C. LE VÉNÉZUÉLA
Le traitement de la crise du Venezuela à l'ONU est bloqué par les positions très opposées des membres du P5. Avec leur stratégie de « pression maximale », les Etats-Unis sont dans une logique de changement de régime, alors que la Russie et la Chine soutiennent le gouvernement de Nicolas Maduro. Cette forte divergence s'est traduite par un veto russe et chinois au projet de résolution présenté en février 2019 par les Etats-Unis, qui dénonçait la réélection du président chaviste en mai 2018 et en appelait à une nouvelle élection démocratique.
De fait, au rebours de l'UE, l'ONU ne reconnaît pas Juan Guaido comme Président du Venezuela par interim. Elle soutient en revanche le dialogue politique que le groupe international de contact (GIC) tente de favoriser entre le gouvernement et l'opposition, et concentre son action sur le volet humanitaire . Après avoir fait barrage à l'entrée de l'aide humanitaire en début d'année 2019, le président Maduro a finalement reconnu la situation de crise et accepté l'aide internationale, même si l'accès n'est pas encore complet. Selon l'ONU, 24 % de la population, soit 7 millions de Vénézuéliens, ont besoin d'une aide humanitaire dans le pays.
Par ailleurs, l'ONU apporte son soutien, par l'intermédiaire de l'Office international des migrations (OIM) et du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) aux quelques 4,5 millions de réfugiés vénézuéliens qui se trouvent dans les pays voisins .
Enfin, il faut souligner la pression qu'exerce l'ONU sur le régime à travers l'observation de la situation des droits de l'homme. Ainsi, les rapports de la Haute-Commissaire aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, ont souligné les besoins humanitaires criants et les violations des droits humains (détentions arbitraires, disparitions, torture et traitements inhumains et dégradants...) et permis l'obtention de quelques avancées, notamment l'ouverture d'un bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme à Caracas . Par ailleurs, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a décidé le 27 septembre 2019 l'ouverture d'une enquête sur les violations des droits humains au Venezuela.