M. Dov Zerah, Directeur général de l'Agence française de développement (AFD)
Monsieur le Président,
Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi un grand plaisir d'être là parmi vous pour participer aux côtés du Président Serge Larcher à l'ouverture de cette conférence sur le développement humain et la cohésion sociale dans les outre-mer.
Nous sommes ensemble ce matin pour débattre en premier lieu des résultats d'une étude sur les niveaux de développement humain dans les territoires ultra-marins. Cette étude, financée par l'Agence Française de Développement, calcule les indices de développement humain de tous les outre-mer et permet ainsi de dépasser une approche comparative fondée uniquement sur la richesse par habitant. Cela va nous être détaillé dans un instant mais ce point constitue d'ores et déjà un élément méthodologique important pour avoir une vue aussi précise que possible de la situation dans les outre-mer.
Elle montre que les territoires ultra-marins affichent un niveau de développement bien supérieur à celui prévalant dans leur environnement régional. Les départements français d'Amérique possèdent par exemple le plus haut niveau de développement humain de la Caraïbe, et la Guyane devance le Brésil et le Surinam. Le niveau de développement de Mayotte, le plus bas de tous les DOM, était en 2005 moitié plus élevé que celui des Comores.
L'étude estime aussi l'année où la France avait atteint le niveau actuel de développement de ces territoires. Ainsi, l'indice de développement humain de la Guadeloupe en 2010 était celui de la France métropolitaine en 1998, soit douze années d'écart.
Ce travail illustre la tendance structurelle de la réduction des écarts de développement avec la métropole. Néanmoins, il semble que ce rattrapage soit plus laborieux à partir de 2000 car l'étude met en évidence une certaine inflexion pendant la décennie des années 2000. Une analyse plus fine montre que cette évolution est due aux performances sociales (augmentation du niveau de formation professionnelle, augmentation de l'espérance de vie à la naissance...) plus qu'aux performances économiques. Cette conclusion me paraît particulièrement essentielle pour nous qui sommes un acteur du développement ultra-marin. Nous devons donc redoubler nos efforts en matière de développement économique sans pour autant relâcher notre action sur le financement des collectivités locales, des infrastructures ou des zones d'aménagement. Ces résultats donnent une image fidèle du développement des territoires, permettent d'enrichir le débat sur les politiques publiques à mettre en oeuvre et aident les développeurs à prioriser les projets qu'il convient de soutenir.
La seconde table ronde sera introduite par les résultats d'une importante enquête portant sur les migrations, la famille et le vieillissement. Réalisée par l'INED et l'INSEE, elle a été conduite dans les 4 DOM historiques et nous livre plusieurs enseignements.
L'AFD connaît bien ces enjeux car nous finançons des actions et des projets dans les territoires et les collectivités d'outre-mer depuis plus de soixante-dix ans, très précisément depuis notre création, le 2 décembre 1941, à Londres. Pour nous, cette activité est très importante.
Il y a quinze jours, nous avons adopté définitivement notre plan d'orientations stratégiques pour la période 2012-2016. L'outre-mer constitue clairement une priorité. Ces dernières années, nous faisions bon an mal an 1 milliard d'euros d'interventions. En 2011, ce montant total est passé à 1,1 milliard d'euros et nous devrions terminer l'année 2012 à 1,4 milliard d'euros. Nous sommes résolument orientés dans une perspective d'augmentation de nos interventions et de nos financements dans les outre-mer.
Par ailleurs, notre plan d'orientations stratégiques donne quatre piliers à nos interventions :
- la coopération régionale et l'insertion des département et des territoires d'outre-mer dans leur environnement régional. Je suis heureux de souligner que dans certaines zones, par exemple dans les Antilles et dans l'Océan Indien, nous entrons dans des projets concrets qui nous permettent de démontrer que cet objectif n'est pas un voeu pieux ;
- le financement des collectivités locales et de leurs infrastructures. C'est un secteur traditionnel sur lequel nous travaillons de plus en plus compte tenu des besoins à financer ;
- le logement, et en particulier le logement social. Nous sommes directement impliqués dans le cadre de sociétés immobilières en outre-mer. Cette implication devrait se développer vu les besoins sociaux et les risques sismiques de certaines zones comme les Antilles ;
- le secteur privé, sur lequel l'étude montre qu'un effort doit être fourni. Notre filiale dédiée au financement du secteur privé, PROPARCO, va intervenir de plus en plus, notamment en matière de financements en fonds propres.
Ce panorama de notre action en outre-mer serait incomplet si je n'évoquais pas notre relation régulière avec le Parlement et les deux délégations aux outre-mer. Nous souhaitons renforcer encore cette relation car cela nous permet d'expliquer ce que nous faisons. Je n'oublie jamais que nous sommes redevables de l'utilisation des fonds publics, en particulier vis-à-vis de la représentation nationale. C'est pourquoi je remercie le Président Serge Larcher et tous les parlementaires qui nous aident à démultiplier notre action, notamment dans les outre-mer.