III. LES GRANDS ÉVÉNEMENTS, LEVIERS DE VISIBILITÉ ET POTENTIELS D'ATTRACTIVITÉ DES TERRITOIRES
A. L'ORGANISATION DE GRANDS ÉVÉNEMENTS DANS LES TERRITOIRES : UNE RÉALITÉ À CONFORTER
1. Le développement d'événements territoriaux
Les territoires ultramarins ont développé des événements sportifs, en prise sur les sports traditionnels ou les plus pratiqués, qui sont parfois devenus emblématiques de certaines régions.
Ainsi, le « Grand Raid » de La Réunion , compétition de trail - ou course nature - est réputé internationalement ; sa difficulté au regard de la distance et du dénivelé du parcours ont conduit à son surnom de « diagonale des fous ».
La Polynésie française s'illustre avec plusieurs compétitions de va'a ou pirogues polynésiennes, dont la Tahiti Nui Va'a tous les deux ans ou la compétition internationale annuelle Hawaiki nui va'a .
En Guadeloupe, un tour cycliste, le « Tour de Guadeloupe » est une compétition reconnue, quand la « Route du Rhum », course transatlantique en solitaire reliant la Bretagne à Pointe-à-Pitre a fêté ses 40 ans lors de l'édition 2018. La voile est un secteur à fort potentiel pour les îles des Antilles, puisque Saint-Barthélemy s'illustre également avec la « Traversée AG2R », reliant Concarneau à l'île, et avec les régates « St. Barths Bucket Regatta » et les « Voiles de Saint-Barth ». Le « Tour des yoles » de Martinique est enfin un exemple de valorisation événementielle du patrimoine culturel sportif traditionnel ; l'édition 2016 a été soutenue par le ministère des outre-mer à hauteur de 15 000 euros.
Les événements sportifs dans les territoires sont porteurs d'un fort potentiel touristique et économique mais également de visibilité et d'attractivité. Dans son schéma de développement du sport pour 2018-2028, la collectivité de Saint-Martin a ainsi par exemple inscrit un objectif de développement du marché de l'événementiel sportif avec la création projetée de manifestations d'envergure internationale : semi-Marathon International de Saint-Martin, Soualiga Race - course transatlantique - et création d'un événement fitness international.
2. L'accueil d'événements nationaux et internationaux
Plusieurs territoires ultramarins ont accueilli des compétitions internationales ou, à défaut, certains grandes étapes ou matchs.
La Guadeloupe s'est ainsi illustrée récemment avec les huitièmes de finale de la Coupe Davis , en 2016. Ces cas sont cependant rares. Le cas le plus régulier et probant demeure celui des championnats du monde de va'a, que la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française ont accueillis alternativement en 1986, 1996, 2002, 2010 et 2018. Le ministère des outre-mer a d'ailleurs soutenu en 2017 les championnats du monde de Va'a par la Polynésie française - qui ont accueilli 140 pays participants - à hauteur de 20 000 euros.
En 2016, la Coupe Davis en Guadeloupe Les rencontres des huitièmes de finales de la Coupe Davis 2016 ont eu lieu du 4 au 6 mars 2016, au stade vélodrome Amédée-Détraux à Baie Mahault, plus grand stade de la Guadeloupe avec une capacité de 9 000 places au total. La décision d'accueillir une manche de la Coupe Davis a été prise en 2014-2015 par le président du conseil régional pour un montant estimé à 1,5 million d'euros. Le bilan financier présenté par la région Guadeloupe en avril a révélé un coût s'élevant à 3,5 millions d'euros pour la région et 500 000 euros pour la Fédération française de tennis. Si aucun financement de l'État n'avait été sollicité durant le projet, et ce même sur les aménagements pérennes éligibles selon le ministère des sports, le CNDS a été finalement mobilisé par le président du conseil régional à l'issue du projet. Le projet a nécessité une adaptation du stade vélodrome pour accueillir les rencontres, réalisée pour un montant de 1,4 million d'euros. Si une partie des installations était temporaire, deux courts de tennis d'entraînement ont également été conservés au stade vélodrome en équipements de proximité. |
Source : D'après les réponses des ministères des sports et des outre-mer
En novembre 2005, la Martinique a accueilli pour la première fois un match de l'équipe de France de football , face au Costa Rica, à la suite de la catastrophe aérienne du 16 août 2005. Ce match amical, de préparation pour la Coupe du monde, est un cas beaucoup trop rare. En 2010, La Réunion a également pu héberger un match France-Chine de préparation à la Coupe du monde. Il est important que les équipes de France des grandes disciplines jouent beaucoup plus régulièrement des matchs dans les territoires ultramarins , notamment quand ceux-ci les opposent à des pays des différents bassins océaniques.
L'accueil dans un territoire ultramarin d'événements d'envergure nationale ou internationale reste rare et limité, l'exception et non la règle . Il ne faut cependant pas que les cas de matchs importants outre-mer se limitent à des hommages particuliers : les outre-mer doivent être des terrains courants d'entraînement et de compétition pour les équipes nationales , et non des exceptions. Cela paraît d'autant plus nécessaire que les compétitions majeures accueillies par la France emportent souvent avec elles l'ensemble du territoire hexagonal : l'Euro 2016 de football a mobilisé plusieurs grandes villes au-delà des stades parisiens, par exemple ; les outre-mer doivent être partie intégrante de ces grands événements . De nombreuses installations sont dimensionnées pour héberger de tels événements : le stade Pierre Aliker de Fort-de-France, qui peut compter une capacité de 18 000 spectateurs et que les rapporteures ont pu visiter, a par exemple accueilli à plusieurs reprises la phase finale de la coupe caribéenne des nations.
Organiser des événements sportifs internationaux nécessite cependant de respecter des cahiers des charges très contraignants et souvent difficiles à remplir avec les équipements existants. Se pose ici également la question centrale des homologations nécessaires - c'est le cas pour le stade Pierre Aliker, dont l'homologation est en cours d'instruction. L'homologation est une nécessité réglementaire pour le développement de l'activité des équipements sportifs accueillant du public ; les outre-mer disposent cependant de trop peu d'équipements homologués.
Sur la base de l'expérience guadeloupéenne de la Coupe Davis, le ministère des sports formulait ainsi des points de vigilance pour garantir une bonne intégration et adaptation de l'organisation d'événements sportifs internationaux en outre-mer :
- réaliser une juste évaluation des coûts de l'événement ;
- disposer d'un portage politique et financier consolidé ;
- évaluer en amont tous les financements possibles ;
- être en appui d'équipements structurants existants ;
- créer un héritage pérenne de nouveaux équipements de proximité adaptés.