Message de M. Serge Larcher, Président de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer, lu par M. Robert Laufoaulu, Sénateur des Îles Wallis et Futuna, Secrétaire de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer
Bonjour à tous. Je salue notre Président Serge Larcher, dont nous espérons qu'il sera parmi nous le plus rapidement possible. Il m'a demandé de vous délivrer le message suivant en son nom :
« Monsieur le Président,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs, vous qui, nombreux, avez accepté de venir témoigner aujourd'hui ou animer nos débats, en qualité d'élu, tant européen ou national que local, en qualité de haut responsable de l'armée ou des administrations en charge des questions relatives à la mer ou aux outre-mer, au niveau national comme européen, en qualité de chercheur dans le cadre universitaire comme dans celui d'instituts de renom tels que l'IFREMER ou l'IRD, soit encore en qualité de responsable des questions de coopération, de développement et de mise en valeur des potentiels locaux au sein d'instances associant acteurs publics et privés ou d'entreprises engagées sur le terrain à la pointe des évolutions technologiques,
Mesdames et Messieurs, vous dont la curiosité a été piquée par l'initiative prise aujourd'hui par le Sénat et notre délégation sénatoriale en particulier, en fructueuse collaboration avec le ministère des affaires étrangères et le ministère des outre-mer,
Je vous souhaite à tous la bienvenue en ce début de journée, qui a toutes les chances de se révéler passionnante.
Mais avant de nous embarquer pour les vastes et somptueux horizons du Pacifique Sud, je me tournerai vers notre Président du Sénat, Jean-Pierre Bel, dont l'engagement en faveur d'une meilleure connaissance et d'une véritable reconnaissance de nos outre-mer n'est plus à prouver. Après la création de notre délégation sénatoriale, qui concrétise une de ses toutes premières initiatives après son accession à la Présidence, sa fibre ultramarine s'exprime une nouvelle fois aujourd'hui par le haut patronage qu'il a souhaité accorder à notre colloque et par l'honneur qu'il nous fait de sa présence pour le lancement de nos travaux. Je tenais à lui dire ma gratitude.
Notre rendez-vous de ce jour nous transporte aux antipodes, à plus de 16 000 kilomètres de ce Palais du Luxembourg, au coeur d'une immensité maritime constellée de terres émergées dispersées et aux superficies restreintes, à l'exception bien sûr de l'Australie et dans une moindre mesure de la Nouvelle-Zélande et de la Papouasie Nouvelle-Guinée. Ce continent unique en son genre, dont l'identité est intimement liée au fait maritime, a précisément été nommé Océanie au début du 19 ème siècle par un géographe français. Il comprend aujourd'hui 16 États indépendants et presque autant de territoires non indépendants dotés d'un statut particulier et souvent d'une large autonomie. C'est à cette seconde catégorie qu'appartiennent les trois collectivités françaises, les îles Wallis et Futuna, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie, qui se sont révélées au cours des dernières décennies de véritables laboratoires institutionnels, illustrant la grande diversité de nos outre-mer. Longtemps dominée par l'expression d'une volonté de puissance qui s'est incarnée, après la période coloniale, dans trente années d'essais nucléaires menés en Polynésie française de 1966 à 1996, la présence française bénéficie aujourd'hui d'une image heureusement restaurée.
Si l'aspiration française à rayonner sur la scène internationale demeure et continue nécessairement de passer par la région du Pacifique, ce rayonnement emprunte aujourd'hui des voies et moyens différents :
- une action diplomatique active qui rencontre désormais des interlocuteurs dont le regard a changé et sont devenus des partenaires ;
- la diversification et l'intensification des formes de coopération et d'aide au développement ;
- l'accroissement, pour la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, au gré de leurs évolutions statutaires récentes, de leurs prérogatives en matière de relations internationales, avec des possibilités nouvelles de s'impliquer individuellement et de siéger dans des organismes régionaux ;
- le maintien d'une présence militaire française, avec, au-delà du rôle de base avancée, la surveillance maritime pour la sécurisation des routes commerciales et la lutte contre la pêche illégale mais également une contribution décisive à l'aide d'urgence aux populations sinistrées par les déferlements climatiques ;
- une prise de conscience encore trop timide cependant, dans ses traductions concrètes, des potentiels gigantesques de la région du Pacifique et de leur contribution prochaine à la capacité à relever les grands défis qui s'annoncent comme emblématiques du 21 ème siècle - défi énergétique bien sûr, mais aussi défi alimentaire ou encore autonomie d'approvisionnement en matières premières minérales stratégiques -.
Ce sont ces évolutions et ces perspectives qui ont déterminé l'organisation de notre rencontre de ce jour pour tenter de définir quelle doit être la vision de la France et pour la France dans le Pacifique, ainsi que les enjeux qui se trouvent à la clé, non seulement pour notre pays mais aussi pour ses collectivités d'Océanie, l'Union européenne et les pays de la zone eux-mêmes. Je remercie par avance nos nombreux intervenants et nos modérateurs pour la richesse de leur apport à cette réflexion collective, qui donnera lieu à des actes dont vous serez rendu destinataire.
Excellente et fructueuse journée à nous tous ! ».