III. SÉANCE DU MARDI 29 OCTOBRE 1996
A. AUDITION DE BERNARD SERROU, DÉPUTÉ, AUTEUR DU RAPPORT : "VIGILANCE SANITAIRE : BILAN ET PERSPECTIVES"
M. Charles DESCOURS, président - Nous sommes
allés aux Etats-Unis voir la Food and Drug Administration et les Centers
for Disease Control and Prevention. Pourquoi reparle-t-on maintenant de
l'amiante ? Pourquoi a-t-on mangé de la vache folle pendant de
nombreuses années sans se poser de questions ?
La semaine dernière, Claude Huriet a auditionné un de ses
collègues de Nancy sur les dispositifs bio-médicaux, mais en
fait, on commence par ton audition à cause de ton rapport. Nous l'avons
lu. A quelle date l'as-tu publié ?
M. Bernard SERROU - Il a été terminé en décembre. A
cause des ordonnances, nous l'avons gardé un peu sous le coude et il est
sorti en juillet.
M. Charles DESCOURS, président - Nous voulons savoir si la
sécurité sanitaire des produits thérapeutiques est faite
dans tous les domaines, sur les médicaments d'abord, sur les dispositifs
médicaux, sur le sang, les greffes, les produits frontières, tels
que les adjuvants et les produits biologiques ou alimentaires.
M. Bernard SERROU - Dans mon rapport, j'ai abordé essentiellement quatre
vigilances : la pharmaco-vigilance, la plus ancienne, l'hémo-vigilance,
la bio-vigilance et un matério-vigilance.
En réalité, il n'y a que la pharmaco-vigilance qui fonctionne
à peu près bien aujourd'hui. Elle est en place, elle a fait
à peu près ses preuves. C'est inclus dans le système
européen.
En revanche, les autres vigilances, en dehors de l'hémo-vigilance mise
en place récemment, qu'il s'agisse de la bio ou de la
matério-vigilance sont en train de se mettre en place. On ne peut pas
encore aujourd'hui juger de leur efficacité.
Sur l'hémo-vigilance, les systèmes paraissent un peu complexes et
ne répondent pas toujours très bien aux difficultés de
terrain.
Par ailleurs, il faut bien considérer que ce n'est pas directement
l'administration d'Etat qui a en charge cette vigilance, mais les
établissements publics. Chacun travaille de son côté sans
se préoccuper de l'autre. Chacun met en place ses systèmes sans
regarder si c'est compatible avec ce que fait l'autre et sans chercher à
savoir si son domaine ne va pas empiéter ou ne va pas être
obligatoirement en relation avec celui de l'autre. Tel malade qui va avoir
telle thérapeutique, cela va dépendre aussi bien de la
pharmaco-vigilance, de l'hémo-vigilance, de la pharmaco-vigilance et de
la bio-vigilance.
Dans la mesure où l'on rentre dans un seul système alors que ces
systèmes ne sont pas compatibles avec les autres, il y a une
indépendance totale qui donne une incoordination, d'où une
lenteur à l'information et à la prise de décision.
Et d'où, à mon point de vue, le risque de voir se
répéter des affaires telles que nous les avons vécues,
dévoilant l'inadéquation de la Direction Générale
de la Santé aujourd'hui : l'affaire du sang contaminé, l'affaire
de la vache folle, de l'amiante et de l'hépatite -dont on parle peu,
mais qui touche beaucoup de gens-.
Il y a une incapacité de la Direction Générale de la
Santé de répondre au problème de l'aléa
médical. On ne peut pas y répondre sans mettre en place un
réseau de vigilance et sans installer une véritable politique de
santé publique, qui aujourd'hui n'existe pas.
M. Charles DESCOURS, président - Le réseau de vigilance, cela
devrait être le Réseau National de Santé Publique ?
M. Bernard SERROU - Pas véritablement. La vigilance, à mon avis,
devrait s'intégrer dans une politique de santé publique qui reste
à définir et à mettre en place dans notre pays. Au moment
où l'on veut faire des économies en matière de
santé, on devrait favoriser une politique d'éducation de la
santé, de prévention, de responsabilisation, mais peut-être
est-ce un autre sujet qu'il faut, toutefois, avoir en tête.
