2. La France : une vitrine de la culture africaine dans le monde
La présence physique d'une « Afrique de France » s'accompagne d'une présence culturelle intense comme en témoigne, en 2013, la multiplication des expositions et événements célébrant l'Afrique, de la présence de l'Afrique au festival d'Avignon à la saison Afrique du Sud-France en passant par les expositions organisées dans le cadre du « Tandem Dakar-Paris ».
Il est vrai que le passé colonial a conduit la France à valoriser les trésors de la culture africaine.
Peu de continents extra-européens sont aussi présents dans les grandes institutions culturelles françaises.
Longtemps cette présence a été cantonnée au registre colonial et néocolonial à l'image du Musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie de la Porte Dorée construit dans les années 30. La France y a découvert l'art nègre, selon l'expression de l'époque, un art qui va faire la fortune de nombreux marchands d'art et de collectionneurs du Quartier Latin à l'issue de ce qu'il faut bien considérer comme un pillage du continent noir.
Cet art africain, qui a irrigué la création picturale française du 20 ème siècle, de Picasso à Dubuffet, est aujourd'hui particulièrement bien mis en valeur au sein du musée du Quai Branly. Ce musée réunit les collections de l'ancien Musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie, devenu maintenant la Cité de l'Immigration, et les collections du laboratoire d'ethnologie du Musée de l'Homme, soit à peu près 300 000 oeuvres.
A travers des expositions comme celle consacrée au Fleuve Congo, le Musée des Arts Premiers et, à travers lui la France, fête le génie africain avec un certain succès puisque le musée reçoit 1,5 million de visiteurs par an, ce qui en fait le quatrième musée parisien.
La France ne se contente cependant pas de célébrer le patrimoine africain, elle met en valeur depuis des décennies la création culturelle africaine.
D'autres expositions marquantes comme celle du centre George Pompidou consacrée aux « Magiciens de la terre » en 1989 ou l'exposition itinérante Africa Remix en 2005, ont ainsi contribué à faire connaître des artistes africains de premier plan comme Chéri Samba ou Ousmane Sow.
Mais c'est dès les années 1950 que les actuels classiques de la littérature africaine, tels que Léopold Sédar Senghor, Camara Laye, Ferdinand Oyono ou Ousmane Sembène, commencent à se faire connaître grâce à des éditeurs français.
Une décennie plus tard, apparaît une littérature marquée par la vague d'indépendance que connaît l'Afrique francophone entre 1956 et 1962 avec des auteurs comme Yambo Ouologuem qui reçoit le Prix Renaudot de 1968.
Les éditeurs français ont ainsi très largement contribué à faire connaître une Afrique qui s'est imposée comme la principale pourvoyeuse de fiction francophone avec des auteurs comme des Kourouma, Mabanckou, Waberi ou Mukasonga, aujourd'hui célèbres.
De même les scènes et les impresarios français, grâce au repérage du réseau des centres culturels français sur le continent noir, ont mis en avant des musiciens africains qui sont aujourd'hui des références internationales comme Toumani Diabaté, Salif Keita, Youssou N'Dour, Manu Dibango.
Enfin le cinéma africain, si mal traité dans un continent qui n'a ni industrie cinématographique, ni réseau d'exploitation, a trouvé en France un refuge notamment à travers les festivals et l'action de l'Institut français. C'est au festival de Cannes que le Malien Souleymane Cissé, le Burkinabé Idrissa Ouedraogo ou le Tchadien Mahamat Saleh Haroun obtiendront les prix qui leur permettront de poursuivre leur oeuvre dans des conditions matérielles certes précaires, mais renforcés par la visibilité que leur a conférée la Croisette.
Cet accueil, cette écoute, cet élan vers la création africaine dans tous les domaines sont assez uniques pour que la France soit encore considérée comme une vitrine de la culture africaine.
Comme l'a souligné M. Xavier Darcos, Président de l'Institut français : « Cette vision française de l'Afrique est certes, le produit de l'histoire et de parcours individuels à l'image de celui de Jacques Kerkache, père du musée du quai Branly, mais aussi le fruit d'une politique d'Etat ».
L'Afrique occupe une place privilégiée dans la politique de l'Institut français comme c'était le cas avec Cultures-France et l'Association française d'action artistique (AFAA).
A travers des programmes comme « Afrique en création » devenu « Afrique et Caraïbes en création » qui ont plus de 20 ans, la France a longtemps été un agent particulièrement entreprenant de la création africaine dans l'Hexagone et dans le monde.