B. LE SOUTIEN À LA RECHERCHE
Parallèlement à ces initiatives destinées à faire face à l'urgence sanitaire, la Commission a encouragé l'effort européen de recherche sur le coronavirus.
1. Un soutien budgétaire massif
L'Union européenne s'est engagée, début mai, à financer la recherche sur la Covid-19 à hauteur d'un milliard d'euros principalement via les fonds du programme Horizon 2020, dont 475,5 millions d'euros en financements directs et 400 millions d'euros de garanties pour des prêts accordés par la Banque européenne d'investissements via le dispositif de financement InnovFin .
De plus, afin d'aider la communauté scientifique à tirer le meilleur parti de ces financements, la Commission européenne a lancé à la mi-mai la plateforme European Research Area (ERA), qui rassemble toutes les informations utiles sur les financements.
Enfin, répondant à un appel de l'OMS, la Commission européenne a participé à l'organisation, le 4 mai dernier, d'une conférence mondiale des donateurs qui a permis de réunir, en date du 6 juillet 2020, 16 milliards d'euros.
Ces sommes doivent permettre de financer la recherche d'un vaccin, de traitements et de diagnostics accessibles à tous dans le monde entier.
2. Une coopération parfois difficile pour mutualiser l'effort de recherche
a) Le plan d'action « ERAvsCorona »
La Commission européenne a mis en ligne le 8 avril 2020 le plan d'action « ERAvsCorona » , présentant 10 actions coordonnées prioritaires de court terme mises en oeuvre par la Commission et les États membres pour favoriser la recherche.
Il s'agit non seulement d'augmenter le soutien financier à la recherche publique et privée, mais aussi de soutenir des essais cliniques de grande ampleur à l'échelle européenne, et de favoriser le partage de données de recherches, via une plateforme européenne d'échange de ces données. Celle-ci, dénommée European Covid-19 data platform , permet de stocker et de partager des ensembles de données tels que des séquences d'ADN, des structures protéiques, des données issues de la recherche préclinique et des essais cliniques, ainsi que des données épidémiologiques.
b) Un financement anticipé de la recherche pour un accès préférentiel
La Commission européenne a présenté le 17 juin dernier une communication 21 ( * ) dévoilant la stratégie européenne pour mettre à disposition des États membres un vaccin contre la COVID-19 dans les plus brefs délais. En échange du droit d'acheter un certain nombre de doses de vaccin dans un délai donné, la Commission financera une partie des coûts initiaux supportés par les producteurs de vaccins. Le financement accordé sera considéré comme un acompte sur les éventuels vaccins qui seront effectivement achetés par les États membres. Cette opération estimée à 2,4 milliards d'euros sera financée via l'instrument d'aide d'urgence.
Cette annonce intervient un mois après le scandale créé par les propos du directeur général de Sanofi, qui estimait devoir réserver prioritairement aux États-Unis l'accès à un éventuel vaccin, au motif que les États-Unis partageaient davantage les risques de la recherche avec les entreprises pharmaceutiques.
Mais sans attendre une action de l'Union européenne, l'Allemagne, la France, l'Italie et les Pays-Bas, réunis dans l'Alliance européenne pour des vaccins inclusifs ont annoncé, le 13 juin, avoir signé un accord avec l'entreprise biopharmaceutique britannique AstraZeneca pour garantir la fourniture à l'Union de 300 millions de doses d'un éventuel vaccin contre le coronavirus.
Alors que la ministre allemande de la santé s'est réjouie de cette initiative, dont elle estime qu'elle va bénéficier à l'ensemble des citoyens de l'Union, la ministre belge de la santé l'a jugée « déraisonnable », préférant une initiative européenne portée par la Commission. Cette dernière, qui avait proposé aux États membres de procéder à des accords d'achat anticipé de vaccins avec les laboratoires pharmaceutiques, a cependant salué l'initiative, indiquant que l'action au niveau de l'Union serait « complémentaire ».
c) L'essai clinique Discovery
L'essai clinique européen Discovery , coordonné par l'Inserm et inclus dans un dispositif plus large appelé Solidarity initié par l'OMS, devait permettre de tester l'efficacité de 4 traitements : le remdésivir, le lopinavir-ritonavir, le lopinavir-ritonavir associé à l'interféron bêta et l'hydroxychloroquine sur environ 3 000 patients. Mais au 4 mai, seules 740 personnes ont été recrutées pour participer à cet essai dont 739 en France et une au Luxembourg.
Les autres États membres parmi lesquels l'Allemagne, l'Autriche, l'Espagne et la Belgique qui devaient participer à cet essai n'ont pas recruté de patients. Ce manque d'enthousiasme peut s'expliquer par les difficultés pour recruter des patients qui acceptent de participer à ces tests car l'épidémie a reculé et que l'hydroxychloroquine avait été administrée à de nombreux patients. De plus, certains États n'ont pas pu mobiliser les fonds nécessaires pour participer à cet essai. Enfin, cet essai a pris du retard car les protocoles ont mis du temps à être définis en raison de législations différentes dans chaque État membre et car la société Gilead a tardé à fournir les doses de Remdésivir qu'elle produit.
À noter que le Royaume-Uni a fait le choix de développer une seule campagne d'essais nationale, Recovery , et de ne pas autoriser les centres de recherche à participer à des essais à l'étranger.
Le 2 juillet 2020, après l'arrêt des essais sur l'hydroxychloroquine, les essais cliniques Solidarity et Discovery ont annoncé collégialement l'arrêt définitif des tests avec les antiviraux lopinavir-ritonavir avec ou sans interféron bêta. Cette décision s'appuie sur les recommandations d'arrêt formulées par les comités d'experts indépendants des deux essais qui ont constaté une absence d'efficacité sur la mortalité à 28 jours. Des publications dans des journaux internationaux à comité de lecture sont en préparation.
* 21 https://ec.europa.eu/info/sites/info/files/communication-eu-strategy-vaccines-covid19_fr.pdf