ajouter
à ces axes forts : il s'agit,
en premier lieu
, de ce que les
professionnels qualifient de " multisensorialité " qui
associe
goût et texture, odeur et saveur, et,
en second lieu
, du souhait
du consommateur, face à la banalisation de la notion de produits
" primeurs ", de marquer son besoin de repères : les
produits
présents toute l'année doivent créer artificiellement des
moments forts afin de donner des signes au consommateur.
Le groupe de travail ne peut que regretter la stricte maîtrise
budgétaire qui préside à cette réforme
:
en effet, c'est la
première fois
qu'une réforme
d'organisation commune des marchés se fait à budget constant
alors que ce
secteur est le plus grand pourvoyeur d'emplois agricoles
,
tout en étant le moins aidé.
Rappelons pour mémoire que
le secteur des fruits et légumes
représente plus de 15 % de l'agriculture européenne mais
perçoit en revanche moins de 5 % des subventions du FEOGA
9(
*
)
.
Si votre commission est consciente de la nécessité des efforts
que doit mener la filière, elle tient à rappeler que les
producteurs restent
néanmoins soumis à un aléa
important
, celui du climat. La responsabilisation des producteurs est
fondamentale, mais il est difficile de pouvoir influer sur un marché
lorsque 50 à 80 % des récoltes ont été
détruits : c'est le cas dernièrement d'un grand nombre de
vergers qui ont subi un gel printanier aux conséquences catastrophiques.
Selon les professionnels, 300.000 tonnes de fruits auraient
été détruits dans les régions s'étendant de
Lyon au bord de la Méditerranée.
Si le Gouvernement s'est engagé à accélérer la
procédure de calamités agricoles et a annoncé la mise en
place de cellules de crise d'alerte et de suivi dans chaque département
touché par le gel, il n'en reste pas moins vrai que les aléas
climatiques ne doivent pas être négligés en raison de leurs
conséquences souvent dramatiques pour toute une région.
Ce
paramètre
, tout en ne devant pas servir de prétexte pour
maintenir une inorganisation préjudiciable à tout un secteur
d'activité,
doit néanmoins être réellement pris
en compte dans la mise en oeuvre da la nouvelle réglementation
européenne et nationale.
3. ... Au sein d'une interprofession plus affirmée
Si la reconnaissance des interprofessions au niveau
communautaire est une avancée certaine, la possibilité de voir
coexister plusieurs interprofessions de niveau régional dans un
même État membre risque néanmoins de provoquer une
désorganisation dans l'ensemble de la filière
10(
*
)
. En outre,
il est regrettable
que ces accords
interprofessionnels ne s'appliquent qu'aux produits issus de la zone et non
à tout produit vendu dans la zone, quelle que soit son origine.
Par ailleurs, si votre commission
se félicite
du
développement d'accords entre producteurs et distributeurs,
il
considère que c'est au sein de l'interprofession que doivent intervenir
ces accords
. L'interprofession doit cependant
être en mesure de
pouvoir convaincre
l'ensemble des partenaires d'opérer une telle
démarche commune, souhaitable pour l'ensemble de la filière.
Le groupe de travail rappelle qu'une filière doit être un ensemble
d'activités étroitement imbriquées, liées
verticalement par l'appartenance à un même produit et dont la
finalité consiste à satisfaire le consommateur.
Aussi, les différentes actions menées par les sections
" produits " de l'AFCOFEL, les comités économiques,
l'INTERFEL et les entreprises, doivent dans l'avenir entretenir des liens
étroits afin d'améliorer leur efficacité.
Votre
commission est convaincue
que la force de la filière fruits et
légumes dépend de la capacité de l'ensemble des maillons
à se fédérer en vue de séduire et de satisfaire le
consommateur.
B. UNE NÉCESSAIRE GARANTIE DE TRANSPARENCE DANS LE SECTEUR DES FRUITS ET LÉGUMES
1. Un outil statistique national qui doit être généralisé au niveau européen
L'article 44 de la nouvelle OCM traite des informations
relatives aux surfaces cultivées et aux quantités
récoltées, commercialisées ou non mises en vente dans le
cadre de l'article 23 du nouveau Règlement. Ces informations sont
recueillies par les services compétents des États membres qui
doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la collecte
des données, leur exactitude, leur traitement statistique et leur
communication régulière à la commission qui doit
transmettre à chacun d'eux l'ensemble de ces informations.
Votre groupe de travail, malgré les avancées que cette
rédaction apporte par rapport à la proposition initiale de la
Commission,
regrette
que
l'OCM n'envisage pas réellement de
traitement statistique au niveau communautaire
.
Or l'outil statistique permet d'assurer une meilleure garantie de
transparence du secteur.
On pourrait imaginer,
tant au niveau de chaque État qu'au niveau
communautaire,
la création d'un instrument aussi efficace que celui
que constitue en France le Service des Nouvelles du Marché
.
Le groupe de travail tient à souligner l'intérêt tant pour
les pouvoirs publics que pour les opérateurs, du rôle rempli par
ce service. Il est en effet primordial pour les pouvoirs publics et les
opérateurs de
suivre
l'évolution de la situation du
secteur des fruits et légumes
au jour le jour
.
Estimant que sans une transparence complète il ne saurait y avoir de
véritable économie de marché fondée sur une juste
concurrence, votre groupe de travail rappelle que le service des nouvelles de
marché (SNM) assure sa mission par une collecte méthodique des
cours pratiqués à différents stades : production,
expédition, grossistes et, maintenant, détails/consommation.
Le SNM regroupe 25 centres sur tout le territoire et cote des
produits normalisés afin d'éviter les approximations, surtout sur
les marchés de consommation et les circuits d'expédition.
La généralisation d'un tel service permettrait sans aucun
doute de renforcer les capacités statistiques de l'ensemble de la
Communauté dans ce secteur.
Par ailleurs,
il apparaît peu réaliste
de prétendre
confier à une organisation une collecte d'informations auprès des
producteurs qui ne sont pas membres de cette dernière, comme le
prévoit l'article 44 § 2 de la nouvelle OCM.
2. Un renforcement des contrôles et des sanctions
a) Une garantie de transparence
Il est en effet indispensable que des contrôles
nationaux et communautaires soient effectués afin de garantir une
réelle transparence du marché.
Un rapport de la Commission européenne sur les systèmes de
contrôles nationaux a montré, il y a déjà quelques
mois, leur très grande hétérogénéité
et le laxisme de certains d'entre eux.
Le titre VI de la nouvelle OCM a trait aux contrôles nationaux et
communautaires. Il prévoit aux articles 39 et 40 de l'OCM des
contrôles menées par la Communauté. Ainsi la
possibilité d'harmoniser les sanctions au niveau communautaire contribue
à un renforcement et une meilleure cohérence des dispositifs
nationaux de contrôles et de sanctions.
Tout en se félicitant que le renforcement et l'harmonisation des
contrôles fassent l'objet d'un titre à part entière dans
cette OCM,
le groupe de travail considère que cette nouvelle
réglementation n'a de sens que si le marché est moralisé
et débarrassé de certaines pratiques.
b) Une responsabilité accrue des États
La responsabilité des professionnels ne peut s'exercer
correctement que
si les États membres sont directement
impliqués dans le financement des fonds opérationnels et dans les
contrôles
.
Ainsi chaque État est libre, aujourd'hui, d'organiser à sa
convenance les contrôles réglementaires du marché et
d'agréer les programmes opérationnels des fonds qu'ils
souhaitent. Le groupe de travail considère qu'il existe ainsi un risque
de voir se développer une concurrence sauvage entre les centaines de
groupements de producteurs exerçant dans chaque pays, au point que des
sociétés à capitaux non européens pourraient
profiter de cette anomalie.
Il faut donc qu'au delà de l'OCM,
chaque État définisse
une politique globale des produits
, dans laquelle s'insèrent les
programmes opérationnels, soumis à agrément national.
