B. PARADOXALEMENT, LA HAUSSE DES PRIX DE L'IMMOBILIER A PERMIS DE RÉDUIRE LA CONCENTRATION DES RICHESSES, COMPTE TENU DU POIDS DU LOGEMENT DANS LE PATRIMOINE DES « CLASSES MOYENNES »
S'agissant des inégalités de patrimoine, l'inflation immobilière a paradoxalement permis, depuis la fin des années 1990, de limiter la concentration des richesses en France.
En effet, le logement représente une proportion très faible de la richesse patrimoniale des ménages les plus aisés, alors qu'il constitue l'essentiel de la richesse des ménages de la « classe moyenne patrimoniale », située dans les déciles 4 à 8.
Décomposition du patrimoine par type d'actifs
selon le niveau de richesse (2014)
(en %)
Note de lecture : P0-10 désigne les percentiles 0 à 10, c'est-à-dire les 10 % des personnes avec les patrimoines les plus faibles.
Source : commission des finances du Sénat (d'après les données de : Bertrand Garbinti, Jonathan Goupille-Lebret et Thomas Piketty, « Accounting for Wealth Inequality Dynamics: Methods, Estimates and Simulations for France (1800-2014) », Working Paper Series n° 633, 2017)
De ce fait, l'augmentation de la rentabilité relative du logement au cours de la période récente a principalement bénéficié à la « classe moyenne patrimoniale » .
Afin de quantifier les effets de l'inflation immobilière sur la concentration des richesses, une récente étude a ainsi reconstitué l'évolution de la part du patrimoine détenue par les 1 % les plus aisés en France qui aurait été observée si la rentabilité des différentes classes d'actifs n'avait pas changé par rapport à la période 1970-2000.
Simulation de l'évolution de la part du patrimoine détenue par les 1 % les plus aisés en France qui aurait été observée si la rentabilité des différentes classes d'actifs n'avait pas changé par rapport à la période 1970-2000
(en %)
Source : commission des finances du Sénat (d'après les données de : Bertrand Garbinti, Jonathan Goupille-Lebret et Thomas Piketty, « Accounting for Wealth Inequality Dynamics : Methods, Estimates and Simulations for France (1800-2014) », précité, 2017)
Comme le résument Thomas Piketty et ses coauteurs, la hausse de la concentration des richesses observée au cours de la période 1984-2012 en France « aurait été substantiellement plus élevée si les prix de l'immobilier n'avaient pas augmenté aussi vite par rapport aux prix des autres actifs ». Autrement dit, « le boom du logement au cours des années 2000 a joué un rôle important pour limiter l'essor des inégalités » patrimoniales en France 58 ( * ) .
* 58 Bertrand Garbinti, Jonathan Goupille-Lebret et Thomas Piketty, « Accounting for Wealth Inequality Dynamics : Methods, Estimates and Simulations for France (1800-2014) », précité, 2017, p. 28 (traduit de l'anglais).