DEUXIÈME PARTIE : LA PRIORITÉ DONNÉE AUX TECHNOLOGIES D'AVENIR
Si la Corée du Sud est désormais un pays riche, elle a conservé sa capacité à poursuivre sur la durée une stratégie de développement dynamique et impulsée par l'État.
Les industries lourdes continuent à contribuer à la croissance coréenne, mais elles entrent dans le cadre d'un processus de rattrapage des économies occidentales qui est désormais atteint pour une large mesure. La Corée a donc décidé, dès les années 1990, de miser sur les technologies d'avenir pour assurer la poursuite de sa croissance. La crise financière de 1997-1998 a été considérée non comme un frein, mais au contraire comme une raison supplémentaire d'accroître les investissements dans un secteur d'avenir.
Cette nouvelle orientation, grâce à laquelle le pays est devenu d'ores et déjà l'un des pays leader dans certaines niches des technologies de l'information, inspire désormais un nouveau virage, entamé en 2008, vers les technologies vertes, avec la volonté de sortir une nouvelle fois par le haut d'une situation de crise économique internationale.
I. LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION
La croissance coréenne repose désormais pour une bonne part sur le dynamisme du secteur des technologies de l'information et de la communication. La stratégie d'exportation s'appuie sur un marché intérieur extrêmement développé : les Coréens constituant sans nul doute l'un des peuples les plus technophiles de la planète, leurs entreprises disposent d'un savoir-faire et d'une expérience qui leur donnent un avantage décisif.
A. LE PAYS LE PLUS CONNECTÉ
1. Des infrastructures électroniques de très haut niveau
La Corée a développé des infrastructures de communications électroniques parmi les plus performantes du monde.
La répartition de la population se prête bien, il est vrai, au déploiement de réseaux à très haut débit : le territoire habité est, comme on l'a vu, particulièrement exigu, les montagnes demeurant inoccupées. De plus, les Coréens privilégient l'habitat collectif au sein de vastes complexes d'immeubles caractéristiques en forme de barres ( tanji ), dans lesquels l'installation de la fibre optique est plus aisée que dans des quartiers résidentiels diffus.
La densité de population ne suffit toutefois pas à expliquer la qualité exceptionnelle des réseaux internet, qui résulte d'investissements massifs de l'État et des grands opérateurs.
Le réseau à très-haut débit est ainsi déployé sur 70 % du territoire (fin 2009). Il a été indiqué à votre délégation que le déploiement de la fibre optique a été financé par les opérateurs, chacun déployant son réseau. Il a été demandé à ces opérateurs de manière informelle, sans obligation juridique, d'étendre leur couverture en direction des zones rurales.
Enfin le gouvernement a pour objectif le déploiement sur le territoire, d'ici à 2012, d'un réseau à ultra-haut débit fixe (1 Gbit/seconde, soit dix fois plus que la fibre optique) et mobile (10 Mbit/seconde). Les premières offres d'ultra-haut débit apparaissent d'ores et déjà en 2011 et l'équipement préexistant en fibre optique facilite sa mise en place. Les opérateurs devraient consacrer encore 5,5 milliards de dollars pour le déploiement d'un réseau de quatrième génération d'ici à 2014 15 ( * ) .
Ces débits permettent de satisfaire l'augmentation croissante des demandes d'activités en ligne des citoyens, mais aussi d'accroître la sécurité des réseaux par une redondance de bande passante. Les réseaux seront utilisés pour des activités de loisir ou pour les échanges entre entreprises, mais aussi pour diffuser des contenus éducatifs audiovisuels : M. Francisco Song, directeur du cabinet JITEX à Séoul, a ainsi indiqué à votre délégation que 40 % de la population utilisait des services d'éducation à distance. Le gouvernement finance le déploiement d'un réseau de télévision sur IP dans les écoles.
* 15 Données transmises à votre délégation par le service économique de l'ambassade de France en Corée.