La vigilance rentre dans une politique de santé publique et va
permettre, comme son nom l'indique, d'éviter qu'un certain nombre de
traitements, dont on évalue mal aujourd'hui tous les effets,
n'entraînent des catastrophes de façon sérielle.
Par vigilance, j'entends ce qui est lié aux produits
thérapeutiques. Ce n'est pas l'ensemble de la veille sanitaire ou une
surveillance épidémiologique, mais l'un ne peut pas être
véritablement délié de l'autre.
M. Charles DESCOURS, président - C'est la raison pour laquelle on a
lié les deux choses.
M. Bernard SERROU - Je reviens à l'idée globale qui a
guidé ce rapport. Si l'on met en place un système du terrain
jusqu'au secteur centralisateur, au niveau régional ou national, ou si
l'on met en place un véritable circuit qui fonctionne bien pour la
vigilance, il pourra s'appliquer dans tous les domaines, qu'il s'agisse de
l'épidémiologie, de l'information des médecins.
Si ce système est instauré pour la vigilance sanitaire, il pourra
s'appliquer pour un véritable système de santé publique
incluant tous les problèmes d'économie de la santé qui
concernent directement le médecin sur le terrain.
Qu'a-t-on voulu faire de façon simple partant du principe que chacun
travaillait de son côté, que d'autres vigilances pouvaient
apparaître ou apparaîtraient ?
Il fallait, de mon point de vue, éviter qu'il y ait une aggravation de
la séparation des responsabilités. A partir de là, il y
avait deux solutions : la première serait de tout arrêter et de
repartir à zéro avec un grand centre réunissant l'ensemble
des vigilances.
Le problème avec cette solution -qui aurait peut-être
été la plus simple- est qu'aujourd'hui des habitudes ont
été prises. Cela remettait donc tout en cause. Ces habitudes ont
été prises difficilement, avec beaucoup de lenteur et
d'hésitation des uns et des autres.
En un mot, cela risquait de créer de la confusion, d'augmenter les
coûts et d'aggraver la complexité.
En revanche, si l'on part du principe que les vigilances en place sont ce
qu'elles sont, il faut voir ce qui peut être amélioré.
Que faut-il faire ? Simplement coordonner les vigilances entre elles,
c'est-à-dire mettre en place un système par lequel les vigilances
sont informées les unes des autres de leur activité et où
il y a un réel travail en commun.
M. Charles DESCOURS, président - Que recouvre la bio-vigilance ?
M. Bernard SERROU - Elle est essentiellement assurée par
l'établissement français des greffes, mais cela peut toucher
d'autres domaines.
M. Charles DESCOURS, président - La matério-vigilance est-elle
satisfaisante actuellement ?
M. Bernard SERROU - Elle commence à se mettre en place. Dire qu'elle est
satisfaisante serait trop rapide.
M. Charles DESCOURS, président - Après l'audition du professeur
de Nancy, on a plutôt eu le sentiment que c'était vraiment
balbutiant.
M. Bernard SERROU - Oui. Il est impossible aujourd'hui de dire si la vigilance
dans le domaine des matériaux va être adaptée ou pas. On
peut l'espérer, on peut le penser. On peut donner la même
réponse pour l'établissement français des greffes.
D'où l'importance, à mon point de vue, de ne pas laisser chacun
travailler dans son coin, mais de mettre rapidement en place une coordination,
ou de prendre la décision de tout centraliser, mais si on doit le faire,
n'attendons pas. Plus le temps passe, moins on pourra tout centraliser dans une
structure unique. Nous serions les seuls, parmi les grands pays
européens, voire internationaux comme les Etats-Unis, à le faire.
La plupart des pays ont leur structure de vigilance portant sur tel ou tel
domaine.
M. Charles DESCOURS, président - C'est ce qui nous a frappés aux
Etats-Unis. On croyait que c'était très centralisé. En
fait, il y a trois ou quatre organismes, l'Institut de la Santé, le CDC,
etc.
M. Bernard SERROU. - C'est centralisé, mais en revanche, il existe des
comités de coordination et une incitation sur le terrain pour que les
médecins donnent l'information. Le problème est là. On
peut mettre en place toutes les structures que l'on veut, si, sur le terrain
les médecins ou les professionnels de santé ne donnent pas
l'information, le système de vigilance est bloqué, d'où
l'effort qu'il va falloir faire dans ce domaine. Les Américains l'ont
très bien compris.