A ce titre,
votre commission se félicite de la démarche
française
consistant à mettre en place une commission
nationale des fonds opérationnels, composée de
représentants de l'administration et de professionnels, afin d'assurer
une certaine homogénéité de l'utilisation des fonds. Cette
commission qui doit se prononcer sur les retraits, la définition par
produit d'actions collectives ou de profils types de programmes
opérationnels par produit, s'est réunie déjà
à deux reprises.
Votre groupe de travail insiste
, néanmoins,
d'une part
,
pour que cette concertation n'aboutisse pas à reconstituer une logique
institutionnelle au détriment de la stratégie économique
et,
d'autre part
, pour que les fonds attribués aux organisations
de producteurs qui assurent la commercialisation des produits -la
coopérative étant la forme la plus aboutie- et aux organisations
de producteurs de mise en marché ne conduisent pas à fausser la
concurrence.
Par ailleurs,
votre commission a évoqué la possibilité
d'étendre
aux agriculteurs installés dans les ceintures
vertes le bénéfice des dispositions relatives aux " zones
franches " lorsqu'ils effectuent des ventes directes dans des zones
périurbaines à proximité de quartiers en difficulté.
3. L'éventuelle instauration d'une carte de producteur
Certains intervenants ont souligné l'utilité de
l'instauration d'une carte de producteur, notamment dans le secteur
légumier. Tout un chacun est, en effet, libre aujourd'hui de
" s'improviser " producteur de légumes.
Cette démarche est d'ailleurs confortée par le faible besoin
d'investissement lorsqu'il s'agit de cultures de plein air, le caractère
parfois hautement spéculatif de certaines productions et, enfin, la
possibilité d'aménager des " niches rentables à court
terme ".
En raison des difficultés provoquées par l'installation de
" non professionnels " dans le secteur des fruits et
légumes,
votre commission souhaite
que soient
mis en place
des
mécanismes
permettant d'améliorer la
connaissance des
surfaces cultivées
, des
volumes produits
et des
producteurs eux-mêmes
. La mise en place d'une
carte
professionnelle
pourrait constituer
un premier pas
dans une telle
direction.
C. LE RÉTABLISSEMENT D'UNE POLITIQUE COMMERCIALE À L'ÉGARD DES PAYS TIERS CONFORME AUX ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX ET EUROPÉENS
La mise en place de la nouvelle OCM intervient dans le
secteur
des fruits et légumes
à un moment stratégique
,
à la veille des
nouvelles
négociations
sur
l'organisation mondiale du commerce
, de la
réforme
de la
PAC
et de
l'élargissement
de
l'Union
européenne aux pays associés d'Europe centrale, orientale et
baltes.
Or, la nouvelle OCM fruits et légumes ne peut corriger que les
déséquilibres résultant d'une insuffisante organisation du
marché communautaire.
Il
est ainsi grand temps
que, simultanément avec cette nouvelle
réglementation,
les autorités communautaires prennent
conscience des risques que provoque la poursuite d'une politique commerciale
avec les pays tiers qui fragilise, chaque jour un peu plus, le marché
communautaire
.
Dès 1993, la mission sénatoriale avait " eu le sentiment que
bien souvent la Communauté n'était considérée que
comme un fournisseur de devises pour les pays tiers producteurs ".
Le groupe de travail
, sans reprendre l'ensemble des mesures d'ordre
international proposées par la mission -qui restent en partie
d'actualité-
tient à insister sur deux
éléments
qui lui semblent essentiels.
1. Une limitation nécessaire des accords préférentiels afin de consolider la préférence communautaire
a) Une forte dégradation des termes de l'échange
La France a obtenu en 1996 que soient enfin adoptés des
règlements pour la mise en oeuvre de la clause de sauvegarde
spéciale volume
d'une part
, et de certificats à
l'importation pour certains produits " sensibles " (tomates,
concombres, pommes, poires, agrumes)
d'autre part
.
Ainsi, les volumes à l'importation de certains produits en provenance de
pays tiers sont suivis. Si le volume de déclenchement est atteint, la
clause de sauvegarde spéciale est mise en place, entraînant
l'application d'un droit additionnel sur les importations de ces produits.
Le groupe de travail tient à rappeler que, si la France est le
premier exportateur mondial de pommes avec 650.000 tonnes, 50 %
environ des fruits et légumes commercialisés en France sont
importés
. La balance commerciale de la France est donc
structurellement déficitaire (9,6, 8,4 et 8,3 milliards de francs
respectivement en 1992, 1993 et 1994), en raison notamment de l'importation de
produits à contre-saison.
EXPORTATIONS ET IMPORTATIONS DE
LÉGUMES FRAIS
POUR LA FRANCE (MILLIERS DE TONNES ET MILLIONS DE FRANCS)
|
1980 |
1990 |
1994 |
1995 |
||||
|
Quantité |
Valeur |
Quantité |
Valeur |
Quantité |
Valeur |
Quantité |
Valeur |
Exportations |
387 |
1.176 |
533 |
3.120 |
657 |
3.261 |
606 |
2.970 |
Importations |
683 |
1.836 |
1.006 |
4.977 |
1.063 |
4.795 |
1075 |
4.928 |
EXPORTATIONS ET IMPORTATIONS
DE FRUITS
POUR LA
FRANCE
(EN MILLIERS DE TONNES ET MILLIONS DE FRANCS)
|
1980 |
1990 |
1994 |
1995 |
||||
|
Quantité |
Valeur |
Quantité |
Valeur |
Quantité |
Valeur |
Quantité |
Valeur |
Exportations |
945 |
2.489 |
1.105 |
6.018 |
1.317 |
6.805 |
1.392 |
6.906 |
Importations |
2.004 |
5.972 |
2.597 |
13.408 |
2.724 |
13.861 |
2.742 |
13.888 |
L'Union européenne, premier importateur mondial de fruits et légumes, avec 1.950 millions d'écus d'importations et un déficit commercial sur ces produits de 1.280 millions d'écus , constitue le marché le plus attrayant en raison des prix qui y sont pratiqués. La production communautaire de 22 millions de tonnes de fruits frais (auxquelles s'ajoutent 8 millions de tonnes d'agrumes) et de 47 millions de tonnes de légumes ne couvre, en effet, que 50 % de la demande intérieure . L'Union importe avant tout des fruits, frais et surtout transformés (jus d'agrumes et de pommes).
b) La multiplication des accords préférentiels
C'est dans un tel environnement que le secteur agricole,
et
notamment celui des fruits et légumes, se révèle
être une monnaie d'échange courante dans la plupart des accords
bilatéraux ou multilatéraux conclus par la Communauté avec
les pays tiers.
Votre commission considère qu'il est temps que l'Union européenne
ait une
vision claire
de la politique commerciale extérieure,
notamment en matière d'échanges agricoles, et fasse des
choix
cohérents
entre multilatéralisme et
bilatéralisme, de façon à permettre aux producteurs de
s'adapter aux évolutions prévisibles.
Il est nécessaire, comme l'a demandé récemment la France,
que la
Commission européenne fasse une " pause
active "
dans la négociation de zones de libre-échange avec les pays tiers.
Les pays concernés par de tels accords sont nombreux :
- pays en voie de développement par le système des
préférences généralisées, ou dans le cadre
de la quatrième convention de Lomé ;
- pays d'Europe centrale et orientale (Pologne, Hongrie, Slovaquie,
République Tchèque, Roumanie, Bulgarie) ;
- pays méditerranéens : des accords
préférentiels ont été passés avec tous les
pays du bassin méditerranéen, à l'exception de la Libye.
Une nouvelle génération d'accords bilatéraux a
été initiée en 1995,
visant à renforcer les
concessions accordées. Trois ont été signés
à ce jour avec le Maroc, la Tunisie et Israël.
