B. GAGNER LE PARI DES DRONES EUROPÉENS
1. Travailler à un programme de drones MALE européen réaliste
Comme l'a indiqué récemment le chef d'état-major de l'armée de l'air : « il semble aujourd'hui clair que le besoin cible se situe au-delà de ces quatre systèmes si les forces françaises veulent pouvoir agir sur plusieurs théâtres d'opérations simultanément avec la même efficacité » 57 ( * ) .
Si le projet MALE RPAS 58 ( * ) devait ne pas aboutir, ou avancer à un rythme trop lent, il est probable qu'il faudrait envisager l'achat d'équipements américains supplémentaires , pour répondre à un besoin croissant tant militaire que civil.
Le drone MALE européen devra être compétitif au regard de son coût et de ses performances, et donc se distinguer du Reaper soit par des spécifications supérieures, soit par un coût moindre. C'est tout l'enjeu de la phase actuelle de définition.
S'agissant du coût du futur drone MALE européen, il devra être raisonnable pour ne pas faire peser un risque sur la viabilité du programme. Le choix d'un véhicule à deux moteurs risquerait notamment d'aboutir à un produit final trop coûteux , ne trouvant pas sa place sur le marché. Cette double motorisation aurait pour conséquence un aéronef 40 % à 50 % plus lourd. Elle n'est du reste pas requise par les règles de certification OTAN 59 ( * ) .
Vos rapporteurs sont très inquiets du risque de sur-spécification du drone MALE européen, mettant en danger sa compétitivité et donc la viabilité du programme.
S'agissant des performances, il faudra les envisager moins sur le vecteur que sur l'ensemble de la chaîne de mission (capteurs, transmission et traitement de l'information...). Des apports technologiques pourront être recherchés aussi bien sur les capteurs optroniques, radar et ROEM de dernière génération que sur les moyens de communication (haut débit, furtivité, flexibilité...) offrant une connectivité optimum.
Dans le cas de spécifications semblables à celles des drones Reaper , l'objectif d'un coût unitaire de l'ordre de 80 M€ à 100 M€ par système, inférieur à celui d'un système Reaper (dont le coût est de l'ordre de 150 M€ à 200 M€) , paraîtrait raisonnable.
Le coût de soutien de ce futur drone MALE devra également être maîtrisé, comparable au coût d'exploitation du Reaper .
2. Ne pas rater le tournant du drone de combat
L'Europe est pour le moment bien engagée dans le tournant du drone de combat, grâce à des démonstrateurs tels que Neuron (Dassault) ou Taranis (BAE) qui devront trouver leur prolongement dans le cadre de la coopération franco-britannique sur le programme de système de combat aérien du futur (FCAS) .
Une vigilance particulière doit être maintenue sur ce type de filière d'excellence qui doit trouver à s'implanter sur le territoire européen. Tout retard dans ce domaine sera très difficile à rattraper, comme on le voit pour le drone MALE. L'enjeu est crucial, pour l'avenir de l'industrie aéronautique militaire européenne.
* 57 Air & Cosmos, décembre 2016 (n° 2527)
* 58 Remotely piloted aircraft system.
* 59 STANAG 4671