Je reviens à la nécessité de coordination, soit on
centralise -ce qui est un peu notre habitude dans notre pays- soit au
contraire, on coordonne. On laisse les structures telles qu'elles sont. Il
suffit de mettre en place un simple comité de coordination. C'est simple
et cela coûte peu d'argent. On ne bouleverse pas les habitudes, mais il
est essentiel que sur le terrain, les médecins aient à remplir
des formulaires qui soient à peu près identiques (des formulaires
informatisés) si l'on ne veut pas qu'ils soient
découragés. Il faut des systèmes très simples pour
donner l'information immédiatement, quasiment en temps réel. Les
Américains l'ont très bien fait.
Je reviens aux deux approches. J'en ai choisi une, mais l'on peut choisir
l'autre. Je ne suis pas bloqué dans cette affaire. Si l'on centralise
tout, il faut tout remettre en place. A mon avis, cela va être lourd,
coûteux. On sait ce que deviennent les grosses structures. De plus, cela
va changer les habitudes.
Soit, on crée quelque chose de simple, qui ne coûte pas cher et
qui oblige les gens à travailler ensemble. En plus, un comité de
coordination peut s'adapter à l'ensemble des vigilances naissantes.
Lorsqu'une vigilance apparaît, elle entre dans le comité de
coordination.
Ce comité de coordination pourrait être mis en place sous
l'égide de la Direction Générale de la Santé et
présidé par son Directeur Général. Il s'agirait
d'une présidence effective. Il doit être là, car si l'on
commence à redonner les responsabilités à d'autres, cela
ne peut pas marcher. Il faut véritablement la présidence
effective du Directeur Général de la Santé.
Auprès du Directeur Général de la Santé, dans ce
comité de coordination, il y aurait un véritable comité de
direction réunissant les responsables administratifs et scientifiques de
chaque vigilance.
Ceci, c'est au niveau national.
Pour animer et se rapprocher du terrain, il y aurait la mise en place d'un
comité local de vigilance. Soit, il est mis en place ex abrupto, soit il
s'appuie sur un certain nombre de comités déjà mis en
place pour l'hémo-vigilance ou la pharmaco-vigilance. Ce n'est pas la
peine de multiplier les structures. S'il y a déjà localement une
structure pour la pharmaco-vigilance, elle peut très bien être
transformée en comité local de coordination pour l'ensemble des
vigilances.
Là aussi, c'est très simple.
La politique de santé publique doit être assumée par
l'Etat. C'est une des prérogatives de la Direction
Générale de la Santé, sauf si l'on décidait que la
politique de santé publique devait se faire en dehors de la Direction
Générale de la Santé.
Le Directeur Général de la Santé est entouré des
Directeurs généraux et des présidents des Conseils
scientifiques des agences. Ce sont des personnes relativement
indépendantes. L'avantage, dans la mesure où à la
tête de ce Comité de coordination, une décision est prise,
est que le Directeur Général de la Santé va pouvoir la
faire appliquer immédiatement sur le terrain.
M. Charles DESCOURS, président - On avait voulu rendre l'Agence du
médicament très indépendante du ministère pour lui
assurer une indépendance scientifique. En se servant de cette
démarche, ne peut-on pas craindre que le DGS essaie de minimiser les
problèmes ?
M. Bernard SERROU - Lorsqu'un problème se pose pour tel
médicament ou tel produit, la décision est toujours prise par le
Directeur Général de la Santé ou le ministre sur
proposition du Directeur Général de la Santé. Et lorsque
se pose un problème de santé publique, comme pour le sang
contaminé, pour l'amiante, la décision est prise au niveau du
responsable de santé publique, c'est-à-dire le Directeur
Général de la Santé et le ministre.
M. Charles DESCOURS, président - On a souvent le sentiment que
dès que quelque chose se fait un peu en dehors de la Direction
Générale de la Santé, elle prend cela comme un
dépeçage de son pouvoir.
M. Bernard SERROU - Je suis d'accord, il faut faire très attention car
le Directeur Général de la Santé est un homme très
attaché à ses prérogatives. C'est la raison pour laquelle
je suggère fortement qu'il y ait une réorganisation à la
Direction Générale de la Santé qui ne fonctionne pas bien
aujourd'hui.