Enfin, un accord d'union douanière a été conclu avec la
Turquie en janvier 1996.
Les concessions consenties par ces divers accords contribuent à
éroder sensiblement la protection douanière maintenue par les
accords du GATT,
notamment en ce qui concerne les produits soumis au
régime du prix d'entrée minimum.
Parmi ceux-ci, on peut citer la pomme (importations en provenance de
l'hémisphère sud) et la tomate (importations marocaines).
Les négociations commerciales avec l'Afrique du Sud et le Mexique ainsi
que les pays méditerranéens pourraient donc se poursuivre
sans
pour autant que de " nouveaux chantiers soient
ouverts ".
c) Les accords du GATT et la préférence communautaire
Les accords du GATT ont modifié considérablement
les fondements de la préférence communautaire.
Ces accords interviennent sur pratiquement tous les instruments
classiques
de préférence communautaire :
- Les droits de douane ad valorem sont en effet réduits de
20 % d'ici l'an 2000. Ainsi, selon les informations obtenues par le groupe
de travail, en ce qui concerne les fruits et légumes uniquement
protégés par des droits de douane ad-valorem, la protection
déjà faible, est encore amoindrie. Si des concurrents tiers
existent, les prix communautaires sont entraînés à la
baisse. Pour certains produits tels que l'ail, les asperges, les petits fruits
rouges, des aménagements basés sur des mesures de soutien
à la production sont parmi les seules solutions à terme pour
garantir la survie de ces productions dans l'Union européenne.
- Le système de prix de référence, qui existait
auparavant pour 17 produits, est remplacé par un système
basé sur des prix d'entrée minimum. Ce mécanisme, qui
concerne 14 fruits et légumes fait apparaître que
l'évolution de la préférence communautaire, mesurée
par les risques de baisse des prix de marché communautaire sous l'effet
d'une augmentation de l'offre importée, est très variable selon
les produits considérés.
C'est ainsi que l'on peut distinguer :
-
des produits pour lesquels les risques sont très
importants
(prunes pendant toute la campagne de production, tomates entre
avril et juin, concombres en février, mai, juin, septembre et octobre) ;
-
des produits pour lesquels des risques assez importants existent
(poires, pommes, fruits rouges, tomates et cerises) ;
-
des produits pour lesquels les risques existent mais semblent
restreints
(abricots, clémentines, citrons, courgettes, artichauts) ;
-
des produits dont les marchés ne devraient pas être
bouleversés
(raisins, pêches, oranges).
Plusieurs difficultés que votre groupe de travail tient à
souligner sont apparues dans le fonctionnement de ce mécanisme :
-
le contrôle des prix d'entrée, tout en étant
déterminant, s'est avéré très complexe
;
ainsi la capacité et la volonté de l'Union européenne et
des États membres de reconstituer et de faire respecter les prix
d'entrée sont parfois mises en défaut ;
-
l'imposition d'un équivalent tarifaire maximum au-dessous
d'une certaine valeur de prix d'entrée
a entraîné nos
partenaires commerciaux à demander des aménagements, et notamment
des plages de prix d'entrée entraînant la perception d'un
équivalent tarifaire réduit. La communauté
européenne a souvent encouragé une telle politique avec des pays
comme le Chili et l'Argentine ;
-
les prix de marché étant souvent nettement
supérieurs aux prix minimum à l'importation
, les risques de
voir les prix de marché baisser sous l'effet du GATT se
concrétisent.
La multiplication de ces accords préférentiels est d'autant
plus préjudiciable qu'ils conduisent
, comme l'a souligné
à plusieurs reprises votre Haute Assemblée, à un flot
d'importations excessif et destructeur de la production et de l'emploi
européen. Ainsi, comme le signale M. Paul Cholet dans son
rapport, "
il convient de souligner la flagrante contradiction de
la
position communautaire, qui considère d'un côté, et
à juste raison, que le développement harmonieux d'un
marché unique européen implique nécessairement
l'instauration d'une monnaie unique, mais qui, d'un autre côté,
multiplie des zones de libre-échange ne comportant aucun engagement des
pays partenaires quant à la répudiation des manipulations
monétaires ".
La préférence communautaire pourrait être en partie
rétablie
à partir d'une politique de normalisation
. En
effet, la mise en place de règles communes sur le plan social,
environnemental et sanitaire permettrait aux pays européens d'affronter
la concurrence de manière plus efficace.
2. Les exportations de fruits et légumes par la Communauté : une politique à reconsidérer
Depuis 1986, date d'entrée de l'Espagne et du Portugal
dans la Communauté, la valeur des échanges de fruits et
légumes en Europe augmente régulièrement. En fruits,
l'élargissement a permis à l'Union d'améliorer son taux de
couverture, qui reste inférieur à 50 %. En légumes,
en revanche, il aurait plutôt diminué tout en demeurant à
un niveau élevé (85 %).
De 1986 à 1994 l'Union européenne a abandonné environ
2 % de parts de son marché aux pays tiers
, la mise en oeuvre
des accords du GATT ayant imposé une limitation des aides à
l'exportation vers les pays tiers, sous forme notamment de restitutions. Cette
limitation affecte tant les volumes que le montant total des aides.
Pour
s'assurer du bon respect de ces règles, ont été
institués au niveau communautaire les certificats à
l'exportation
.
Jusqu'à la mi-96
, deux sortes de certificats coexistaient, le A
et le B :
le premier
était établi avant l'exportation
et comportait une fixation à l'avance de la restitution, le
second
était délivré après exportation,
l'opérateur prenant alors le risque de ne pas bénéficier
de restitutions. Le choix entre les deux systèmes était
opéré par l'exportateur.
Les autorités communautaires ont souhaité modifier le
certificat A au profit d'un système d'adjudications
. L'exportateur
qui demande le moins de restitutions, estimant ce montant suffisant pour
emporter le marché visé, obtient alors ces aides. Aussi,
l'opérateur doit assumer le risque financier pris.
Ce système d'attribution des restitutions est expérimenté
au titre du règlement 2190/96 depuis le mois de novembre 1996 sur les
pommes.
La Commission a souhaité étendre ce nouveau système aux
oranges et instaurer une différenciation des taux de restitution
accordées selon la destination géographique au début de
l'année 97.
Si ce dispositif crée, certes, une véritable émulation
à l'exportation entre opérateurs, il provoque une baisse des
restitutions par rapport au niveau actuel.
Votre commission tient à souligner
deux conséquences
fâcheuses
d'une telle réglementation à moyen terme.
D'une part
, si le projet était mis en place tel qu'il est
envisagé, les entreprises devraient alors réviser leur
stratégie. Une restructuration dans le secteur serait alors largement
prévisible, les entreprises disposant soit d'un capital important, soit
d'une large gamme de produits, pouvant alors s'autoriser à
" casser " les prix sporadiquement.
D'autre part
, on est en droit de s'interroger sur le maintien de la
capacité des entreprises françaises à exporter sur des
destinations lointaines. La fixation d'un taux d'aide garanti pour ces pays
lointains serait opportune. Sur des destinations proches, comme la Suisse ou
les pays de l'Est, le groupe de travail estime que ce système
d'adjudication pourrait convenir.
Dans ce débat,
le groupe de travail
souhaite
que les
opérateurs pouvant bénéficier de restitutions soient
agréés et que la cessibilité des certificats d'un
exportateur à un autre soit interdite.
Le prochain comité de gestion, prévu le 19 juin prochain,
devrait examiner ce dossier et, sinon prendre une décision
définitive, au moins décider d'une période transitoire
durant laquelle l'actuel mécanisme pourrait continuer à
s'appliquer.
La politique de la Commission en matière d'exportation est sujet
à critique.
