PROJET DE CONTRIBUTION DE LA DÉLÉGATION AUX DROITS DES FEMMES À LA PROPOSITION DE RÉSOLUTION DU SÉNAT VISANT À AFFIRMER LE RÔLE DÉTERMINANT DES TERRITOIRES POUR LA RÉUSSITE D'UN ACCORD MONDIAL AMBITIEUX SUR LE CLIMAT
Au cours de sa réunion du jeudi 8 octobre 2015, la délégation aux droits des femmes a adopté le texte suivant, qui sera soumis au Groupe de travail du Sénat sur le suivi des négociations climatiques internationales dans la perspective de l'examen, en séance publique, par le Sénat, d'une proposition de résolution en vue de la COP 21 :
EXPOSÉ DES MOTIFS
[...]
Le lien entre femmes et lutte contre les changements climatiques est très mal connu. Pourtant, ce sont les personnes les plus démunies qui, partout dans le monde, sont les premières victimes des changements climatiques ; or, la très grande majorité des pauvres de la planète sont des femmes. Tributaires pour leur subsistance des ressources naturelles, directement affectées par le dérèglement climatique, les femmes subissent au quotidien les effets de celui-ci. La sécheresse, par exemple, les contraint à des trajets de plus en plus longs pour aller chercher de l'eau, aux dépens des activités économiques plus lucratives, accentuant leur pauvreté et encourageant trop souvent la déscolarisation des filles appelées en renfort. En cas de catastrophe naturelle, les femmes ont un taux de surmortalité nettement supérieur à celui des hommes, notamment en raison d'un accès insuffisant aux outils d'alerte.
Les femmes représentent la majorité des petits agriculteurs dans le monde, même si elles possèdent moins de 2 % des terres ; exclues du crédit, de la propriété et des technologies, elles parviennent toutefois, par leur très bonne connaissance de leur environnement, à cultiver des terres généralement peu fertiles. Une étude de la FAO montre que si les femmes avaient accès comme les hommes à la technologie, à l'instruction, aux services financiers et aux marchés, l'augmentation de production qui en résulterait permettrait une réduction du nombre de personnes sous-alimentées dans le monde comprise entre 100 et 150 millions.
Ce constat implique de promouvoir partout dans le monde le partage des ressources et l'accès des femmes à la terre, aux technologies, au crédit, à l'éducation, à l'emploi, aux soins et à la maîtrise de leur fécondité.
La situation de dénuement qui caractérise les femmes a toutefois permis à celles-ci de développer une excellence connaissance de leur environnement qui les rend capables de mettre en place des solutions d'adaptation au changement climatique très prometteuses : victimes du réchauffement climatique, les femmes peuvent aussi, partout dans le monde, être des actrices de la lutte contre le dérèglement climatique.
En dépit de ces atouts, les femmes sont encore trop peu associées aux décisions et insuffisamment représentées dans les négociations internationales sur le climat. Or, leur contribution à la lutte contre les changements climatiques doit être davantage prise en compte. Le renforcement de leurs droits et de leur autonomie est une condition de l'efficacité des mesures destinées à tenter d'atténuer les conséquences des changements climatiques.
Il faut donc que les projets de développement intéressant les femmes reçoivent les financements nécessaires, car l'égalité entre hommes et femmes doit être une dimension importante et renforcée de la politique d'aide au développement.
La COP 21 constitue l'occasion d'une prise de conscience, pour que l'égalité entre hommes et femmes soit une dimension décisive et stratégique des mesures qui seront décidées à l'échelle internationale afin de lutter contre le réchauffement climatique.
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
Le Sénat,
[...]
- Conscient que les femmes supportent l'essentiel des conséquences des changements climatiques auxquelles les exposent leur plus grande pauvreté et leur situation d'exclusion et qu'elles constituent une proportion importante des victimes des catastrophes naturelles, mais que partout dans le monde elles sont porteuses de solutions pour lutter contre le dérèglement climatique et pour s'adapter à ses effets ;
- Reconnaissant que les initiatives des femmes pour lutter contre le changement climatique doivent être systématiquement prises en compte dans les négociations internationales sur le climat et, plus particulièrement, dans la COP 21, et qu'il est nécessaire d'encourager une meilleure participation des femmes à ces négociations ;
[...]
Forme le souhait que l'égalité entre hommes et femmes soit reconnue comme une dimension fondamentale de l'accord de Paris et de l'agenda des solutions qui sera élaboré au cours de la COP 21 [...].