M. Charles DESCOURS, président - On irait vers une DGS nouvelle formule ?
M. Bernard SERROU - Cela me paraît un point essentiel. Sur les
décisions, il est nécessaire d'avoir un comité de
coordination car un certain nombre de produits touche plusieurs vigilances.
Le rôle des services déconcentrés de l'Etat aura pour but
l'évaluation constante du système. Là aussi, on en vient
à un point clé, surtout dans notre pays. S'il n'y a pas un
contrôle permanent, un cahier des charges clair, s'il n'y a pas cette
surveillance, ce n'est pas la peine de mettre en place de nouveaux
systèmes quels qu'ils soient parce les résultats seront
inadéquats, inadaptés, décevants et entraîneront un
certain nombre de catastrophes plus ou moins importantes.
La surveillance de la mise en place des structures, de leur bon fonctionnement,
du bon respect des cahiers des charges me paraît essentielle. On le fait
beaucoup plus dans le domaine de la recherche où les équipes sont
évaluées très régulièrement et très
sévèrement le plus souvent par leurs pairs.
Ce qui se fait dans le milieu de la recherche doit aussi se faire dans le
milieu purement médical. L'évaluation n'est pas suffisante au
niveau des services, au niveau du fonctionnement de l'hôpital, mais dans
le domaine qui nous touche ici, la vigilance, j'insiste tout
particulièrement sur la nécessité de cette
évaluation constante du système.
Par ailleurs, on propose la mise en place d'ateliers nationaux de vigilance.
Cela va permettre aux différents acteurs des vigilances sanitaires de
communiquer entre eux, de confronter leurs expériences, leurs
méthodes, d'évoquer leurs problèmes, et surtout de
créer des liens entre eux concernant les différentes vigilances.
La mise en place de ces ateliers nationaux est essentielle. C'est là
où, véritablement, va se créer cette
interpénétration des vigilances et obliger les différents
acteurs à travailler entre eux.
A partir de là, des liens se créant, automatiquement, le
comité de coordination n'en fonctionnera que mieux. Il ne faut pas qu'il
y ait seulement une coordination imposée au niveau des grands
responsables de la vigilance, il faut aussi une capacité de l'ensemble
des acteurs de chaque vigilance de travailler ensemble.
Ceci étant, il faut être conscient que la vigilance ne pourra
véritablement fonctionner que s'il y a une bonne participation des
professionnels de santé. Leur participation est un gage
d'efficacité de la vigilance. Si on ne mobilise pas les professionnels
de santé, on peut mettre en place toutes les structures que l'on veut,
elles ne fonctionneront pas.
Il faut noter pour l'instant une faible participation de leur part pour
signaler tous les incidents et accidents qui apparaissent. Il faut les
mobiliser. Mais il ne faut pas leur donner l'impression qu'on met en place un
système pour les surveiller. Il faut qu'ils aient l'impression que cela
va engendrer un gain ou un bénéfice.
Pour les professionnels de santé, on peut multiplier les idées,
j'en ai cité quelques-unes, mais elles ne sont pas limitatives. Les
vigilances doivent être intégrées dans la formation
initiale et la formation continue. D'où l'importance, dans la formation
initiale, de bien définir et de bien impulser la politique de
santé publique.
C'est au départ qu'il faut donner des habitudes en matière
d'éducation à la santé, de prévention,
d'épidémiologie, d'économie de la santé, de
vigilance, de veille sanitaire, etc.
Deuxième élément : il faut informatiser les cabinets de
l'ensemble des médecins. La mesure qui est prise actuellement va dans le
bon sens, mais comme je l'ai dit plusieurs fois à J. Barrot, il ne
faut pas présenter l'informatisation comme un simple moyen de surveiller
les médecins. Il convient de leur expliquer que cela va être
très important pour l'épidémiologie, pour la vigilance,
qu'ils vont jouer un rôle. Ils vont monter l'information, mais il faut
aussi qu'on leur fasse descendre. Lorsqu'ils envoient une information, on doit
leur dire qu'elle a été bien reçue et quelles sont les
décisions qui en découlent.
Pour les vigilances, on peut aussi mettre en place ce qu'ont fait les
Américains, à savoir une revue signalant tous les
problèmes sur la vigilance qui est diffusée aux professionnels de
santé.
Ces systèmes de vigilance ne peuvent pas être
considérés à part du dispositif général
d'information en matière de santé publique. C'est un
élément clé qui doit fortement nous mobiliser.