En effet, en 1995/1996, l'Union européenne n'a
accordé de restitutions à l'exportation que pour
82.230 tonnes de pommes alors que l'ensemble des exportations vers les
pays tiers s'est élevé à environ 450.000 tonnes. En
outre, le montant des restitutions accuse une baisse par rapport à
1994/1995. Cette baisse en volume des restitutions et de leur montant unitaire
s'est accompagnée de la mise en place d'un système complexe
tendant à accélérer leur baisse.
Votre commission
souhaite, en raison de la politique menée par
les autorités communautaires, que d'autre moyens de soutien des
exportations de fruits et légumes soient explorés en vue
d'accroître les débouchés sur les marchés des pays
tiers.
*
* *
Votre commission considère donc que la mise en place de
cette nouvelle réglementation communautaire est une véritable
opportunité pour le secteur " fruits et légumes ".
Elle souhaite, d'une part, pour permettre à la filière
d'affronter les défis de l'an 2000, que des conditions tenant
à la fois à l'organisation économique et à la
transparence du secteur soient respectées. D'autre part, elle souligne
la nécessité de revoir rapidement la politique commerciale
menée par la Communauté européenne vis-à-vis des
pays tiers.
EXAMEN EN COMMISSION
La commission a procédé à l'examen du
rapport d'information de MM. Jean Huchon, Jean François Le Grand et
Louis Minetti sur le bilan des propositions de la mission sénatoriale de
1993 chargée d'étudier la filière des fruits et
légumes et sur la mise en oeuvre du règlement (CE) 2200/96 du
28 octobre 1996 portant organisation commune des marchés dans le
secteur des fruits et légumes.
M. Jean Huchon, rapporteur, a rappelé, à titre liminaire,
que le Sénat avait autorisé la création d'une mission
d'information chargée d'étudier le fonctionnement des
marchés des fruits, des légumes et de l'horticulture.
Il a souligné que, parmi la cinquantaine de propositions faites par la
mission d'information, la réforme du fonctionnement de l'organisation
commune du marché (OCM) des fruits et légumes était
apparue comme une priorité. Il a indiqué que cette réforme
avait été finalement adoptée par le Conseil des Ministres
de l'Union européenne, le 26 juillet 1996. Il a
précisé que ce nouvel environnement communautaire avait conduit
le groupe de travail " fruits et légumes " de la Commission
des Affaires économiques et du Plan à se pencher, à
nouveau, sur cette filière importante tant en termes économiques
qu'en termes d'emploi et d'aménagement du territoire. Il a
rappelé qu'outre des déplacements en région
Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), en Maine-et-Loire et à
Rungis, le groupe de travail avait procédé à une vingtaine
d'auditions.
M. Jean Huchon, rapporteur, a souligné que le groupe de travail avait
souhaité, tout en effectuant un bilan synthétique des
différentes propositions du rapport de la mission sénatoriale de
1993, examiner les modalités de cette nouvelle OCM et apprécier
les perspectives d'avenir du secteur français des fruits et
légumes à l'aube de l'an 2000.
M. Louis Minetti, rapporteur, a constaté que si la filière
française des fruits et légumes connaissait une crise à la
fois conjoncturelle et structurelle évidente, elle n'en disposait pas
moins d'atouts réels : son image positive dans l'esprit du
consommateur, et le fait que ce secteur constitue une filière
économique importante utilisant 4,3 % de la superficie agricole
utile, représentant plus de 16 % de la production finale agricole
et comptant 1.800.000 exploitations d'une dimension moyenne de
1,3 hectare.
Il a précisé que la production française moyenne de fruits
et légumes s'établissait à environ 10 millions de
tonnes, dont 6 millions de tonnes de légumes, hors pommes de terre
et 4 millions de tonnes de fruits, pour une valeur estimée à
environ 32 milliards de francs.
M. Louis Minetti, rapporteur, a rappelé que certaines mesures avaient
fait l'objet d'une traduction législative ou réglementaire,
évoquant à ce propos l'amélioration du statut fiscal et
social et des relations entre l'aval et l'amont de la filière, le
renforcement de l'interprofession et le développement de la promotion.
Au niveau international, tout en reconnaissant que la situation actuelle
était loin d'être satisfaisante, il a considéré que
la mise en place, pour certains produits, des certificats d'importation et des
clauses de sauvegarde constituait une première démarche positive.
Il a fait remarquer que depuis 1992, considérée comme
" l'année terrible " pour la filière, le secteur des
fruits et légumes n'avait guère connu de périodes fastes.
Il a fait valoir que cette situation de crise " quasi
permanente "
était révélatrice non seulement d'un environnement
international et communautaire en pleine mutation, mais aussi d'un certain
nombre de handicaps propres à la filière, comme l'atomisation de
l'offre, l'état lacunaire de la mise en marché et la pression
exercée par les grandes surfaces. Il a rappelé que le
marché des fruits et légumes constituait en effet, pour les
grandes et moyennes surfaces, un secteur des plus rentables et en pleine
croissance.
M. Louis Minetti, rapporteur, a conclu son propos en précisant que le
groupe de travail s'interrogeait sur l'opportunité d'instaurer un
mécanisme de " coefficient multiplicateur " qui permettrait
de
garantir un prix minimum à la production. La profession paraissant
partagée sur l'utilité d'un tel instrument, il a souhaité
que le ministère de l'agriculture effectue des projections afin
d'apprécier les conséquences de la mise en place de ce
système.
M. Jean-François Le Grand, rapporteur, a observé que la plupart
des personnes rencontrées par la mission sénatoriale à
l'occasion d'auditions ou de déplacements avaient insisté sur le
fonctionnement peu satisfaisant des organisations communes de marché
dans le secteur des fruits et légumes.
Il a rappelé que la réforme initiée au niveau
communautaire depuis 1994 avait pu aboutir en 1996, avec le Règlement
CEE n° 2200/96 du Conseil en date du 28 octobre 1996 instaurant
un nouveau régime communautaire dans le secteur des fruits et
légumes frais.
Il a souligné qu'à l'évidence, comme en
témoignaient la crise de 1992, puis celles de 1995 et 1996, la
réglementation communautaire et l'application qui en était faite
ne permettaient ni d'intervenir efficacement sur le marché communautaire
pour enrayer un effondrement généralisé, ni de
réguler de façon satisfaisante les importations des pays tiers.
M. Jean-François Le Grand, rapporteur, a indiqué qu'avait
été choisi au niveau communautaire, pour le secteur des fruits et
légumes, un système de libéralisme encadré,
fondé sur un marché fixant le prix payé au producteur et
déterminant ses revenus, mais tempéré par une
réglementation garantissant la transparence et empêchant des
déséquilibres excessifs. Rappelant que le Sénat avait
adopté, au mois d'avril 1996, une résolution sur la
proposition de règlement du Conseil portant Organisation Commune des
Marchés dans le secteur des fruits et légumes, il a
précisé que la nouvelle OCM prévoyait le renforcement des
organisations de producteurs et de leur moyens techniques. Il a ajouté
que ce dispositif avait pour objet d'inscrire la production dans un processus
d'adaptation permanente aux attentes des consommateurs, se concrétisant
par la mise en place de programmes opérationnels, destinés
à financer les opérations de retrait communautaire, les
compléments aux indemnités communautaires de retrait et les
actions d'amélioration de la qualité et de mise en valeur
commerciale.
Il a conclu en indiquant que si le système du retrait restait
nécessaire, ce dernier devait cependant constituer un filet de
sécurité et non un débouché en lui-même.
M. Jean Huchon, rapporteur, a indiqué que le groupe de travail
était convaincu que la réforme OCM était nécessaire
pour le secteur des fruits et légumes frais et qu'elle lui ouvrait des
perspectives d'avenir. Il a estimé que cette réforme,
contestée par certains, n'en offrait pas moins un cadre
rénové et une opportunité à saisir dans un
environnement conjoncturel et structurel difficile.
