LA PREMIÈRE JOURNÉE NATIONALE DE LA RÉSISTANCE AU SÉNAT : LES FEMMES RÉSISTANTES À L'HONNEUR

La délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes a décidé, dès sa réunion du 3 octobre 2013, d'organiser un colloque sur les femmes résistantes pour contribuer à la première commémoration, au Sénat, de la Journée nationale de la Résistance, créée par la loi n° 2013-642 du 19 juillet 2013 dont notre collègue Jean-Jacques Mirassou a pris l'heureuse initiative.

Cette manifestation a été très spontanément soutenue par M. Jean-Pierre Bel, président du Sénat, qui a accepté de la patronner et de prononcer l'allocution d'ouverture.

Il a été rapidement décidé d'organiser, parallèlement au colloque, une cérémonie en hommage aux résistantes qui ont siégé dans l'hémicycle du Sénat depuis le début de la IV ème République .

L'organisation d'une manifestation de cette ampleur était une première pour la délégation aux droits des femmes.

1. Préparation du colloque : audition de Mme Alya Aglan, professeure d'histoire contemporaine à l'Université Paris I-Panthéon-Sorbonne23 ( * ) (24 octobre 2013) et entretiens divers

La délégation a auditionné, le 24 octobre 2013, Mme Alya Aglan, professeure d'histoire contemporaine à l'Université Paris I-Panthéon-Sorbonne pour présenter, dans ses grandes lignes, la question du rôle des femmes dans la Résistance . Cette audition avait été précédée d'un entretien, le 17 octobre 2013, entre la présidente de la délégation et Mme Aglan.

Le 27 novembre 2013, Mme Gonthier-Maurin a été reçue par M. Jean-Pierre Bel, président du Sénat, pour évoquer l'organisation du colloque et de la cérémonie.

La présidente de la délégation a également eu des réunions de travail :

- le 5 décembre 2013 avec M. Jacques Vistel, président de la Fondation de la Résistance ;

- le 20 janvier 2014 avec Mme Marie-José Chombart de Lauwe, présidente de la Fondation pour la mémoire de la Déportation ;

- le 29 janvier 2014 avec M. Jean-Jacques Mirassou, auteur de la proposition de loi ayant abouti à la loi n° 2013-642 du 19 juillet 2013 créant la Journée nationale de la Résistance ;

- le 28 février 2014, avec M. Guy Krivopissko, conservateur du Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne et Mme Hélène Luc, ancienne sénatrice et administratrice du musée.

Des contacts réguliers ont par ailleurs été établis entre le secrétariat de la délégation et l'ONAC, qui a permis de faire le point du contenue des dossiers des sénatrices résistantes. Les conseils de Mme Rose-Marie Antoine, sa directrice générale, dont la disponibilité doit être soulignée, ont été extrêmement précieux notamment pour la préparation de la cérémonie.

La délégation a également bénéficié, pour l'expertise des dossiers des sénatrices résistantes, du concours efficace et diligent des Services historiques de la Défense de Vincennes.

2. L'organisation du colloque

Le programme du colloque comportait trois tables rondes correspondant aux trois thèmes retenus par la délégation :

- le profil des résistantes et les rôles et place des femmes dans la Résistance ;

- des portraits de résistantes plus ou moins célèbres et des témoignages de résistantes ayant accepté de venir partager leur expérience avec le public du colloque ;

- enfin, « la vie après la Résistance », la place des résistantes dans notre histoire (réflexion sur l'« invisibilité » des résistantes) et l'engagement de ces femmes exemplaires au service de la Cité.

L'objectif du colloque était, à travers cette troisième thématique, de mettre en valeur certaines sénatrices issues de la Résistance à travers la présentation de leur rôle par des membres actuels de la délégation aux droits des femmes.

L'objectif d ce colloque était aussi de faire témoigner des anciennes résistantes dont l'engagement associatif est bien connu :

- Marie-José Chombart de Lauwe , présidente de la Fondation pour la mémoire de la Déportation, dont les combats pour les droits de l'Homme, contre la torture en Algérie et pour la convention des Nations-Unies relative aux droits de l'enfant jalonnent « toute une vie de Résistance », pour reprendre le titre de son autobiographie ;

- Jacqueline Fleury , dont l'action a été déterminante dans le cadre du Concours national de la Résistance.

La démarche sous-tendant l'organisation du colloque était de faire se rencontrer :

- des témoins (au nombre de quatre) et des spécialistes d'aujourd'hui, parmi lesquels des universitaires et des chercheurs ;

- des responsables administratifs (présidence de la troisième table ronde par la directrice générale de l'ONAC) ;

- des responsables des principales associations de Résistance (présidence de la première table ronde par le président de la Fondation nationale de la Résistance ; participation de la présidente de la Fondation pour la mémoire de la Déportation à deux tables rondes) ;

- des sénateurs, non seulement à travers la présentation du parcours des sénatrices résistantes, mais aussi en tant qu'historiennes 24 ( * ) ;

- le Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne, dont le conservateur a présidé la deuxième table ronde.

Des enregistrements vidéo d'interviews des témoins et des reportages effectués dans deux musées de la Résistance (Champigny-sur-Marne et Haute-Garonne) ont été diffusés pendant le colloque pour « rythmer » les transitions entre les tables rondes.

Par ailleurs, la présidente de la délégation avait dès le mois de janvier 2014 écrit à chaque sénateur pour que puissent être invitées au colloque les associations locales d'anciens résistants.

Le portrait présenté par une historienne allemande d'une résistante franco-britannique, Pearl Wetherington , engagée dans le SOE ( special operation executive ) de Churchill conférait au programme une dimension européenne bien venue.

