I. BULGARIE ET ROUMANIE : COMPLEXITÉ DE L'INTÉGRATION D'UNE EUROPE ORTHODOXE, SLAVE ET LATINE, BALKANIQUE ET OTTOMANE

A. LE POIDS DE L'HISTOIRE ET DE LA GÉOGRAPHIE

1. Des nations jeunes dans une région de passage

Avec l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie, l'Union européenne est devenue un peu plus latine, plus slave, plus balkanique et plus ottomane. Ces deux pays renforcent la dimension méditerranéenne de l'Union et aussi sa dimension francophone. Ce sont deux États qui la mettent au contact de la Moldavie et un peu plus au contact de la Turquie. Ce sont deux États qui partagent des traits communs tant dans leur économie que dans leur société, traits hérités d'une histoire souvent comparable et d'une semblable position géographique.

La Bulgarie et la Roumanie sont le point de passage entre le monde slave, le monde latin et le Proche et le Moyen-Orient, sur le grand axe commercial qui allait d'Istanbul à la Baltique et qui tente de se reconstituer. Enfin, ils sont le fruit d'une histoire conflictuelle qui a laissé derrière elle une foule de minorités ethniques, linguistiques et religieuses, et des découpages territoriaux souvent arbitraires, fruits de compromis politiques ou de coups de force.

C'est l'ensemble de ces données qu'il faut toujours garder à l'esprit quand on aborde les progrès de l'intégration de ces deux pays dans l'Union européenne.

Ajoutons que membres de l'OTAN depuis 2004, la Bulgarie et la Roumanie restent préoccupées au premier chef par la stabilisation des Balkans, la démocratisation de l'Ukraine, la solution du problème moldave et une bonne coopération en mer Noire (cf la coopération « Synergie de la mer Noire » lancée en 2007). La crise grecque figure aussi dans la liste des inquiétudes régionales, les banques grecques ayant des intérêts en Roumanie et en Bulgarie et vice-versa.

2. La question des minorités

Cette question est plus sensible en Roumanie qu'en Bulgarie où l'occupation ottomane a laissé ceci de positif que chrétiens et musulmans ont appris à vivre ensemble depuis très longtemps.

Les deux minorités les plus importantes en Roumanie sont les Hongrois (8 % de la population, soit 1,8 million) et les Roms (environ 619 000 personnes officiellement, mais en réalité ils seraient plutôt 1 million). Les Allemands de Transylvanie ont presque tous été renvoyés en Allemagne sous le dictateur Ceaucescu et ceux qui sont restés se sont fondus dans la population non sans garder auprès de l'opinion publique une excellente réputation de gestionnaires (la plupart étaient marchands, industriels et ingénieurs). Vos rapporteurs ont découvert avec surprise que les anciens Saxons occupaient dans la vie sociale et politique locale une part bien plus importante que leur petit nombre ne le laisserait penser (ainsi à Sibiu, l'ancienne Hermannestadt).

La minorité hongroise est représentée par le parti de l'Union démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR). Il existe également un parti rom de Roumanie, mais aucun parti saxon, ni aucun parti ukrainien même si un mandat de député est également réservé aux Ukrainiens.

En Bulgarie, vivent 365 797 Roms selon les statistiques officielles, en réalité ils seraient plutôt 700 000 selon le Conseil de l'Europe, soit 10 % de la population, dont très peu sont intégrés à la société. Il existe également une minorité turque importante (713 000 personnes) qu'il ne faut pas confondre avec les Pomaks qui sont des Bulgares convertis à l'islam à l'époque ottomane. Cette minorité turque a souffert sous la dictature communiste de la politique de bulgarisation (tentative de bulgariser les noms et d'ôter la nationalité bulgare à ceux qui le refusaient à partir de 1984), mais aujourd'hui les Bulgares d'origine turque sont parfaitement intégrés.

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