Après avoir rappelé que le renforcement de la filière
" fruits et légumes " était déjà
amorcé, notamment par la reconnaissance du rôle essentiel des
organisations de producteurs et de l'interprofession, il a souligné que
cette réforme appelait une mise en oeuvre à la hauteur des enjeux
de la filière et regretté, à cet égard, que les
groupements de producteurs n'aient pas pu, ou pas su, convaincre une grande
partie des professionnels d'adhérer.
M. Jean Huchon, rapporteur, a fait part des interrogations du groupe de travail
quant à l'intérêt du bien-fondé de nouvelles
règles de reconnaissance et de fonctionnement des organisations de
producteurs (OP), celles-ci risquant de conduire, à moyen terme,
à accroître le nombre de groupements de producteurs au
détriment, peut-être, de leur efficacité.
Il a souligné que les OP assurant la commercialisation devaient
être le noyau dur du dispositif et fait valoir que figer la situation
actuelle dans le but de rassurer les producteurs serait un leurre de nature
à condamner, à terme, le secteur français des fruits et
légumes.
Insistant sur le rôle que devaient jouer les pouvoirs publics en vue d'un
bon usage de la réforme en cours, il a souligné qu'on ne pouvait
plus produire, aujourd'hui, sans penser à tout moment à la
commercialisation et que les programmes, financés par les fonds
opérationnels, devaient désormais avoir une logique structurelle
plutôt que conjoncturelle.
Rappelant, enfin, que le secteur des fruits et légumes
représentait plus de 15 % de l'agriculture européenne, mais
percevait moins de 5 % des subventions du FEOGA, il a conclu en regrettant la
stricte maîtrise budgétaire qui présidait à cette
réforme.
M. Jean-François Le Grand, rapporteur, a tout d'abord regretté
l'absence de traitement statistique au niveau communautaire.
Il a estimé que l'on pouvait imaginer, tant au niveau de chaque Etat
qu'au niveau européen, la création d'un instrument aussi efficace
que celui que constituait en France le Service des Nouvelles du Marché,
et souhaité que des contrôles nationaux et communautaires soient
renforcés afin de garantir une réelle transparence du
marché.
Tout en se félicitant de l'accent mis par cette OCM sur le renforcement
et l'harmonisation des contrôles, M. Jean-François
Le Grand, rapporteur, a considéré que cette nouvelle
réglementation n'aurait de sens que si le marché était
moralisé et débarrassé de certaines pratiques ; il fallait
donc qu'au-delà de l'OCM, chaque Etat définisse une politique
globale des produits, dans laquelle s'inséreraient les programmes
opérationnels, soumis à agrément national.
Il a souligné, à cet égard, que le groupe de travail se
félicitait de la démarche française consistant à
mettre en place une commission nationale des fonds opérationnels,
composée de représentants de l'administration et de
professionnels, afin d'assurer une certaine homogénéité
dans l'utilisation des fonds.
Compte tenu, notamment, des difficultés provoquées par
l'installation de " non professionnels "dans le secteur des
fruits et
légumes, il a souhaité l'instauration de mécanismes
permettant d'améliorer la connaissance des surfaces cultivées,
des volumes produits et des producteurs eux-mêmes.
M. Louis Minetti, rapporteur, a souligné que la mise en place de la
nouvelle OCM intervenait dans le secteur des fruits et légumes à
un moment stratégique, à la veille des nouvelles
négociations sur l'organisation mondiale du commerce, de la
réforme de la politique agricole commune (PAC) et de
l'élargissement de l'Union européenne aux pays associés
d'Europe centrale, orientale et baltes.
Il a estimé qu'il était ainsi grand temps que,
simultanément avec cette nouvelle réglementation, les
autorités communautaires prennent conscience des risques
créés par la poursuite d'une politique commerciale avec les pays
tiers qui fragilise, chaque jour un peu plus, le marché communautaire.
Il a rappelé, à ce propos, que si la France était le
premier exportateur mondial de pommes avec 650.000 tonnes, 50 %
environ des fruits et légumes commercialisés en France
étaient importés.
M. Louis Minetti, rapporteur, a regretté que le secteur des fruits et
légumes, se révèle être une " monnaie
d'échange " courante dans la plupart des accords bilatéraux
ou multilatéraux conclus par la Communauté avec les pays tiers.
Il a fait remarquer que l'Union européenne devait avoir une politique
commerciale extérieure réaliste, notamment en matière
d'échanges agricoles, et fasse des choix cohérents entre
multilatéralisme et bilatéralisme, de façon à
permettre aux producteurs de s'adapter aux évolutions prévisibles.
Il a conclu son propos en précisant que la politique de la
Communauté en matière d'exportation était ainsi à
reconsidérer afin que l'Union européenne ne perde pas
d'importants débouchés sur les marchés extérieurs.
Après avoir estimé que le suivi de ce secteur -si important en
termes d'emploi et de revenu- était essentiel, M. Jean
François-Poncet, président, s'est félicité de ce
qu'un certain nombre de mesures aient été prises en sa faveur
depuis 1993. Il a fait valoir que cette production complexe, au
caractère hautement spéculatif, exigeait un regroupement de
l'offre pour être en mesure d'affronter les défis de l'an 2000.
M. Jean-François Le Grand, rapporteur, a confirmé que
l'atomisation de l'offre perdurait depuis un grand nombre d'années.
Rappelant les évolutions qu'avait connues l'organisation de la
production dans le secteur des céréales, du lait, de la viande
bovine, de la volaille et des vins, M. Michel Souplet a regretté le
trop grand individualisme qui subsistait dans la filière des fruits et
légumes. Il a estimé nécessaire une certaine concentration
de l'offre, dans le cadre d'une politique contractuelle.
M. Louis Minetti, rapporteur, après avoir souligné les
spécificités du marché des fruits et légumes frais,
a opposé à l'atomisation persistante de la production la
concentration croissante, dans la distribution des grandes et moyennes surfaces.
M. Bernard Joly s'est inquiété des récents incidents
intervenus entre la France et l'Espagne.
Reconnaissant la nécessité d'une certaine concentration de
l'offre, M. Hilaire Flandre a rappelé qu'il ne fallait pas, pour
autant, supprimer les petites unités de production.
M. Louis Minetti, rapporteur, a abordé le problème des ceintures
vertes dans les zones périurbaines.
M. Gérard Larcher a souhaité que les règles relatives aux
zones franches soient étendues aux ventes directes effectuées par
les agriculteurs dans les zones périurbaines, afin de ne pas
créer une situation de concurrence déloyale.
M. Louis Minetti, rapporteur, a regretté que certaines grandes
exploitations, afin de poursuivre l'agrandissement de leurs surfaces,
s'affranchissent de toutes les règles relatives au contrôle des
structures.
Après avoir fait observer que certaines sociétés
d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER)
favorisaient les agrandissements d'exploitation agricole au détriment
des nouvelles installations -tenues qu'étaient ces
sociétés par leur obligation de résultat-, M. Fernand
Tardy a souhaité que la question du foncier soit abordée
rapidement dans une réforme législative.
M. Hilaire Flandre a, en premier lieu, tenu à préciser que la
plupart des SAFER, notamment en Champagne-Ardenne, jouaient un rôle
efficace en faveur de l'installation des jeunes. Il a, en second lieu,
dénoncé la multiplication des agrandissements non
contrôlés d'exploitations agricoles, au travers de l'acquisition
de parts sociales.
Mme Janine Bardou a estimé que le problème du foncier
était fondamental en zone de montagne. Regrettant que les organisations
professionnelles soient parfois tentées de favoriser les agrandissements
au détriment des installations de jeunes, elle a évoqué la
possibilité d'un plafonnement des aides européennes à
l'agriculture.
La commission a ensuite adopté les conclusions du rapport.