Un autre problème va se poser : celui de la diversité des sources
d'informations en matière de santé publique.
Il va falloir définir les données à collecter, leur mode
de validation, les précautions à prendre avec la CNIL pour
permettre le croisement de certains fichiers. Là aussi, il nous faudra
résoudre ce problème.
Dernier point sur lequel on a attiré l'attention : les liens entre
la santé publique et la recherche doivent être amplifiés.
En la matière, l'INSERM est très nettement en-deçà
de ce qu'il faudrait. L'arrivée du nouveau Directeur
Général de l'INSERM devrait nous amener à faire pression
sur lui pour que, comme dans le cas du CNRS, différents secteurs soient
mis en place : la biologie, la santé publique. Dans la mesure où
la santé publique est noyée dans la Direction
générale, il est bien évident que la santé publique
reçoit moins de crédits que ce qu'on va donner à la
cancérologie, aux maladies cardio-vasculaires, au sida, etc.
Il faudrait une Direction de la santé publique disposant, à
l'intérieur de l'INSERM, de crédits permettant la recherche en
santé publique. C'est un point qui me semble essentiel. Nous ne
décollerons pas en matière de santé publique s'il n'y a
pas un fort appel venant très en amont de la recherche.
Voilà brièvement résumé le rapport, vous en saurez
plus en le reprenant dans son intégralité.
M. Bernard SEILLIER - Le rôle attendu des services extérieurs de
la santé pour l'évaluation est effectivement un point important
mais, sauf à concevoir cette évaluation comme quelque chose de
sommaire, je doute qu'ils aient actuellement les compétences
nécessaires pour assumer cette fonction. Puisque vous avez parlé
d'une réorganisation de la Direction Générale de la
Santé, il doit y avoir un pendant au niveau local ?
M. Bernard SERROU - Tout à fait. Pour prendre deux ou trois
régions que je connais bien, je ne vois pas qui pourrait assumer, avec
efficacité, une telle évaluation.
Une des faiblesses de notre système de santé aujourd'hui est
qu'au niveau des DDASS et des DRASS, un certain nombre de professionnels de
santé, médecins ou pharmaciens, font leur travail très
honnêtement, mais ils n'ont pas la formation suffisante pour pouvoir
juger -au bon sens du terme- des travaux médicaux de pointe.
M. Charles DESCOURS, président - Votre système ne pourrait
être réalisé par l'institution d'antennes locales de
l'ANDEM ?
M. Bernard SERROU - Non.
M. Dominique LECLERC - Je voudrais faire part d'une réflexion.
Premier point, lorsqu'on se plaît à dire en France que l'on n'a
pas encore de politique de santé publique perceptible par la population,
-et on en est loin- mais aussi par les acteurs, c'est-à-dire les
médecins eux-mêmes, on voit les lacunes de la formation initiale
qui reste encore concentrée sur le curatif. On pense toujours qu'un
médecin n'est fait que pour soigner.
Le deuxième, lorsque vous dites qu'il faut centraliser, coordonner, je
pense que l'on ne peut pas éviter les deux. Là encore, on va se
retrouver devant des gens qui manquent soit de connaissances, soit de moyens,
qui n'ont pas toute cette culture. Je pense qu'il nous restera pas mal de
suggestions à faire dans tous ces domaines.
M. Bernard SERROU - D'où l'intérêt de mettre en place un
simple comité de coordination qui soit placé sous la
présidence du DGS ou d'un autre. Pourquoi ? Parce qu'on fait venir les
compétences. Ce sont les gens à la tête des instituts, des
Conseils scientifiques qui viennent. Reste à voir si la tête la
plus adaptée est le DGS ou pas.
L'avantage est que cela peut être mis en place très vite, que cela
ne coûte quasiment rien et que le système peut continuer à
fonctionner.
J'ajouterai un point, c'est votre voyage aux Etats-Unis qui m'y fait penser. Je
l'ai dit à M. Gaymard, c'est une idée que l'on poursuit depuis
longtemps dans le domaine de la cancérologie, il y a
nécessité de se rapprocher d'un système du type de la Food
and Drug Administration. Il me paraît très difficile en effet
d'avoir d'un côté certaines vigilances et de laisser tout ce qui
est aliment, alimentaire, ou lié aux aliments de côté.
M. Charles DESCOURS, président - Nous sommes tout à fait d'accord.