2. Le principe de précaution n'est pas toujours appliqué
L'exemple de l'utilisation de l'avoparcine comme additif
montre que le principe de précaution n'est pas toujours appliqué.
L'avoparcine est un antibiotique utilisé depuis une vingtaine
d'années dans l'alimentation animale, non pour soigner les animaux mais
comme facteur de croissance.
Or, depuis 1986, divers indices ont laissé penser que l'emploi de cet
antibiotique comme additif pourrait avoir sélectionné des souches
résistantes à la vancomycine, utilisée en médecine
humaine dans le traitement d'infections à staphylocoques.
Le ministère de la santé français a donc demandé
que l'avoparcine soit retiré de la liste des additifs autorisés
dans la Communauté européenne. Mais la Commission
interministérielle et interprofessionnelle de l'alimentation animale
(qui, sur un total de 47 membres, comprend 8 représentants de la
santé et 7 des professions concernées) a émis un avis
favorable au maintien de l'avoparcine sur cette liste, au motif que les preuves
du transfert d'une souche résistante de l'animal à l'homme
n'étaient pas complètement établies.
L'application du principe de précaution aurait dû conduire la
commission à formuler un avis contraire : en effet, la charge de la
preuve de l'absence de nocivité appartient aux fabricants d'avoparcine,
et non le contraire. C'est ce qui a conduit le rapporteur du Conseil
supérieur d'hygiène publique de France à déclarer
que : " parce que le principe de précaution devrait guider notre
action, il semble que les antibiotiques qui présentent une
résistance croisée avec ceux utilisés en médecine
humaine ne devraient pas être autorisés dans l'alimentation
animale ".
3. L'indépendance des contrôles est insuffisante
La sécurité d'un produit dépend à
bien des égards de la compétence et de l'indépendance des
contrôleurs.
Or, si la compétence des vétérinaires inspecteurs du
ministère de l'agriculture n'est pas en cause, bien au contraire, leur
rattachement à une administration qui est, par ailleurs, chargée
de la santé économique du secteur agricole constitue un obstacle
fonctionnel à la conduite d'une politique de sécurité
sanitaire des produits alimentaires.
Les vétérinaires eux-mêmes ne sont pas satisfaits du
système, et nombreux sont ceux qui appellent à une
séparation des missions au sein de l'Etat.
Ainsi, dans le journal " le Quotidien du médecin " du 18
juin
dernier, le président du conseil supérieur de l'Ordre des
vétérinaires, le Pr Michel Lapras, demandait de nouveaux moyens
de contrôle de la chaîne alimentaire et se prononçait en
faveur de la création d'une agence de l'alimentation. La journaliste
Liliane Laplaine indiquait que " les vétérinaires subissent
trop de pressions, trop de facteurs non sanitaires sont pris en compte, de
nature économique ou politique. Par exemple, il est important de
" ne pas faire bouger les campagnes ", ne pas bousculer les
groupements d'éleveurs, alors que, peu à peu, ils marginalisent,
évincent les vétérinaires pour les remplacer par leurs
salariés pour des tâches qui ne sont pas de leur ressort ".