ANNEXE 1 -
COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL
" FRUITS ET LÉGUMES "
Président : |
M. Jean Huchon |
Maine-et-Loire |
|
|
|
Vice-présidents : |
M. Aubert Garcia |
Gers |
|
Mme Anne Heinis |
Manche |
|
M. Jean-François Le Grand |
Manche |
|
M. Louis Minetti |
Bouches-du-Rhône |
|
M. Raymond Soucaret |
Lot-et-Garonne |
|
|
|
Membres : |
M. Alphonse Arzel |
Finistère |
|
M. Gérard César |
Gironde |
|
M. Roland Courteau |
Aude |
|
M. Michel Doublet |
Charente-Maritime |
|
M. Francis Grignon |
Bas-Rhin |
|
M. Edmond Lauret |
La Réunion |
|
M. Kléber Malécot |
Loiret |
|
M. Jacques de Menou |
Finistère |
|
M. Louis Moinard |
Vendée |
|
M. Bernard Piras |
Drôme |
|
M. Michel Souplet |
Oise |
ANNEXE N° 2 -
LISTE DES PERSONNALITÉS
ENTENDUES
Le Mercredi 29 janvier 1997
* M. Pierre-Olivier Drège
, Directeur de la direction de la
production et des échanges au ministère de l'Agriculture, de la
Pêche et de l'Alimentation ;
*
M Dominique Chardon
, Secrétaire
Général de la Fédération nationale des syndicats
d'exploitants agricoles (FNSEA),
M. Charles Calleja
, Président de
la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF) et
M. Jean-Simon Sales
, Président de la
Fédération nationale des producteurs de légumes
(FNPL) ;
*
M. Julien Jean
, Président du Conseil de direction
fruits et légumes de l'Office National Intreprofessionnel des fruits,
légumes et de l'horticulture (ONIFLHOR) et
M. Michel Laneret
,
Directeur de l'ONIFLHOR ;
* M. Gabriel de Vulpillières
, Chef Adjoint du secteur
" Fruits et Légumes " à la direction
générale VI (Agriculture) de la Commission
européenne ;
* M. Maurice Rigaud
, Secrétaire Général de
l'Assemblée Permanente des Chambres d'agriculture (APCA),
Président de la Chambre d'Agriculture de la Région
Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Le Mercredi 26 février 1997
* M. Jean Harzig
, Rédacteur en Chef du journal
" L'Echo ", Mensuel de la filière Fruits et
Légumes ;
*
Mme Monique Trias
, Présidente de l'Interprofession
des fruits et légumes (INTERFEL), et
M. Rémi
Leprête
, Directeur de l'INTERFEL ;
*
M. Jean-Pierre Kuxac
, Président de l'Association
nationale interprofessionnelle des fruits et légumes transformés
(ANIFELT) ;
*
MM.
Joël Besson
, Président de la
section nationale " Pommes " de l'Association française des
comités des fruits et légumes (AFCOFEL) et du Comité
économique du Val de Loire,
Laurent Favel
, Président du
comité économique agricole de Rhône-Alpes,
Bernard
Cabiron
, Directeur général de l'AFCOFEL, et
Mme Nathalie
Beriot
, chargée de mission à l'AFCOFEL ;
*
MM. Régis Nitard
, Président de l'Association
nationale des expéditeurs et exportateurs de fruits et légumes
(ANEEFEL),
Lucien Gosselin
, Président
délégué de l'ANEEFEL, et
Jean-Louis
Falguières
, Délégué général de
l'ANEEFEL.
Le mercredi 5 mars 1997
*
M. Philippe Jaegy
, Directeur marketing de la
société pour l'expansion des ventes des produits agricoles et
alimentaires (SOPEXA), et
Mme Chantal Le Gouis
, responsable du
secteur fruits et légumes à la SOPEXA ;
*
M. Gilles Vignaud
, Président de l'Union nationale des
détaillants en fruits, légumes et primeurs (UNFD), et
Mme
Valérie Liepmann
, Directeur de l'UNFD ;
*
Mme Monique Trias,
Président de l'Union nationale
du commerce de gros en fruits et légumes (UNCGFL), et
MM. Christian
Pepineau
, Co-président et
Bernard PITON
,
Délégué général de l'UNCGFL ;
*
Mme Geneviève Jourdier
, Chef du bureau de
l'information conjoncturelle au service des nouvelles des marchés au
Ministère de l'Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation.
Le mercredi 12 mars 1997
*
M. Alex Lauriot-Prevost
, Consultant ;
*
M. Marc Richard
, Président de la
Fédération française des importateurs de fruits et
légumes (FFIFL), et
M. Jean-Claude Aurel
,
Délégué général de la FFIFL ;
*
MM. Jean-Pierre Gaillard
, Directeur du Centre de
coopération international en recherche agronomique pour le
développement (CIRAD-FLOHR), et
Denis Loeillet
, Responsable de
l'Observatoire des marchés du département des productions
fruitières et horticoles au CIRAD-FLOHR ;
*
MM. Jean-Claude Lejobe,
Président
du Centre
technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL), et
François Rinaldi,
Directeur du CTIL ;
Le mardi 10 juin 1997
*
M. Jacques Valade
, Vice-Président du Sénat,
Président de la Fédération Nationale des marchés
d'intérêt national (FNMIN), Président de la Région
Aquitaine ;
*
M. Jérôme Bédier
, Président de la
Fédération des Entreprises du Commerce de Distribution
(FCD) , et
M. François Malaterre,
Délégué Général.
ANNEXE 3
-
AUDITIONS
ANNEXE N° 4
-
DÉPLACEMENTS
Compte rendu du déplacement en région
Provence-Alpes-Côtes d'Azur
(14 mars 1997)
Une délégation du groupe de travail s'est rendue
le 14 mars 1997 en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Au cours de cette journée d'auditions,
elle a pu s'entretenir
avec
:
- M. Maurice Rigaud, secrétaire général de l'APCA,
président de la chambre régionale d'agriculture ;
- M. José de Demandolxdedons, président de la Chambre
départementale d'agriculture des Bouches-du-Rhône ;
- M. Albert Raspail, président du comité
économique agricole des fruits et légumes de la région
PACA ;
- M. Michel Soffin, chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône ;
- M. Pierre Lusinchi, Directeur de la chambre régionale de la
région PACA ;
Quatre principales observations peuvent être tirées des entretiens
effectués :
1. L'affirmation de la spécificité du bassin traditionnel de
production de la région PACA ;
2. Les principales difficultés rencontrées ;
3. L'examen critique de la nouvelle OCM ;
4. Les propositions formulées.
I. L'AFFIRMATION DE LA SPÉCIFICITÉ DU BASSIN TRADITIONNEL DE
PRODUCTION
Le bassin méditerranéen est considéré comme un
bassin traditionnel de production, non reconvertible, et devrait, à ce
titre, pouvoir bénéficier d'aides spécifiques ou
prioritaires.
La spécificité des secteurs fruitier et légumier en
région PACA a été soulignée : les structures
d'exploitation, le parcellaire, les investissements collectifs et individuels
réalisés excluent toute réorientation vers d'autres
productions ou le développement des systèmes plus extensifs.
En outre, la spécificité des structures et des relations au sein
de la filière fruits-légumes en région PACA, jugées
bien adaptées aux entreprises et aux hommes de la région, a
été soulignée ainsi que la nécessité de ne
pas " calquer " sur cette région les modèles d'autres
régions, notamment bretonne.
II. LES PRINCIPALES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES
- alors qu'elle est la première région productrice
française, aucune extension des règles de mise en marché
n'a pu être réalisée en région PACA ;
- par ailleurs, le constat de l'atomisation de l'offre et de la
commercialisation, jusqu'à l'exportation, ainsi que du poids de la
grande distribution, qui fait les prix et parfois ne trouve pas les
quantités souhaitées sur le marché local, a
été fait par tous les intervenants ;
- de plus, l'aval de la filière est en outre
caractérisé par l'importance des marchés de
proximité -le marché de gros seul représente seulement les
3/4 de la commercialisation des fruits et les 2/3 de celle des légumes-
à côté d'un marché d'expédition.