Enfin, une exposition consacrée à Charlotte Delbo dans le foyer Clemenceau permettait la présence de cette résistante éminente, par ailleurs écrivaine de grand talent, lors de cette manifestation.

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports a conclu le colloque dont le succès indéniable s'est traduit par la présence de très nombreux participants.

3. Le programme du colloque « Femmes résistantes »

Ouverture du colloque

Jean-Pierre Bel, président du Sénat

Introduction

Brigitte Gonthier-Maurin, présidente de la délégation aux droits des femmes

Première table ronde : Place et rôle des femmes dans la Résistance

Présidence : Jacques Vistel, président de la Fondation de la Résistance

Claire Andrieu , professeure des universités à Sciences Po :
« La Résistance a-t-elle un genre ? »

Danielle Tartakowsky , présidente de l'Université de Vincennes - Saint Denis :
« Un cas particulier : les manifestations de ménagères organisées par le PCF »

Catherine Lacour-Astol , docteure en histoire :
« La Résistance féminine dans le Nord : exemplarité, singularité »

Deuxième table ronde : Biographies et témoignages

Présidence : Guy Krivopissko,
conservateur du Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne

Témoignage de Colette Périès-Martinez , ancien agent de liaison
de l'Armée secrète de Haute-Savoie puis du Maquis des Glières

Témoignage de Colette Lacroix , ancienne du mouvement Forces unies de la jeunesse,
du Réseau Pimento et des Maquis de l'Ain

Corinne Bouchoux , docteure en histoire, sénatrice du Maine-et-Loire (groupe écologiste) :
« Rose Valland, la Résistance au musée »

Claudine Lepage , sénatrice représentant les Français établis hors de France (groupe socialiste) :
« Sophie Scholl, une résistante allemande »

Corinna Von List , docteure en histoire,
chercheure associée à l'Institut historique allemand de Paris :
« Cécile Pearl Witherington, une agente franco-britannique au SOE »

La Résistance des femmes au risque de la Déportation :

Témoignage de Marie-José Chombart de Lauwe ,
présidente de la Fondation pour la mémoire de la Déportation

Témoignage de Jacqueline Fleury ,
présidente honoraire de l'Association nationale des déportées et internées de la Résistance (ANDIR)

DIALOGUE AVEC LA SALLE

PAUSE

Troisième table ronde :
La vie après la Résistance - L'engagement au service de la Cité

Présidence : Rose-Marie Antoine,
directrice générale de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC)

Christine Bard , professeure d'histoire contemporaine à l'Université d'Angers :
« Des oubliées de l'histoire ? »

Des résistantes en politique :

Sabrina Tricaud , docteure en histoire, chercheure associée à Sciences po :

« Des sénatrices issues de la Résistance : portrait de groupe »

Présentation, par des sénateurs et sénatrices de la délégation aux droits des femmes,
de l'action au Sénat de sénatrices issues de la Résistance :

Hélène Édeline ,
présentée par Laurence Cohen (groupe communiste républicain et citoyen, Val-de-Marne)

Françoise Seligmann ,
présentée par Christiane Demontès (groupe socialiste, Rhône)

Nicole de Hauteclocque ,
présentée par Alain Gournac (groupe UMP, Yvelines)

Brigitte Gros ,
présentée par Françoise Laborde (Rassemblement démocratique et social européen, Haute-Garonne)

Joëlle Garriaud-Maylam , Français établis hors de France (groupe UMP) :

« Marthe Simard, première femme dans une assemblée parlementaire française »

Deux témoignages d'engagements associatifs :

Marie-José Chombart de Lauwe :
« Toute une vie de Résistance »

Jacqueline Fleury :
« Faire vivre la mémoire de la Résistance et de la Déportation »

DIALOGUE AVEC LA SALLE

Clôture du colloque
Mme Najat Vallaud Belkacem,
ministre des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports

4. La cérémonie en hommage aux sénatrices résistantes

Une plaque commémorative en l'honneur des résistantes qui ont été membres du Conseil de la République puis sénatrices a été dévoilée le 27 mai 2014 à l'issue de la cérémonie, organisée de 14 h 30 à 15 heures, juste avant le colloque. Cette plaque a ensuite été disposée dans la galerie des Bustes, lieu de prestige du Sénat en raison de sa proximité de l'Hémicycle.

Après les discours de MM. Kader Arif, secrétaire d'État aux anciens combattants et Jean-Pierre Bel, président du Sénat, la plaque a été dévoilée par le président du Sénat, le secrétaire d'État, la présidente de la délégation aux droits des femmes et la présidente de la Fondation pour la mémoire de la Déportation.

Des passages du chant des partisans et du chant des marais, interprétés par une cantatrice, ont fait de cette cérémonie un véritable moment d'émotion .

Le texte gravé sur cette plaque avait été validé par le Bureau le 12 février 2014. Il est introduit par cette phrase de Marie-José Chombart de Lauwe, présidente de la Fondation pour la mémoire de la Déportation :

« Nous n'étions pas des citoyennes à part entière, nous n'avions pas le droit de vote, il faut toujours le rappeler, mais nous avions une conscience politique et nous avons lutté contre l'oppression nazie, pour la patrie et les valeurs républicaines de liberté, de justice, de fraternité. »

La cérémonie a été caractérisée par la participation de très nombreux sénateurs et sénatrices en activité. Toutes les anciennes sénatrices y avaient également été conviées.


* 23 L'intégralité de l'audition de Mme Alya Aglan est consultable en ligne :

www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20131021/femmes.html#toc4

* 24 Mmes Corinne Bouchoux, Claudine Lepage et Joëlle Garriaud-Maylam ont ainsi présenté trois portraits de résistantes.

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