c. Quelle information sur les biotechnologies ?
S'agissant de la communication, l' Eurobaromètre sur les biotechnologies confirme que les personnes les plus informées sur les aliments génétiquement modifiés sont également celles qui ont l'attitude la plus négative à leur égard.
84 % des personnes disent en avoir entendu parler avant qu'on leur pose la question ; les 16 % de réponses négatives correspondent certainement à une attitude de défiance à l'égard du sondage.
Plus on a de débats sur la question, plus cette attitude négative est renforcée. Aux questions du type « Les aliments génétiquement modifiés sont-ils une bonne chose pour l'économie ? » ou « Les aliments génétiquement modifiés sont-ils bons pour vous et votre famille ? », ce sont majoritairement ceux qui en ont le plus entendu parler qui répondent par la négative.
Cela pose donc la question des sources d'information.
Mais nous aboutissons à une situation paradoxale : le même sondage montre que les scientifiques sont considérés comme la source d'information la plus crédible sur le sujet, devant les associations de consommateurs, en deuxième position, et les associations de protection de l'environnement, en troisième position.
d. Etat des lieux des OGM dans le monde
(i) Afrique du Sud
En Afrique du Sud, les propos du Dr Rob Adam, (militant blanc de longue date de l'ANC, ancien directeur général du ministère de la recherche et actuellement à la tête du NECSA), tenus dans le cadre d'une discussion sur les positions respectives de l'Europe et de l'Afrique du Sud sur les OGM, nous ont beaucoup marqués : 1) Quand on meurt de faim, on ne refuse pas de meilleurs rendements. 2) Quand on est en compétition avec les Etats-Unis ou l'Argentine, on adopte leurs méthodes. 3) Voilà 20 ans que les OGM sont commercialisés, et aucune étude scientifique n'a jamais montré un quelconque impact pour la santé |
Cette argumentation, peu habituelle pour nous français, doit certes être rapprochée de propos non pas contradictoires, mais complémentaires des parlementaires sud-africains que nous avons rencontrés et qui nous ont dit qu'il y avait aussi dans leur pays un lobby anti-OGM qui pose des difficultés, notamment pour une pomme de terre résistante, ou pour les essais en plein champ de sorgho OGM.
Les mêmes parlementaires nous ont fait remarquer qu'il fallait prendre en compte les points de vue de chacun : ainsi, les OGM sont-ils davantage acceptés par les agriculteurs lorsqu'ils y voient un intérêt économique et commercial que par les consommateurs aisés qui voient davantage les risques que les bénéfices attendus.
La situation qui en résulte est fort différente de la nôtre : l'Afrique du Sud a été le premier pays à accepter les OGM dans l'alimentation, et le 8ème producteur mondial d'OGM. Ils y représentent aujourd'hui 75 % de la production de maïs, 80 % de la production de soja. Hors secteur alimentaire, ils concernent 99 % des surfaces plantées en coton.
(ii) Chine
En Chine, les OGM sont cultivés, mais aucune information ou publicité n'est faite à ce propos. Il n'en est nullement fait référence dans les documents officiels du Parti.
La contestation est donc à la hauteur de l'information disponible pour le public, c'est-à-dire quasi nulle.
(iii) Etats-Unis
Les Etats-Unis sont un des pays leaders dans le monde en termes de surfaces cultivées, et le niveau de contestation y a toujours été très faible.
La réglementation en vigueur date de 1980 quand la Cour Suprême décrète que les formes de vie génétiquement modifiées peuvent être brevetées, dans le cas Diamond v. Chakrabarty .
En 1982, la FDA autorise le premier médicament amélioré génétiquement, l'humuline de Genentech, une forme d'insuline humaine produite par une bactérie.
En 1986, est mise en place une réglementation-cadre coordonnée ( Coordinated Framework ) du gouvernement américain pour les biotechnologies. En 1987 ont lieu les premiers essais en plein champ de plantes génétiquement modifiées (tabac et tomate).
En 1992, la FDA déclare que les aliments génétiquement améliorés « ne sont pas dangereux en soi » et ne nécessitent pas de réglementation ni d'étiquetage spécifique.
Selon M. Brehm, conseiller agricole à l'ambassade des Etats-Unis à Paris, le débat sur les biotechnologies dans la production alimentaire aux Etats-Unis est un « non-problème ». La position officielle n'a pas changé depuis. En conséquence, plus de 60 millions d'hectares d'OGM y sont cultivés sur environ 150 millions d'hectares dans le monde.