Les marchés physiques (Chateaurenard et Cavaillon) de leur
côté ne représentent plus que de 25 à 30 % de
la production régionale globale.
Ces marchés ne jouent plus un rôle décisif dans la mise en
marché des produits, même s'ils restent toujours des places de
cotation. Ils n'ont cependant pas pu s'imposer comme des plates-formes
d'organisation.
- en outre, les expéditeurs continuent à jouer un rôle
essentiel. Leurs entreprises, qui ont subi un très net mouvement de
concentration, restent cependant confrontées à la double
difficulté de pouvoir, en amont, s'approvisionner en quantités
suffisantes pour la grande distribution et, en aval, d'acquérir une
taille leur permettant de disposer de la logistique nécessaire ;
- la difficulté du dialogue avec les grandes et moyennes surfaces a
été rappelé ;
- enfin, les intervenants ont insisté sur la multiplication des
accords internationaux dans lesquels le secteur des fruits et légumes
est souvent considéré comme une monnaie d'échange.
Souvent la commercialisation d'un produit débute au moment même
où des importations arrivent sur le marché, provoquant ainsi un
effondrement des prix.
III. UN EXAMEN CRITIQUE DE LA NOUVELLE OCM
L'OCM des fruits et légumes étant apparue impuissante à
gérer les marchés en cas de crise profonde et permanente, les
intervenants ont reconnu l'utilité de la mise en place d'un nouveau
dispositif.
La spécificité de l'OCM fruits et légumes a
été soulignée : en effet, la communauté
européenne n'a pas souhaité mettre en place dans ce secteur de
maîtrise de la production et n'a donc pas instauré de compensation
de revenu.
Les intervenants ont tenu à indiquer le paradoxe communautaire
consistant à responsabiliser les producteurs dans la gestion du
marché des fruits et légumes sans leur donner de
véritables outils de gestion, et ce dans un contexte de flux
d'importations non maîtrisable.
En outre, l'absence d'obligation de regroupement des producteurs a
été regretté.
Les intervenants ont omis la crainte de voir se multiplier les organisations de
producteurs, notamment celles qui ne maîtrisent pas la commercialisation.
Les intervenants ont, en outre, considéré que les textes
d'application de cette OCM au niveau français risquaient d'être
trop " laxistes " dans la reconnaissance des organisations
de
producteurs.
IV. LES PROPOSITIONS FORMULÉES
Plusieurs propositions ont été émises :
- si la reconnaissance de deux catégories d'organisations de
producteurs est souhaitable dans un premier temps, il est impératif
d'exiger des organisations de producteurs qui ne procèdent pas à
une commercialisation, une transformation vers un modèle d'organisations
de producteurs de commercialisation dans un délai raisonnable, avec un
contrôle régulier des objectifs ;
- la distinction dans l'attribution des fonds opérationnels entre
les organisations de producteurs de commercialisation et les autres. Ainsi, les
primes seront différenciées en fonction du niveau
d'organisation ;
- une réforme de la PAC s'avère nécessaire dans
l'attribution des primes, certains secteurs étant fortement
privilégiés ;
- la création d'un coefficient multiplicateur
préconisé par le rapport Ferrand doit permettre de garantir aux
producteurs un minimum de revenu ;
- enfin, la préférence communautaire doit être
strictement appliquée. Cette préférence passe par une
protection accrue aux frontières. Les contingents accordés pour
des raisons diverses aux pays tiers devraient être strictement
respectés, en volume et en calendrier, sur la base d'un prix minimum
permettant à la fois de garantir les revenus des producteurs de ces pays
et de ne pas déstabiliser les marchés communautaires. Il a
été également proposé d'appliquer une taxe
compensatoire sur les importations afin de ramener le prix d'entrée
à un niveau proche de celui des coûts de production communautaire.
Ce prélèvement serait, pour partie, versé aux pays
exportateurs afin de permettre la reconversion de leur agriculture vers leurs
productions vivrières et, pour partie, versé à un fonds de
développement de l'organisation de la production en Europe.
En-dehors des périodes d'importation, il a été
demandé la fermeture des marchés communautaires, et la
suppression des stocks existants lorsque la Communauté entre en
production.
ANNEXE N° 5 -
DONNÉES DU NOUVEAU
RÉGIME DES ÉCHANGES AVEC LES PAYS TIERS POUR LES FRUITS ET
LÉGUMES
ANNEXE N° 6 -
LISTE DES PROPOSITIONS
FORMULÉES DANS LE CADRE DE LA MISSION SÉNATORIALE DE 1993
CHARGÉE D'ÉTUDIER LA FILIÈRE DES FRUITS ET
LÉGUMES
I.
MESURES NATIONALES POUR REDYNAMISER LA FILIÈRE
A -
Mesures fiscales et sociales
1.
Mesures générales
a) Prise en compte du revenu réellement disponible pour la
détermination des assiettes fiscale et sociale.
b) Prise en compte des déficits pour leur montant réel pour le
calcul des cotisations sociales agricoles.
c) Modification du mode de calcul des cotisations familiales.
2.
Mesures spécifiques
a) Allégement, pour les exploitations, des charges sociales pesant sur
la main-d'oeuvre, notamment saisonnière, afin de conforter ces
entreprises indispensables au maintien du tissu économique et social
local.
b) Meilleure prise en compte des aléas climatiques par la restauration
du système d'incitation à l'assurance grêle, la
réforme du système d'indemnisation des calamités agricoles
et la possibilité, pour les exploitations agricoles, de
bénéficier d'un système de provision pour aléas
climatiques.
c) Permettre aux exploitations et aux entreprises de traverser la crise
actuelle en s'appuyant notamment sur les dispositifs existants :
prolongation de la durée des prêts de consolidation et abaissement
de leur taux (pour les prêts prévus dans le cadre du plan
d'urgence) ; extension du bénéfice des prêts
bonifiés de consolidation, jusqu'ici réservés aux grandes
cultures et à l'élevage des bovins, au secteur des fruits et
légumes fortement affecté par la réforme de la PAC.
d) Maintenir l'effort de modernisation et d'installation pour éviter
tout " décrochage " par rapport à nos principaux
concurrents et parallèlement, améliorer le dispositif de la
préretraite
e) Revoir l'assiette de la taxe sur le foncier non bâti pour les
nouvelles plantations (pendant la période d'improductivité,
maintien du taux de la taxe foncière non bâtie applicable aux
terres nues).
B -
Améliorer le fonctionnement de l'ensemble de la
filière
1. Favoriser l'organisation de la production en soutenant les organisations
existantes, en renforçant les critères de reconnaissance, en
réservant le bénéfice des aides à l'investissement
aux groupements ayant un rôle effectif de commercialisation d'une offre
regroupée, en mettant en place, dans chaque grand bassin de production,
une organisation économique permettant de fixer des règles de
production, de mise en marché, de présentation des produits et de
contrôle, en étudiant la possibilité de faire
bénéficier ces zones d'une fiscalité adaptée aux
besoins traditionnels - Mise en place d'un observatoire des
délocalisations - Revoir le fonctionnement des organismes
d'intervention. Des passerelles doivent être établies, par exemple
entre l'ONIC et l'ONIFLHOR, permettant de mieux appréhender les
problèmes de reconversion. Les collectivités locales peuvent,
dans le cadre des contrats de plan, jouer un rôle important en confortant
les bassins traditionnels.
2. Améliorer la gestion des marchés qui doit être la plus
proche possible des bassins de production, renforcer le rôle des
groupements dans la gestion des marchés, abonder les dotations de
l'ONIFLHOR et accroître substantiellement la part des crédits
consacrés à la gestion des marchés.
3. Renforcer l'interprofession et améliorer la cohésion de la
filière. L'association effective de tous les partenaires au sein de la
profession est un préalable indispensable Les besoins des professions
intermédiaires doivent être mieux pris en compte.
4. Améliorer la mise en marché. Pour les fruits et
légumes, les MIN doivent être réformés, tout en
étant confortés, car ils jouent un rôle décisif pour
le maintien du commerce de détail. Cependant, la réduction de
leur nombre et leur spécialisation semblent inéluctables.
Pour l'horticulture, il est nécessaire d'agir sur la
compétitivité des entreprises horticoles par l'augmentation et la
concentration des productions et l'organisation de la production afin de
regrouper l'offre, et aussi d'agir sur les conditions de mise sur le
marché. Le développement de quelques pôles
interrégionaux doit être encouragé.
5. Améliorer les relations avec la grande distribution, modifier les
pratiques commerciales des grandes et moyennes surfaces et les sensibiliser
à la nécessité d'accorder une préférence aux
produits français.
6. Accroître la transparence dans la formation des prix. Une
étude devrait être faite car on a pu constater des écarts
surprenants entre le prix à la production et celui de la vente au
détail, parfois sur des produits récoltés et vendus dans
une même région.
7. Assurer des débouchés aux produits français par une
campagne de promotion collective sur les aspects nutritionnels et de
santé et un effort publicitaire sur ces produits.
8. S'inscrire dans une politique globale de promotion de la qualité
des produits qui passerait par l'utilisation accrue des signes distinctifs de
qualité.
S'agissant de la production, offrir des produits à un stade optimal de
maturité, faire une offre diversifiée prenant en compte
l'adéquation entre les variétés et le sol et le climat,
faire évoluer la recherche vers la sélection d'espèces
ayant de meilleurs qualités organoleptiques.
Au stade des intermédiaires, utiliser des moyens de transport
adaptés et valoriser les productions locales et régionales.
Au stade de la distribution, installer des équipements permettant
d'éviter les chocs thermiques et améliorer la formation des
personnels, notamment des vendeurs.
L'information des consommateurs, généralement assurée dans
les magasins de détail, devrait également être
donnée dans les grandes surfaces (mode d'utilisation des
différentes variétés, retour à la
saisonnalité des produits).
La passation de contrats qualitatifs entre tous les opérateurs, portant
sur un cahier des charges pourrait constituer une solution satisfaisante.
Cette politique de qualité doit être sanctionnée par un
renforcement accru des contrôles sur les produits mis en vente, notamment
dans les grandes surfaces, et l'élaboration d'un règlement
d'hygiène plus strict.
II. - LES ORIENTATIONS AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE
A.- Aménager les dispositions de la " nouvelle PAC ".
Les
conséquences de la réforme des règlements " grandes
cultures " sur les autres productions devraient être
examinées afin de prendre les mesures d'adaptation nécessaires.
Au plan national, des aménagements doivent être apportés
afin de corriger certains effets de l'application des règlements
communautaires
L'ouverture de perspectives moins défavorables pour les exploitations
directement concernées par la réforme de la PAC devrait limiter
les opérations de reconversion.
B.
- Supprimer les distorsions de concurrence
car elles faussent le
jeu de la concurrence intra-communautaire (taux de TVA, traitement de l'emploi
saisonnier, coût de l'énergie, conditions de financement).
C.
- Réformer le fonctionnement des organisations communes de
marché
par :
- un renforcement de l'OCM existante, parallèlement aux mesures
de redynamisation de la filière française, et une meilleure
maîtrise des importations ;
- une meilleure connaissance des marchés au niveau communautaire
et du potentiel des productions communautaires, la surveillance accrue des
importations en provenance des pays tiers permettant d'établir un
état prévisionnel de la situation du marché et pallier les
déséquilibres prévisibles ;
- la mise en oeuvre rapide des mesures restrictives à
l'importation (développement des retraits préventifs pour
les produits stockables, meilleure connaissance dans chacun des États
des plantations et mises en culture ainsi que des mises en marché
...) ;
- le renforcement des normes de qualité et de leur contrôle
effectif, tout particulièrement pour les produits importés ;
- la possibilité d'élargir la liste des produits
susceptibles de bénéficier du retrait ; la
pénalisation des productions qui ne sont produites que pour
bénéficier du retrait et la modulation du prix de retrait en
fonction des zones et conditions de production des différents
États membres ou afin d'inciter au retrait en début de
campagne ;
- le renforcement des règles de l'organisation de la
floriculture ;
- la reconnaissance des interprofessions au plan communautaire.
III. LES MESURES D'ORDRE INTERNATIONAL
A. - Mieux contrôler l'application des accords
préférentiels
afin qu'ils ne soient pas
détournés de leur vocation initiale.
B.
- Assurer la complémentarité des importations
et
rétablir la préférence communautaire par le biais
d'accords d'importation portant à la fois sur un calendrier et des
volumes, éventuellement modulables selon la situation prévisible
du marché intérieur.
C.
- Compenser le coût du dumping social
en mettant en
place, à l'entrée dans la communauté, une taxe
complémentaire destinée à rapprocher le prix
d'entrée du prix communautaire pour rétablir une concurrence
acceptable.
D. - Assurer le développement des pays aidés
par le
versement de ce prélèvement au pays d'exportation.
E. - Garantir des importations de qualité
par un meilleur
contrôle phytosanitaire et de maturité, qui serait effectué
en un certain nombre de points de passage obligés à créer.
Ce contrôle à la première entrée dans la
communauté doit être effectué avec une rigueur identique
dans tous les États membres.
F. - Organiser la réciprocité des contrôles
sur les importations en provenance d'États qui parviennent à
empêcher l'entrée sur leur territoire de produits communautaires.
G. - " Remettre à plat " les négociations
agricoles internationales
dans le cadre d'une conférence mondiale
sur l'agriculture et l'alimentation et dans cette attente, maintenir le refus
du compromis de Washington.
1
Rapport d'information n° 303
(1992-1993) - Sénat - fait par MM. Jean Huchon et Jean-François
Le Grand pour la mission d'information présidée par M. Louis
Minetti au nom de la Commission des Affaires économiques.
2
Rapport n° 336 (1995-1996) Sénat,
présenté par M. Jean-Jacques Robert au nom de la Commission des
Affaires économiques et du Plan sur le projet de loi relatif à
l'équilibre et la loyauté dans les relations commerciales.
3
Cyclope " Les fruits " de MM. Jean-Marie
Codron et
Frédéric Lauret - éd. Economica, 1993
4
Rapport n° 311 (1995-1996) Sénat fait par
M. Huchon, au nom de la Commission des Affaires économiques sur la
proposition de résolution présentée par M. Jacques
Genton et la proposition de résolution présentée par
M. Louis Minetti et plusieurs de ses collègues, sur la proposition
de règlement du Conseil portant OCM dans le secteur des fruits et
légumes
5
Une organisation de producteurs est une personne morale
constituée à l'initiative des producteurs et pouvant
revêtir la forme d'une coopérative ou d'une union de
coopératives, d'une SICA, d'un syndicat ou d'une association. D'autres
formes peuvent néanmoins être acceptées.
6
Rapport de M. Jean-Michel Ferrand, Député du
Vaucluse, sur la filière légumière, janvier 1996,
7
Cette OCM concerne principalement en France les légumes en
conserve, les tomates d'industrie, les pêches et les poires au sirop, les
pruneaux d'Agen et les cerises confites.
8
Rapport de M. J. Haro remis à M. le Ministre de
l'agriculture sur la mission " Fruits et légumes ",
3 janvier 1994.
9
Le budget de l'OCM réformée représente
à l'heure actuelle environ 1,7 milliard d'ECU.
10
Rapport d'information, n° 2645 (1995-1996)
Assemblée nationale présenté par M. Paul Cholet au
nom de la délégaton de l'Assemblée nationale pour l'Union
européenne sur la réforme de l'OCM des fruits et légumes.